On peut penser qu'aujourd'hui tout a été écrit, tout a été dit sur
Napoléon et son épopée, son oeuvre, de son arrivée en métropole au collège d'Autun, alors qu'il n'est qu'adolescent à son départ sans retour pour l'ile de Sainte Hélène. Les plus grands historiens se sont penchés sur cette destinée hors norme et ont disséqué les mille et une vies de ce géant de l'histoire.
Et pourtant,
Arthur Chevallier, avec
Napoléon et le Bonapartisme, nous livre ici une approche différente de cette période de l'histoire de France qui permet de revisiter l'homme, son destin, la trace politique qu'il a laissée. Trace politique encore présente de nos jours mais souvent mal interprétée, vue comme l'incarnation d'une certaine droite. Cependant
Napoléon ne se résume pas à 16 années de pouvoir avec ses heures de gloires et ses heures sombres.
Notre lecture naturelle de
Napoléon est celle de l'empire, de ses fastes, de ses guerres, de sa propension à vouloir intégrer, digérer l'ancien régime en cherchant à le copier pour mieux réconcilier la France de la Révolution à celle de l'ancien régime. Mais c'est oublier dans l'homme le
Bonaparte qu'il fut, du jeune officier au consul à vie, révolutionnaire avant tout, aux idées novatrices, fondatrices d'un nouvel ordre sociétal reposant sur le droit et non la tradition marque de l'ancien régime.
Comme le rappelle l'auteur, de l'homme est née une doctrine, le Bonapartisme. Cette idéologie politique, à l'image de Rome ne s'est pas construite en un jour, mais a pris tout le 19° siècle pour se forger. « Comme nous,
Napoléon n'a jamais connu le Bonapartisme. Ce terme est le produit historique des sciences politiques » nous précise l'auteur.
Au fil des pages,
Arthur Chevallier nous montre comment s'est construit peu à peu le sentiment bonapartiste à partir des années 1820. Pas de Bonapartisme sans un
Bonaparte. de
Napolèon, au roi de Rome, jusqu'à Louis
Napoléon, la légende se crée et se perpétue… L'auteur nous montre également l'évolution de la doctrine au fil du XIX° siècle, souvent liée à une certaine nostalgie rappelant qu'elle est bien plus qu'un simple autoritarisme politique et qu'elle trouve ses sources dans les fondements de la révolution française, creuset de l'état de droit.
« le Bonapartisme est la conjugaison d'une aventure individuelle, d'une époque, et d'une postérité » nous dit l'auteur. En cela n'est-elle pas une doctrine atemporelle, pleine de modernité en ce début de XXI° siècle ?
Un livre intéressant à lire car il nous fait revisiter la partie la plus invisible de l'épopée
Napoléonienne, pourtant probablement celle qui fait de
NapoléonBonaparte l'homme d'état passé à la postérité au-delà de la légende militaire qui l'accompagne.
Chronique réalisée dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio – Février 2021.