Le héros des mansardes de Mansart

Un enfant de bourgeois seulement présents en coup de vent se trouve mêlé comme spectateur, entremetteur et acteur à la vie de ceux qu'il côtoie: domestiques, grand-mère, tante etc... Comme toujours, avec Alvaro Pombo la langue employée est riche et de haute qualité. L'humour, toujours présent n'occulte pas les tensions. A la lecture, on pense parfois au livre de James Purdy "Les Inconsolés" champion de la description des solitudes et des aliénations.

Le héros des mansardes de Mansard est le deuxième roman de Pombo, il lui a valu le premier Prix Herralde. Drôle de titre pour les lecteurs français, mais titre énigmatique pour les espagnols, moins familiarisés avec Mansard…

Pour moi cette lecture a été insolite, elle ne ressemble en rien de ce que j'ai lu. Au début j'étais perdue et n'arrivais pas à saisir l'intérêt du livre. Mais au fil des pages, je suis rentrée dans le style, tellement particulier, bien écrit dans un mode flux de conscience, ayant deux niveaux de syntaxe : l'un très fin et l'autre plus que coloquial, plutôt cru et surprenant. de temps en temps des passages franchement comiques et inattendus qui ont provoqué un rire franc.

L'histoire se déroule après la Guerre Civile espagnole, au nord du pays (qui pourrait être le Santander natal de Pombo). le protagoniste est Nicolas, dit Kus-Kús (?), un pré-adolescent que les gens pensent bête, mais ils se trompent, car c'est le plus intelligent des personnages, assez dépravé (déjà?), même s'il est encore en formation.

Kus-Kús vit dans une grande maison bourgeoise, avec des serviteurs et son institutrice Anglaise. Les parents sont presque toujours en voyage. Sous le toit (et les mansardes) vit tante Eugénie qui va se charger de le former (ou déformer?) petit à petit.

Tous les personnages autour de Kus-Kús sont extravagants, bizarres, toqués, en commençant par tante Eugénie, les serviteurs, Julian le serviteur avec un « passé trouble », la grand-mère Mercedes (mon personnage préféré) et son amie souffre-douleur Maria del Carmen Villacantero ( ces deux dernières à l'origine de situations tellement comiques), Manolo le gigoló de tante Eugenie, etc.

Le style drôlatique de Pombo m'a rappelé par moments celui d'Eduardo Mendoza.
Dans ce roman atypique, l'auteur abordera des sujets divers tels que la découverte de la sexualité, quelques vols, le chantage, la vie sociale dans un tel milieu et à cette époque, la trahison, la post guerre, les terreurs de la fin de l'enfance, et d'autres encore.
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