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Audrey Richaud (Traducteur)
EAN : 9782283038468
176 pages
Buchet-Chastel (01/02/2024)
4.12/5   41 notes
Résumé :

« Jievnibirsk est le négatif d’un ciel étoilé. Les isbas qui émergent de la neige sont toutes noires, immensément vides, et la glace grimpe comme du lierre aux parois en bois. Tout, dans cet endroit, semble inexorablement destiné à appartenir à une foule de gens sans histoire. »

Déneigeur dans une ville où la neige ne cesse jamais de tomber, Elia Legasov a perdu toute notion du temps et de la mémoire. Avec l’arrivée d’un groupe de géologues ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Matteo Porru a 22 ans et, avec sa tête d'ange, on lui en donnerait 16. Pourtant, « La douleur fait naitre l'hiver » est son quatrième roman mais le premier de ses romans traduit en français. le moins que l'on puisse dire c'est que la talent n'attend pas toujours le nombre des années. Oui, retenons bien le nom de ce jeune auteur italien car il m'est d'avis que sa carrière sera longue et belle !

J'ai fini ce livre en frissonnant. Il faut dire qu'il y fait très froid.
Nous sommes à Jievnibirsk, à l'extrême nord de la Russie, au fin fond de la mer de Kara qui est gelée presque toute l'année, même les vagues subissent souvent le même sort, de sorte que la délimitation entre terre et mer est quasi invisible. Immensité d'une blancheur sépulcrale et pénétrante où il ne cesse de neiger. Elia vit seul dans cette contrée reculée qui compte une poignée d'âmes, que des hommes d'un certain âge déambulant dans ce paysage monochrome tels des fantômes et survivant dans des conditions effroyables. le temps semble s'être arrêté comme si un sort avait été jeté. Et ce sentiment d'irréalité empire lorsque les six mois de jour laissent place aux six mois de nuit…

« Cet endroit n'est même pas sur les cartes. Les rares fois où il apparait, c'est sous la forme d'une tâche d'encre, comme une bavure d'impression, la seule trace noire dans un désert de brume et de glace, la province la plus éloignée de Vorkouta. Six mois d'obscurité, six mois de lumière, un an de vacuité. Elia habita ce village depuis sa naissance. Dans sa mémoire, tous ses recoins sont blancs et s'estompent, car la monochromie réduit tout »

La neige, nous le pressentons rapidement tant l'auteur en parle avec beaucoup de poésie et de mystère, est une complice indissociable au silence, aux secrets, elle recouvre telle une armure les failles propres à chaque être humain. La blancheur semble enrober la noirceur. de même que les isbas, ces foyers sources de lumière et de chaleur pour toute famille, renferment en leur sein des choses perverses lorsque les lumières s'éteignent. Il ne faut jamais se fier à l'enrobant, aussi blanc et pure qu'il puisse paraitre. L'enrobé peut-être d'une noirceur absolue.


Elia déblaye inlassablement les quelques routes du village. Une activité que faisait son père avant lui, et son grand-père également, un métier de père en fils chez les Legasov. Un labeur de Sisyphe, incessant et sempiternel. Sa vie est ainsi rythmée par ses sorties en chasse-neige et ses visites à son meilleur ami, Boris Gligorov, le plus souvent noyé dans la vodka pour tenter de supporter cette vie, alors que, fait rarissime en cette contrée, il ne supporte pas l'alcool. Il y a également l'aubergiste, Matvej, et la Mouche, camion qui ravitaille le village. L'amitié entre Elia et Boris, leurs petits rituels dans cette vie si dure, m'a touchée, ce d'autant plus que ces rituels sont narrés avec beaucoup de sensorialité.
« Ils dressent rapidement la table, toujours avec les mêmes couverts, qu'ils rincent souvent mais ne lavent jamais. de la fenêtre de la cuisine filtrent une lumière opaque, presque délavée, et des courants d'air froid. le bois de la table est imprégné de tâches de vin qu'ils renversent de leur verre à tour de rôle ».

Un jour arrivent des hommes, des étrangers, techniciens de métier menés par un certain Andrej Sobolev. Ils pensent qu'il y a là une formidable réserve de pétrole. Leur arrivée, suivie de celle d'un brise-glace et d'engins, va venir déliter et chambouler ce semblant de vie, va venir fouiner dans la neige qui sait, depuis des décennies, si bien cacher et conserver certains secrets.

Le jeune Matteo Porru est parvenu à dresser avec beaucoup d'émotion et de délicatesse le portrait d'Elia, homme d'un certain âge. Je me demande sincèrement comment un auteur si jeune parvient ainsi à raconter avec autant de justesse et de pudeur l'histoire de ce vieil homme. Il n'y a aucun cliché, aucun pathos. Et beaucoup de poésie. La douleur d'Elia, dont les yeux bleus limpides tranchent tellement dans cette immensité blanche recouvrant le noir, est décrite d'abord avec mystère puis sera peu à peu expliquée par petites touches subtiles. Jusqu'à la toute fin qui est non seulement imprévisible mais surtout magnifique, même si on pourrait lui reprocher son côté invraisemblable…moi j'en ai frissonné d'aise !

La métaphore de la neige, pour aborder les thèmes de l'oubli et de la mémoire – devons-nous enfouir les secrets sous la neige jusqu'à l'oubli ou la déblayer pour ne pas oublier - apporte beaucoup de poésie à cette histoire. Elle est un personnage à part entière du roman. Elle apporte un bruit étouffé, une couleur, un volume, une granularité au récit et fait de cette lecture une parenthèse hors du temps. de superbes images en émergent :

« Jievnibirsk est le négatif d'un ciel étoilé. Les isbas qui émergent de la neige sont toutes noires, immensément vides, et la glace grimpe comme du lierre aux parois en bois. Tout, dans cet endroit, semble inexorablement destiné à appartenir à une foule de gens sans histoire. Si dans le monde tout n'est qu'aspiration à la splendeur, à Jievnibirsk, la nature a développé le vice, irrépressible et maladif, de vouloir assombrir, dissimuler. Elle fait neiger toute la blancheur du monde, quitte à éliminer la moindre trace de couleur, de souvenir, du passé. Sur ces routes, dans ces maisons, il n'y a pas d'hier, d'ensuite ou d'à présent. Même si à une époque, quelque chose a habité ses espaces, ces vies. Puis un jour s'en est allé ».

Emportée par ce roman dont la lecture est addictive, très surprise par l'âge de l'auteur alors que ce texte recèle une belle maîtrise, « La douleur fait naître l'hiver » est une heureuse découverte. Je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Buchet Chastel pour l'envoi de ce roman que je ne suis pas prête d'oublier !

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« Elia Legasov a vécu si longtemps qu'il en a perdu la notion du temps, et de façon si monotone que jamais il ne l'a vu passer. »

Jievnibirsk, là-haut vers le nord de la Russie, au bord de l'Arctique, une petite bourgade endormie, disparue sous la neige, un écrin de blanc qui évoque une prison. Dans cette terre rude, les hommes sont solitaires, et se réchauffent le coeur à la vodka. Elia Legasov a reçu de son défunt père la charge de déneigeur. Chaque jour, il s'acquitte inlassablement de sa tâche, tel un Sisyphe du bout du monde, qui déneige jour après jour les artères principales de la bourgade.

« L'hibernation c'est le monde qui attend.
En quelques heures, le ciel de Jievnibirsk devient un clair-obscur et scinde la mer en deux : c'est le commencement de la fin et la fin du commencement. Cela se répète chaque année, comme un cycle maudit de péchés et d'expiation. ».

Coupée du monde, hors du temps, plongée six mois par an dans la nuit, recouverte de blanc, ce blanc d'une neige omniprésente, qui recouvre de son linceul immaculé les étendues infinies du nord de la Russie, Jievnibirsk pourrait quitter l'Histoire et la Géographie sans que nul ne s'en aperçoive.

Andrej Sobolev ne se résout pas à la dissolution de ce lieu évanescent. Ce géologue soupçonne la présence de quantités importantes de pétrole dans la région et entreprend une expédition à destination de Jievnibirsk afin de valider ses prédictions. C'est ainsi qu'il fait la connaissance d'un autre homme aux yeux bleu clair, Elia Legasov, qui le recueille lui et ses collègues en pleine tempête de neige.

***

« La blancheur dévore le monde ».

Si « La douleur fait naître l'hiver » dévoile progressivement d'indicibles secrets familiaux, et revient sur la violence inouïe du régime communiste, le personnage principal du roman est la neige, cette neige qui ne cesse de tomber, qui blanchit le ciel, la mer et la terre. Cette neige qui atténue les bruits, qui ralentit la vie, qui réduit l'horizon à un blanc infini, qui conduit les hommes à vivre en ermite, se retrouvant le temps de vider une bouteille de Zveroboj, leur seule façon de réchauffer une âme gelée.

« Ici les gens n'ont jamais vécu, et en ont toujours eu conscience : venir au monde au-dessous de zéro, dans ce reflux du Créateur au bord de la mer de Kara, est une condamnation au néant plus qu'un commencement. »

Un lieu maudit à moins qu'il ne soit béni. Une ville improbable, située tellement au nord du monde, qu'elle pourrait tout aussi bien tomber dans le néant. Une ville dont le destin vient de prendre un tour nouveau tandis que la présence d'or noir, dans les profondeurs situées sous la glace, semble se confirmer.

« Certains disent que les anges naissent à Jievnibirsk.
D'autres, qu'y vivent les démons. »

Cette neige qui tombe sans discontinuer, cette blancheur virginale, cette pureté, ce silence, cette vie loin du tumulte des métropoles, est-elle une bénédiction ou une malédiction ? Est-elle le lieu où naissent les anges ? Ou celui où vivent les démons ? Personnage ambivalent, la neige définit les habitants de la bourgade, pour le meilleur et pour le pire.

« - Non Elia. Elle recouvre : la neige recouvre tout. Tout ce que tu vois, tout ce que tu sens, tout ce que tu éprouves, chacun de tes rêves meurt si la neige le recouvre. »

Elia Legasov mène un combat sans fin, celui de lutter contre le manteau blanc qui recouvre la contrée, celui de déneiger inlassablement les routes qui assurent la survie de la ville, un combat qu'il sait perdu d'avance, lorsque la vieillesse et la mort l'emporteront, tandis que la neige continuera de tomber, encore et encore.

***

« Le soleil sombre au fond des eaux et ne refera pas surface avant six mois. La nuit se répand et engloutit le village, efface les couleurs. (…) La brume ne laisse jamais entrevoir les étoiles, et certains pensent que l'auréole jaunâtre qui point au travers des nuages n'est autre que la lune ».

Insérant une intrigue qui fait remonter à la surface un passé sordide dans l'écrin scintillant d'une neige omniprésente, « La douleur qui fait naître l'hiver » est un roman noir, enseveli sous une blancheur dévorante. Un roman nimbé d'une poésie languide, qui a la pureté de la neige, qui fige le temps et glace les destinées de ses protagonistes. Un roman qui a la beauté maudite de ce grand Nord russe, qui enveloppe la vie des hommes et des femmes dans un linceul d'une blancheur terrifiante.

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« La neige recouvre tout. Tout ce que tu vois, tout ce que tu sens, tout ce que tu éprouves, chacun de tes rêves meurt si la neige le recouvre. »
.
Alors Elia déneige. Dans une ville du bout du monde qui ne figure même pas sur la plupart des cartes, Elia est le dernier d'une lignée de déneigeur, métier le plus utile du coin.
.
Malgré ses efforts, la neige et sa blancheur étouffante semblent avoir recouvert l'espoir, la joie et l'envie de vivre du village. Dans une ville où cette neige ne reflète que la clarté lunaire durant six mois de l'année, où l'isolement fait régner la solitude malgré l'entraide locale, les souvenirs des parents décédés ou ayant quitté cette ville semblent oubliés à jamais ou recouverts de regrets encore inexpliqués au lecteur.
.
L'ambiance pesante qui s'installe dès les premières lignes laisse entrevoir beaucoup de noirceur dans les âmes des villageois, particulièrement dans celle torturée d'Elia. Que peut-il bien y avoir de si grave dans le paradis blanc, à part cette déprime annuelle qui fait s'éteindre les lumières des maisons des suicidés comme autant de bougies soufflées par le vent du nord ? Des images en noir et blanc défilent clairement sous nos yeux, portraits d'anciens cachant de lourds secrets que nous nous languissons de découvrir, et que nous sentons prêts à émerger dangereusement.
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Alors les pages défilent et nous ne pouvons plus quitter les personnages attachants croisés au gré de cette vie de village : le voisin ami pour la vie qui mange la soupe avec Elia, le barman jovial qui lui réserve sa dose salutaire de la journée… Et puis ce nouvel arrivant, Cravate Bleue, venue avec sa délégation pour trouver du pétrole.
.
Sauf que souvenez-vous, la neige recouvre tout. Et qu'à trop vouloir creuser ou forer, allez savoir quels souvenirs embêtants nous pourrions bien déterrer…?
.
Petit à petit, Matteo Porru, 21 ans seulement, déroule le fil de l'histoire des personnages auxquels il nous a liés dès les premiers mots. Il le déroule avec d'autant plus de maestria que l'on pénètre l'esprit de personnages de plus de 70 ans, ayant une maturité que l'auteur est censé ne pas avoir encore touchée du doigt. Il fait pourtant plus que cela et avec une très jolie prose, ce qui fait de ce roman une lecture cocooning, envoutante. Et glaçante aussi, histoire d'en avoir pour son argent.
.
J'adore ces romans d'introspection gelée, dans la lignée de Voyage en territoire inconnu, Je suis l'hiver, Solak, et bien d'autres délicieuses lectures hivernales. D'ailleurs je file ajouter ce livre à ma liste de bons romans sous la neige ! Oui décidément, dans cette ville comme dans nos coeurs, la douleur fait bien naître l'hiver. Un titre sublime à la hauteur de l'oeuvre. Ou l'inverse. Merci jipi pour la découverte.
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Matteo Porru : retenez bien ce nom! C'est celui de ce jeune écrivain que j'ai découvert à la lecture de son roman, La douleur fait naître l'hiver, envoyé par son éditeur : Buchet-Chastel que je remercie pour me l'avoir fait découvrir!
Quand j'ai vu la photo de l'auteur, je me suis dit, "Mais c'est un gamin, il a l'air d'avoir 15 ans, à peine". En fait, il a beaucoup plus, il en a 23!! eh oui et quel talent, quelle plume!!!

Son histoire : Elia vit dans le grand nord de la Russie, dans le Cercle Arctique, là où tout est tellement blanc que les choses ont l'air d'apparaître en noir!
Il est déneigeur dans une toute petite ville, recouverte par la neige, tout comme la mémoire des gens qui habitent ce lieu : "La neige recouvre tout. Tout ce que tu vois, tout ce que tu sens, tout ce que tu éprouves, chacun de tes rêves meurt si la neige le recouvre."
Elia vit dans ce monde improbable ou le blanc et le noir parfois arrivent à se confondre, surtout quand la nuit est éternelle, avec son seul pote, Boris, "épuisé d'attendre la fin".
Un jour, Andrej Sobolev arrive avec comme lui, des géologues pétroliers. Entre Elia et Andrej, va naître une amitié grandissante qui permettra de révéler un secret enfoui dans toute cette neige.

J'ai été emporté par la magnifique écriture de Matteo Porru, par cette histoire sur l'oubli et la mémoire. Qu'est ce qui est le pire : de tout oublier, laisser tout enfoui dans cette neige, ou bien de déneiger et de de se souvenir de tout, parfois d'en souffrir?
Récit assez court qui se parcourt d'un trait car la lecture devient très rapidement addictive!

J'ai beaucoup aimé ce roman, j'ai bien apprécié le style de ce jeune auteur très prometteur!
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Lorsque j'ai lu à la fin de ce livre l'entretien qu'a donné l'auteur, j'ai été surpris par le fait que le thème lui avait été initialement inspiré par l'Enfer de la Divine Comédie de Dante.
Car c'est exactement ce que j'ai pensé au début de la lecture de ce roman de ce très jeune auteur italien (22ans!)
Le lecteur a en effet la sensation d'être au sein d'un enfer de neige et de glace, d'être plongé dans une sorte de cauchemar marqué par une neige qui tombe sans fin, et où le héros, tel un Sisyphe, passe ses journées à la ramasser. Un monde loin de tout, recevant de quoi vivre par un ravitaillement épisodique.

Mais peu à peu, l'intrigue se dévoile. Nous comprenons que nous sommes quelque part dans l'Arctique, dans un village de la Sibérie, à une époque post-stalinienne, un village de survivants qui y sont restés, abandonnés suite à une rafle où tant d'êtres humains sont partis, et qui semblent n'attendre que la mort.

C'est le cas d'Elia Legasov, qui vit dans le souvenir de sa mère, Eva, qui a choisi de partir avec le frère d'Elia, Foma, un enfant handicapé, et qui a grandi avec un père alcoolique, violent, auquel il a succédé comme déneigeur.

Mais l'arrivée d'un groupe de prospecteurs pétroliers, parmi lesquels Andrej Sobolev, un homme élégant, qu'Elia surnomme «cravate bleue » qui va s'attacher à Elia, ainsi que la découverte d'un cadavre et l'enquête policière qu'elle provoque, seront les révélateurs de secrets enfouis, avec leur dimension tragique, faite de haine et d'amour.
Oui, la douleur humaine fait naître l'hiver des coeurs, qui peut durer toujours, sauf si une étincelle d'amour ramène le printemps.

C'est un superbe roman, d'une construction magnifique, d'une grande humanité, avec une narration lente, envoûtante et une écriture subtile, parfois indécise.
Même si le châtiment d'Elia m'a semblé excessif, je me suis dit que l'action se passe en Union soviétique où la justice n'est pas celle de notre Europe, et avec la Russie de Poutine, rien n'a changé.

Petite remarque accessoire, sans rapport avec la qualité du livre, c'est à propos des remerciements, avec lesquels l'auteur dit ne pas être à l'aise: « Au bout du quatrième roman, je n'ai toujours pas appris à écrire les remerciements. ». Il doit y avoir un peu de vrai, car je n'ai, je pense, jamais lu une liste aussi longue de noms, dont la maman, le papa, le frère, les grands-parents et une foule impressionnante d'autres noms. Matteo Porru doit être quelqu'un de très gentil et qui reconnaît ce qu'il doit aux autres, c'est touchant.

Matteo Porru, un auteur qui promet, et dont on lira sans nul doute avec plaisir d'autres romans à venir.
Pour finir, un grand merci à l'Equipe de Babelio de m'avoir choisi pour la lecture de ce beau roman, et aux Éditions Buchet-Chastel de leur aimable envoi.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Ici les gens n’ont jamais vécu, et en ont toujours conscience : venir au monde en dessous de zéro, dans ce reflux du Créateur au bord de la mer de Kara, est une condamnation au néant plus qu’un commencement. Y vivent des êtres humains oubliés du monde et du temps, des silhouettes évanescentes, souvent sinistres et nées du froid, dépourvues de fantaisie mais dotées d’une grande capacité à répéter les mêmes actions inutiles.
Certains disent que les anges naissent à Jievnibirsk.
D’autres qu’y vivent les démons.
Les âmes survivent en s’accrochant au peu de certitudes qu’il leur reste, avec une bouteille de vodka et la télévision allumée en fond sur l’unique chaîne disponible qui diffuse tout à tout Assa, Le Syndrome asthénique et des émissions nocturnes de téléachat.
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La vie l'a recouvert de neige. Un jour sont arrivés les nuages, et elle s'est mise à tomber, tomber, tomber.
Depuis ce jour-là, il ne se souvient plus de la couleur du ciel, de sa quiétude, de ses ombres. Face au froid, il a déposé les armes et a appris à se laisser tomber, comme la blancheur du monde depuis tant d'années. Parce qu'il n'avais plus le choix, parce que chaque petite chose s'est mise à s'effondrer, à disparaître. Il s'agrippe à son manteau, ses membres le font souffrir.
Il voudrait hurler, pourtant il pleure.
(Incipit)
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Cet endroit n'est même pas sur les cartes. Les rares fois où il apparaît, c'est sous la forme d'une tache d'encre, comme une bavue d'impression, la seule trace noire dans un désert de brume et de glace, la province la plus éloignée de Vorkouta. Six mois d'obscurité, six mois de lumière, un an de vacuité.
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Jievnibirsk est le négatif d’un ciel étoilé. Les isbas qui émergent de la neige sont toutes noires, immensément vides, et la glace grimpe comme du lierre aux parois en bois. Tout, dans cet endroit, semble inexorablement destiné à appartenir à une foule de gens sans histoire.
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L’hibernation c’est le monde qui attend.
En quelques heures, le ciel de Jievnibirsk devient un clair-obscur et scinde la mer en deux : c’est le commencement de la fin et la fin du commencement. Cela se répète chaque année, comme un cycle maudit de péchés et d’expiation. 
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