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3,55

sur 125 notes
Après le vol de la Joconde ou Marx dans le jardin de Darwin, notamment, je poursuis mes lectures d'oeuvres où l'auteur s'inspire de faits véridiques et historiques pour créer une trame, des dialogues, des moments qui n'ont peut-être pas existé dans la fenêtre d'espace-temps que nous occupons, mais qui, on peut imaginer, occupent une place dans l'un ou l'autre des univers parallèles créés par diverses bifurcations de la réalité. Cette fois-ci, c'est Alexandre Postel qui nous fait vivre l'une des dernières saisons de Gustave Flaubert. Il est las, inquiet par certains problèmes financiers, en panne d'écriture, sa santé est fragile, il demeure triste, mélancolique. Il quitte vers la mer, pour s'y baigner et partager de bons moments avec son ami Georges Pouchet, un naturaliste qui a monté, à Concarneau, un petit laboratoire de dissection d'animaux marins.
Flaubert s'abandonne, puis, au gré des marches et des baignades, une certaine énergie semble revenir. Elle fait revivre les idées qui lui permettront de se remettre à l'écriture d'un conte, au moyen d'ajouts et de corrections multiples. Ce sera donc les premières versions de la Légende de saint Julien l'Hospitalier et un retour sur l'histoire des deux bonshommes que sont Bouvard et Pécuchet.
Postel rend avec grâce ces instants dans la vie de Flaubert et son écriture permet de nous plonger nous-mêmes dans ces moments bretons, sentir l'air salin et voir l'inspiration renaître sous la plume du maître.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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1875. A cinquante-trois ans, Gustave Flaubert traverse une grosse crise dépressive. Il a déjà écrit les romans qui le rendront célèbre (Madame Bovary, L'éducation sentimentale...) mais, menacé de ruine financière, il ne parvient plus à écrire, l'inspiration l'a quitté, il se sent fini... Il décide de partir à Concarneau pour y passer l'automne. Il va séjourner dans une pension de famille dont les chambres donnent sur le port, il rejoint là-bas son ami Pouchet qui dirige la station de biologie marine et étudie les mystères de la vie dans la solitude de son laboratoire.

Pendant deux mois, Flaubert côtoie Pouchet et un autre ami, deux hommes de science bien éloignés de la littérature. Les trois hommes se promènent sur la côte, prennent des bains de mer et dégustent les fruits de mer locaux. Flaubert observe les pêcheurs et regarde son ami disséquer des poissons vivants. Il se ressource auprès de ces scientifiques à l'esprit cartésien et peu à peu sort de son état dépressif. Un jour, dans sa petite chambre d'hôtel, il commence à écrire un conte médiéval d'une grande férocité...

Alexandre Postel s'est inspiré d'éléments avérés pour imaginer ce séjour de Flaubert en Bretagne. D'une plume incontestablement très élégante il décrit l'ambiance du port de Concarneau, les bateaux de pêche et leur cargaison de sardines, les odeurs de sardine, les cris des goélands, les marins qui raccommodent leurs filets bleus, le charme des lieux est merveilleusement bien restitué. Les passages où Flaubert sort de sa mélancolie et se remet à écrire m'ont particulièrement intéressée car Alexandre Postel décortique précisément le processus de création littéraire. La complémentarité entre science et littérature traverse ce récit de part en part mais j'ai trouvé éprouvantes et superflues les nombreuses descriptions très réalistes de dissection de poissons vivants. Un récit très documenté à partir de sources que l'auteur indique à la fin de son roman. Un moment de lecture plaisant.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Un automne de Flaubert
Alexandre Postel
roman
Gallimard, 2021, 132 p.


Voici un récit court, très court, dont on voit aisément la construction, claire et agréable, comme l'écriture, émaillée de citations de Flaubert caractéristisées par leur verve et leur crudité. Il raconte un épisode, une parenthèse,entre septembre et novembre 1875, de la vie de Flaubert, inquiet de savoir si sa nièce court à la ruine, et en panne d'inspiration.
Les relations avec la nièce, dont il se dit la vieille nounou décrépite, ne sont pas aussi sympathiques que je le croyais. de fait, Flaubert dépend d'elle financièrement. C'est elle qui lui a offert Croisset, et peut-être va-t-il falloir vendre cette demeure. Dans sa passe difficile, elle lui demande de diminuer les dépenses. Cependant il va à Concarneau, qui sent la sardine,où il aura à payer une pension, rejoindre Pouchet, un scientifique, un chercheur et naturaliste qui dissèque des poissons. En le voyant travailler, Flaubert oppose le secret de l'art et son mystère à la rigueur et la méthode de la science.
Flaubert est peint comme un homme qui s'empiffre. Il n'est pas beau avec sa silhouette pataude, marquée par le surpoids, ses joues marbrées de rouge qui tremblotent comme une gelée à chaque cahot de voiture, et son air de boucher. C'est un homme tout rouge, avec un côté théâtral. Pelletier, le directeur du musée de Rouen qui croit en la génération spontanée, l'ami de Poulet, qui s'est tapé les oeuvres de Flaubert, attend un mot de l'illustre écrivain, et ce dernier ne songe qu'à manger. Il rit beaucoup aussi, le grand écrivain, et prend avec enthousiasmre des bains de mer. Cependant il est question de mélancolie. Flaubert a du mal à écrire. Il n'a pas suffisamment de gaîté ni de sérénité pour se mettre à sa table d'écriture. Il sèche sur Bouvard et Pécuchet. Toute sa vie durant, il a su que déchoir était son destin. Il cherche une idée de livre, une idée magnifique qui lui ferait oublier la vie. Il pense à George Sand, une très bonne personne, toute humble, qui comprend tout avec la fine pointe de son âme. A Hugo, qui peut dire de grosses bêtises, un latin comme lui : tous deux connaissent la valeur de l'inutile. Il admire Sade, qu'il trouve raide et comique. Comme lui, il pense que l'art doit être cruel, qu'il doit peindre non seulement l'homme social et sentimental, mais aussi l'homme organique. Et rien en l'homme n'est plus organique que le crime.
Flaubert discute un peu de Paris avec la chambrière qui rêve d'y aller. Dans le calme de Concarneau et la routine d'un temps vacant, il se met à écrire la légende de Saint Julien, qu'il avait connue en regardant un vitrail de la cathédrale de Rouen. On le voit réfléchir à chaque mot, à l'image que ce mot évoque, décider de la place et de la justification d'une virgule, on l'entend gueuler ses phrases. Une fois parti, il ne fait plus qu'écrire. Il est comme le homard qui avait mué et attendait, fragilisé, sa nouvelle carapace. Ça y est : sa peau s'est durcie et la carapace est plus grande que la précédente. Les Trois contes seront un chef d'oeuvre.
Quatre ans plus tard, Flaubert est mort. Pelletier garde du grand homme l'idée de gaîté. Quant à la chambrière qui a été renvoyée pour cause de grossesse illégitime, elle n'ose dire que Flaubert lui parlait de Paris.
le récit, très documenté, ne manque pas d'intérêt, mais peut-être est-il trop sage ou trop classique.
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Voici un roman qui mérite bien son titre. On peut entendre le mot automne de deux façons. Gustave Flaubert a passé un automne à Concarneau c'est un fait, mais il était surtout l'automne de sa vie.

Mon impression est bizarre, rentrer à ce point dans l'intimité d'un auteur illustre, allant jusqu'à connaître ses problèmes financiers, ses idées dépressives. On y découvre un Flaubert, bofissime, qui se complet dans son malheur : Il n'a plus de sous, sa nièce risque de le déloger, il va voir des gens, mais les dénigre quelque peu.

Et puis, il mange beaucoup trop.

Bref, ce client, cette personne, si je l'avais en face de moi, je la secouerai vivement pour la réveiller.

Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est de suivre les expériences de son ami, les bains de mer, dans une époque qu'on ne connaîtra jamais. Une vie qui pourrait être simple.

Pour moi, un roman est réussi, si je m'y plonge jusqu'à ressentir des sentiments pour les personnages : rage, admiration, déception, etc.

Bravo Mr Pastel, vous avez réussi.

Je vous mets la note de 7.5/10
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Ce livre raconte un automne que Flaubert a passé à Concarneau. L'auteur, Alexandre Postel s'est notamment basé sur la correspondance de Flaubert avec sa nièce pour nous livrer un récit que j'ai trouvé cependant sans grand intérêt. C'est descriptif à souhait et je n'ai au final pas appris grand chose sur l'homme et/ou l'écrivain. Cerise sur le gâteau: les descriptions de dissections de mollusques. J'ai peiné à arriver au bout des 140 pages...
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Un court roman sympathique qui nous fait découvrir Flaubert dans une mauvaise passe. Il se réfugie à Concarneau, se promène, se baigne, marche, regarder des dissections de poissons... Tout cela est avéré.
Et l'auteur, en essayant de se réapproprier le style de Flaubert, ou du moins, en le citant, va imaginer ce qu'il va se passer pour Flaubert et comment il va peu à peu reprendre la plume.
Le plus intéressant - outre le fait de "reconnaître" des endroits de Concarneau pour ceux qui y sont allés - est surtout de voir comment Flaubert travaillait, reprenait, ciselait ses phrases. Quel travail que celui d'écrivain!
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Ce livre nous conte la dérive de Flaubert en panne d'inspiration et au bord du gouffre financier. Qui part se ressourcer à Concarneau, chez son ami en poste au Grand Aquarium, où j'ai pu - à travers lui - assister à la dissection d'une raie. Comme c'était bien ! L'exercice a inspiré Flaubert dans la description de son pigeon blessé agonisant qu'il ne parvenait pas à (d)écrire.
On ne peut pas parler d'une histoire à rebondissements, mais bien de l'histoire au sens large dans une cité balnéaire du Finistère fin 19e.
Et l'écriture d'Alexandre Postel, évidemment, un pur bonheur !
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Flaubert à l'automne de sa vie, pris entre Bouvard et Pécuchet (crampe de l'écrivain déboussolé), ses ennuis financiers (sa nièce qui en est à l'origine lui suggère de changer d'air) et un rebond littéraire grâce à l'ébauche de son premier "conte médiéval".
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Il y a, dans ce petit livre qui oscille doucement entre récit et roman, toute la langueur et la mélancolie cumulées d'Emma Bovary, d'une saison d'où la lumière se retire et d'un paysage breton offrant à l'oeil toutes les nuances de gris entre granit et ciel de traîne. Dans un style à la sobriété élégante et reposante, Alexandre Postel a su trouver les mots derrière lesquels s'effacer pour mieux donner à voir à ses lecteurs le portrait sépia d'un Flaubert intime et touchant, d'un homme inquiet, vieillissant, dépressif, encombré d'un corps qui ne trouve légèreté et bien-être que dans les eaux glacées de l'océan recueillant entre les siennes le vague de son âme. le rythme est lent, comme coupé de celui du monde, les détails auscultés, soulignés, éclairés, on croit y retrouver l'ambiance de ces cartes postales anciennes où tout, choses et gens, semblait se figer devant l'objectif encore inhabituel d'un appareil photographique, comme on le fit longtemps devant un peintre. Les mots sont simples, comme ces conversations entre garçons qui ponctuent des jours à l'emploi du temps sans surprises malvenues. On y sent le travail du temps qui semble éroder les soucis, pareil à une vague obstinée contre une falaise hostile, jusqu'à ce qu'un matin on puisse à nouveau se lever, frais et dispo, et faire face, presque naturellement, à ce qui jusque-là semblait insurmontable.
Il n'est guère étonnant d'avoir vu ce texte d'une très grande qualité littéraire figurer presque jusqu'au bout dans la belle sélection du Prix Orange et ce fut un plaisir de le voir, comme un cadeau inattendu, parvenir jusqu'à moi grâce à lecteur.com.
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« Il vainquit les Troglodytes et les Anthropophages. Il traversa des régions si torrides que sous l'ardeur du soleil les chevelures s'allumaient d'elles-mêmes, comme des flambeaux ; et d'autres qui étaient si glaciales que les bras, se détachant du corps, tombaient par terre ; et des pays où il y avait tant de brouillard que l'on marchait environné de fantômes ».
La légende de Saint-Julien l'Hospitalier / Trois contes – Gustave Flaubert

Publié en 1877, Gustave Flaubert en avait commencé l'écriture des années auparavant. Mais d'autres oeuvres majeures seront achevées avant. En 1875, fatigué, épuisé physiquement et nerveusement, en difficulté financière et, lui aussi, environné des spectres du passé, décide de passer un séjour à Concarneau à l'automne de sa vie. de ces faits véridiques, Alexandre Postel en fait un roman où se mélangent effluves marins et humeurs nostalgiques.

Flaubert déprime, il se sent inutile et ses relations avec sa nièce sont chaotiques. Dans un miroir, il a l'impression que sa vie va de Charybde en Scylla, que bientôt l'hiver de sa destinée tombera comme neige sur les cimes du désespoir. Tout l'ennuie, tout le lasse. Il croit apercevoir une lueur de renouveau lorsque son amie George Sand lui conseille d'aller rendre visite à Victor Hugo. Mais c'est le contraire qui se produit. Flaubert se sent comme le homard que croque le père des « Misérables », un roi qui ne s'amuse plus.
Puis, il se souvient de la Bretagne, de Concarneau et soudain, il songe que là-bas un Phénix peut renaître de ses cendres en régénérant ses esprits non par le feu mais par la mer et l'arôme de ses richesses. Il y retrouve son ami Pouchet qui dissèque mollusques et poissons. Entre bains de mer et repas gastronomiques, il essaie de se replonger dans l'histoire médiévale de Saint-Julien.

Une très belle évocation de la mélancolie d'un écrivain, de ce que peut ressentir chaque être vivant lorsqu'il se regarde dans un miroir avec les marques du temps et les regrets qui se réfléchissent au coeur de la psyché.
L'autre intérêt est l'écriture d'Alexandre Postel qui a su magistralement se fondre dans l'ambiance du dix-neuvième siècle et particulièrement dans celle de Flaubert. le « père » de Madame Bovary n'est en rien un de mes écrivains de prédilection et pourtant comme une envie de redécouvrir son oeuvre parce qu'une fragrance particulière s'est portée sur mes yeux, par le mélange d'un temps passé et d'une histoire littéraire.

Un roman comme un tableau où derrière chaque mot s'est dessiné non pas une plume mais un pinceau, un pinceau cherchant sur sa palette les couleurs d'une vie, d'un parcours, d'un paysage toutes les nuances pour produire un portrait aux variations énigmatiques de l'âme. Patrick Grainville dans « Falaise des fous » grave plusieurs fois sur ses pages « Parce que Monet peint », comme une envie de le paraphraser avec un « Parce que Flaubert a écrit ».
Lien : https://squirelito.blogspot...
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