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Gaspard des montagnes tome 0 sur 3

François Angeli (Illustrateur)
EAN : 9782226173157
741 pages
Albin Michel (01/11/2006)
3.94/5   59 notes
Résumé :
Au milieu du XIXe siècle en Auvergne, le soir au coin du feu, on raconte que les sombres forêts de sapins du Livradois hébergent autant de brigands que de loups garous. On se souvient du trésor des Grange et de l'homme mystérieux qui, sous le règne de Napoléon, avait fouillé leur maison. Il y avait perdu plus que son temps : deux doigts, mutilés par Anne-Marie Grange. On se souvient de l'ombre noire de la vengeance planant ensuite sur leur domaine et de l'amour impo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Mesdames et messieurs, chapeaux bas devant un monument. Il y eut un avant et un après ‘Gaspard des montagnes'. Avant, la littérature française était essentiellement une affaire parisienne. Les salons, les libraires, les éditeurs, les jeunes écrivains ténébreux avec une mèche dans les yeux, les vieilles gloires aux ventres rebondies et à l'ironie mordante, les cocottes et les courtisanes, tout cela on ne le trouvait qu'à Paris. Pour être publié, on venait à Paris. Les petits provinciaux qui avaient le culot de prétendre écrire depuis leur hameau de Lyon ou Bergères-les-Vertus, au mieux, ils amusaient. Puis, depuis Ambert (oui, là où on fait la fourme) un dénommé Henri Pourrat publia ‘Gaspard des montagnes', et rafla des prix par douzaines.

Très novatrice, l'oeuvre se place au coeur de la paysannerie auvergnate du début du XIXème siècle. Les Granges, une famille de paysans en cours d'embourgeoisement, reçoivent des nouvelles bizarres de leur oncle installé aux Antilles. Parallèlement, on constate d'étranges allées et venues de particuliers peu recommandables un peu partout dans la région. Un soir, les parents sont obligés de laisser seule à la maison leur fille ainée, Anne-Marie. Seule dans la grande maison vide, la jeune fille n'est guère rassurée. Elle finit par aller se coucher, mais ne trouve pas le sommeil. Au beau milieu de la nuit, un craquement, des frôlements. de sous un lit où il était caché, un homme sort…

L'histoire, qui s'étale sur une décennie environ, retrace la lutte de la famille Grange contre une alliance de grand bourgeois et de petits voyous décidés à les dépouiller. Pour les assister, ils font appel à leur cousin Gaspard de Surmontagne, dit Gaspard des montagnes. Bien bâti, courageux, plein de ressources, il prend les choses en main… Mais de façon très intéressante, le livre adopte peu son point de vue, mais en majorité celui d'Anne-Marie. Depuis sa nuit terrible, elle vit dans la peur. Et elle ne sait même pas ce qui se passe. Tout ce qu'elle sait, c'est que de temps en temps Gaspard prend quelques amis aussi solides que lui, qu'ils disparaissent des jours entiers dans la montagne, et reviennent harassés et couverts de plaies et de bosses…

Gaspard, on le suit essentiellement quand il est avec Anne-Marie, ou qu'il pense à Anne-Marie. Mais de toute façon, les guerres napoléoniennes font rage. Conscrits, lui et ses camarades partent pour l'armée, laissant là la terre qui les a vu naitre, leurs belles amies, et les malheurs des Granges… Ils n'en reviendront que bien plus tard (en années et en chapitres). Sans perte, par extraordinaire, mais non sans casse en eux-mêmes. Et quant à ce qu'ils retrouvent… On part se battre pendant des années, quand on revient, c'est pour trouver ses parents au cimetière, le toit de sa maison effondré, et sa fiancée mariée à un autre. Mais ce n'est rien en comparaison de ce qui entre temps est arrivé aux Granges…

L'oeuvre est une fabuleuse et incroyable plongée dans la vie paysanne du XIXème siècle. En la lisant, vous découvrirez comment ont vécu vos ancêtres, ce qu'ils mangeaient, comment ils travaillaient, mais aussi ce qu'ils pensaient et ce qui les inquiétait. La fidélité historique est incroyable – à tel point que beaucoup de mots ne nous sont plus intelligibles, soit qu'un autre les ait remplacés, soit que ce qu'ils désignaient (parmi les objets de la vie quotidienne notamment) ait disparu. C'est une peinture rigoureuse, sans parti pris ou passéisme.

Elle est particulièrement intéressante pour la condition féminine, à travers la pauvre Anne-Marie. On découvre les multiples responsabilités d'une maitresse de domaine (le maitre gère tous les biens en dehors des murs ; son épouse, ou sa fille s'il est veuf, en les murs) ; son exposition permanente au qu'en-dira-t-on, ses moindres faites et gestes étant scrutés par les commères du bourg ; et le peu de pouvoir et de considération qu'elle reçoit en échange : en ce qui concerne le mariage ‘'une fille consent en disant non'', estime son père.

Un livre magistral, fruit d'un gigantesque travail, qui mérite de ne pas sombrer dans l'oubli.
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En 1965, Claude Santelli (un des grands créateurs de la télévision, et une des icônes de la jeunesse des années 60, grâce au « Petit Théâtre de la jeunesse ») adaptait et produisait un chef-d'oeuvre du petit écran : « Gaspard des montagnes », réalisé par Jean-Pierre Decourt, avec dans les rôles principaux Bernard Noël, Francine Bergé et Jean Topart. le roman original qui servait de base à ce merveilleux téléfilm était signé Henri Pourrat.
Avant de commencer la chronique, il faut vous prévenir, aimables lecteurs et délicieuses lectrices, que ce livre, « Gaspard des montagnes », est une sorte d'ovni de la littérature, difficilement classable dans une catégorie, puisque, d'une certaine façon, il procède un peu de toutes.
Quelques mots sur Henri Pourrat, parce que, comme on dit dans une entreprise qui est au parfum, « il le vaut bien ». Henri Pourrat (1887-1959) est un des grands noms de la littérature auvergnate, avec Alexandre Vialatte, et quelques autres, dont Jean Anglade. Inlassable collecteur de contes, légendes, anecdotes concernant l'histoire et le folklore de son pays, il est l'auteur d'une oeuvre immense : contes (réunis en treize volumes sous le titre « Trésors des contes ») romans (dont « Vent de mars » - prix Goncourt 1941), recueils de contes et légendes, essais sur sa région, et une imposante correspondance (1900 correspondants, 20000 lettres reçues et autant envoyées) …
« Gaspard des montagnes » dont le titre complet est « Les Vaillances, Farces et Aventures de Gaspard des montagnes » est paru en quatre épisodes en 1922, 1925, 1930 et 1931.
L'appellation générale est « roman » et personne ne niera le caractère hautement romanesque de cette histoire : romanesque, romantique, réaliste, historique, épique, picaresque, comique, tragique, poétique… L'originalité ne tient pas seulement à la multiplicité des genres, mais également à la construction singulière du roman : les quatre épisodes recouvrent chacun sept veillées, elles-mêmes composées de six pauses chacune. L'histoire centrale, celle d'Anne-Marie et de Gaspard est constamment entrelacée avec la relation de contes et légendes en rapport plus ou moins direct avec l'action, ce qui tend à prouver le grand art de l'auteur, ce don de mêler sans effort, et même avec un grand bonheur, le réel et l'imaginaire.
Nous sommes au début du XIXème siècle, à l'époque napoléonienne et aux premiers temps de la Restauration (il s'agit donc aussi d'un roman historique) dans l'Auvergne profonde (région de Doranges, pas très éloignée d'Ambert et Issoire, les cités arvernes victimes des « Copains » de Jules Romains).
Anne-Marie Grange est un soir agressée par un inconnu à qui, en se défendant, elle sectionne deux doigts. le roman tout entier tournera autour de la vengeance de cet inconnu, et de la résistance acharnée de Anne-Marie et de son cousin, le valeureux Gaspard.
Parce qu'il décrit très finement le décor, le folklore, la mentalité des habitants, les coutumes locales et tout le légendaire s'y rapportant, on a très vite catalogué Henri Pourrat parmi les écrivains régionalistes. C'est vérité tant son amour pour sa terre natale affleure dans cette reconstitution multiple (sensuelle autant qu'intellectuelle) mais ce serait trahir son oeuvre que s'arrêter à cet aspect des choses : nous avons vu que ce roman correspondait à plusieurs genres : il faut ajouter que, par les valeurs qu'il véhicule, il tend à prendre une valeur universelle, dans sa défense du Bien contre le mal, et dans la primauté de l'amour sur la haine.
« Gaspard des montagnes » se lit comme un roman-feuilleton : ardente et joyeuse chronique paysanne, c'est une belle aventure pétrie de vaillance doublée d'une belle histoire d'amour.
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Il s'agit d'un "grand" livre: une oeuvre majeure d'Henri Pourrat. Loin d'être une bluette inscrite opportunément dans un terroir régional, Gaspard des Montagnes est un livre doté à la fois d'une intrigue très forte, qui nous tiendra en haleine jusqu'aux dernières pages, et effectivement d'un ancrage régional, au sud du pays d'Ambert, à la limite du Puy de Dôme et de la Haute Loire, et qui a donné à l'auteur l'occasion d'exprimer tout son talent d'écrivain. Son vocabulaire, ses formules, ses descriptions des choses, des situations, de la nature et des gens, sont d'une richesse inouïe - à tel point que parfois le lecteur aura un peu de mal à comprendre et devra au minimum, reprendre sa lecture -. Ce pavé de plus de 700 pages (écrites petit) est la somme de 4 tomes. La seule possibilité est de tout lire, dans l'ordre. Et alors, quel plaisir, et ceci malgré un fond finalement très sombre. A noter que si Gaspard est un vrai héros (qui sait tout faire, qui voit clair en tout, à qui tout réussit,.....), le personnage principal est Anne-Marie Grange, fille mariée trop vite par un père trop pressé et intéressé. De ce mariage suivra une série de drames: il est impossible d'en parler sans les dévoiler. Il faut donc, tout simplement, conseiller cette lecture, qui sera, pour celui qui s'y consacrera - avec un certain effort, et pourquoi pas ? - l'occasion de parcourir une histoire formidable, de se trouver immergé dans l'Auvergne du début du XIX° siècle, décrite avec un réalisme prodigieux - , et de redécouvrir cet auteur exceptionnel.
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Il s'agit d'une grande fresque de la vie paysanne en Auvergne au début du XIX siècle. C'est une sorte de roman de cape et d'épée version auvergnate .

Gaspard c'est notre héros celui qui va tenir le récit par son énergie, ses frasques et son amour infini pour sa cousine Anne-Marie. Que serait un roman épique sans intrigue ... un trésor caché , des voleurs, des doigts coupés, les guerres, l'amour contrarié, tout y est pour nous offrir un bon roman . La langue est truffée de patois et d'expressions locales, le récit est tout d'aventures ainsi que de légendes . C'est une lecture longue, 700 pages , à savourer tranquillement au cours des longues soirées d'hiver. Pour l'apprécier il faut avoir plaisir à écouter un autre français, aimer découvrir comment vivait nos aïeux et apprécier l' Auvergne, une Auvergne sauvage, noire de forêt aux ombres étranges et riches d'histoires.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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voilà un livre que j'ai longtemps cherché adolescente après avoir lu dans un livre de collège un extrait (l'épisode de la main coupée) et le résumé de ce livre
une histoire tragique, machiavélique, plus qu'un roman de terroir une épopée, de spersonnages qui se débattent pour échapper à une fatalité et un avenir sombre et malfaisant
les descriptions des paysages sont magnifiques on sent l'amour qui lit l'auteur à sa terre d'Auvergne
je retiens encore une scène dans les marais magistrale
un classique maintenant.
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critiques presse (1)
Actualitte
30 janvier 2017
Ce grand roman a pour cadre cette région où est né et mort Pourrat, dont il décrit avec amour et précision la nature, les villages et les gens.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Elles n'ont rien de trop gai, les forêts qui s'en vont sur ces plateaux, du côté de la Chaise-Dieu. Des sapins, des sapins, des sapins, jamais une âme. Les chemins sablonneux s'enfoncent de salle obscure en salle obscure, parmi la mousse et la fougère, sous ces grandes rames balançantes. Les grappes du sureau rouge tirent l'œil, ou bien quelque pied de digitale pourprée. Il y a des endroits où le soleil semble n'avoir point percé depuis des mondes d'années : c'est sombre, c'est noir, c'est la mort. Une forêt comme celle de la complainte de sainte Geneviève de Brabant, où des ermites peuvent vivre solitaires et qu'on imagine pleine de loups, de renards, de blaireaux. A dix pas, sait-on ce qui se ce cache derrière ces fûts gercés des arbres où la résine met des traînées de suif ? Tout remue, mais remue à peine. Tout est silence, mais un silence traversé de vingt bruits menus. Une belette qui se sauve, un souffle de vent dans la feuille des houx, une fontaine qui s'égoutte derrière la roche. Et lorsque le sentier monte en tournant sous le couvert, à travers les masses de pierres détachées, dans le désordre des sapins penchés sur leurs nœuds de racines, on croirait aller vers des cavernes de faux monnayeurs et de brigands. Pas une âme, et pourtant il semble que quelqu'un soit tapi par là en embuscade. Il faut avoir l'esprit bien fort pour ne pas se laisser gagner par la peur
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Au milieu des bois, le chemin tombait dans une clairière où des roches grises saillaient, pareilles à des dos de vaches couchées là à ruminer cette pauvre herbe. (...)
Et toujours, comme le bruit au cœur des bois d'un torrent décalant, le vent sifflait, là-bas, sous le ciel de frimas, dans la branche des sapins.
Ce fut en cette maison des sept portes qu'advint vers Pâques, l'aventure terrible d'où s'ensuivirent tant de malheurs.

Le château des sept portes
Première veillée
Première pause
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Tu apprendras plus tard à n'être pas difficile. Manger ce qu'on trouve, s'arranger de ce qui tombe. Et la première des choses à savoir, c'est qu'on na droit à rien.
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Quand elle avait quelque prise avec lui, c'était merveille de l'ouïr, celle langue de vipère. elle lui défilait tous ses torts et malheurs, depuis un grand-oncle qui avait failli aller aux galères un quarteron de pommes volées, jusqu'à sa ribote de la veille au soir, à cet ivrogne, ce mangeur de maison, ce porc de glands, bon à tout dévorer dans un ménage ! (...) ses péchés lui étaient dits sans que pas un fût oublié, oui certainement il n'avait plus besoin de faire son examen pour aller à confesse.
De fâcherie ou autrement, le menuisier mourut, et ses années de mariage durent lui être comptées sur son temps de purgatoire.

Le château des sept portes
Cinquième veillée.
Troisième pause
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Les cloches sonnaient toujours à branle, et toujours ce vent dans le noir, toujours la tourmente.

Le château des sept portes
Troisième veillée
Quatrième pause
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Video de Henri Pourrat (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Pourrat
Suivez une légende médiévale pleine de mystère inspirée d'un conte d'Henri Pourrat et adaptée par Michel Ocelot. Une histoire émouvante d'un seigneur violent, d'un petit garçon solitaire et d'un prisonnier invisible au fond de son cachot. La forêt résonne des exploits d'un "Beau Sauvage", qui combat avec insolence les méfaits du seigneur.
Mais d'où vient ce héros que personne ne parvient à saisir ?
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