Entre deux essais lucides mais pour le moins déprimant que j'ai lâchement abandonnés en cours de route, j'ai voulu me détendre avec Pouy dont j'avais adoré
l' Homme à l'oreille croquée.
Le début m'a emballé, j'ai retrouvé son humour caractéristique un brin caricatural de gauchiste dégoûté par les hypocrisies et injustices sociales, qui trouve réconfort dans l'humour. L'idée qui soutient
le rouge et le vert est extra : le détective improvisé doit lui même trouver l'objet de son enquête, à partir de rien. Ou de tout, c'est-à dire de rien... S'ensuivent une errance et une quête au sein même du quotidien, entre les actualités déprimantes et les missions professionnelles du "nez" (son véritable métier) dans le milieu très branché proutprout du parfum de luxe. Mais l'enquête s'enlise dans ce quotidien justement, elle prend une direction, une autre, elle ressemble assez finalement à ce que tout un chacun peut découvrir autour de soi lorsque l'on est attentif à autrui et que l'on voit se rejouer les turpitudes psychologiques et sociales liées à notre condition.
Bref, ce livre n'est pas un polar.
Il est une réflexion sur l'origine du polar. Il est intéressant parce que oui, dans chaque vie, il y a du glauque, du louche et que si l'on cherche l'on découvre des vérités qui ont été tenues cachées.
Il a tout de même réussi à me faire sourire, à me détendre mais j'ai globalement été déçue, l'enquête s'enlise complètement. L'idée était bonne, il manque quelque chose, il aurait peu-être fallu creuser plus profond dans le secret de ces vies en apparence ordinaires.
Une autre remarque : Pouy en fait peut-être un peu trop pour démontrer que le polar est un genre à part entière, à quoi bon ? L'auteur me semble succomber aux critiques du cercle officiel du bon goût littéraire. A trop montrer sa culture, le texte déborde de références en peinture, littérature, parfums de luxe..
L'homme à l'oreille croquée, plus modeste, me semble mille fois meilleur.