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EAN : 9782743653699
368 pages
Payot et Rivages (08/09/2021)
4.41/5   17 notes
Résumé :
M. Mizuno coule une retraite heureuse après une vie sans histoire. Du moins c’est l’image qu’il s’applique à donner. Car son vrai nom est Yasukazu Sanso, ancien activiste de l’Armée rouge japonaise ayant déjà tué, et de sang-froid. La rencontre fortuite, à Bangkok, avec un vieux camarade va déclencher la mécanique implacable du souvenir. Comment, en quête d’idéal, s’est-il laissé embrigader dans les mouvements universitaires des années 1960 ? Comment, suite aux déri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Premier roman de la #rentreelitteraire2021 pour moi et quel début! Avec un réalisme à couper le souffle et une précision psychologique troublante, Mickaël Prazan s'attaque dans cette fiction historique à un pan méconnu de l'histoire du Japon.
Le personnage principal, M .Mizuno est en apparence un grand-père attentionné que l'on découvre en famille au bord de la piscine d'un hôtel de luxe de Bangkok. Mais rapidement, la rencontre fortuite d'un ancien camarade de lutte fait remonter les relents nauséabonds d'un passé qui le hante jusque dans ses cauchemars. Ce retraité n'est pas ce qu'il prétend : dans une autre vie, il s'appelait Yasukazu Sanso, fut activiste pendant les mouvements universitaires des années 60, avant de rejoindre les rangs de l'Armée Rouge Japonaise dans les années 70. Par conviction idéologique, il a intégré la violence et la terreur comme des moyens au service d'une cause qui lui semblait correspondre à ses idéaux.
Des campus de Tokyo aux camps d'entraînement de l'Armée rouge japonaise, de l'Ambassade de France à La Haye à l'aéroport de Tel-Aviv, Mickaël Prazan relate à travers son personnage les pires atrocités commises par ces terroristes japonais, dans leur pays mais aussi de par le monde.
J'ai été happée par la descente aux enfers du personnage de Yasukazu, mais aussi médusée par les méthodes ultra-violentes de purge au sein de l'Armée rouge japonaise autant que par l'internationalisation des luttes armées. Grâce à un travail de documentation et de recherche incroyable, Mickaël Prazan restitue dans un style incisif et implacable ces années sombres et la douleur infinie des familles, des innocents sacrifiés sur l'autel des idées. Il parle aussi brillamment des anciens bourreaux, de ceux qui se repentent en vain et de ceux qui meurent avec la conviction d'avoir fait le bien.
« On peut considérer cela comme des erreurs de jeunesse ; il y a prescription... - Pour nos victimes, il n'y a pas prescription. Je suis persuadé que leurs familles pensent encore chaque jour au mal qu'on leur a fait ».

Un roman qui marque et un auteur à suivre !

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Livre qui introduit de manières spectaculaires le non-dit et le non-sens du terrorisme enfouit dans L Histoire. Au Japon, mais cela peut se passer en France, il met en évidence la légèreté d'une opinion de masse qui cherche un coupable face à des crimes de guerre non jugés et au désarroi de ces victimes.
A lire, à recommander!!!
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C'est un grand-père paisible, veuf depuis peu. Il passe quelques jours de vacances dans un hôtel luxueux avec ses petits-enfants et sa belle-fille, Hiromi. Il n'a pas une grosse retraite mais son fils, qui a bien réussi, paie le séjour. D'ailleurs, ce dernier rejoindra les siens bientôt. Ce papy, Monsieur Mizuno, profite de sa famille, des agréables moments passés avec les petits, apprenant à nager à l'un, racontant des histoires, « tricotant » des souvenirs, se reposant aussi ….
Et puis un regard et tout bascule…. Un regard ce n'est rien pourtant, mais celui-ci va faire office de grain de sable dans la belle mécanique bien huilée de sa vie. Pourquoi ? La personne dont il croise les yeux est un allemand, connu il y a longtemps dans un passé qu'il a voulu oublier, soigneusement enfoui au plus profond de lui.
Un regard et tout change. Les cauchemars reviennent, les nuits agitées se réinstallent, la peur lui noue les tripes, il perd la maîtrise. Il tremble. Et si ce qu'il a construit année après année s'écroulait ? Quel avenir aurait-il ? Il essaie de se faire discret, de ne plus y penser. C'est peine perdue. Les réminiscences remontent, violentes, encombrantes, effrayantes, douloureuses. Elles l'envahissent, le submergent et le laissent vidé, défait… Mais pourquoi ? En plus, Hiromi semble se poser des questions….
Cet homme, dont le véritable nom est Yasukazu Sanso, a été combattant de l'Armée rouge japonaise. Qu'est-ce qui l'a conduit à faire ce choix, lui qui était parti étudier à Tokyo ? Qu'est-ce qui pousse un être humain à commettre l'irréparable, à devenir une machine de guerre ? Comment Yasukazu s'est-il construit ? Quelles ont été ses décisions ? En quoi ont-elles influencé le cours de son existence ? Aurait-il pu faire autrement ?
C'est avec une plume d'une qualité indéniable que Michaël Prazan nous présente le passé et le présent de cet aïeul. Trois jours pour ici et maintenant, plusieurs années (de 1968 à 1974) pour « l'avant Monsieur Mizuno ». On découvre le cheminement de l'étudiant, les raisons qui l'ont poussé à faire sien les combats des activistes de l'Armée Rouge. Monsieur Mizuno est attachant, il semble fragile, fatigué, on s'interroge sur ce qu'il va devenir. En retournant en arrière, le lecteur découvre ce qui a été vécu dans différents lieux du monde (je ne veux pas en dire trop). C'est parfois très dur, et lorsqu'on sait que ça a existé, c'est encore pire.
Remarquablement documenté, (en fin d'ouvrage l'auteur a écrit une note complémentaire), ce récit globalement véridique fait froid dans le dos. C'est âpre, terrible, dur. C'est la folie des hommes dont il est quasiment impossible de sortir indemne. Monsieur Mizuno vit avec ce fardeau sur les épaules. Pendant quarante ans, il a réussi à vivre avec, non sans peine, et puis un regard a tout déséquilibré.
L'écriture de l'auteur est puissante. Les phrases courtes, parfois sans verbe, résonnent en nous. Comme les bruits qui accompagnent certains actes et qui hantent le vieillard. Ils rythment le récit, comme autant de coups de poings reçus pour ne pas oublier, pour ne pas faire « comme si » …. Ce recueil est passionnant, intéressant, il tient le lecteur en haleine sur les deux aspects qu'il présente.
Cette lecture m'a secouée car elle m'a fait connaître des faits que j'ignorais et qui interrogent sur l'homme et ses dérives. Je ne connaissais pas cet auteur et je suis admirative du travail de recherches qu'il a dû effectuer. de plus, tout sonne juste, nous interpelle, et nous captive. C'est un ouvrage à lire absolument !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Au club de lecture, il y a deux listes, celle des nouveautés et celle du thème. le thème du mois de février, c'est le Japon. Ce roman va nous dévoiler un aspect terrible de ce pays dans les années 70 : l'auteur décrit avec une précision et une absence de pathos les horreurs commises par « l'armée rouge » japonaise, la lecture est parfois à peu près insoutenable, et quand je levais les yeux de ce roman pour vérifier les faits, je découvrais avec horreur que l'auteur n'avait rien inventé. Il s'agit d'un roman car pour construire ce récit Michaël Prazan, a créé le personnage principal, un Japonais qui aurait participé à toute les exactions des terroristes et aurait réussi à survivre sous un nom d'emprunt. Il crée aussi un personnage allemand pour permettre aux deux de se faires des confidences et ainsi nous faire découvrir de l'intérieur l'engagement et la vie des terroristes. Ce qui s'applique aux fanatiques japonais peut être vrai pour tous les terroristes capables de tuer des innocents pour leur cause.

Ce roman permet de comprendre le cheminement particulier de la jeunesse japonaise . le personnage principal découvre que son père a participé aux massacres de Nankin que le Japon a toujours préféré oublier. Lui, il participera aux révoltes étudiantes des années 70 pour lutter contre la présence américaine et l'aide que le Japon apporte dans la guerre du Vietnam. À travers les romans, on voit (encore une fois) que ce pays n'a jamais fait le travail de mémoire sur son passé impérialiste et fasciste. Les Japonais se sont considérés comme victimes de la force nucléaire américaine. La jeunesse dans les années 68, trouvait insupportable que le gouvernement Nippon apparaisse comme le vassal des américains. Il y a eu un aspect ultra violent dans les rangs de la jeunesse comme dans la répression policière.
Un des épisodes les plus insoutenables se passe dans les montagnes japonaises où la folie meurtrière s'empare des dirigeants de l'armée rouge qui épurent en les torturant jusqu'à la mort ses propres membres. Ces meurtres marqueront la mémoire du Japon. Les rares survivants chercheront une autre cause pour s'enrôler, et ils rejoindront les rangs des terroristes palestiniens.

Le roman se termine par les « exploits » de Carlos en France.

Malgré le poids de l'horreur et du cafard que pourront vous donner la lecture de ce livre, je salue par mes cinq coquillages, le sérieux du travail de cet auteur. Il écrit comme un journaliste de façon simple et directe. J'ai eu des difficultés au début avec les noms japonais, mais on s'habitue parce qu'ils sont régulièrement répétés au cours de cette histoire. Ces noms tournent en boucle dans la mémoire du personnage principal et je suppose dans celle de l'écrivain. Lorsqu'on a passé cette difficulté des noms, on est pris par ce récit sans pouvoir le lâcher. Ce fut le cas pour moi.
Lien : https://luocine.fr/?p=14317
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Très bon livre sur l'histoire du terrorisme international des années 60-80. Il faut un peu s'accrocher quand on ne connait pas cette période mais cela permet en même temps de s'instruire à ce sujet.
L'auteur nous raconte avec un personnage de fiction M. Mizuno, retraité paisible qui passe des vacances en Thaïlande, les périodes sombres du terrorisme japonais, du FPLP, des brigades rouges, de Carlos...... tout est vrai , les événement relatés sont exacts seul le héro de ce livre est imaginé, il est un terroriste parmi les autres qui eux sont morts ou en prison ou encore en cavale aujourd'hui.
M Mizuno est donc un ancien terroriste que le hasard de vacances fait rencontrer un de ses anciens équipier, un allemand, terroriste sous la bande à Baader. Les souvenirs reviennent au fil des pages, les remords, la culpabilité, le silence et peut être la rédemption par l'aveu.
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critiques presse (1)
Liberation
17 janvier 2022
Dans un roman haletant, Michaël Prazan nous plonge dans la grande époque du terrorisme international des années 70.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les thèses de Fanon s’appliquent autant aux Palestiniens qu’aux Caribéens, qu’aux Africains, qu’aux Algériens. C’est pourquoi le colonisateur ne doit jamais être considéré comme une victime. On nous reproche la mort de civils innocents… C’est le principal argument utilisé par les impérialistes pour nous discréditer… En réalité, il n’y a ni civil, ni victimes chez les sionistes ! Tous sont coupables ou complices de l’oppression subie par les Palestiniens. Pour illustrer cela, prenons le cas le plus problématique, celui des enfants. Comme dans toutes les guerres, il arrive que des enfants meurent au cours de nos opérations. Les impérialistes nous accusent de barbarie, de commettre des meurtres… Or, personne n’est innocent dans le système colonial, pas même les enfants. La progéniture des juifs grandira, elle fera le service militaire qui est une obligation chez eux. Ça veut dire que ces mêmes enfants porteront un jour des armes qu’ils pointeront sur nous !
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Yoshino est un grand type dégingandé et taiseux qui porte une barbe courte et peu fournie, ainsi que de grosses lunettes. Pauvre Yoshino. Il est venu ici avec Kaneko Michiyo sa femme enceinte de huit mois. Personne ne l’a ménagée pendant les entraînements militaires. On s’est demandé si elle n’allait pas perdre le bébé. Yoshino ne lui jette jamais un regard. Yoshino est un vrai soldat. Un soldat docile. Un soldat exemplaire. De ceux qui exécutent les ordres. Tous les ordres. Sans discuter. Sans rien penser. Yoshino ne pense plus depuis longtemps. Yoshino est un robot. Le plus robot de tous. C’était un jeune homme gai et sympathique, autre fois. Il aimait la musique. Il jouait de la guitare. Il aimait sa femme. Yoshino de plus rien.
Yoshino est un meurtrier.
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"Beyrouth est d'autant plus déroutante qu'elle représente un maillage complexe entre différentes communautés. Ce sont tous des Arabes, mais certains, comme les dirigeants du FPLP, sont des chrétiens. Ils sont minoritaires, mais ce sont les plus riches.Les autres appartiennent à des tendances de l'islam qui se font la guerre depuis des siècles. les sunnites détestent les chiites. Les chiites détestent les chrétiens. Tout le monde déteste les juifs. Quelles différences y a-t-il entre chrétiens, juifs, chiites, et sunnites? Il l'ignore. Physiquement, ils se ressemble tous."
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Il tournait en rond. Il ne voulait pas se coucher. Il savait qu’il ne parviendrait pas à dormir. La perspective de se voir trahi par un rêve qui me replongeait dans les eaux boueuses de son passé le remplissait de terreur. Certains souvenirs sont comme des bombes à fragmentation. On en vient jamais à bout.
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Le « fedayin » fait deux têtes de plus que lui. Sa virilité sauvage le tétanise.
le « fedayin » le regarde et il sourit.
Il ajoute qu’il aime bien les Japonais. il dit qu’ils ont fait le bon choix pendant la guerre. Il admire Hitler depuis toujours. Un homme extraordinaire. Un meneur d’hommes. Le fedayin regrette qu’Hitler n’ait pas pu finir d’exterminer tous les Juifs.
Il le regarde et il sourit.
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Videos de Michaël Prazan (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michaël Prazan
Dans ses "Récits de la Kolyma", un recueil de nouvelles écrites après sa libération, l'écrivain russe Varlam Chalamov témoigne de l'enfer des goulags staliniens, auquel il a survécu après une vingtaine d'années de pénitence. L'histoire de Varlam Chalamov a été source d'inspiration pour Gisèle Bienne et Michaël Prazan, invités de Nicolas Herbeaux pour transmettre ce témoignage marquant et essentiel.
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