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sur 2732 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lecture exigée pour le bac, efficace et plutôt intéressante, mais au style un peu trop lourd par moments. Si j'ai beaucoup apprécié la plume et les tournures qui constituaient le "plaidoyer", c'est-à-dire cette alternance, ce mélange entre le DesGrieux qui, face à Renoncour, dépose en long discours cette confession qu'il n'avait jamais réalisée (et ce qui a causé, selon lui, tous ses malheurs), et celui qui est encore aux côtés de Manon dans l'action narrée, la densité des phrases a pu me gêner lors des passages d'action qui ne le requéraient pas forcément, même si je peux comprendre qu'il y ait un "gap" d'époques et que cette effervescence de propositions encastrées les unes dans les autres apporte un effet, de l'intensité dans les sentiments de DG...
Il s'agit d'une lecture assez divertissante cependant (clin d'oeil à la scène du Prince italien où Manon lui fait voir son reflet pour lui dire qu'à côté de Desgrieux, il est... laid?), et l'analyser reste très intéressant, même si ce n'est pas vraiment une lecture de chevet. le relirais-je un jour? Probablement pas.
On ne peut cependant pas lui enlever ce côté "traité de morale", comme le qualifie Renoncour (ou devrais-je dire plutôt Prévost directement), et qui semble avoir "transcendé" les siècles jusqu'à aujourd'hui, car faisant toujours, à mon sens, écho de nos jours.
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J'ai découvert ce livre dans le programme du bac de français et il faut dire qu'il simplement magnifique.
L'histoire que nous livre l'Abbé Prévost est sublime.
Il s'affranchit des codes de la société en y mêlant une femme libertine à un homme censé prôner la religion. J'ai tout simplement adorée l'histoire entre Manon et Des grieux et je trouve que ce livre, pourtant bien écrit quelques siècles auparavant, ne perd pas sa valeur et sa moral
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Ce pauvre Chevalier des Grieux n'en finit pas de se faire rouler dans la farine par sa belle Manon, qui l'aime sincèrement mais, malheureusement pour eux, est absolument incapable de vivre d'amour et d'eau fraiche. D'où une fâcheuse tendance à s'acoquiner avec le premier richard qui passe pour se faire payer garde robe et équipage. Loin d'être découragé, son amoureux, tel celui de Mathilde dans la chanson de Brel, repart inlassablement au combat, et son sentiment finira par l'emporter. Un beau roman d'amour qui peut être vu, selon la lecture qu'on en fait, comme une apologie du cynisme ou, à l'inverse, comme son antidote.
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Je me souviens de ma première lecture. J'avais trouvé ce pauvre Des Grieux bien naïf et sa complainte amoureuse m'était devenue très vite assez insupportable surtout qu'elle semblait être toujours la même à cause de la structure cyclique du roman (et surtout parce qu'il ne semble pas apprendre de ses erreurs, se retrouvant régulièrement sans argent, par négligence, perdant ainsi Manon puis la retrouvant et semblant alors oublier toute sa rancoeur). Des Grieux avait vraiment à mes yeux les attributs du minable qui ne se rend même pas compte qu'il est responsable de son malheur et qui rejette la faute sur le destin ou sur Manon. Cette culpabilisation constante de Manon devenait très vite insoutenable et relançait mon indignation. J'avais le sentiment que Manon faisait bien d'abandonner cet homme et qu'elle faisait bien plus preuve de bon sens que lui. J'étais presque indignée qu'elle revienne à lui, avec cette phrase qui me trottait en tête : « mais que peut-elle bien lui trouver ? » Je n'étais pas du tout sensible au sublime de leur amour ni à l'horreur de leurs dévoires. Peut-être était-ce dû au contexte de lecture : je l'ai lu pour la première fois entre l'épreuve écrite et l'épreuve orale de l'agrégation, ayant entendu qu'un jury considérait qu'il était inadmissible de passer ce concours sans avoir lu Manon Lescaut. Peut-être pas la meilleure raison pour le lire : le roman était alors pour moi empreint de l'élitisme nauséabond de certaines institutions. Une part de moi pensait : c'est donc ça pour eux la sophistication de la littérature française ? Entrait peut-être un peu de rejet et de mauvaise foi dans mon jugement. En tout cas, j'étais passée à côté du propos du roman.
L'oeuvre réapparaît dans mon horizon quand elle se voit inscrite au programme du bac de français et que je dois alors choisir une oeuvre pour les élèves. Ma première réaction fut évidemment de proclamer que je n'étudierais jamais cette oeuvre avec eux. le souvenir de mon dégoût était encore trop fort. Cependant des trois oeuvres proposées, elle semblait être la plus accessible (cela en dit long sur les choix des oeuvres au programme mais passons). Il me fallut donc la relire et même l'étudier en profondeur. Et comme bien souvent, quand j'entre plus avant dans les profondeurs d'un texte, j'en ressors des petits trésors qui me font prendre plaisir à un livre autrefois mal aimé. Parce qu'il suffit de changer un peu de perspective pour surmonter les dégoûts. Si l'on regarde bien la forme, et notamment l'enchâssement du récit de Des Grieux dans un récit cadre, on comprend qu'il raconte ses déboires à un ancien bienfaiteur mais surtout il raconte après avoir vécu cette période tourmentée, à un moment où il est revenue dans les rangs et dans le parti de l'ordre. Son récit participe donc à sa réintégration dans le monde et devient alors une entreprise d'autojustification qui doit lui permettre de passer pour une victime (du destin, du charme ensorcelant de la femme, de la naïveté de la jeunesse si pure) pour garder intact sa réputation. Son discours devient alors un objet qu'il convient de scruter sous tous les angles car pas un seul mot, pas un seul événement raconté, n'est innocent. Après tout, on se rend compte bien vite que nous n'avons accès qu'à son point de vue, évidemment très partiel et comme on l'a compris loin d'être impartial. On le voit rien que dans l'ambiguïté du personnage de Manon, alternativement décrite comme l'objet le plus tendre puis comme le fruit du démon. Et effectivement, Manon n'est qu'un objet : une manière de justifier ses actions à lui, une manière même pour lui de se faire passer pour un héros de l'amour, prêt à la suivre jusqu'au bout du monde. Jamais nous n'avons accès à l'intériorité de Manon, mais pire que ça, même ses paroles, ses lettres, sont rapportées par Des Grieux qui ne cache qu'il restitue ce dont il se souvient, ce qu'il a cru comprendre, ce qui l'arrange finalement.
Si l'on prend un peu de hauteur, si on essaye de reconstituer la parole perdue de Manon, si on essaye de se mettre à sa place, ce que le récit ne nous propose jamais, Des Grieux préférant nous donner l'image d'une créature mystérieuse dont on ne peut pas comprendre les intentions véritables, on se rend compte que ce qui en jeu c'est un rapport de classe. Si Des Grieux ne comprend pas Manon, c'est qu'il ne voit pas le monde comme elle : il peut croire à l'amour absolu qui dépasse les questions basses et obscènes de l'argent parce qu'il ne prend jamais de réels risques, il a des amis fortunés et il peut réintégrer son milieu quand il veut et ne plus souffrir du besoin. Manon par contre n e vient pas d'un milieu qui peut la protéger et son frère a plus prévu de se servir d'elle que de l'aider. Manon n'est pas vénale, elle est lucide sur sa situation. le seul crime de Manon, si c'en est un, c'est de vouloir s'élever de sa condition. Peut-être qu'effectivement elle ne l'aime pas vraiment au début du roman, peut-être ne voit-elle qu'une solution pour échapper au couvent. Mais peut-on vraiment lui en vouloir ? Voilà tout ce qu'on lui propose en dehors de l'amour : la prison ou la prostitution (sous plusieurs formes). Manon passe alors de l'image d'une fille légère en apparence à celle d'une femme lucide et entreprenante. Les sentiments envers elle continuent à être ambigus chez le lecteur parce qu'elle-même continue à l'être car sa situation ne lui permet pas le luxe de la sincérité. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de croire qu'elle l'aime vraiment mais qu'elle n'est pas prête à lui sacrifier la chose que tous veulent lui prendre, sa liberté.
Comme quoi, il y avait beaucoup plus qu'une simple complainte amoureuse dans ce roman, quand on en trouve la clef.
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J'en ai bavé avec elle pour le bac de français, mais pour un livre jugé scolaire, il est plutôt facile à comprendre et à aimé. Merci Manon de m'avoir accompagné pendant cette année scolaire grâce à toi j'ai eu mon Bac !
























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Les aventures tendres et crapuleuses du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut sont de celles qui font d'un livre un roman qui s'adapte à toutes les époques de la vie sociales… Transposée dans le climat de notre temps qui se situe dans les faubourgs de l'an 2000 , l'histoire simplement dite par l'abbé Prévost devient un drame de la pègre, celui des truands de bonne famille et de la rue, celui des fillettes immorales, mais charmantes, dont le coeur est comme celui des marguerites qui provoquent les doigts qui les effeuillent à la manière d'un jeu de hasard .
P. Mac Orlan


Montesquieu quant à lui écrivait :
Je ne suis pas étonné que ce roman , dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin, plaise, parceque toutes les mauvaises actions du héros, ont pour motif l'amour, qui est toujours un motif noble.
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Une tragique histoire d'amour

C'est une histoire semblable à Roméo et Juliette. Les deux protagonistes sont le chevalier Des Grieux et de Manon. L'amour semble plus fort que tout. Au regard de son statut social Des Grieux ne peux épouser Manon. Il décide alors s'enfuir avec elle. Néanmoins, la fin se termine tragiquement et les deux amants se retrouvent séparés à tout jamais. Celle-ci pourrait être interprétée de multiples façons : la rédemption, le poids de la culpabilité d'avoir laissé son amant perdre son statut et ses privilèges. Ce livre jugé scandaleux par rapport aux moeurs de l'époque, a connu un très grand succès public. Il aborde les renoncements toutes les frasques qu'un coeur amoureux peut être amener à faire pour être auprès de sa bien-aimée.
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Lorsque, lors de la dernière masse critique de Babelio, j'ai vu ce roman, j'ai eu très envie de le lire à nouveau. Il fait partie des "classiques" que l'on lit bien souvent pendant nos années lycée, au moment du baccalauréat de français. Ce qui fut mon cas. Je me souviens très bien de sa lecture il y a déjà bien longtemps, j'avais aimé à l'époque, et j'avais envie de voir si  mon avis allait évoluer avec le temps et avec toutes les autres lectures que j'ai faites depuis. Et c'est le cas. J'ai aimé, mais j'ai souvent été lassée, je vous dirais pourquoi par la suite. 

Avant, il faut quand même parler du livre, il a été écrit en 1731 par l'Abbé Prévost, un écrivaine très prolifique. Au départ, ce roman s'appelait "L'histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut", mais l'éditeur hollandais décidera de raccourcir le titre en "Manon Lescaut". Après lecture, je trouve que le premier titre correspondait beaucoup mieux, car on parle autant des deux personnages, et c'est le Chevalier qui se raconte. Ce roman est le septième et dernier tome d'une oeuvre à succès de l'Abbé Prévost, "Mémoires et aventures d'un homme de qualité", où le personnage le marquis de Renoncour raconte sa vie. On va d'ailleurs le retrouver au début de ce livre, mais on en apprend pas plus sur lui, pas la peine de lire les six autres tomes avant. Quoique, pour ma part, j'aimerais bien en apprendre plus sur lui. 

Ce roman raconte une histoire d'amour comme on en faisait à cette époque, tourmentée, cruelle. Il y a Roméo et Juliette, Tristan et Yseut, et il y a le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut. Dès que ces deux-là se rencontrent, c'est le coup de foudre. Ils sont tous les deux jeunes, même pas encore vingt ans, lui à 17 ans, elle moins, Des Grieux est un jeune homme de bonne famille, brillant dans ses études, il rencontre Manon par hasard, elle est avec d'autres filles et doit être menée au couvent. Des Grieux va préparer un plan pour la faire libérer et ils s'enfuient les deux. Mais il faut maintenant arriver à vivre. Et pour cela, Manon n'hésite pas à avoir recours à sa beauté et à ses charmes pour séduire de riches hommes, et de se faire entretenir par eux. Des Grieux la suit, il est aveuglé par l'amour, il sait qu'elle le trompe, mais il est tellement amoureux qu'il lui pardonne tout le temps. Il faut dire aussi qu'elle sait le manipuler et lui dire qu'elle ne pouvait faire autrement et qu'elle le faisait pour lui. Manon n'aime pas la pauvreté, elle veut vivre avec des largesses, la fuite ne l'intéresse pas. Et pourtant, ils vont avoir tous les deux des déconvenues, les hommes qu'ils ont exploités se rendent compte de la supercherie, et les poursuivent ou les font mettre en prison. Mais, malgré des mois enfermés, Des Grieux continuera à chercher Manon, à la retrouver, à la libérer, et à chaque fois elle recommencera, jusqu'à la fois de trop...

Je ne me souviens pas à ma première lecture lors de ma préparation au Bac, que Manon m'ait à tel point insupportée. Elle a tout le loisir d'être heureuse avec Des Grieux, il faut toujours qu'elle aille chercher à côté, et tout ça pour l'argent. Je l'ai trouvée tellement vénale. Je regrette que l'auteur n'ait pas fait parler Manon, qu'elle s'explique, qu'elle raconte son passé, peut-être celui-ci expliquerait son appât du gain et du toujours plus. Parce que là, c'est Des Grieux qui raconte, donc je n'ai eu qu'une version. J'avais souvent envie de le remuer, et de lui dire d'arrêter d'être naïf. À chaque fois qu'il présentait quelqu'un à Manon, je savais qu'il allait être à nouveau berné, et lui, aveuglé, continuait. Et cela reflète bien la société d'alors, où il y avait les très riches, et les très pauvres. Ceux-ci ne pouvaient pas évoluer, ils restaient toujours dans la même condition. Manon veut se sortir de là, et elle accepte tout pour y arriver, même si cela doit lui nuire. 

À part les personnages qui m'ont énervée et auxquels j'ai eu du mal à m'attacher, j'ai apprécié l'ensemble de ce livre. Il est écrit dans un style ancien, avec un vocabulaire parfois obsolète, mais les mots sont expliqués en bas de page, donc la compréhension se fait tout de même facilement. le style est très bon, bien sûr, les descriptions sont bien faites. On voyage beaucoup, mais j'ai trouvé que les décors extérieurs étaient peu décrits. L'action est assez lente, elle représente bien la vie d'avant, et surtout celle des gens aisés, qui se laissaient plutôt vivre et ne faisaient pas grand chose de la journée. Par contre, j'ai été satisfaite de trouver de la densité dans les actes, les personnages. Je me demandais bien souvent où j'allais atterrir, vers quel final. le livre est séparé en deux parties, et n'a pas de chapitre. C'est quelque chose qui m'a parfois un peu perturbé, car j'aime arrêter ma lecture à une fin de chapitre, ça m'aide pour reprendre, et là je ne pouvais pas le faire, je devais relire un peu avant lorsque je reprenais mon livre. J'ai d'ailleurs trouvé la seconde partie plus mouvementée et plus addictive. Je l'ai lue bien plus vite que la première. Par contre, le final m'a laissée sur ma faim, j'ai envie de dire, tout ça pour ça, j'aurais aimé savoir ce qui allait se passer par la suite, que ce soit pour Des Grieux ou pour le narrateur, monsieur de Renoncour. Surtout que c'est un dernier tome, il n'y aura jamais de suite, et c'est dommage. le début du livre est raconté par le marquis, qui cède la parole ensuite à Des Grieux lorsqu'il le rencontre. Malgré la narration à la première personne, j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, et j'ai gardé une certaine distance avec eux. Je pense que ceci est dû à la période où cela se passe, et aussi au fait que j'ai trouvé le couple insupportable, comme je le disais plus haut. 

L'abbé Prévost mélange dans l'histoire de ce couple la vie au XVIIIème siècle, le siècle des Lumières qui a vu la société se modifier, avec une période de tensions religieuses,  une société en pleine mutation où la condition des femmes est débattue, la place des femmes dans la haute société, parce que chez les pauvres, la femme est toujours sous l'ordre de l'homme. C'est très instructif, et l'auteur a très bien mélangé la fiction avec des faits réels de l'époque. Tout ceci est d'ailleurs bien résumé dans le livre, qui est bien plus que la retranscription de l'oeuvre. Il y a en effet tout un dossier pédagogique au début et à la fin du roman. Au début, la collection est présentée, avec les noms des professeurs qui sont intervenus, il y en a dans chaque académie, qui ont d'ailleurs veillé à ce que la place de la femme soit mise en lumière. L'oeuvre nous est ensuite présentée, dans son contexte historique, la biographie de l'auteur, la société d'alors, avec de belles frises pour situer l'histoire dans le temps historique. Et à la fin du roman, il y a tout un dossier pédagogique avec de la compréhension de texte, des explications, des extraits d'autres oeuvres d'autres auteurs pour faire le lien, et enfin, des exercices destinés aux lycéens, sur le vocabulaire, la grammaire et des pistes de dissertation. J'ai trouvé ce dossier très complet, j'aurais beaucoup aimé avoir un tel livre pendant mes études, ce n'était pas si perfectionné. Et en plus, notre époque étant connectée, il y a un QR code qui permet de retrouver le roman sur le net, avec un fichier epub, des extraits lus par des comédiens, une vidéo pour découvrir l'auteur. Bref, tout un dossier très complet, ludique et interactif. Et d'autres oeuvres existent pour le lycée ou le collège, sur Rimbaud, Balzac, Molière et d'autres thèmes. 

Je me suis amusée à répondre aux questions, à me remettre dans la peau de l'ancienne lycéenne, à réfléchir aux questions posées, et j'aime toujours autant, ça permet de pousser l'histoire un peu plus loin, et parfois de comprendre certains points abordés dans le livre. 

J'ai dans l'ensemble passé un très bon moment. J'ai aimé redécouvrir une oeuvre lue il y a longtemps, j'aime le faire de temps en temps, la dernière fois, c'était le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier. Je ne sais pas encore quel sera le prochain.. En tout cas, je vous conseille ce livre si vous avez envie de redécouvrir un classique, ou pour vos enfants s'ils sont au lycée. C'est une très jolie collection.

Il ne me reste plus qu'à remercier les éditions le Livre Scolaire et Babelio pour leur masse critique, qui m'a permise de relire un roman que je n'avais pas oublié tant que cela.
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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Ce n'est pas le bac 2023, mais une Manon que j'ai connue le mois dernier qui me fait revenir vers Manon Lescaut.
De grandes choses ont été écrites sur l'amour au 19 e siècle avec en sous jacence la passion torride née du puissant désir pour la femme qui évoque une sorte de tsunami dévastateur emportant tout sur son passage. Et s'il arrive des bricoles à la femme, y compris le pire, on en sort de tout ça avec ce que même le pire n'efface pas, la force qu'elle inspire à mener l'homme par le bout du nez ; et à se cantonner sur le pire, on ne saurait éluder les dégâts collatéraux qu'elle suscite qui sont énormes. Incontestablement l'homme est en dessous, et la morale qui n'a pas assez de mots pour l'homme qui emporte sa proie comme une bête semble généralement plus réservée le concernant quand l'affaire est consommée, parce que c'est la femme qui concentre sur elle tous les regards, mais aussi parce que l'homme devient ridicule quand ce n'est pas pitoyable. Elle n'est en somme jamais éteinte, même si elle est atteinte par l'homme en se livrant au jeu de la passion .. elle en sort inaccessible, mystérieuse dans une rémanence qui survit à la mort.

En préambule des grands romans d'amour du 19 e siècle, il faut lire les phares qui préfigurent l'émergence de ces cimes littéraires que sont à mes yeux en tout cas, Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, et les Liaisons dangereusesDe Laclos, datées 18 e siècle.

NB 18 e et 19 e siècle réunis, ces grands littéraires sur le sujet ont tous trébuché sur l'amour. On peut oser dire que leur expertise ne s'explique que par ça, d'avoir goûté au fruit défendu au point de ne jamais s'en remettre jusqu'à afficher une faiblesse de taille dans leur bilan de vie. Ce fut une cause perdue comme une guerre, mais la grandeur n'est-elle pas de se l'avouer quand il n'y a que ça en finalité qu'on n'a pas dompté ! L'intérêt est que l'affaire peut arriver à tous et parle donc à tous, on enlèvera du lot bien sûr les maladroits et les manchots qui ne suscitent respectivement que moquerie et silence (les protagonistes s'exprimant peu sur le sujet, on ne se vante pas de ses conquêtes, c'est le propre des jaloux, encore qu'il fallût percer ce mystère !)
Autre remarque insigne, ces grands littérateurs étaient des maniaques de l'écriture, un sacerdoce immanquablement ; ils avaient quelques dons innés qui les démangèrent sans attendre ! Ils pouvaient y aller insatiablement, leur os à ronger était non seulement éternel, mais aussi une deuxième écriture de leurs exploits dont ils furent les premiers à tempérer. Il me semble que l'Abbé Prévost se livra encore à l'exercice malgré les difficultés de l'époque, après Manon Lescaut. On a appelé ça comment ? Récit autobiographique, roman épistolaire polygraphique en se sachant pas trop quelle était la vraie part de la vie de l'homme sous l'auteur. Il arrivera que grand roman d'amour, énorme, suffira !
Je terminerai par dire que ces géants littéraires de l'amour mirent tout leur art dans l'exercice, ayant sans doute le sentiment que là était leur grande oeuvre : "une immortelle histoire d'amour" - même s'ils n'en convenaient pas toujours -, peu importe ce qui gravitait autour qui a rapidement décroché quand ce n'est pas l'oubli qui y a mis fin. le coeur a ses raisons que la raison ignore.
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Quel singulier roman que ce Manon Lescaut. Je dois avouer qu'avant de me lancer dedans je ne m'attendais pas à une telle histoire : et dans le fond et dans la forme.
Tout d'abord la forme, parfaitement singulière d'un discours dans le discours fait de discours dans le discours. le narrateur nous raconte sa rencontre avec le chevalier des Grieux qui lui même va raconter son histoire et sa rencontre avec Manon Lescaut et dans son récit il racontera également les discours de ses interlocuteurs qui parfois eux-même rapporteront d'autres discours. Bref, une forme pour le moins alambiquée qui aurait pu tourner à une catastrophe incompréhensible, mais on constate très rapidement que l'Abbé Prévost maitrise cet art à la perfection. J'ai rarement vu une telle maitrise du discours indirect, et surtout comme on vient de le dire en version démultiplié, j'en ai été impressionnée. C'est d'ailleurs cette narration très particulière qui m'a énormément plu, et quand on ajoute à cela une plume générale fluide, dynamique et très agréable, une obtient une narration générale très réussie.
C'est tout cela qui m'a permis d'apprécier pleinement l'histoire elle-même. Une histoire d'amour et de dépendance, de fuite et d'obsession entre des Grieux et Manon. J'ai rarement eu sous les yeux une histoire aussi rocambolesque au premier sens du terme : extravagante et truffés d'innombrables péripéties ! Les deux amants vont vivre un périple amoureux assez hors du commun et j'ai beaucoup apprécié cette originalité (du moins à titre personnel). Car oui, ce n'est pas la plus grande histoire d'amour en tant que telle — dans les sentiments ou le souffle amoureux —, et d'ailleurs on a parfois envie de dire à des Grieux de lâcher cette histoire puisque Manon semble plus inconstante qu'amoureuse, c'est resté néanmoins quand même touchant. Je me suis assez attachée à ses deux personnages malgré la répétition incessante des mêmes erreurs.
Une belle découverte et grand plaisir de lecture !
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