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3,39

sur 2708 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À mon sens, ce livre est un ouvrage que tous les jeunes amoureux devraient lire avant de se jeter à corps perdus dans une histoire d'amour afin de ne pas tomber dans divers excès ! Allez, avouons-le, nous avons tous une fois ou deux fait n'importe quoi pour celui ou celle qui avait su conquérir notre coeur, n'est-ce pas ?

L'abbé Prévost met en évidence le fait que l'amour peut être extrêmement pervers et malsain. Pas besoin d'être un(e) incorrigible romantique pour que cela fasse un petit peu peur !

En revanche, ce roman est profondément de son époque. Écrit dans les années 1750, il pointe du doigt la femme, qui est ici désignée et décrite comme une vile tentatrice, vénale, qui profite des faiblesses des hommes – ici, Manon profite de la naïveté du chevalier. Au XVIIIème siècle, les mentalités sur le sexe féminin ont en effet encore bien peu évolué, elles véhiculent toujours les grands clichés issus du Moyen Age ou bien de l'époque Moderne… Bref Manon Lescaut, sous la plume de l'Abbé Prévost, est une fille facile, une intrigante, qui prend dans ses filets le pauvre chevalier qui, lui, est prêt à tout pour vivre son amour, jusqu'aux sacrifices les plus fous. Cela semble évidemment bien « simpliste », mais n'oublions pas que de nombreux combats féministes ont eu lieu depuis… et, finalement, il est plutôt rassurant de constater que certaines choses considérées comme normale à l'époque paraissent désormais totalement inadéquates !

Malgré tout, cette lecture reste une belle romance qui peut encore faire rêver !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Un roman phare, un des plus célèbres du monde, celui de l'apologie de la fatalité des passions, où se mêlent le pathétique , le lyrique, la tragédie, la comédie, les aventures rocambolesques, un récit enchâssé, celui du narrateur, le marquis de Renoncour qui entreprend un voyage professionnel au cours duquel il rencontre fortuitement le chevalier Des Grieux , jeune homme issue d'une excellente famille qui accompagne un convoi pénitentiaire de filles de mauvaise vie s'apprêtant à quitter Passy pour la Nouvelle Orléans, Parmi elles, son inconditionnel amour, Manon Lescaut .
Une seconde rencontre, deux ans après , au retour d'Amérique de Des Grieux. C'est au cours de ces retrouvailles que ce jeune-homme , devenu par la force des choses, mâture, va effectivement s'épancher sur son histoire et raconter sa vie à celui qui retranscrira ce drame
Un roman de la passion amoureuse tourmenteuse qui se décline en égoïsme, en trahison, en asservissement, qui dégrade , qui entraîne, au final la déchéance .
Au-delà de cette histoire pathétique, l'intérêt de ce roman c'est qu'il décrit aussi le quotidien de l'époque, les pratiques en vigueur à la fin du règne de Louis XIV où les moeurs étaient particulièrement dissolues (elles ne feront qu'empirer sous la Régence) : libertinage outrancier, cercles de jeux calamiteux tenus par les hauts membres de l'aristocratie, ascension sociale réalisée, souvent grâce à la corruption, différences entre les classes qui entraînent des traitements différents (Des Grieux échappera à la relégation au bagne grâce à la protection familiale) , sort réservé aux « délinquants » , notamment celui attribué aux prostitués : la déportation vers la Nouvelle-Orléans…
Un classique intemporel par bien des côtés...


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Pourquoi donc avoir titré ce roman "Manon Lescaut" bon sang? Certes, je conçois que "Manon Lescaut et le Chevalier des Grieux" ne sonne pas très bien et un peu long... mais "Manon Lescaut", sérieusement? Et le chevalier, on en parle du chevalier? Lui aussi, qui n'a déjà pas grand chose à gagner dans cette histoire -le pauvre- mériterait de voir son nom passer à la postérité... Parce qu'il est tellement plus que ce que l'on croit.

J'avais découvert "Manon Lescaut" étudiante. La pauvre était perdue dans les méandres d'un corpus littéraire du XVIII°siècle (pas mon favori!) et, écrasée par la marquise de Merteuil et Madame de la Pommeraye, elle n'eut ni le temps ni l'occasion de se faire une place enviable dans mon petit panthéon personnel. Néanmoins, ce roman me marqua tout de même et de manière insidieuse puisque je me suis surprise souvent à y repenser et pis encore, à vouloir le relire.

Ce qui est devenu l'ouvrage incontournable de l'Abbé Prévost, celui qui lui permit d'entrer dans le club très fermé des "classiques" n'était au départ qu'un récit un peu anecdotique inclus dans "Les Mémoires et Aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du tome", oeuvre fleuve de six volumes narrant par le menu la vie et les aventures d'un marquis de Renoncour, fort sympathique au demeurant; un récit enchâssé dans un autre, bien à la mode du siècle des Lumières. Et puis, face à l'engouement des lecteurs pour la triste (voire déplorable, voire pitoyable) aventure de la belle Manon et de son amoureux transi, l'histoire a pris son indépendance pour être éditée seule et elle a ainsi conquis des générations de lecteurs (dont Offenbach!) qui soupirent à la lecture de cette tragique idylle. D'aucuns la rapprochent parfois de "Roméo et Juliette", ce qui ne manque jamais de m'étonner pour ne pas dire de me faire sortir de mes gonds. D'une part, il ne suffit pas à une histoire d'amour de virer à la tragédie pour devenir aussi shakespearienne, option véronaise. D'autre part, une histoire d'amour n'a pas besoin de se réclamer du grand Will pour être belle et tragique, elle peut (et doit) l'être à sa manière et c'est bien aussi. Mais brisons la pour revenir à nos deux tourtereaux, sauce Prévost donc.

Le narrateur du roman -le fameux Renoncour- rencontre un jour lors d'un voyage un cortège bien surprenant: des filles de mauvaises vies que l'on mène aux galères et de là en Amérique. Parmi elles, une jeune femme à la beauté émouvante et pleine de grâce, quelques gens d'arme un peu brutaux voire complètement mal dégrossis et enfin un pâle et beau jeune homme qui fleure bon la petite aristocratie, dévorant des yeux avec un air mourant la mystérieuse beauté bien gardée. Intrigué, le marquis convainc l'homme de lui raconter son histoire. Celui dont on apprend qu'il se nomme le Chevalier des Grieux entreprend alors de remonter le temps et de conter comment, fils de bonne famille, il perdit tout -ou presque- pour l'amour de la belle Manon, celle qui se donnait au plus offrant; comment aussi il revint toujours vers elle malgré les trahisons, sa famille, l'honneur et les blessures d'amour et d'orgueil.
L'histoire se déploie alors sous nos yeux, dans une langue précise et élégante, dénuée de toute préciosité ou de cette recherche du pittoresque chère aux Lumières, de ses prémices à sa fin, sous le climat des colonies.

Lors de ma première lecture, j'avais été -je m'en souviens bien- extrêmement agacée par la mièvrerie et la candeur (qui confine quand même à la bêtise, soyons honnête!) du Chevalier des Grieux. J'aurais voulu le secouer comme prunier, lui faire ouvrir les yeux. Quant à Manon, je ne comprenais pas la fascination qu'elle pouvait bien exercer sur le chevalier ni pourquoi tant de lecteurs se pâmaient pour elle. Qu'elle fut belle, je n'en doutais pas... mais pour le reste... L'abbé ne me semblait pas l'avoir spécialement gâtée: on la voit fort peu et la plupart du temps, ses partitions ne sont guère que des variations autour de la fausse ingénue, la séductrice un peu femme-enfant. Enfin quoi? Quand on connaît "La Dame aux Camélias" ou même "Nana"... Manon, ce n'est pas la panacée. C'est à se demander pourquoi je souhaitais tant relire ce roman... et à vrai dire, je ne sais toujours pas pourquoi je voulais m'y replonger, même si je ne le regrette pas étant donné que la deuxième lecture fut plus concluante que la première.

Bien sûr que le chevalier est un peu niais, tant il est transi d'amour, mais que n'est-il pas prêt à faire par amour? Non, je ne parle pas de ses grands sacrifices qui réjouissent mon coeur de romantique, je parle du reste. Oui, il est prêt à tout donner et à tout perdre, mais il se révèle surtout capable du pire. Son innocence même est la porte ouverte à tous les vices, du vol à la manipulation en passant par le meurtre, vices dans lesquels il semble se complaire... Et cet amour si obsessionnel qu'il en devient malsain, effrayant? le chevalier n'est pas vraiment, pas seulement plutôt, ce jeune premier un peu fade et complètement mièvre. Il est bien complexe que cela, et sa part sombre est d'autant plus fascinante qu'elle n'est pas clairement exprimée. Quant à Manon, on la voit si peu qu'elle revêt les attributs d'un fantasme. Une héroïne racontée uniquement à travers le regard de son amant est une héroïne forcement incomplète et donc forcément attirante. Si seulement on avait eu l'histoire de son point de vue à elle... ou de celui de son frère... On serait moins frustré mais moins fasciné aussi... le discours de des Grieux nous met en posture d'attente. Voilà ce qui rend la belle Manon si fameuse!
Quant à l'histoire... Bien sûr que c'est une histoire d'amour, mais bien plus complexe que prévu, bien plus intéressante aussi.

Ainsi, je découvre avec ma deuxième lecture des richesses et une complexité que je ne soupçonnais pas dans "Manon Lescaut" et l'Abbé Prévost de bon écrivain devient génie de la narration, ce qui semble logique quand on sait ce que fut son existence -mouvementée, et c'est bien peu de le dire- et la force de son intellect.
Il me semble à présent que je n'aurais de cesse de chercher, voire de rêver, une Manon et un chevalier racontés par elle-même... Je peux toujours rêver à ce que Prévost aurait imaginé et croyez-moi, cela occupe déjà mon esprit plus qu'il ne le faudrait.

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Lorsque le Chevalier des Grieux, brillant jeune homme de bonne famille, croise Manon Lescaut, c'est le coup de foudre… Toutes les ambitions du jeune homme se retrouvent balayées par cet amour inconditionnel mais hélas, destructeur. En effet, si la jolie Manon aime son Chevalier, elle n'en est pas moins attirée par l'argent et le luxe. Pour ne pas la perdre, notre héros est prêt à passer par toutes les extrémités quitte à se perdre lui-même.

Dans ce roman qui est en réalité une longue confession du Chevalier, l'Abbé Prévost nous dépeint la puissance d'une passion et ses ravages sur un être humain. Si Des Grieux m'a été sympathique (sa fidélité et son honnêteté m'ayant émue), je ne me suis en revanche jamais attachée à Manon (que j'ai trouvée trop superficielle, inconstante et égoïste). L'amour destructeur qui les unit ne m'a pas permis de classer ce couple parmi mes favoris de la littérature (à l'inverse de Heathcliff et Catherine dans Les Hauts de Hurlevent).

J'ai néanmoins lu ce récit avec intérêt, ne serait-ce que pour connaitre le dénouement de l'histoire, mais aussi car j'ai apprécié la plume de l'auteur qui m'a transportée au XVIIIème siècle par la richesse et la beauté des expressions utilisées telles que : « Je me serais donné mille fois la mort, si je n'eusse pas eu, dans mes bras, le seul bien qui m'attachait à la vie. Cette seule pensée me remettait. Je la tiens du moins, disais-je ; elle m'aime, elle est à moi. »

Un classique de la littérature que j'ai pris plaisir à découvrir, mais qui n'intègrera cependant pas le cercle de mes romans préférés.
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Ce n'est pas le bac 2023, mais une Manon que j'ai connue le mois dernier qui me fait revenir vers Manon Lescaut.
De grandes choses ont été écrites sur l'amour au 19 e siècle avec en sous jacence la passion torride née du puissant désir pour la femme qui évoque une sorte de tsunami dévastateur emportant tout sur son passage. Et s'il arrive des bricoles à la femme, y compris le pire, on en sort de tout ça avec ce que même le pire n'efface pas, la force qu'elle inspire à mener l'homme par le bout du nez ; et à se cantonner sur le pire, on ne saurait éluder les dégâts collatéraux qu'elle suscite qui sont énormes. Incontestablement l'homme est en dessous, et la morale qui n'a pas assez de mots pour l'homme qui emporte sa proie comme une bête semble généralement plus réservée le concernant quand l'affaire est consommée, parce que c'est la femme qui concentre sur elle tous les regards, mais aussi parce que l'homme devient ridicule quand ce n'est pas pitoyable. Elle n'est en somme jamais éteinte, même si elle est atteinte par l'homme en se livrant au jeu de la passion .. elle en sort inaccessible, mystérieuse dans une rémanence qui survit à la mort.

En préambule des grands romans d'amour du 19 e siècle, il faut lire les phares qui préfigurent l'émergence de ces cimes littéraires que sont à mes yeux en tout cas, Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, et les Liaisons dangereusesDe Laclos, datées 18 e siècle.

NB 18 e et 19 e siècle réunis, ces grands littéraires sur le sujet ont tous trébuché sur l'amour. On peut oser dire que leur expertise ne s'explique que par ça, d'avoir goûté au fruit défendu au point de ne jamais s'en remettre jusqu'à afficher une faiblesse de taille dans leur bilan de vie. Ce fut une cause perdue comme une guerre, mais la grandeur n'est-elle pas de se l'avouer quand il n'y a que ça en finalité qu'on n'a pas dompté ! L'intérêt est que l'affaire peut arriver à tous et parle donc à tous, on enlèvera du lot bien sûr les maladroits et les manchots qui ne suscitent respectivement que moquerie et silence (les protagonistes s'exprimant peu sur le sujet, on ne se vante pas de ses conquêtes, c'est le propre des jaloux, encore qu'il fallût percer ce mystère !)
Autre remarque insigne, ces grands littérateurs étaient des maniaques de l'écriture, un sacerdoce immanquablement ; ils avaient quelques dons innés qui les démangèrent sans attendre ! Ils pouvaient y aller insatiablement, leur os à ronger était non seulement éternel, mais aussi une deuxième écriture de leurs exploits dont ils furent les premiers à tempérer. Il me semble que l'Abbé Prévost se livra encore à l'exercice malgré les difficultés de l'époque, après Manon Lescaut. On a appelé ça comment ? Récit autobiographique, roman épistolaire polygraphique en se sachant pas trop quelle était la vraie part de la vie de l'homme sous l'auteur. Il arrivera que grand roman d'amour, énorme, suffira !
Je terminerai par dire que ces géants littéraires de l'amour mirent tout leur art dans l'exercice, ayant sans doute le sentiment que là était leur grande oeuvre : "une immortelle histoire d'amour" - même s'ils n'en convenaient pas toujours -, peu importe ce qui gravitait autour qui a rapidement décroché quand ce n'est pas l'oubli qui y a mis fin. le coeur a ses raisons que la raison ignore.
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L'histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est le septième tome des Mémoires d'un homme de qualité de Prevost, qu'il rédigea pendant son exil. Dans ce récit, Prévost s'inspire du classicisme pour brosser sobrement les effets de la passion amoureuse.

Le chevalier des Grieux est un jeune homme vertueux, noble et courageux, tout ce qu'il faut. le jour où il croise la route de Manon, frivole et joueuse, et qu'il tombe sous son charme, son destin est scellé : cette rencontre aboutira à la déchéance sociale et morale des personnages, qui voyageront sans cesse, fuyant leurs responsabilités.

Dans ce récit romanesque, le romancier nous peint une histoire d'amour restée moderne. Des Grieux, par sa naïveté et son engouement, ainsi que par sa disgrâce, nous rappelle le personnage romantique : l'amour est à l'origine du malheur des personnages, qui sont sans cesse victimes des aléas du destin. Des Grieux est le narrateur de l'histoire, il élabore son récit a posteriori pour le relater au marquis de Renoncourt, le premier narrateur. Il cherche à prouver son innocence et à montrer qu'il n'a été qu'une victime de la passion. Manon, dont le nom a fini par seul rester comme titre de l'oeuvre, se montre énigmatique et fascinante : tout comme elle envoûte Des Grieux, elle envoûte le lecteur, qui, s'il ne la suit pas jusqu'en Louisiane comme le chevalier, la suit au fil des pages. Une bonne lecture.
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Intrigues et sentiments aurait peut être était plus adapté comme titre à ce roman.

Séductions et chevalerie, aventures et infidélités vont se jouer de deux personnages.

Une belle se prénommant Manon cachant son arrogance derrière une ingénuité calculatrice et d'un chevalier des Grieux, passionné et irraisonné par des sentiments difficilement contrôlés, l'histoire va ainsi s'écrire.

De personnage secondaire, notre petite amoureuse inconstante, par un style simple et précis, quoique peut être un peu verbeux par moments, déroule ses mésaventures et calculs aux bras et à "la barbe" de cet irrémédiable chevalier romanesque, pour devenir le personnage et le sujet principal de ce texte ayant su encore gardé une part de modernité.

Lecture plaisante à faire connaître à toutes personnes aimant les intrigues et passions d'un XVIII° au romantisme naissant.
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Ce récit tout à fait à part d'un amour si puissant, inconditionnel et destructeur recèle une force étonnante si l'on se rappelle qu'elle est écrite de la main d'un abbé...

Tous les aspects de la passion amoureuse y sont abordés: constamment entre l'euphorie et le désespoir, le chevalier des Grieux tourne à l'infini dans son cercle vicieux avec Manon, qui l'aime aussi, à sa façon.

Cette lecture aguicheuse m'a convaincue, et j'ai été fascinée à la fois par la langue maitrisée et par la teneur du contenu, à jamais actuel, toujours intemporel...
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Classique d'entre les classiques du XVIIIe siècle l' Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de l'Abbé Prévost est passé à la postérité sous le nom de Manon Lescaut, le personnage féminin de cette oeuvre éclipsant, en quelque sorte, le "héros" et narrateur de ce roman à la première personne.

Tout le monde, ou presque, connaît l'intrigue : le Chevalier Des Grieux, jeune homme de très bonne famille, promis à un bel avenir, tombe éperdument amoureux de la belle Manon Lescaut. Il l'aime, il l'aime, il l'aime (jusqu'à la bêtise). Manon l'aime... bien, un peu, beaucoup, entre deux amants.
Le Chevalier Des Grieux est un peu trop chevalier servant, naïf, totalement subjugué et vient à la rescousse de la belle Manon qui, n'étant en rien une janséniste, se complait dans le luxe apporté par ses nombreux michetons, pardon, par ses généreux mécènes -sauf qu'ici on ne parle pas d'art mais de sexe.
A l'amour sincère d'un premier amour répond la frivolité. Couple infernal, couple enchaîné, couple sado-maso : il y a de tout cela dans ce roman. Ce libertinage, désespéré, qui mènera les deux protagonistes vers les prisons, le meurtre, la déchéance, est une sorte de miroir grossissant d'une société en perte de repères, société qui volera en éclats quelques décennies plus tard dans l'explosion que sera la Révolution.

L'édition du roman ici présentée est agrémentée de belles gravures dues à Antoine Johannot, dit Tony Johannot, peintre et graveur de la première moitié du XIXe siècle.

A noter qu'un excellent film de Henri-Georges Clouzot, datant de 1948, est une très habile transposition de ce roman. le XVIIIe siècle fait place à juin 1944, Robert Desgrieux est un résistant tombant amoureux fou de Manon, fille amorale vivant de prostitution et du marché noir dans un monde pourri.

Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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Ce pauvre Chevalier des Grieux n'en finit pas de se faire rouler dans la farine par sa belle Manon, qui l'aime sincèrement mais, malheureusement pour eux, est absolument incapable de vivre d'amour et d'eau fraiche. D'où une fâcheuse tendance à s'acoquiner avec le premier richard qui passe pour se faire payer garde robe et équipage. Loin d'être découragé, son amoureux, tel celui de Mathilde dans la chanson de Brel, repart inlassablement au combat, et son sentiment finira par l'emporter. Un beau roman d'amour qui peut être vu, selon la lecture qu'on en fait, comme une apologie du cynisme ou, à l'inverse, comme son antidote.
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