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EAN : 9782070142088
260 pages
Gallimard (24/10/2013)
4.04/5   47 notes
Résumé :
Il s’agit des premières épreuves de Du côté de chez Swann (1913), qui présentent un intérêt capital car les additions manuscrites, que nous donnons en fac-similé et en transcription, doublent le volume du texte initial, ce qui permet d’assister au travail de la création. Le volume reproduit les «paperoles» collées à la main, elles-mêmes couvertes de modifications manuscrites, on a ainsi des dépliants qui peuvent atteindre une vingtaine de centimètres. Le lecteur se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
du côté de chez Swann
Marcel Proust (1871-1922)
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » Ainsi commence la première partie du long fleuve littéraire que constitue « À la recherche du temps perdu » qui comporte sept volumes. Je dois à la vérité de dire que pour aborder la littérature de Marcel Proust, il faut être préparé, puis prendre son temps et savoir qu'une grande concentration est requise quand on découvre la longueur des phrases. Il m'a bien fallu arriver au terme du chapitre I soit la page 47 (édition Folio) pour commencer à me sentir mieux dans ce monde à part qui est celui de cet immense écrivain. Alors, pour en revenir à la première phrase, très brève certes, celle-ci résume en fait un peu tout le premier chapitre qui nous montre l'attachement de l'enfant qu'était alors Proust le narrateur pour sa mère qui parfois le privait d'une affection dont le garçon était avide. Il n'est que de lire le magnifique passage de la page 23 pour tout comprendre : « le seul d'entre nous pour qui la venue de Swann devint l'objet d'une préoccupation douloureuse, ce fut moi. C'est que les soirs où des étrangers, ou seulement M. Swann, étaient là, maman ne montait pas dans ma chambre. Je dînais avant tout le monde et je venais ensuite m'asseoir à table, jusqu'à huit heures où il était convenu que je devais monter ; ce baiser précieux et fragile que maman me confiait d'habitude dans mon lit au moment de m'endormir il me fallait le transporter de la salle à manger dans ma chambre et le garder pendant tout le temps que je me déshabillais, sans que se brisât sa douceur, sans que se répandît et s'évaporât sa vertu volatile et, justement ces soirs là où j'aurais eu besoin de le recevoir avec plus de précaution, il fallait que je le prisse, que je le dérobasse brusquement, publiquement, sans même avoir le temps et la liberté d'esprit nécessaires pour porter à ce que je faisais cette attention des maniaques qui s'efforcent de ne pas penser à autre chose pendant qu'ils ferment une porte, pour pouvoir, quand l'incertitude maladive leur revient, lui opposer victorieusement le souvenir du moment où ils l'ont fermée. »
Il faut avoir présent à l'esprit que La Recherche du temps perdu est l'histoire d'une vie, de l'enfance à l'âge adulte racontée à la première personne par un narrateur sans nom, mais dont on devine vite l'identité. Comment le narrateur va devenir écrivain constitue le fil conducteur de ce roman très philosophique où la recherche de la vérité accompagne celle du temps perdu. C'est aussi la vie d'un idéaliste esthète grand amateur d'art en une époque qui n'est plus la nôtre.
Au fil des pages on note des remarques qui retiennent l'attention comme la tyrannie de la rime qui torture les poètes ou bien l'inanité des journaux qui tous les jours attirent notre attention sur des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où se trouvent les choses essentielles. L'humour n'est pas absent et le bourg de Combray, village d'enfance du narrateur, est le lieu de situations cocasses : « On connaissait tellement bien tout le monde, à Combray, bêtes et gens, que si ma tante avait vu par hasard passer un chien « qu'elle ne connaissait point », elle ne cessait d'y penser et de consacrer à ce fait incompréhensible ses talents d'induction et ses heures de liberté. »
Et le style somptueux et d'une foisonnante richesse de Proust s'attache à nous décrire parfaitement l'ambiance paisible et surannée de Combray, le village où il passait aussi ses vacances d'enfant : « Beaux après-midi du dimanche sous le marronnier du jardin de Combray, soigneusement vidés par moi des incidents médiocres de mon existence personnelle que j'y avais remplacés par une vie d'aventures et d'aspirations étranges au sein d'un pays arrosé d'eaux vives, vous m'évoquez encore cette vie quand je pense à vous et vous la contenez en effet pour l'avoir peu à peu contournée et enclose – tandis que je progressais dans ma lecture et que tombait la chaleur du jour – dans le cristal successif, lentement changeant et traversée de feuillages, de vos heures silencieuses, sonores, odorantes et limpides. » Sublime !
Et Proust sait aussi avec style nous mettre l'eau à la bouche : « Françoise (la cuisinière et servante) tournait à la broche un de ces poulets, comme elle seule savait en rôtir, qui avaient porté loin dans Combray l'odeur de ses mérites, et qui, pendant qu'elle nous servait à table, faisaient prédominer la douceur dans ma conception spéciale de son caractère, l'arôme de cette chair qu'elle savait rendre si onctueuse et si tendre n'étant pour moi que le propre parfum de ses vertus. » Plus loin il décrit la vision du poulet dans le plat apporté à table avec « sa peau brodée d'or comme une chasuble et son jus précieux égoutté d'un ciboire… »
Et il nous faire apprécier la nature du cadre de Combray : « C'est ainsi qu'au pied de l'allée qui dominait l'étang artificiel, s'était composées sur deux rangs, tressés de fleurs de myosotis et de pervenches, la couronne naturelle, délicate et bleue qui ceint le front clair-obscur des eaux, et que le glaïeul, laissant fléchir ses glaives avec un abandon royal, étendait sur l'eupatoire et la grenouillette au pied mouillé, les fleurs de lis en lambeaux, violettes et jaunes, de son sceptre lacustre. »
Toute cette première partie se déroule en une seule nuit alors que le narrateur se couche et se remémore le passé, avec les visites de M.Swann, les soirées chez Mlle de Vinteuil et la duchesse de Guermantes.
La seconde partie est en fait un roman dans le roman : c'est un retour en arrière dans la vie de Charles Swann et comme les faits se déroulent avant la naissance du narrateur, il use de la troisième personne pour narrer cet amour de Swann.
Swann, intellectuel séducteur, érudit et esthète, mondain et cultivé, a rencontré Odette de Crécy, une jeune femme un peu farouche et vulgaire, au passé déjà lourd, qui l'introduit chez des bourgeois très riches qui se sont constitués un salon qu'ils veulent brillant et intime, la famille Verdurin. Devenu amoureux d'Odette qu'il juge toutefois assez imparfaite, Swann reconnaît avoir la faiblesse de lui rendre visite dans son appartement et il justifie cette passion par des mobiles d'ordre esthétique. Peu à peu la passion faiblit mais la sonate de Vinteuil, l'air national de leur amour, la revivifie par le message qu'elle leur envoie. Odette de son côté trouve Swann intellectuellement inférieur à ce qu'elle aurait cru et regrette qu'il conserve toujours son sang-froid ce qui l'empêche de le définir. Elle s'émerveille davantage de son indifférence à l'argent, de sa gentillesse pour chacun et de sa délicatesse. Peu à peu Swann devient misanthrope car dans tout homme il voit un amant possible pour Odette.
Tout au long des conversations sont faites références à des oeuvres d'art en particulier à la peinture, Proust ayant été un très grand amateur d'art. Il ne pouvait en être autrement pour Swann qui se consacre à une étude exhaustive de l'art de Ver Meer. La musique occupe aussi une grande place dans la vie de Swann et sa passion pour Chopin se répète tout au long de cette partie du roman : « …les phrases au long col sinueux et démesuré de Chopin, si libres, si flexibles, si tactiles, qui commencent par chercher et essayer leur place en dehors et bien loin de la direction de leur départ, bien loin du point où on avait pu espérer qu'atteindrait leur attouchement, et qui ne se jouent dans cet écart de fantaisie que pour revenir plus délibérément – d'un retour plus prémédité, avec plus de précision, comme sur un cristal qui résonnerait jusqu'à faire crier – vous frapper au coeur… Swann tenait les motifs musicaux pour de véritables idées, d'un autre monde, d'un autre ordre, idées voilées de ténèbres, inconnues, impénétrables à l'intelligence, mais qui n'en sont pas moins parfaitement distinctes les unes des autres, inégales entre elles de valeur et de signification. »
Vient un jour où une lettre anonyme sème le doute dans l'esprit de Swann quant à la moralité d'Odette qui serait entre les mains d'entremetteuses pour se livrer à des ébats étrangers d'une part et à des amours saphiques d'autre part. Sur cette dénonciation qui lui paraît invraisemblable, Swann l'interroge et le peu qu'elle lui avoue révèle bien plus que ce qu'il eût pu soupçonner ! Faible, Swann lui sourit avec la lâcheté de l'être sans force qu'ont fait de lui ces paroles accablantes. Ainsi il découvre que même dans les mois où il avait été le plus heureux avec elle, ces mois où elle l'avait aimé, elle lui mentait déjà. « Mais la présence d'Odette continuait d'ensemencer le coeur de Swann de tendresses et de soupçons alternés. »
La troisième partie se passe à Paris et évoque les rêveries du narrateur et le temps où Charles Swann est marié à Odette de Crécy : ils ont une très jeune fille, Gilberte dont le narrateur encore adolescent est follement amoureux. On est alors dans la continuité de la première partie.
le titre général appelle un commentaire en soi, à savoir que le temps perdu, c'est le souvenir et tout le livre est construit sur des souvenirs à retrouver, perdus qu'ils sont dans le passé. Et les madeleines dans tout cela ? C'est leur goût retrouvé qui permet au narrateur d'entamer cette plongée dans les réminiscences.
Mon aventure proustienne est commencée et comme bon nombre de lecteurs de Proust, j'ai connu tour à tour des moments d'émerveillement de par le style et la poésie dans le récit de la vie à Combray et des moments où il faut accepter les détails extrêmes de la psychologie de l'amour de Swann au sein d'une prose assez complexe mais brillante.
Proust rappelons-le, est au panthéon de la littérature française selon tous les experts. Courage, vous pouvez le lire à condition de prendre votre temps, de perdre un peu de temps pour vous y retrouver.
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"Combray" est la première partie de "Du côté de chez Swann", le premier tome de "La Recherche du temps perdu".
Cette première partie n'est pas dépourvue de longueurs ; il lui manque un fil rouge pour relier tout ce qui se passe dans cette première partie du livre.
Il s'agit toutefois d'une introduction au grand-oeuvre, qui, en cela, est absolument essentielle.
Et surtout, même si cette première partie est inégale, certains moments sont des moments de grande littérature, qui révèle le génie de Marcel Proust.
La magie du style m'a parfois enchanté.
Proust a créé une oeuvre qui brille par sa grande finesse, sa grande profondeur et surtout son caractère esthétique, son incontestable beauté, et "Combray", malgré ses défauts, a souvent ses qualités.
On sent ici que cette oeuvre est l'ouvrage d'un dandy raffiné, élégant, profond et pourtant tourmenté, qui s'est mis tout entier dans le personnage de Swann.
Il ne faut pas s'arrêter aux longueurs de "Combray". Après "Combray", nous avons "Un amour de Swann", une merveille légère, rythmée, profonde, sans longueurs, avec un sens de la psychologie aigüe et un style parfait.
"Combray", pour l'essentiel, est donc un très joli texte.
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Par où commencer…
C'est comme si les mots ne venaient pas, qu'ils étaient perdus absents, dans les livres qui figurent très loin, dans une bibliothèque encore inconnue à ce jour. Certains disent qu'il s'agit d'un roman qui ne dit rien. Mais n'est-ce pas là l'essence de l'art ? le narrateur lui même se voit dire dans Combray « la vie contient des situations plus intéressantes, plus romanesques que tous les romans ». On peut peut-être appliquer cette maxime, cette pensée au narrateur, Marcel lorsqu'il rencontre une jeune fille, cheveux roux, joues roses, c'est sans doute ici que se dévoile la vocation de Proust: Définir le sentiment. Car Combray est un récit narratif que tout le monde connaît ou que tout le monde a déjà connu. Sans même parler foncièrement de la madeleine, la fascination de Proust pour le souvenir se retrouve par deux manières. Tout d'abord c'est par l'incarnation d'un souvenir lié à un élément de sens ( en l'occurrence ici le goût ) que Proust retrouve une certaine vie antérieure dans le passé, mais aussi il at l'écriture qui est l'objet principal de la recherche. Proust refabrique le temps. Et c'est réellement Combray qui en est l'élément principal de son travail pour une seule et simple raison, Combray est le commencement « longtemps je me suis couché de bonne heure ». Quelle signification peut on apporter entre cet incipit qui début par « longtemps » et le dernier mot de la recherche dans le temps retrouvé qui est le mot « temps ». L'on peut lire Combray, que le ciel soit bleu ou gris, que les champs soient ravagés ou non et c'est ainsi que se construit le début d'une oeuvre extraordinaire et qui a pour but littéraire et philosophique d'être inlassablement, indéniablement à la recherche du temps perdu.

Concernant un amour de Swann, si l'on doute des raisons de cette existence dans le roman, tout en est lié. Tout d'abord, Swann est amoureux. Sa liaison avec Odette de Crecy marque l'éducation sentimentale de Marcel. Inspiré par son ami artiste Renaldo Haln, Proust met en valeur ici les sentiments amoureux au coeur d'un récit descriptif. C'est l'amour naissant, le seul, l'unique, celui qui fâche et qui blesse que nous montre merveilleusement bien Marcel. Swann est jaloux, effréné, d'un amour qu'il ne connaît pas. Mais qui connaît réellement bien son amour ? Sans dévoiler la fin, sans divulguer la couleur des sentiments de chaque personnage, je ne pourrais que citer cette phrase «  Ainsi notre coeur change dans la vie, et c'est la pire douleur ». Un amour de Swann vous permettra mieux de vous connaître je peux vous l'assurer.

Et ce style parlons-en. Un ami proche, spécialiste de L.F Céline m'a dit l'autre jour que Proust n'écrivait sur rien. Aussi sot qu'il le soit je lui prie de vivre le jour où il comprendra que le plus important dans un texte littéraire réside probablement dans le contenant et non dans le contenu. Faulkner lui même, prix Nobel et peut-être l'un des écrivains les plus importants du XXe siècle disait « j'aurais aimé écrire la recherche ». Qui n'est pas suspendu, accroché à ne pouvoir s'en défaire, à cette cathédrale littéraire qui représente l'oeuvre de Proust. le plus tragique dans tout cela, c'est qu'une histoire aussi belle, une oeuvre aussi immense au succès historique, n'a pas été connu de l'auteur. J'aurais aimé que Proust lui même contemple sa gloire, son état de grâce. Au fond, les mots ne comptent pas, les idées non plus et l'art encore moins, mais je peux vous garantir que ce livre est le chemin direct vers le savoir personnel et introspectif de chacun, Amélie Nothomb disait «  Si l'on aime pas Proust, c'est probablement que l'on aime pas la littérature »

Bien à vous, Marius Lambert
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. Ce mythe littéraire qui m'impressionnait tant et devant lequel j'ai reculé des années. Il a suffi d'attendre le bon moment, je le crois, pour oser m'y frotter… et là s'est produit un de mes plus gros bouleversements de lectrice passionnée, un choc immense, une joie inclassable, une bombe dans ma vie littéraire.
.
. du côté de chez Swann est le premier tome d'A la recherche, il se découpe en trois parties. A Combray, première partie, lieu fictif que Proust compose à partir de ses souvenirs d'enfant, celui où il attend le baiser de sa mère au coucher « Après le dîner, hélas, j'étais bientôt obligé de quitter maman qui restait à causer avec les autres, au jardin s'il faisait beau, dans le petit salon où tout le monde se retirait s'il faisait mauvais » et goûte à la fameuse madeleine « Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille Saint-Jacques », cette cloche du jardin qui tinte à l'arrivée de monsieur Swann, une deuxième partie centrée sur les sentiments de Swann pour Odette et la troisième partie est celle où nous découvrons la vie parisienne du narrateur, son amour fou pour Gilberte et des villes qui le font rêver.
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. Ce roman est un enchantement permanent, se laisser emporter par ces légendaires phrases proustiennes pour mieux se faire surprendre à la fin. Ce livre inimitable et inoubliable, ce livre unique où Proust parle d'un souvenir qui en amène un autre. Cette fascination ressentie pour son écriture. L'extrême description des sentiments, des pages d'une beauté inouïe lorsqu'il évoque les paysages, l'art, les arcanes de la mémoire. Un humour savoureux lorsqu'il brosse le portrait de cette bourgeoisie.
.
. Proust est à la fois sociologue, philosophe, poète «chambres d'été où l'on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entr'ouverts, jette jusqu'au pied du lit son échelle enchantée,où dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d'un rayon ». Lire quelques pages de cette écriture élégante et déroutante à la fois est abordable, une écriture qui ressemble à s'y méprendre à un tableau impressionniste en cours de réalisation, des petites touches subtiles et délicates… Une expérience de lecture unique et inédite.
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Il faut entrer dans ce roman en toute connaissance de cause, se poser dans l'angle le plus moelleux de son sofa sans plus se poser de questions : sera-t-il difficile de tourner les pages sans s'y ennuyer. Les souvenirs évoqués, les élans affectifs, le style de Proust sont tellement raffinés que l'on doit souvent retourner les pages comme on revient sur ses pas pour parcourir à nouveau ses reliques du passé. Et c'est tant mieux. On se heure aux mots sans s'y blesser et c'est là qu'on atteint le sublime plaisir d'adoucir ses phrases en les citant et récitant à mis voix. Il faut se laisser emporter par la prose sublime de Proust, se laisser bercer par ses métaphores et ne pas essayer de tout comprendre. C'est pour moi un merveilleux roman de vacances où l'on peut s'abandonner - même sous le soleil dissimulé par les pins - dans le velouté de sa langue écrite au passé.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Beaucoup de gens sont venus à la rescousse, on me disait que j’avais tort de ne pas aller à Guermantes, que je me donnais l’air d’un malotru, d’un vieil ours.
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J’appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l’oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance. Je frottais une allumette pour regarder ma montre. Bientôt minuit. C’est l’instant où le malade qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. Quel bonheur ! c’est déjà le matin ! Dans un moment les domestiques seront levés, il pourra sonner, on viendra lui porter secours. L’espérance d’être soulagé lui donne du courage pour souffrir. Justement il a cru entendre des pas ; les pas se rapprochent, puis s’éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. C’est minuit ; on vient d’éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.
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Et certes cela ne veut pas dire que M. Legrandin ne fût pas sincère quand il tonnait contre les snobs. Il ne pouvait pas savoir, au moins par lui-même, qu'il le fût, puisque nous ne connaissons jamais que les passions des autres, et que ce que nous arrivons à savoir des nôtres, ce n'est que d'eux que nous avons pu l'apprendre. Sur nous, elles n'agissent que d'une façon seconde, par l'imagination qui substitue aux premiers mobiles des mobiles relais qui sont plus décents.
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Je me rendormais, et parfois je n’avais plus que de courts réveils d’un instant, le temps d’entendre les craquements organiques des boiseries, d’ouvrir les yeux pour fixer le kaléidoscope de l’obscurité, de goûter grâce à une lueur momentanée de conscience le sommeil où étaient plongés les meubles, la chambre, le tout dont je n’étais qu’une petite partie et à l’insensibilité duquel je retournais vite m’unir.
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Quelquefois, comme Ève naquit d’une côte d’Adam, une femme naissait pendant mon sommeil d’une fausse position de ma cuisse. Formée du plaisir que j’étais sur le point de goûter, je m’imaginais que c’était elle qui me l’offrait. Mon corps qui sentait dans le sien ma propre chaleur voulait s’y rejoindre, je m’éveillais.
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