Espagne rouge est un très bon témoignage rédigé à chaud, côté « républicain », sur la guerre d'Espagne : bien écrit, érudit, critique et nuancé.
Si les sympathies de l'auteur, catholique, vont plutôt au camp légaliste, il n'y a pas trace chez lui de ce romantisme révolutionnaire qui, au nom de l'idéal, consciemment ou non, cherche à cacher, à justifier, à embellir, à maquiller la réalité. La réalité de la guerre d'Espagne, comme de toutes guerres et révolutions, c'est l'horreur, la mort. le reste, c'est de la littérature. Une littérature qui promeut la mort, qui repeint, déguise et parfume des cadavres.
Ksawery Pruszyński n'occulte rien : ni l'héroïsme et la grandeur, ni la bassesse et les massacres perpétrées par les « républicains », leurs divisions profondes, irréductibles, entre communistes staliniens, socialistes, anarchistes, trotskistes, républicains de gauche et nationalistes catholiques basques.
Mêlant essai, journalisme, littérature et histoire, Ksawery Pruszyński, bien que ne parlant pratiquement pas l'espagnol, a su comprendre et restituer ce qu'a été la guerre d'Espagne : non pas le combat du Bien contre le Mal mais une tragédie inéluctable.