Histoire du jardin potager

Un ouvrage passionnant, une lecture très enrichissante !

L'histoire du jardin potager est un sujet assez peu exploité dans l'édition. le jardin potager souvent relégué au second rang, derrière les jardins d'ornement, n'intéresse guère.
Les ouvrages portent d'ordinaire plus sur la pratique du jardinage que sur une étude historique de son développement.
Ainsi, cette histoire du potager a suscité mon intérêt.
Reçu lors de l'opération masse critique, je remercie les éditions Armand Colin et Babelio pour cet envoi.

Ce beau livre a pour auteur, un professeur des universités, spécialiste des cultures de l'alimentation et de l'histoire du végétal, ayant déjà plusieurs ouvrages dont un prix en 2021. Autrement dit, un gage pour moi, d'un travail de qualité, avec toutefois, une petite appréhension sur son contenu, la peur d'une lecture fastidieuse.
Il n'en n'est rien. J'ai été agréablement surprise. L'ouvrage est facile d'accès alors qu'il regorge d'informations.

Nous y suivons l'évolution du jardin potager à travers les siècles, du moyen âge à nos jours.
De sa création, exigeant la notion de propriété, du jardin nourricier, aux jardins aristocratiques, jardin de curé, jardins ouvriers jusqu'à nos jours, les jardins potagers n'ont cessé d'évoluer.

Cette mise en perspective historique permet de mieux comprendre notre rapport au jardinage et au potager, voire même à notre alimentation. Ringardisé dans les années 70/80, on peut d'ailleurs observer son grand retour depuis quelques années.

Beaucoup d'aspects de notre société, s'expliquent à travers l'histoire des potagers. C'est un angle de vue assez inhabituel, tout à fait intéressant.

Une multitude de faits historiques et sociologiques, nous sont exposés ici, tous plus intéressans les uns que les autres. Et d'ailleurs, la littérature n'est pas en reste puisque de nombreux écrivains sont cités ici.
Ainsi nous apprenons par exemple que Jean Jacques Rousseau enseigne au jeune Émile la notion de propriété, à travers l'entretien du jardin.

Cet ouvrage, très documenté, donne un aperçu historique complet des jardins potagers français, de leurs implantations, à leurs utilités.
Une vision également sociologique, de la place des femmes, de la répartition des tâches, de l'importance du potager dans la vie familiale, gage de revenus complémentaires. Et pas mal d'idées reçues chamboulées, notamment dans la vision souvent erronée que nous avons du Moyen-âge.
Enfin, pour étayer le tout, de nombreuses illustrations, tableaux, iconographies, viennent illustrer le propos.
Bref, un ouvrage enrichissant, très agréable à lire, que l'on soit jardinier ou pas, d'une grande rigueur historique, très bien construit que je recommande aux férus d'histoire et de littérature.

#MasseCritique: coucou c'est moi ! Pour une nouvelle Masse Critique (catégorie non-fiction). Parmi ma sélection de 9 titres, c'est finalement celui-ci que l'on m'attribue, et c'est la bonne pioche car j'adore le jardin et c'est vrai qu'avec le recul je me dis qu'il y a pas mal de livre qui traite de jardins d'agrément au cours du temps notamment des créations de jardins à la française ou anglais voir japonais. Mais on ne valorise pas tant que ça le potager dans l'histoire car peut-être trop banal aux yeux des humains ? En tout cas cet "oubli" est vite réparé dans cet ouvrage.
Tout d'abord son format, il est malheureusement un peu "bâtard". A la vu ce n'est pas réellement un problème mais c'est lors de la prise en main que ça pêche un peu. Il ne se tient pas ouvert sur une table et j'ai l'habitude de tenir les livres à une main, et comme la première de couverture n'est pas rigide, il est comme "mou". En plus comme la couverture est assez légère elle a tendance à vite s'abimer.
L'illustration quant à elle n'est, pour ma part, pas très attirante. Peinture abstraite noyée dans des nuances de vert, il faut y regarder à deux fois avant de trouver le rapport avec le potager, je trouve que la lithographie de la page 8 a plus de charme.
Le sommaire est, lui, bien fourni, peut-être même un peu trop. Est il nécessaire d'avoir autant de sous chapitre ? Et c'est en continuant ma lecture que ce me rend compte que ce livre se veut un peu guinder (d'où tous ces sous-chapitres donc). L'étroite relation entre l'art, les toiles et le potager, la présence de lettrines pour rappeler les manuscrits (qui malgré l'esthétisme apporté ne donne, pour ma part, pas l'effet escompté) me conforte dans cette idée. On parle également "d'élites de l'Ancien Régime" pour les fortunés, de "traités" pour les guides de jardinage ... On note aussi que l'auteur s'attarde sur la période fin du Moyen-Age à la fin de la renaissance. C'est une période assez importante pour l'histoire du potager seulement je me dis aussi que c'est certainement une époque qu'il affectionne particulièrement. Mais c'est au détriment d'autres périodes, le jardin vivrier n'a pas existé à partir du Moyen-Age mais bien avant. Nous savons que ses premières traces remonteraient à l'ère mésopotamienne avec des systèmes d'irrigations très avancés pour l'époque. Il n'y a peut-être que trop peu de documents à ce sujet, mais j'aurais aimé que l'écrivain en fasse au moins une allusion. de même pour la fin du livre, sur le chapitre " le potager réenchanté" (ou même ailleurs) quid de la créativité, de l'adaptation des potager dans nos modes de vies actuelles ou le retour à des pratiques ancestrales, les légumes du futur? (mandala, potagers verticaux, potager-balcon, culture sur sol vivant, travail du sol avec les chevaux ...). Il y a peine une mention de la permaculture ou de l'aquaponie, de la culture de sur les toit. Bref je vois plus dans ces écrits un passionné de l'histoire au temps des châteaux que de jardin.
En revanche j'apprécie, qu'il soit mit en lumière dans sa fonction de "laboratoire" du Moyen-Age à la renaissance, que la présence des femmes y soit un peu développée, (mais c'est tout ce que l'on peu en dire ?). J'aime aussi qu'on lui attribue un "rôle" dans les Guerres, de la place qu'on lui donne dans le paysage ouvrier.
Aussi ordinaire qu'il soit, le potager n'est pas un effet de mode mais bien un fil rouge dans le temps, qu'il soit vivrier, expérimental, économique, résistant, de loisir ... L'histoire n'est pas fini pour lui.
Conseil de lecture : plongez vous dans l'ambiance en le lisant évidement au ... Potager (ou un coin de verdure)
N.B. le choix des citations que je vous propose n'est pas anodin, déjà dans les années 1700 l'être humain forçait la nature a faire sa volonté (utilisation de serre, couche chaude ... pour obtenir des fruits exotiques ou hors saison) et même à cette époque (si faste pour le jardin soit elle) heureusement la pensée de "laisser la nature faire les choses" débarque.

« Histoire du jardin » raconte l'histoire du jardin potager du Moyen-Âge à nos jours. C'est un travail d'historien qui s'interroge sur la place du jardin dans la vie de ceux qui jouissent de ses fruits. Il s'intéresse en premier lieu à ce qui est documenté par des sources historiques comme les inventaires après décès, les almanachs, les livres pratiques ou littéraires, les tableaux, les gravures, les livres comptables,…
L'auteur nous explique dès l'introduction que trop peu d'archives nous permettent d'appréhender totalement le jardin paysan cependant les documents en donnent une représentation assez nette grâce à de nombreux indices ou aux sous-entendus des discours extérieurs. Les jardins du clergé ou des nobles sont, eux, décrits exhaustivement. On sait tout des espèces cultivées, de leur organisation, de leur raison sociale, des usages qui leurs sont liés, de leurs évolutions,…
Plus on se rapproche du présent plus les sources se concentrent sur le jardin des classes populaires et pour cause puisque les classes aisées n'ont plus que des jardins d'ornement.
Le dernier chapitre s'intéresse au développement récent des jardins urbains et aux enjeux qu'il représente.
Très précis et rigoureux scientifiquement, ce petit ouvrage est surtout riche de son iconographie très variée et pertinente ; c'est un régal pour les yeux !

Un "beau livre" qui vaut le détour par ses textes, en plus des nombreuses reproductions de tableaux anciens qu'il contient. Florent Quellier, historien spécialiste de l'histoire de l'alimentation en Europe, y raconte les jardins potagers du Moyen Age à nos jours, de manière simple et plaisante. On y apprend beaucoup de choses, et l'on réfléchit aussi : il apparaît par exemple que les thèmes qui nous semblent les plus "modernes" (rester proche des cycles naturels plutôt qu'à contre-saison, introduire des fruits et des légumes dans son alimentation...) remontent en réalité au 18ème siècle, voire au Moyen Age ! Un livre qui convient aussi bien aux amateurs d'histoire qu'aux jardiniers amateurs (et j'ai la double casquette !).

passionnant, des découvertes de page en page même pour un vieux jardinier comme moi. accompagné d'une très riche iconographie.