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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La Thébaïde ou les frères ennemis" est la première pièce de Racine-du moins, la première de celles qui nous sont parvenues.
Comme son titre l'indique, est ici conté l'histoire d'Etéocle et Polynice, les légendaires fils d'Oedipe de la mythologie grecque.
Et c'est fort intéressant et, on y trouve parfaitement son compte, à condition de comprendre que c'est une oeuvre un peu à part dans l'oeuvre racinienne et qu'elle a donc des qualités à part, différentes de celles des autres oeuvres de Racine.
Ce que j'admire généralement chez Racine, c'est la qualité du vers, l'humanité des personnages ( on le dit trop peu, les personnages de Racine ont une psychologie extrêmement travaillée ) et la capacité de Jean Racine à nous émouvoir.
En l'occurrence, ici, nous n'avons rien de tout cela, à part, peut-être, une certaine émotion, mais bien différente de ce qu'on ressent habituellement en lisant une tragédie racinienne !
Pour lire cette oeuvre, il faut comprendre que son intérêt réside avant toute chose dans la maîtrise de l'intrigue affichée par Jean Racine. On ne peut accrocher à l'intrigue, mais si on accroche à cette pièce, je pense que c'est en raison de l'intérêt suscité par l'intrigue, du suspens, de la tension autour de l'intrigue. Bien sûr, on sait comment ça va finir ; mais, peu importe, quoi qu'il en soit, l'histoire est passionnante.
Il faut dire que Racine a l'art et la manière de la rendre passionnante.
Une réussite !
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Racine, Jean - "La Thébaïde ou les frères ennemis" – Folio théâtre, 2010 (ISBN 978-2070441556) édition présentée, établie et annotée par Georges Forestier

"La Thébaïde ou les frères ennemis" fut la première pièce de Racine, représentée en 1664. Elle passe pour une oeuvre de jeunesse, encore mal dégrossie : même un auteur comme le grand Racine eut besoin de «faire ses classes» et Molière l'aida peut-être quelque peu.
Le thème abordé ici fut immortalisé par la suite plutôt sous le titre «Antigone» (de Sophocle à Anouilh et au-delà, par exemple Bauchau, sans oublier l'essai «Les Antigones» de George Steiner).

Racine possède déjà l'art de poser le problème en quelques mots, comme par exemple lorsque Jocaste questionne son fils Etéocle :
« La couronne pour vous a-t-elle tant de charmes ? / Si par un parricide il la fallait gagner, / Ah, mon fils ! à ce prix voudriez-vous régner ? » (vers 72-73)
suivi peu après de ce constat (en plein règne de Louis XIV, il fallait oser !) :
« La victoire, Créon, n'est pas toujours si belle ; / La honte et les remords vont souvent après elle » (vers 195-196).

La réponse de Créon, en quinze vers «L'intérêt de l'Etat est de n'avoir qu'un roi… »), en dit plus long que bien des traités de science politique, cela fait aussi partie du génie de Racine.
Plus loin (vers 475-482), la tirade de Polynice paraît radicale – « Est-ce au peuple, Madame, à se choisir un maître ?... » - mais rien que le fait de poser la question, et de formuler une réponse aussi caricaturale pourrait laisser supposer que Racine prête une idée plus généreuse à son frère Etéocle (vers 91-110)…

La musique coule par exemple dans une suite de quatre triolets heurtés (pour la «race vile et damnée» des courtisans) s'élargissant à deux souples sextolets faisant contraste pour rendre l'amour maternel :
« de lâches courtisans peuvent bien le haïr,
Mais une mère enfin ne peut pas se trahir »

Autre exemple de rythme savamment orchestré (vers 985-986) :
« Hé quoi ? loin d'approcher vous reculez tous deux ? » (duolet quartolet, quartolet duolet, en miroir)
« D'où vient ce sombre accueil et ces regards fâcheux ? » (sextolet, sextolet)
Certes, il manque encore l'accord de la teinte avec le rythme et le fond : le "a" de "regards" et le "â" de "fâcheux" sonnent sans doute un peu trop clairement pour un "sombre" accueil, lequel commence aussi par "a".

Pour atteindre au sommet dans l'horreur, Jocaste enchaîne deux fois deux sextolets (vers 1185-1186) :
« le plus grand des forfaits vous a donné le jour,
Il faut qu'un crime égal vous l'arrache à son tour. »

L'un des plus puissants ressorts du théâtre racinien se trouve déjà condensé en quatre vers (595-599)
« Ô ciel ! que tes rigueurs seraient peu redoutables,
Si la foudre d'abord accablait les coupables !
Et que tes châtiments paraissent infinis,
Quand tu laisses la vie à ceux que tu punis ! »

Mais évidemment, on remarque l'absence dans cette pièce de toute intrigue amoureuse approfondie, et ce n'est certes pas ce sentiment qui en constitue le fil directeur, ce qui est bien peu racinien...

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