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sur 1861 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une femme veille sur son mari dans le coma après avoir reçu une balle dans la nuque lors d'un combat.
Elle lui livre ses réflexions sur sa condition de femme, sur les souffrances qu'elle a endurées pendant sa vie d'épouse, les maltraitances, les vulgarités cruelles.
Elle utilise une coutume persane qui utilise une pierre noire, Syngué Sabour, à laquelle on confie ses secrets jusqu'à ce qu'elle implose à force de contenir trop de douleurs.
C'est un roman à la lourde ambiance mais combien révélatrice de tout ce que les femmes enduraient à cette époque de la guerre en Afghanistan au début des années 1980.
Je l'ai lu à sa sortie en 2008 et quelques mois plus tard le roman recevait le prix Goncourt.
Quelques années plus tard, j'ai vu le film qui m'a beaucoup moins plu que le livre car traduire une telle ambiance n'était pas une mince affaire.
J'ai cru pendant quelques temps qu'Atiq Rahimi était une femme pour comprendre ainsi la douleur de ces femmes contraintes à se marier sans connaître leurs maris, contraintes à accepter le bon vouloir des hommes. L'auteur décrit les femmes comme des objets maltraités par leurs maris.
Après la relecture de ces derniers jours, j'ai mieux ressenti le mal-être que devait éprouver Atiq Rahimi pendant cette guerre en Afghanistan. Lui qui s'est d'abord réfugié au Pakistan, puis en Europe, à Paris où il a pu faire des études à la Sorbonne et obtenir un doctorat.
Il a maintenant la double nationalité , française et afghane . Ses livres sont actuellement écrits directement en français.
J'étais à ce moment et dans les années 90, très intéressée par ces auteurs comme lui, Yasmina Khadra aussi et tous ces problèmes me semblaient loin mais terribles en même temps. J'ai continué à lire sur la condition de la femme dans les pays musulmans et sans vouloir leur imposer notre culture, je crois pouvoir affirmer que les pauvres viennent vraiment de subir un bond en arrière avec la victoire des talibans déjà bien présents en 1980.
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Je n'avais jamais lu un prix Goncourt avant "Singué Sabour", je suis heureuse d'avoir choisi celui-là. Il m'a laissé l'envie d'aller sur la côte Atlantique me trouver un petit caillou auquel je pourrais raconter mes secrets et mes émotions sans pudeur. Un chef-d'oeuvre.
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Syngué sabour, Atiq Rahimi
L'homme a été blessé, au cours du djihad, par l'un de ses frères de combat. Abandonné par ses pairs, seule sa femme est là, à veiller un corps inerte aux yeux ouverts. le temps s'égrene au rythme de l'eau sucrée-salée qui nourrit l'homme. Inspiration... expiration...
Nous sommes en Afghanistan, mais peut-être est-ce ailleurs... nous sommes en pays musulman, entre la brutalité d'un extrémisme religieux et la condition de la femme.
Pourtant, cette femme rêve, prie, respire avec cet homme avec lequel elle a été mariée mais qu'elle connaît si peu. Au cours de cette période de veille du corps allongé, inerte, cette femme va trouver en son mari une syngué sabour, la pierre de patience, afin de s'épancher sur ses rêves, ses désirs, ses illusions perdues, ses fantasmes, ses secrets et cette vie de servitude. Par ses mots à cet être inerte, elle va chercher une rédemption.
Prix Goncourt 2008, ce roman court est une très belle découverte dans ce tour du monde littéraire que j'ai entrepris. A lire sans modération
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Lu d'une traite, portée par le souffle de l'écriture et de cette voix de femme qui trouve son chemin et sa puissance face à son mari inerte - un coma - dans une chambre encerclée de violence (tirs, explosions, visiteurs), tiraillée entre son obéissance acquise et une revendication intime qui explose en tous sens.
Le risque lorsqu'on lit d'une traite, avide de la fin, c'est la déception des dernières phrases de l'histoire... cette nuit, dans mon insomnie, je n'ai pas trouvé crédible. Mais dans le film tiré de ce livre, ça doit être saisissant.
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Un livre très sombre
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Une chambre,
un homme dans le coma.

Respirations

Sa femme prend soin de lui…

Une deux. Une deux.
Gouttes de collyre.

Le mollah a dit, pour le sauver

prier,
chapelet

chapelet
tous les noms de dieu

Là, seule avec lui

respirations

chapelet

une, deux... gouttes. Une, deux... gouttes.

Respirations

Explosions !

Elle devient folle
elle grommelle
elle parle
elle lui parle
elle dit
elle le lui dit
elle lui dit tout…


L'histoire d'une de ces femmes dont on nie la vie. Terrorisée par la guerre à l'extérieur, elle se sacrifie encore, elle qui s'est toujours tu se mettra à parler à son mari dans le coma.

Fort ! Intense !
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« Syngué Sabour, Pierre de patience » quatrième livre de Atiq Rahimi, mais premier écrit en français, obtint le prix Goncourt 2008.
Afghanistan, pendant la guerre, depuis deux semaines une jeune femme veille seule son mari blessé, immobile et inconscient. le mari et la femme ne se connaissent pas vraiment. A 17 ans elle a épousé un inconnu parti à la guerre, elle va l'attendre patiemment, constamment surveillée par sa belle-mère. En dix ans de mariage, ils n'ont partagé que trois ans de vie commune où toute communication était impossible.

L'imam avait prédit le réveil de l'homme, mais celui-ci dort toujours, seulement maintenu en vie grâce à des perfusions d'eau sucrée-salée. Au fil des jours, la femme se décourage, son dévouement lui pèse et l'impatience monte en elle. Elle se trouve seule face au corps d'un homme tyrannique, jadis souvent violent, jamais à l'écoute : « Tu ne m'as jamais écoutée, tu ne m'as jamais entendue ! »

Dans cette terrible solitude, pour meubler le silence, elle commence à lui parler et entame un long monologue. Sa voix, d'abord timide et anxieuse, s'affirme. La femme ose enfin dire ce que l'épouse soumise n'a jamais pu exprimer, raconte ses doutes, ses illusions perdues, ses angoisses et ses rancoeurs ; elle va se dévoiler et se révéler à elle-même. Les confessions se succèdent, de plus en plus violentes et dévastatrices…

Dans un style efficace et sobre, Atiq Rahimi propose un long monologue dans un Afghanistan dévasté par la guerre. "Il me fallait une autre langue que la mienne pour parler des tabous", dit-il pour expliquer l'abandon du persan au profit du français. Il donne la parole à une femme musulmane contrainte au silence et à la soumission dans un pays où la femme n'existe qu'en tant qu'épouse soumise et silencieuse.

Le roman fait référence à Nadia Anjuman, une poétesse afghane, sauvagement assassinée par son mari qui la trouvait trop libre ; le destin tragique de cette femme avait profondément choqué Rahimi qui décida d'en faire un livre.
Un prix Goncourt qui vient récompenser un écrivain engagé contre les oppressions.
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Savoureux et prenant. J'ai mieux compris l'histoire. Écriture minimaliste très pure. Un plaisir à lire.
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Ouvrage choc prêté par ma mère, cette dernière m'avait avertie que l'intrigue était à la fois sombre et bouleversante… J'ai donc attendu d'être dans un bon état d'esprit pour découvrir « Syngué Sabour : Pierre de patience ». Si vous êtes amené(e) à plonger dans le récit, je vous invite à faire de même, car il s'agit d'une lecture qui ne laisse pas de marbre. le résumé explique assez bien ce que l'on va trouver au fil des pages : une femme veillant auprès de son époux extrémiste blessé suite à la guerre. Jour après jour, elle va veiller sur lui. Atiq Rahimi arrive vraiment bien à retranscrire les émotions de cette compagne, comme sa détresse, sa peur, son épuisement, son amertume, sa colère, sa peur, sa douleur, sa solitude, … Il faut dire que ses journées sont longues et similaires. Sans cesse, elle alimente son mari, le lave, prend soin de lui et lui parle. C'est sa parole qui va alimenter cette histoire, puisqu'elle va non seulement lui faire la conversation, mais elle va aussi narrer son enfance difficile (avec cette figure paternelle horrible), son mariage (bien triste, comme souvent dans les romans afghans que j'ai été amenée à lire), sa famille et ses secrets. Très vite, l'épouse va être persuadée que ce sont ses confidences qui maintiennent son conjoint en vie…

Dans ce huis-clos, on ne quittera pas la pièce où se trouve le corps de l'homme. Ce choix est pertinent et permet de mettre en avant cette situation difficile. le style haché, puissant et envoûtant de l'auteur renforce la puissance du texte, puisque l'on utilise des phrases courtes. J'ai beaucoup aimé sa plume ! Cette dernière m'a transportée dans cette pièce poussiéreuse, à écouter les tirs dehors, aux côtés de cette femme patiente, admirable et courageuse ! Celle-ci m'a énormément touchée à travers ses confessions. On la comprend aisément cette revanche envers son mari, mais également la gent masculine en général. Il semble toujours si difficile d'être une Femme dans certains pays, car cela signifie souvent être considérée comme du bétail que l'on échange selon ses désirs. Et c'est encore pire si l'on n'arrive pas à concevoir de descendance (c'est forcément la compagne qui est stérile) ou si l'on a uniquement des filles ! Ce livre met également en avant la guerre et la radicalisation. le contexte est très sombre et ce qu'il se passe dans le quartier de l'héroïne ne donne pas la sensation d'être en sécurité… Il faudra parfois faire preuve de ruse pour survivre, notamment lorsque des soldats font irruption chez soi. le dénouement retranscrit assez bien l'ambiance qui règne au fil des pages : c'est tragique, abominable, révoltant et douloureux ! J'ai refermé cet ouvrage avec peine et émoi. Un monologue aussi sensible qu'intense qui mérite son prix Goncourt.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Cela faisait un moment que je voulais lire ce livre
Je l'ouvrais , lisais la dédicace «Ce récit, écrit à la mémoire de N.A - poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari -, est dédié à M.D » et le refermais.

Une nuit d'insomnie je l'ai finalement lu.
Un tout petit roman mais parfaitement maîtrisé. le sujet est un huis clos : Une femme veille son mari dans le coma. Nous sommes dans un pays (qui n'est pas nommé) en guerre (musulman le pays), les tirs sont sporadiques dans la rue et font ressentir encore plus la pression de ce huis clos, respiration.
La femme commence une longue confession à son mari, on découvre un pan de leur dix ans de mariage, comment le mari s'est retrouvé dans le coma.
De temps en temps, une des deux petites filles du couple entre dans la pièce, respiration.

C'est un livre frappant par sa dénonciation de la guerre, du sort plus que précaire des femmes dans ce pays.. j'ai admiré cette femme sa ténacité, son courage.. j'ai admiré aussi la prouesse de l'auteur, dans un style très simple de distiller les éléments de l'histoire. Au fil de l'histoire la femme se révèle et prend de l'assurance...et on se prend à croire en une vie meilleure pour toutes les femmes victimes des hommes ...

Dans un tout autre style, un livre m'a fait pensé à "Le quatrième mur" de Sorj Chalandon : tout espoir est vain ....
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