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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Elle est belle, sauvage, ombrageuse, imprévisible . Elle coule entre de hautes falaises et des forêts . C'est un paradis pour rafting ou canoë . La Tamassee est dangereuse surtout lorsque ses eaux sont calmes au pied des chutes avec ses redoutables courants dont se jouent les truites . Elle est le personnage principal de la tragédie qui nous est contée là.
Une petite fille est morte noyée emportée par le courant, son corps inaccessible sous un rocher.
Pour repêcher son corps , il faut enfreindre la loi fédérale qui protège la rivière.
Avec ce débat cornélien entre la morale et la loi, Ron Rash rédige un roman dense en idées et émotions, une ode à la nature, et un portrait réaliste et sobre de ces communautés rurales qui vivent durement dans un cadre de rêve.
C'est aussi le destin personnel de la narratrice, Maggie, que son rédacteur en chef envoie comme photographe d'un baroudeur dépêché sur le théâtre d'un fait divers local. La réflexion sur la neutralité de la presse est posée au travers du pouvoir des mots et des photos dans le débat. Les fêlures et douleurs de chacun font écho à la douleur des parents. Les écologistes n'ont pas le meilleur rôle dans cette histoire de cohabitation des hommes et de la nature qui n'est pas des plus harmonieuse.
C'est mon coup de coeur du moment, un auteur qui pose un regard et des mots sans fioritures sur une tragédie qu'il développe de façon magistrale. Tout au long du récit qui bouillonne comme la rivière dans les souvenirs et le présent de Maggie, on attend la paix après la tension.
Si vous allez dans les Appalaches flâner sur des sentiers au bord de la Tamassee, n'essayez pas de mettre les pieds de part et d'autre de la frontière de deux États .
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Ce que j'ai ressenti:

« Je refuse de croire que le monde est tellement triste, voilà tout. »

Je le refuse également, pourtant dans le roman noir de Ron Rash, on pourrait presque croire que le monde n'est que tristesse et désolation. Entre la mort accidentelle de Ruth, ce combat presque vain pour la protection de la nature, ces journalistes internationaux qui reviennent des champs de batailles avec le coeur cassé, et tous ces êtres perdus dans leurs ressentiments, ça donnerai presque envie de baisser les bras…Mais on ne le fait pas, heureusement…Avec d'aussi belles histoires et ceux qui se battent pour des causes justes, on garde un peu d'espoir, on essaye de moins voir cette tristesse. Et Ron Rash a de quoi nous éblouir les yeux avec le chant de la Tamassee, parce qu'il trouve le mot juste pour nous parler d'écologie et le mot poésie pour sublimer la nature du lieu, mais on sent aussi dans sa plume toute la bienveillance de son humanité.

"Lire son livre m'avait poussée à me demander – et ce n'était d'ailleurs pas la première fois dans ma vie – si voir trop de souffrances pouvait vous dévaster le coeur."

La Tamassee est une magnifique rivière, tout aussi belle que ce qu'elle est dangereuse. Elle prend des vies mais elle apporte aussi la vie. Peut-on donc reprocher à une rivière, les accidents qu'elle déclenchent? C'est tout le point fort de ce roman. Parce qu'il y a la nature d'un côté et ceux qui se battent pour elle, et puis il y a les gens endeuillés de l'autre, comme si la dynamique de ses deux partis pouvait être en réel conflit…Malgré la magnificence du lieu, les hommes sont encore là à prendre des décisions parfois insensées et souvent à l'encontre de leurs propres survies. Ron Rash nous fait voyager en Caroline du Sud, et met en scène un courant d'eau qui déclenche toutes les fureurs! Quel regard avisé, il porte sur ces contemporains et en même temps il donne à cette rivière protégée un pouvoir presque mystique. C'est remarquable cette manière de laisser au lecteur le soin de se faire sa propre opinion, de le laisser se choisir un camp ou pas. Et puis, cette plume si intense, si bouleversante, si poétique…Un régal!

"Autrefois j'étais assez présomptueux pour croire que je pourrais sauver le monde, mais ça y est, j'ai compris. le mieux qu'on puisse faire, c'est trouver une bonne cause, une seule, si infime soit-elle, et y consacrer toute son énergie."

C'est un roman noir puissant. Il m'a touchée autant par sa beauté que par son humanité. le Chant de la Tamassee m'a traversée de part en part, malgré cette mélodie mélancolique et les fantômes qui l'accompagnent, il continue de diffuser ces notes sacrées en moi…

"Le chagrin pouvait être purifié en se transformant en chanson …Tout comme un morceau de charbon est purifié en se transformant en diamant."


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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La Tamassee est une rivière de Caroline du sud dont le caractère sauvage est protégé par une loi fédérale. Les habitants du comté d'Oconee vivent modestement en travaillant dans les secteurs du tourisme ou de l'exploitation forestière. Ils ont grandi aux abords de la rivière et ont été très vite sensibilisés à sa dangerosité. le courant est très fort par endroit en fonction des saisons. Une fillette de douze ans qui pique-niquait dans la région avec ses parents en fait la douloureuse expérience Elle est emportée par un courant et se noie. Les plongeurs ne parviennent pas à retrouver son corps piégé dans un ressaut hydraulique. Herb Kowalsky, le père de la victime, veut tout mettre en oeuvre pour récupérer la dépouille de sa fille. Une solution s'impose : la mise en place d'un barrage provisoire qui permettrait de détourner temporairement le cours de la rivière. Mais son installation viole les dispositions de la loi fédérale. Kowalsky occupe une place importante dans une banque du Minnesota et va rapidement obtenir l'appui des décideurs locaux. Mais il doit faire face à l'opposition des militants écologistes. Maggie Glenn a grandi dans le comté d'Oconee qu'elle a ensuite quitté pour devenir photographe de presse dans un journal de Columbia. Son rédacteur en chef la désigne pour couvrir l'événement en compagnie d'Allen, un journaliste talentueux. Elle y retrouve un monde auquel elle n'appartient plus et une histoire familiale basée sur l'amertume.

« le chant de la Tamasse » repose sur un dilemme qui ne peut trouver de solution : des parents effondrés qui souhaitent récupérer le corps de leur fille pour faire leur deuil et font face aux militants écologistes pour qui la préservation de ce milieu naturel prime sur toute autre considération et qui craignent que la création d'un précédent ouvre la voie à de nouvelles détériorations. Qui va l'emporter dans les débats publics? Le journaliste qui couvre cette actualité a lui-même vécu un drame familial et se trouve prisonnier de son empathie pour les parents. Luke, le meneur est lui fermé sur son idéologie, à ses yeux, la Tamassee est sacrée. Maggie, qui a lutté pour la préservation du caractère sauvage de la rivière dans sa jeunesse, se montre moins convaincue. Ron Rash n'impose rien, c'est au lecteur de choisir. C'est la force de l'écrit de laisser cette problématique ouverte et c'est la meilleur réponse apportée au débat qui oppose Allen, journaliste et écrivain à Maggie, photojournaliste : qui de l'écrit ou de l'image offre la meilleure représentation de la réalité ? Dans le roman, la photographie réalisée par Maggie qui sert à illustrer l'article va avoir un tout autre sens que la réalité du moment et influencer durablement l'opinion publique. Ron Rash développe aussi des problématiques familiales, comme la difficulté à communiquer, le poids de la culpabilité, du ressentiment, de la maladie et du deuil. Il dépeint avec précision la vie quotidienne des habitants des Appalaches, dans sa simplicité, sa rusticité et ses traditions. Il montre aussi combien on peut vite devenir étranger à sa propre région d'origine.

Ron Rash parvient une nouvelle fois dans ce roman à peindre la nature sauvage avec lyrisme, à décrire subtilement la difficulté de pardonner et à rendre un hommage tout en sensibilité au peuple des Appalaches. Le roman est magnifique.
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J'ai découvert Ron Rash un jeudi...
Un jeudi soir, dans l'émission La grande librairie. Ce soir-là il était venu parler de son roman le chant de la Tamassee, j'ai été subjugué par son intervention.
Ce livre, je le veux....
Quelques semaines plus tard j'ai lu Un pied au paradis, puis ce fut Par le vent pleuré,  confirmant mon intérêt pour cet auteur.
Enfin, lors de l'édition Quai du polar 2017, je rencontrais l'écrivain et lui demandais de me dédicacer ce fameux roman.
Une rencontre magique qui reste gravée dans mon coeur de lecteur.
Un an, j'ai mis un an, avant de le lire.
Je n'ai pas d'excuses.
Ce roman est un chef-d'oeuvre. Pour moi en tout cas. Il m'a touché. Ému. Bouleversé.
Le chant de la Tamassee c'est... un drame.
Une enfant se noie.
La rivière ne restitue pas le corps.
Les parents veulent le récupérer.
Les protecteurs de la nature refusent toute intervention.
La loi est pour eux.
La Tamassee est classée "Rivière sauvage"
La force de Rash est de ne pas prendre parti,  d'exposer les idées de chacun, les convictions, les obligations, les craintes.
Qui a tort, qui a raison...
Il y a des excès dans les deux camps.
C'est parfois violent.
Ça fait réfléchir en tout cas.
Les hommes contre les hommes.
Les hommes contre la nature.
La nature contre les hommes.
Y-aura-t-il un vainqueur ?
Ron Rash raconte cette histoire au travers du regard d'une femme, une photographe, venue sur les lieux avec un  journaliste pour assurer un reportage. Elle est d'ici, elle y est née,  elle y a vécu des moments de joie et des drames aussi. Elle connaît les gens, et surtout, elle connaît la rivière.
L'écrivain est proche de la nature, on le sait, on le sent.
Il a l'art de nous la décrire. À travers ses mots, on la vit.
J'ai retrouvé  avec nostalgie certains côtés et certains parfums de ma jeunesse dans la campagne bressane. (Qui n'est certainement pas comparable à la Caroline du sud, mais qui a son charme).
C'est peut-être pour ça que j'ai été touché par cette lecture. Pour cette nature que j'aime, pour les rivières de mon enfance mais aussi parce que je suis père.
Alors, quel camp choisir ?
S'il y avait un livre de Monsieur Rash à vous conseiller, sans aucun doute, c'est vers celui-ci que je vous orienterais.


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J'adore Ron Rash et cela faisait un petit moment que cela me chatouillait de prendre entre mes petites mains avides de lectrice affamée le chant de la Tamassee.
Ce n'est certes pas la dernière sortie en français de cet auteur que je suis depuis quelques années déjà, mais je n'arrive pas toujours à suivre le rythme et il faut reconnaitre que je suis surtout une lectrice très dispersée.
Imaginez une rivière un rien tumultueuse, avec ses eaux vives, ses rochers, au milieu de la mère Nature. Mais cette rivière, sous son aspect riant reste un danger qui vaut mieux ne pas sous estimer. Une petite fille de douze ans, Ruth, va payer cher sa méconnaissance des risques. Elle va se noyer dans cette Tamasse. Cette rivière qui va refuser de rendre le corps, va se retrouver au coeur d'un terrible débat.
D'un côté, se trouvent les parents de la petite fille qui vont vouloir tout mettre en oeuvre pour récupérer son corps afin de pouvoir avancer dans leur travail de deuil. Cependant, ils vont devoir apprendre à connaitre les opposants à leur projet qui constitue en la mise en place d'un barrage provisoire. En effet, cette rivière est protégée par des textes fédéraux qui interdisent toute activité mettant en péril l'état naturel de la Tamassee. Les protecteurs de la nature sont bien la et décidés à faire valoir leurs droits.
La narratrice de cette histoire est une jeune photographe amenée à couvrir l'évènement. Maggie est originaire de la région et connait donc parfaitement une partie des personnes impliquées ainsi que la rivière. Elle va suivre de près cet évènement jusqu'au dénouement final. Si au départ, on sent que Maggie n'a pas de véritable parti pris, ses positions par la suite auront une incidence sur la suite d'évènements.
J'ai beaucoup aimé lire cette histoire ou la tension va crescendo entre les deux camps : Ron Rash distille avec beaucoup de talent les détails de cette histoire ou les sentiments exacerbés sont palpables au vu des enjeux.
Je rajouterai que la véritable héroïne de cette histoire reste la Tamassee, rivière au cours tumultueux et imprévisible…
Décidément, j'aime vraiment beaucoup cet auteur. Je pense que je ne vais pas attendre aussi longtemps que la dernière fois pour m'attaquer à Par le vent pleuré….

Challenge ABC 2017/2018

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Ruth 12 ans meurt noyée dans une rivière de campagne lors d'un pique-nique familial. Son corps est coincé sous un rocher et les sauveteurs locaux n'ont pas réussi à le dégager. La rivière se trouve dans la campagne profonde et les habitants tiennent à leur rivière protégée. le père de Ruth décide de faire installer un barrage amovible pour récupérer le corps de sa fille et ainsi lui offrir une sépulture digne de ce nom. La bagarre commence entre les différents protagonistes : d'un côté, ceux qui comprennent la famille de Ruth et aimeraient bien les aider, de l'autre les puristes qui refusent de toucher et d'abîmer leur rivière. Parmi ces derniers un homme venu habiter la région quelques années auparavant, écologiste pur et dur et légèrement extrémiste en ce sens. Les extrêmes, voilà ce qui va déclencher une sacrée guerre et alerter les médias. Maggie photographe, originaire de ce coin de campagne est envoyée avec Allen son collègue journaliste pour suivre les évènements et derniers rebondissements. En parallèle de cette histoire, Maggie doit régler les comptes avec son passé et essayer de se réconcilier avec son père qui meurt d'un cancer. le décor est posé et comme partout ailleurs tout le monde parle pour donner son avis et personne n'écoute. Il y aura des dégâts, trop de monde au bord de cette rivière, il y aura des tragédies supplémentaires. Un récit passionnant, tellement passionnant que j'en ai oublié de noter des extraits.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Magnifique roman de Ron Rash qui développe l'art de structurer avec talent des histoires dans l'histoire. Donc plusieurs personnages explorés par l'auteur autour des conséquences d'un accident mortel pour une fillette, Ruth.
Première héroïne, la rivière, la Tamassee, dont le chant est plutôt funèbre puisqu'elle renferme le corps de Ruth, 12 ans, noyée dans les fortes eaux de printemps, dont le corps est demeuré coincé sous un rocher. La Tamassee est présentée par Ron Rash comme un cours d'eau mythique, coulant au coeur d'une splendide nature, elle démontre une puissance et bien sûr un risque quelquefois.
Le deuxième personnage majeur est Maggie, photographe de presse qui vient sur les lieux en compagnie de son collègue Allen qui doit écrire l'article illustré par les photos de Maggie. Celle-ci est en proie auprès de la rivière avec ses démons du passé familial et sentimental.
Allen et Luke sont les troisième et quatrième personnages majeurs. le premier porte une peine similaire à celle des parents de la jeune Ruth et ce reportage est une épreuve pour lui. le second est le farouche défenseur de la nature et de la rivière dont il considère qu'elle est la plus noble des sépultures pour Ruth.
Et puis, il y a les parents, ceux de Ruth et aussi le père de Maggie qui porte également un passé proche de celui que vivent les parents de la jeune noyée.
L'ensemble est déroulé avec finesse, fluidité, pudeur, servi par une écriture prenante et vibrante du chant permanent de la Tamassee. Il approfondit avec délicatesse le tréfonds des souffrances et convictions de ses personnages et, sur le fond d'une histoire d'accident tragique, il imbrique les différentes douleurs en leur conférant une dimension lyrique au coeur d'une nature toujours présente, envoûtante et merveilleuse.
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Bord de la Tamassee, frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie. Des drames se nouent modifiant les relations et impriment les émotions.
Maggie revient au pays. Dans le décor de son enfance, les montagne mais surtout la rivière sauvage qui sait le rappeller aux Hommes.
Elle est missionnée par son journal en tant que photographe pour immortaliser la décision de passer outre le River act protégeant au niveau fédéral la préservation d'un joyaux naturel.

Une adolescente s'est noyée quelques semaines auparavant, la rivière la garde en son sein.
Doit on s'évertuer par tout les moyens à l'en sortir?

Cela réveille des blessures, exacerbe les dissensions, les égos , les besoins de rédemption ou questionne les chemins de vie emprunté.
L'Homme est mortel mais l'oubli ou le rejete. Il devrait écouter, observer la nature présente pour le lui rappeler

Des préoccupations écologiques, un passé trop présent, des drames convergeant serties par une écriture magnifique et voilà encore un excellent moment passé à lire John Rash.
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Le personnage principal de ce deuxième roman de Ron Rash est une rivière, la Tamassee, qui, sur un tronçon du moins, trace la frontière entre la Caroline du sud et la Géorgie.
Au cours d'un pique-nique avec ses parents, Ruth, une fillette de 12 ans s'y noie accidentellement.
Au bout de 5 semaines, son corps n'ayant toujours pas pu être dégagé, ses parents demandent l'installation d'un barrage amovible afin que le cours de la rivière puisse être détourné temporairement.
Si la construction de ce barrage s'avère techniquement difficile sur ces eaux tumultueuses, la principale difficulté provient de l'opposition des écologistes et d'une partie de la population locale. En effet la Tamassee est protégée par le Wild and Scenic Rivers Act un label qui protège le caractère sauvage de ce dernier cours d'eau libre de l'état.
Tous les opposants au barrage craignent qu'il constitue un précédent utilisable par tous ceux qui ont un quelconque intérêt économique à la rivière dont les promoteurs immobiliers qui rêvent de construire sur ses berges.
Plusieurs journalistes sont envoyés pour suivre les débats houleux entre les différents protagonistes: les parents effondrés de Ruth soutenus par des hommes politiques et les écologistes pour qui la protection de la rivière est une priorité absolue.
C'est l'occasion pour Maggie, photographe de presse de revenir dans son village natal qu'elle avait fui suite à un drame familial.
C'est à travers son regard à la fois plein d'empathie pour les parents de Ruth mais aussi plein d'amour pour la rivière que nous est rapportée cette histoire très riche et pleine de sensibilité.
C'est un livre dense, très profond sur la responsabilité, la culpabilité, le pardon.
A travers ses belles descriptions,on ressent tout l'amour de Ron Rash pour cette région et ses habitants.
Un véritable hymne à la nature.
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Le roman (publié en anglais en 2004 mais traduit en 2016 en français) de Ron Rash peut être qualifié d'oeuvre de jeunesse. Pour les amateurs de Rash qui l'ont découvert avec Une terre d'ombre ou le monde à l'endroit, Un silence brutal... se replonger dans une oeuvre assez ancienne de l'auteur risque de susciter une certaine déception, voire une déception certaine.

En effet, même si on trouve tous les ingrédients qui font la force de Ron Rash, on ne les trouve encore qu'à l'état brut, d'ébauche. Que l'on s'entende bien, c'est de très bon niveau, mais si vous commencez par du caviar, vous avez beaucoup de mal à apprécier de "simples" oeufs de truite, même s'il s'agit de truites sauvages, bio et tout.

Les truites... cela nous ramène au coeur du sujet du roman de Ron Rash finalement.

Ruth, une jeune fille de 12 ans, se noie dans la Tamassee. C'est un drame, qui saisit le lecteur dès l'ouverture du roman. 2 pages sombres et dures, rapides et haletantes. Rash aime cueillir le lecteur à froid... Et là, il fait un carton plein. Hélas, le corps de Ruth n'est jamais rejeté. Il est pris dans un ressac, sous une cascade, emporté par une sorte de syphon, inaccessible aux plongeurs.

Le malheur pour les parents vient du fait que la Tamassee est classée, "rivière sauvage". On ne peut en modifier le cours, ne serait-ce que temporairement. Déjà, amener des dizaines de personnes sur les berges, c'est trop pour quelques activistes environnementaux. Ces personnes, profondément agnostiques (ou fervents adorateurs de la Tamassee) déplorent, certes, la mort de Ruth, mais ne trouvent pas que récupérer le corps en abîmant la nature soit pertinent.

Le fait divers prend une dimension additionnelle quand les parents de Ruth, qui ont le bras long, envisagent de placer un barrage mobile sur la rivière, afin de détourner le cours d'eau et de permettre aux plongeurs d'aller dans le ressac afin de récupérer le corps de Ruth. Les parents, profondément croyants, veulent une sépulture où se recueillir. On sent bien la dynamique mise en place par Ron Rash. Foi contre foi... croyance contre croyance. Logique contre logique. Selon la manière dont l'auteur présente les arguments, le lecteur va se dire "ah oui, tiens", puis face aux contre-arguments, se dire aussi "ah oui, tiens"...

Ron Rash ajoute une dimension additionnelle: la photographe qui va couvrir l'événement est une enfant du pays. Elle connaît tout le monde. Son père vit encore dans le village. Elle a été activiste environnementale dans sa jeunesse. Elle va aussi connaître une romance avec le jounaliste qui vient avec elle couvrir l'événement. Evidemment, il y a plein de journalistes, d'autant que les parents de Ruth font pas mal de battage médiatique.

Entre les activistes environnementaux et les partisans du monde des affaires, ceux qui considèrent qu'un petit accroc à la loi (la rivière est en effet protégée par la loi), Ron Rash balance le lecteur. Les pragmatiques s'opposent aux dogmatiques, de tous bords. Rash veille bien à ne pas prendre parti. Il essaie de mener un exercice neutre, laissant au lecteur le choix de se prononcer.

C'est très bien rendu par Ron Rash. Toute cette ambiance "village", esprit de clocher, dialogue de sourds, arguments contre arguments. Pour avoir participé quelques débats dans mon village au sujet de l'implantation d'éoliennes, de circuit moto, de festivals... j'ai (toutes proportions gardées) retrouvé l'ambiance des présentations d'experts...

L'aspect romance entre la photographe et le journaliste (écorché par la mort de sa compagne un an auparavant, et ayant survolé pas mal de guerres de par le monde) ne m'a pas convaincu. C'est assez superficiel. Je n'ai pas senti Ron Rash à l'aise avec cet aspect du récit. Disons que je n'y ai pas cru, ou que je ne me suis pas spécialement intéressé au devenir de ces amants.

Le récit progresse vers de plus en plus de tensions à mesure que la date de la pose du barrage mobile s'approche. Les clans se radicalisent. On sent que tout peut se produire, y compris l'inéluctable. L'irréparable. Que cela soit par conviction, par hasard, par méprise... il suffirait d'un rien pour que la catastrophe arrive. Et je n'en dirai pas davantage. Ron Rash, en 2004, était déjà un expert en suspense et rebondissements. Comme je l'ai signalé dans une autre chronique d'un roman de Rash, il ne rechigne pas à aller jusqu'au bout de son récit. Tout est possible, y compris l'impensable que Rash nous sert de manière particulièrement crédible et cohérente. Mais le récit est plus "clair" que les derniers romans de l'auteur. Ses romans les plus récents sont dans la lignée de Faulkner, très noirs, durs, sans concession. Dans le chant de la Tamassee, Rash ne va pas aussi loin. Il fait preuve d'humanisme, d'empathie envers tout le monde.

Ron Rash maîtrisait déjà en 2004 le nature-writing. La nature sauvage est portée vers des sommets. On sent que Rash aime ces paysages sauvages. Les couleurs de la végétation. Les bruits de la nature. Tout cela nous plonge dans l'ambiance, le lecteur fait corps avec la Tamassee.

Enfin, le titre original est Saints at the river. Cela me semblait plus indiqué, et Rash fait référence à cela dans son roman. le chant de la Tamassee est une coutume locale, tradition des peuples le long de la rivière, pour honorer les morts (et les vivants), pour chanter la gloire de la rivière, sauvage et indomptable.

Sans doute, une oeuvre plus accessible pour celles et ceux qui voudraient s'acclimater peu à peu au monde de Ron Rash.
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