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EAN : 9782359491906
208 pages
Don Quichotte éditions (16/01/2014)
4.6/5   5 notes
Résumé :
12 juillet 2012. Philippe Varin, président du directoire de PSA, premier constructeur automobile français, annonçait la fermeture du site d’Aulnay. Ainsi donc, après leur avoir promis que le site resterait ouvert et que la priorité était de préserver leurs emplois, les ouvriers d’Aulnay sont priés d’aller voir ailleurs. Une entreprise qui ferme, c’est presque une banalité par les temps qui courent : dans le cas de PSA-Aulnay, ce sont 3 000 emplois supprimés, 3 000 v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'horizon est bien morne dans les yeux délavés de la classe ouvrière. Car après l'annonce de la fermeture de l'usine PSA (Peugeot-Citroën) d'Aulnay, une fraction seulement des ouvriers se mettront en grève, entre 200 et 500 au plus fort du mouvement, sur près de 3 000 travailleurs. La grande majorité restera prostrée, incapable de réagir, découvrant, trop tard, qu'il aurait sans doute mieux valu s'y mettre toutes et tous. Cette inertie, c'est ce que Gigi ne comprend pas... Ghislaine Tormos était une de ces combattantEs, et elle livre ici son témoignage, celui d'un combat, « Nous nous battrons comme des lions », dans une usine dont les capitalistes n'ont plus besoin et qu'ils ferment, comme des dizaines, des centaines d'autres. Les prolos qui bossaient à Aulnay ont connus la petite mort (que connaissent beaucoup d'ouvriers et d'employés), un jour de Conseil d'Administration, avenue de la Grande Armée. La petite mort, c'est quand on leur dit qu'ils ne sont rien, qu'ils n'ont rien, qu'ils ne valent rien.
Pourtant, à l'usine « Citron » (comme disent certains ouvriers car on y est pressé comme un citron) d'Aulnay, une fraction s'est mise en grève, une grève qui a tenue quatre mois, chez le plus grand employeur privé de Seine-saint-Denis... c'est l'histoire de cette lutte qui m'intéressait, et qui fait que j'ai choisi ce livre dans le cadre de l'offre de Babelio.
Alors, les copains du ferrage, ceux du montage ou encore de la peinture, attachés à leur usine ? Non, car sans les ouvriers et les ouvrières qui la font tourner et dont la sueur fait les profits, l'usine n'est qu'un décor vide, un hangar de ferraille et de robots idiots. Non, les prolétaires n'ont rien, c'est ce qui les définit : ni moyens de subsistance en dehors d'aller bosser, ni compte en banque gonflé, ni soutien, et surtout pas celui d'un ministre... Ils et elles n'ont que ce qu'ils vont chercher eux-mêmes et elles-mêmes, ils n'auront jamais que cela. (Même quand il s'agit du soutien d'un chanteur, ce ne peut être que l'un d'entre eux...).
Ce que possèdent les prolos, c'est la sincère camaraderie, la franche amitié, la solidarité profonde d'une classe sociale qui produit tout, et qui donc, quand elle cesse le travail, bloque tout... Dans la lutte, à condition d'agir, de penser, de s'organiser de manière autonome, comme cela s'est passé à Aulnay, les travailleurs prennent confiance en eux-mêmes, en leur propre force et en leurs capacités....
comme le dit Ghislaine : « Faire converger toutes les luttes est le début de la solution »
C'est tout cela que nous montre Gigi, une lutte de ceux qui sont dépossédés, et pour qui le salaire, du coup, c'est le « salaire de la vie ».
Grâce à ce livre, on voit la force que deux cent cinquante, trois cents ouvriers en grève, ont déployés dans la lutte. Et encore, il ne s'agissait que d'obtenir des reclassements, des indemnités, des miettes... On entrevoit la puissance d'une grève dans laquelle les grévistes auraient dit : « il n'y a plus de travail pour tout le monde, alors travaillons trois heures par jour, mais au même salaire ! », ou qui se serait étendue aux autres usines du groupe PSA, à toute l'automobile, à toutes les usines, ces usines et ces bureaux dans lesquelles les travailleurs subissent la même chose, sempiternellement : l'intensification de l'exploitation... ou le licenciement.
Dans les interstices de la lutte entre le Capital et le Travail, à certains moments, la vie resurgit avec fracas...
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Merci à Babelio et aux éditions Don Quichotte pour cette lecture.
Le salaire de la vie de Ghislaine Tormos ou comment laisser mourir les usines en France.
Dans ce livre on apprend que dès 2008, l'usine de PSA Aulnay va fermer, cependant les ouvriers seront eux mis au courant en juillet 2012.
On observe des choix stratégiques étranges comme l'utilisation du modèle japonais, alors que tout semblaient fonctionner. Et puis petit à petit on observe que l'usine va fermer et que c'est malheureusement indéniable.
Une histoire qui malheureusement fait écho et va faire écho de plus en plus, car trop de nos usines ferment.

Ghislaine Tormos était une monitrice sur une ligne de montage, qui a travaillé dix ans chez PSA Aulnay, elle n'avait jamais fait grève et pensait terminer sa carrière dans cette usine.

Mais elle et ces camarades vont mener des actions coup de poing, ils vont se mobiliser pour sensibiliser les gens sur cette fermeture et pour partir avec un PSE : plan de sauvegarde de l'emploi digne.
Mais la mobilisation des ouvriers reste faible à la fin deux cents grévistes sur deux mille, c'est peu...
La dernière partie est dur, car c'est la fin de la grève, la fermeture de l'usine, on voit l'usure des ouvriers, la sentence, la séparation de cette famille d'ouvriers.
Aujourd'hui près de mille ouvriers sont en projet professionnels en résumé sans emploi.
Certains ont été reclassés à Poissy comme l'auteur.
C'est un livre qui m'a touché, ému et qu'il faut partager.

Le monde ouvrier est un monde à part, lorsqu'on rentre dans une usine on ne peut pas oublier ces gens qui travaillent à la chaîne, qui ont moins de trente minutes pour manger qui sont « abrutis » par ces gestes répétitifs, mais qui sont touchants. Pour ma part, jamais j'oublierais cette usine qui n'est pas PSA Aulnay, malheureusement c'est une usine qui est également sur la sellette comme tellement d'autres....

Un livre qui permet de rappeler aux gens et à notre gouvernement que les ouvriers sont là et ne les oublions pas.

Un grand merci à l'auteur et à Francine Raymond pour ce récit.
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De la part d'une femme courageuse et combative, engagée à fond pour sauver le site PSA d'Aulnay, ce témoignage poignant sur la précarité du travail, dénonce les lois cruelles de la productivité-rentabilité dans l'industrie et le manque de considération envers les ouvriers.
Elle a cru, par son action, pouvoir échapper au pire et pourtant sa lutte relevait du combat de David contre Goliath.
On aimerait savoir ce qu'elle est devenue après la fermeture du site. Je pense que sa formidable énergie lui a permis de rebondir, ce qui n'est pas le cas de tous ses compagnons de galère.
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Beau témoignage d'une ouvrière de PSA Aulnay sur Bois. Outre la description de la lutte menée contre les licenciement en 2012-2013, c'est aussi l'histoire d'une vie puisque l'auteur raconte comment elle est entrée, 10 ans plus tôt à l'usine, comment il a fallu qu'elle s'adapte à un environnement masculin, et que cet environnement s'adapte à elle, à un travail extrêmement fatiguant et abrutissant. Elle parle de sa fierté d'appartenir au monde ouvrier, des solidarités qui se créent au sein des équipes, de sa vie qu'elle ne maîtrise pas complètement... Ce livre n'est finalement pas tant l'histoire d'une lutte ouvrière que l'histoire d'une construction personnelle.
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Tout d'abord le titre est un peu trompeur, n'ayant pas réellement regardé le résumé du livre, j'avais été attiré par ce titre "Notre travail coûte trop cher" et je m'attendais à un traité sur le coût du travail.
Et bien non ! et je ne regrette pas du tout d'avoir choisi ce livre!
C'est le témoignage sur le vif d'une ouvrière qui a pris "en pleine figure" la fermeture de son usine d'Aulnay.
Ce récit permet de suivre au jour le jour ce qu'ont pu subir ces employés de PSA basculant d'un sentiment de fierté pour leur travail au désespoir de se voir "jeter" avec leur usine.
Le livre est bien écrit et, rapidement, le lecteur entre pleinement dans les espérance et les déception de cette femme. le climat qui règne au niveau de l'usine ainsi que celui qui se crée au fur et à mesure de l'évolution de la situation est très bien rendu.
Un regard sans préjugés est ouvert sur les "autres" ceux qui n'ont pas pu suivre le mouvement, malheureusement bloqués par la précarité de leur existence.
Il serait intéressant de connaître les causes réelles de l'abandon de cet outil de production. le livre le laisse un peut entre apercevoir, mais là ce serait le sujet d'un autre livre.
Après avoir passé quelques heure avec Ghislaine Tormos j'ai l'impression de la connaître, cela serait bien de savoir ce qu'elle est devenue !
Un livre qui se lit d'une traite !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est toujours la même histoire, une entreprise qui ferme , un plan social avec des centaines ou des milliers d'emplois purement et simplement supprimés. Quelles seront les prochaines sur la liste? Comment se battre, jusqu'où aller pour résister, pour sauver sa peau et parfois celle de sa famille? Certains menacent de faire sauter leur outils de travail, nous, nous négocions nos primes de départ. J'ignore quelle et la meilleure façon de faire, mais ce dont je suis sûre, en revanche, c'est que défendre bec et ongles son travail est un combat juste. Ces questions tous les jours me tourmentent : Que vont devenirs nos enfants, quel monde allons-nous leur laisser? Si nous ne nous battons pas, qui le fera?
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Je l'ignore encore à ce moment-là, mais les cinq prochaines années de ma vie, je vais les passer en compagnie de ces monstres froids et calculateurs, et je devrais me concentrer quatre cent vingt minutes par jour sur les mêmes gestes et chercher à les exécuter le plus rapidement possible. Le recruteur de PSA n'avait donc pas dit la vérité: j'allais bel et bien donner à manger à des robots au féroce appétit. Six tonnes de pièces métalliques, c'est le poids qu'il me faudrait soulever quotidiennement.
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« Je ne parviens pas à me concentrer sur mon avenir, j'ai trop de colère en moi. Je n'ai plus qu'une envie : changer ce monde qui se soucie si peu de nous, les sans-grade, mais ça, c'est une autre histoire. »
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J'ai travaillé pendant dix ans dans cette usine et je prends conscience que je ne connais qu'un dixième des ouvriers. Je découvre sans cesse de nouvelles têtes, des solidarités évidentes qui viennent de loin, du bled, de la cité ou d'ailleurs. Quarante-deux nationalités cohabitaient à Aulnay. Une tour de Babel bruyante et chaleureuse. Avant le coup de grisou, ces femmes et ces hommes vivaient plutôt reclus dans leurs unités. A la sortie de l'usine, bien souvent abrutis de fatigue, ils reprenaient le bus ou la voiture pour rentrer chez eux sans se parler. Des vies d'ouvriers dédiées au travail. Il a fallu une grève pour que nous nous rencontrions. Là, en quelques jours, nous avons appris à nous connaître. Ouvriers du montage, du ferrage, de la peinture se mélangent enfin.
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« Les Licenci'elles est une association créée par six ex-salariées des Trois Suisses non syndiquées pour organiser leur lutte et empêcher un plan social. En effet, les Trois Suisses ont fermé trente-cinq boutiques en janvier 2012, et cent quarante-neuf salariés se sont retrouvés sur le carreau ; des femmes pour la plupart. Nous ne sommes pas seuls, il y en a d'autres, beaucoup d'autres, des comme nous, blessés de cette guerre engagée contre le travail. »
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