1er janvier 2024- Cadeau surprise
Une lecture captivante dévorée en une nuit d'insomnie...
Très reconnaissante de ce cadeau reçu de mon meilleur ami pour ces fêtes. Ami rencontré en 1988, aux
Musées Nationaux, et plus exactement à la librairie du Musée d'Orsay, où nous nous sommes retrouvés à travailler ensemble....
J'ajoute cette parenthèse car elle a son importance....car au fil de toutes ces années de complicité et d'amitié, le monde des Musées a eu une place marquante et captivante, dans nos parcours....
Ainsi il s'est passé comme un effet télépathique pour ces cadeaux de fin d'année; il me faisait découvrir ce personnage terriblement machiavélique et à peine croyable...de
Domenica, qui nous éclaire sur une des collections d'art les plus prestigieuses qui honorent depuis des années, grâce à l'intervention énergique d'
André Malraux, le Musée de l'
Orangerie...
Et de mon côté, je lui ai offert un texte-essai palpitant, lié aussi à l'univers des Musées : " Une visite au Musée "
d'
Henri Lewi (
Actes Sud, 2015)...
Revenons à
Domenica, cette " Diabolique de l'art", dont le parcours et la destinée nous sont astucieusement racontés par les trois hommes qui l'ont aimée jusqu'à quasiment leur perte : son 1er mari,
Paul Guillaume, célébrissime marchand d'art, Jean Walter, brillant architecte, et entrepreneur audacieux , également très fortuné, son amant ( avec l'accord de son époux.) , qui, ensuite devint son second mari, et Paulo, son "fils acheté " pour pouvoir conserver la Collection de son défunt mari (*** une des conditions du testament)...
En épousant
Paul Guillaume, célèbre collectionneur d'art moderne, Juliette Lacaze, modeste salariée au vestiaire d'une boîte de nuit, devient la très
célèbre et sulfureuse
Domenica, qui a " sévi " dans le Paris des années 1920.
Son extrême beauté et son ambition littéralement dévorante fascinent autant qu'elles font peur.
Domenica alimente sa légende , et fait régulièrement la une de la presse à scandale...
"Collectionnant tableaux, amants, maris fortunés et procès, frayant avec les artistes et les milieux politiques, celle qui fut l'objet de nombreux documentaires se retrouve ici pour la première fois au coeur d'une fiction. Fascinés par cette ensorceleuse digne d'une série noire, Patrick et
Emmanuel-Alain Raynal nous plongent dans ses ténèbres par la voix des trois hommes qui l'ont aimée au risque de leur vie."(4e de couv)
Par ce roman bien documenté , et aussi captivant qu'un roman noir, j'ai appris moult choses sur les personnalités singulières de Jean Walter et
Paul Guillaume devenus amis, aimant la même femme, et acceptant de la partager !
Une des choses apprises et pas des moindres, fut la grande amitié de
Paul Guillaume et de
Guillaume Apollinaire ; j'ai d'ailleurs noté que leur Correspondance entre 1913 et 1918 a été co- publiée par Gallimard et le Musée d'Orsay. Je la note pour la liste des lectures 2024 !...
Une lecture aussi instructive que fort piquante, mêlant "Art, Argent, sexe et politique."..et prodigue en rebondissements cocasses...!
Un ouvrage rédigé à quatre mains...fort réussi !
J'achève cette chronique avec un extrait centré sur
Paul Guillaume, le collectionneur et marchand d'art " surdoué ", grâce auquel, nous pouvons encore aujourd'hui admirer ses trésors au Musée parisien de l'
Orangerie.
"Je parlais comme un moulin à prières et elle écoutait avidement. L'histoire de mon ascension irrésistible dans le monde de l'art est devenue une légende aux multiples versions et je me suis toujours gardé d'en démentir aucune.À tel point qu'entre ma légère tendance à enjoliver les choses et les certitudes fantaisistes des journalistes, j'en arrive moi-même à me prendre un peu les pieds dans le tapis.la version que j'ai servie ce jour- là à Juliette était sans doute aussi infidèle que les autres, mais suffisamment proche de la vérité pour ne pas risquer de démenti (...)
" ...C'est ainsi que j'ai pu acheter mes premiers tableaux et, de fil en aiguille, rencontrer toute la jeune garde de l'art moderne...J'ai vendu une statuette nègre pour acheter un de Chirico, suivi rapidement par un Picasso, que je revendus illico pour acheter tout un lot de statues nègres..."