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EAN : 9782378700065
125 pages
Remanence (03/02/2021)
4.67/5   15 notes
Résumé :
Inspirés de la littérature japonaise classique, les sept récits de ce recueil mettent l’accent sur les déclinaisons du sentiment amoureux. Des temples zen aux brumes des lacs, des souvenirs meublant la solitude d’un ermitage aux villages au bord de l’océan, passions et traditions s’affrontent pour proposer un itinéraire où l’amour et la fatalité se croisent et s’entremêlent au pays de la beauté.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Que dire de ce petit recueil au premier abord anodin de sept nouvelles, dont l'auteur n'est pas écrivain de métier, mais « seulement » de passion, comme il est passionné de Japon ? Au risque de ne pas être original au vu de ses premières victimes...que c'est une pure merveille !

Roger Raynal se fait le témoin de ce qu'est l'Amour, souvent dans ce qu'il a de plus cruel, lorsque le destin s'en mêle. Il peut alors séparer deux êtres qui s'étaient promis, au contraire les unir dans une fin tragique. Parfois, ils se ratent, car la première impression, prometteuse, ne se confirme pas.
Sujet banal mille fois traité, objectera-t-on ! Mais la portée universelle du sujet est magnifiée ici par le transport de ces histoires au Japon, et surtout par une écriture d'une beauté stylistique assez extraordinaire, d'un classicisme au meilleur sens du terme, exprimant le miel des mots mais sans apprêt inutile.

Ces nouvelles nous touchent intimement quand un narrateur s'exprime à la première personne, ici un homme malheureux qui n'a pas su, par trop de retenue, presque de timidité, faire l'ultime pas, l'ultime geste devant sceller une relation, ou là un homme entreprenant qui, suite à un flirt d'abord virtuel, ne provoque pas le désir chez la femme convoitée et en est réduit à rester seul dans la chambre d'hôtel qu'il avait réservée. Parfois encore, cet homme est habité d'un autre type d'amour, pour « le pays blanc » qu'il arpente jour et nuit, tel un aventurier forcené, la chute nous permettant de comprendre ce qu'est ce pays pour lui.

Elles nous touchent aussi lorsque dans ses nouvelles japonaises, il nous immerge si bien dans l'âme, la sensibilité et l'esthétique nippones, là encore sans fioritures inutiles, mais aussi en nous surprenant dans la plus longue nouvelle, où il convoque un moine zen dans une histoire mêlant beaux moines homosexuels, fausse geisha joueuse de shamisen, jalousie et crime, sous l'oeil du chat, fidèle compagnon. Dans ces récits, la narration est directe, efficace, car centrée sur la bulle formée par un duo amoureux, sans prise en compte de descriptions paysagères inutiles dans ce court format.

Roger Raynal possède une plume qu'on rêverait d'avoir, confinant à la poésie. Il peut être inspirant pour qui aimerait se lancer dans l'écriture avec ce pur délice de lecture, à lire d'une traite comme une parenthèse intemporelle dans le monde de l'Amour.

Un grand merci à babelio et aux éditions Rémanence pour cette belle découverte à l'occasion de l'opération "masse critique".
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« Komorebi » est un recueil de sept nouvelles de longueur variée (de 4 à 40 pages), inspirées de la littérature japonaise classique. le titre signifie « lumière filtrant à travers les feuilles des arbres ». Il reflète parfaitement l'atmosphère du livre : le Sentiment y est le plus souvent évoqué à sa naissance, à ses débuts timides, ou cachés, voire avortés, par un personnage qui n'ose pas, qui n'arrive pas à « dire », ou ne peut pas. Les ambiances sont donc tout en délicatesse, en nuances, mais baignées d'une douce et belle sensualité dans l'ensemble du recueil. La Nature a une place de tout premier ordre, elle est presque le premier personnage de ces histoires. Ce sont des nouvelles « d'atmosphère », des ilots de beauté, véritable "chant du monde" comme le dirait Giono, ce qui n'empêche pas une solide construction narrative pour les plus longues.
L'unité du recueil se fait autour du Japon, entre Nature et Sentiment, mais surtout autour d'une vision assez fataliste du sentiment amoureux, dans l'évocation d'une première fois, entre songe et émerveillement, qui mène souvent à l'échec, ou à la mort annoncée, par le manque d'audace ou l'absence de réciprocité.
Ma nouvelle préférée est la plus longue : « La joueuse de shamisen ». Je la recommande pour toutes les raisons déjà dites, et pour la présence d'un chat dont les attitudes ou « visages » donnent lieu à des phrases à retenir…
Ce recueil n'est pas forcément réservé aux amoureux du Japon, de ses traditions, ses mystères, ses paysages, et tous ces petits détails typiques connus parfaitement par l'auteur, spécialiste émérite. Je n'ai moi-même aucune attirance pour ce pays. Cependant le livre m'a plu, par ses ambiances bien traduites, par une évocation nuancée, profonde, précise et poétique de la Nature qui enveloppe et par l'introspection de certains personnages sur leurs propres émotions amoureuses. Que ceux qui redouteraient une langue trop riche, trop « littéraire » se rassurent… Je n'ai levé les yeux au ciel qu'une ou deux fois sur l'usage d'un mot trop savant…
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« J'entrevois déjà la fin, et déjà je suis dans l'après, dans la prochaine expédition. Je ne sais pas où j'irai, mais je repartirai, maintenant que le dénouement est proche. Voici, la traversée touche à sa fin, et pourtant j'hésite, je m'arrête, et j'ose me retourner pour contempler le chemin parcouru »

Komorebi, Roger Raynal aux Editions de la Rémanence

💰 4,99€ en numérique et 12€ en broché
📖 132 Pages

Thèmes abordés : le Japon, les sentiments amoureux, l'adversité, l'introspection

Au sein de ce recueil, nous avons un groupement de 7 textes inspirés de la littérature Japonaise déclinants les possibilités des sentiments amoureux : Lettre à l'absente, le doigt, Première étreinte, La joueuse de shamisen, L'hôtel Normandie, Sous les hautes herbes, le pays blanc.

J'ai adoré cette plume légère, délicate et enivrante qu'a l'auteur. On découvre une grande partie des textes prenant naissance au début de ces instants langoureux. J'ai été comme aspiré dans son oeuvre, et j'y suis encore au moment où j'écris. C'est dommage qu'il soit aussi court.

Ma nouvelle préférée est sans aucun doute « le pays blanc » qui décrit parfaitement l'attachement avec le thème abordé dans cette partie-là : je ne vais pas spoiler, je vous invite à la lire ❤

On nous parle des Kamis à un moment, comme dans le roman de J.L.sivert que j'avais adoré dernièrement. Je pense me renseigner un peu plus sur eux désormais car ils m'intriguent.

D'ailleurs j'ai pu remarquer que l'auteur a écrit un autre ouvrage chez le même éditeur : « Et il neigeait sur le Japon », racontant les plus beaux instants de Roger et Sakoto qui se découvrent et s'aiment malgré les différences sociales et culturelles entre-eux.
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Je ne sais pas quoi dire ,tant je suis encore dans cette lecture.Je viens de lire le dernier récit et c'est de loin celui que j'ai préféré :Le pays blanc.
C'est un merveilleux voyage que nous offre Roger Raynal,au travers ces sept récits, ayant pour centre l'amour .Regrets et désespoir, parfois,amours interdites allant jusqu'à l'irréparable (La joueuse de Shamisen).Amours impossible où ......mais je ne peux tout dévoiler .Ce fut une lecture empreinte de sérénité ,lecture de contemplation ,un survol, , le dernier texte est tout en métaphore : SUBLIME.Je ne peux que conseiller ce magnifique roman pour les amoureux de la poésie et du Japon bien sûr. ⭐⭐⭐⭐⭐
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Quelle belle lecture !
Quelle plume magnifique, tour à tour poétique, sensuelle, introspective, contemplative, tragique, triste...

Je suis vraiment tombée sous le charme du style de l'auteur et de son recueil de nouvelles.
Je l'ai lu, telle une bouffée d'oxygène.
J'ai été bercée par ses mots.

Ce sont donc des nouvelles empreintes d'une ambiance japonaise (pour la grande majorité).
Elles nous racontent essentiellement l'amour, dans ce qu'il a de plus beau et surprenant, mais également dans ses doutes, ses échecs, ses sentiments passionnels, ses drames.

Je vous souhaite de vivre un aussi beau moment de lecture.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
D'habitude, lorsqu'une femme me faisait connaître son désir, je me jetais sur elle, mais là, j'étais comme paralysé, embarrassé de respect, et je la laissai faire. Nous étions, de tous côtés, environnés par la brume d'automne. « Vos mains sont froides et rugueuses », me dit-elle, « je vais les amollir ». Et lentement, elle porta chacun de mes doigts à sa bouche, les embrassant avec un art si maîtrisé que je crus défaillir. Pour me ramener à moi, à elle, elle me mordit, de ses fines dents, le bout de l'index, jusqu'au sang. La brève douleur réveilla ma conscience, et je basculai sur elle. Elle se dégagea comme un animal souple et fauve et ôta son dernier vêtement alors que je me séparais des miens. Dans cette clarté entrecoupée de brume, de sa peau nue semblait sourdre une lumière laiteuse, quasi lunaire, et je me fondis, comme la luciole soumise à une fatale attraction, dans cette lueur vaporeuse.
Je ne saurais vous dire combien de temps dura cette union. Je sortis de mon corps, cette nuit-là, à plusieurs reprises, et il me sembla que mon esprit errait dans les brumes, courant à la surface des eaux huileuses à la recherche de mon corps uni au sien. J'entendais, je participais des mille volontés de la vie autour de nous. J'étais ce poisson à l'affût dans la vase, et ce ver qui rongeait le roseau, et ce hibou qui cherchait sa pitance, et cette souris, encore, qu'il terrorisait, blottie entre les herbes...J'étais tout cela, et tout cela était en moi. J'eus l'illusion de voir Itako, loin au-dessous de moi, cernée de lacs et de rivières, et le grand rivage qui marque l'océan. Loin, très loin au-dessous de nous. Puis, je chutais, je revenais dans ma barque, avant de reprendre de la hauteur, dans un va-et-vient qui semblait appartenir à une autre réalité. Je vis, dans ce rêve partagé, disparaître la ville sous les nuées et, vers le sud, je crus même discerner les neiges du Fuji, scintillantes sous le manteau céleste gavé d'étoiles qui m'accueillaient en leur sein. Et toujours cette odeur lourde, suave, presque sucrée, cet au-delà du désir et du plaisir qui me portait, abandonné, sans volonté, comme nous porte le temps sur les flots tempétueux de notre destinée. J'avais dépassé le stade des sensations, j'étais apaisé, libéré de toute nécessité, je tutoyais les dieux...et j'ouvris les yeux alors que ma déesse refermait, d'un mouvement fort et exquis, les pans de son dernier vêtement.
J'étais étendu, nu, faible et trempé, comme pour une seconde naissance, sur le rude plancher de ma barque. « Nous pouvons, à présent, terminer notre course ».

Extrait de "Le doigt"
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Je revois les brisures de soleil filtrant à travers l'arbre et courant sur ta peau, et ton pas si léger que l'herbe ne semblait y céder qu'à regret. Trop d'attente déjà, trop d'espérances éteintes, et le désir pourtant de connaître l'étreinte. T'en souviens-tu ? Et les fruits rouges éclatant dans nos bouches, le sucre tachant nos lèvres, cette lumière végétale, ton regard qui scintille, l'envie de mordre un autre fruit, une autre chair sucrée sous sa surface luisante.
Nos paroles ne disaient rien, proximité des coeurs, pudeur des sentiments. Nos gestes parlaient-ils ? J'ai oublié, j'en ai peur, les causes et les conséquences, mais tu montas dans l'arbre, et pour t'aider, je connus la douceur de ta peau. Cela, je m'en souviens. Glissement au ralenti d'épidermes en connivence, tes jambes au-dessus de moi pour taquiner les fruits, et mes yeux qui hésitent. Cela, c'était avant, mais y eut-il un après ?

Extrait de "Lettre à l'absente"
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Ce n'est pas ma première expédition dans le pays blanc. Cela commence toujours par de brèves incursions, de fausses aventures en terrain balisé, sur de courtes distances. Une exploration sous conditions et sous surveillance, d'où le risque est absent. On peut à la rigueur se perdre, mais pas s'y perdre, et encore moins s'y abîmer. Pourtant, ce pays est dangereux. Certains de ses plus grands explorateurs y ont laissé la vie ; dévorés, abattus, parfois si marqués par ce qu'ils y ont découvert qu'après leur périple ils ont mis, d'eux-mêmes, un terme à leur existence. Il y a de la folie dans cette vision de la vie qui nous pousse à accomplir, malgré les risques, ce voyage. Le plus grand de ces risques, le plus contagieux aussi, c'est l'ennui. Il peut vous saisir à n'importe quel moment, vous stopper dans votre élan, vous pétrifier pour longtemps, statue de sel soudain indiscernable dans ce pays blanc, coupable d'avoir voulu se retourner sur ses traces plutôt que d'avancer. Il faut continuer, malgré tout. Je n'ai d'autres repères que mes propres traces, mais si elles peuvent me dire d'où je viens, elles ne me sont d'aucun secours pour m'indiquer la direction à prendre. Je dois me fier à mon inconstante boussole intérieure. A chaque pas je construis mon histoire, c'est la seule chose que j'apporte dans cette immensité.

Extrait de "Le pays blanc"
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Des nuages venus du Nord crevèrent,et,à l'abri de la véranda, je regardai toutes choses au travers du voile de la pluie,du fin rideau de l'existence.Mon ami félin était assis près de moi,et ma main caressait son échine douce et souple.Il suivait d'un œil curieux les gouttes qui se détachaient une à une du toit.Une goutte reflète le monde qui l'entoure.J'étais la goutte,et le monde se reflétait en moi.J'entrevoyais chacun de ses points,chacune de ses lumières. J'étais envahi d'une grande paix,une sérénité liquide.Sous mes caresses prenait naissance la douce et féline mélopée marquant le bonheur d'un instant,et je ressentais presque physiquement peser sur moi le regard de mon petit compagnon,ce regard doré qui renfermant dans son orbe le reflet chatoyant de notre monde sensible.( Page 73).
Extrait du récit : La joueuse de Shamisen.
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Des nuages venus du nord crevèrent, et, à l'abri de la véranda, je regardai toutes choses au travers du voile de la pluie, du fin rideau de l'existence. Mon ami félin était assis près de moi, et ma main caressait son échine douce et souple. Il suivait d'un oeil curieux les gouttes qui se détachaient une à une du toit. Une goutte reflète le monde qui l'entoure. J'étais la goutte, et le monde se reflétait en moi. J'entrevoyais chacun de ses points, chacune de ses lumières. J'étais envahi d'une grande paix, une sérénité liquide. Sous mes caresses prenait naissance la douce et féline mélopée marquant le bonheur d'un instant, et je ressentais presque physiquement peser sur moi le regard de mon petit compagnon, ce regard doré qui refermait dans son orbe le reflet chatoyant de notre monde sensible.

Extrait de "La joueuse de shamisen"
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