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EAN : 9782809714135
96 pages
Editions Philippe Picquier (07/03/2019)
4/5   47 notes
Résumé :
Dans une petite ville du Nord du Japon, située au bord de l'océan Pacifique, un homme parcourt son pays natal comme une grande demeure désertée après la catastrophe de Fukushima. Il y revient pour prendre soin de sa mère et parcourt les rues abandonnées et les jardins vides, les poches remplies de nourriture pour les chats et les chiens. Comme un promeneur solitaire à la recherche de souvenirs éparpillés autour d'un amour d'enfance qui a maintenant le goût de de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Un homme déambule dans une petite ville fantôme du Nord du Japon, au bord de l'Ocean Pacifique. L'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima située à proximité a tout dévasté. Lui, il y est resté, pour sa mère invalide, avec quelques chiens et chats abandonnés par les ex- habitants pendant la fuite. de drôles de personnages masqués, emberlificotés dans des vêtements de protection y circulent, comme la femme de l'équipe de secours aux animaux.
Un roman qui respire l'étrange, le surréel, pourtant c'est la réalité. Une réalité que cet homme Yoshida, totalement déboussolé, peine à réaliser. Dans un paysage désolé, son passé, ses souvenirs flottent dans le cosmos, il ne sait plus lui-même où il se trouve. Se rendant dans la ville voisine pour acheter de quoi survivre , le simple fait de pouvoir faire un achat le rassure, nourrir les chiens abandonnés lui donne de façon palpable la sensation qu'il est intégré au monde. 
Terrible n'est-ce-pas ? Une réalité qui pourrait être aussi la nôtre du jour au lendemain, avec tout ces centrales nucléaires éparpillées un peu partout dans le monde. L'auteur le renforce ici avec une métaphore de paon, un secret au coeur du livre.
Même avec un sujet sordide, un livre plein de grâce , de délicatesse et de sensibilité, tout ce que j'aime dans un roman japonais. Encore un livre pioché chez une amie babeliote, merci Pamplemousse.

“L'énergie atomique,....... On prône les progrès de la technique, et on a beau en connaître les dangers, on continue, sous prétexte de développer l'économie ou je ne sais quoi, on multiplie les risques, tant et si bien qu'à force tout finit par exploser....
Welcome to the Hotel California....
You can check out any time you like,
But you can never leave! “
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Izumi Shiga est né à Minamisôma, une ville proche de Fukushima. Depuis la double catastrophe du tsunami et de l'explosion de la centrale nucléaire, il écrit sur cette déchirure. J'ai trouvé beaucoup d'intérêt dans le court roman qu'il nous livre ici, 120 pages de gros caractères. Nous sommes deux semaines après l'accident, et l'histoire se déroulera sur les quelques semaines suivantes. Le narrateur, Yôhei, est l'un des rares habitants errant encore à Okuma, ville d'implantation du réacteur n°1 de la centrale qui a explosé. Il revient prendre soin de sa vieille mère, qui tenait dans sa maison un salon de coiffure. Sa conscience s'éteint doucement, elle ne s'est pas rendue compte du drame qui a ravagé tout le paysage alentour. Yôhei revient aussi sur les lieux de ses premiers émois amoureux et d'un autre drame, personnel celui-ci : la maison, abandonnée, de la famille de son amoureuse d'enfance, Misuzu. Dans la cour, dans une cage, un pauvre chien est abandonné à son triste sort. Il va le nourrir…mais son souvenir, entêtant, ressurgit : d'abord avec éclat, cette cage était à l'époque occupée par un paon. L'animal mythique finira bien par faire la roue tant désirée, mais il prendra son envol. En voulant le rattraper, Misuzu se fera renverser par une voiture et perdra la vie, sous les yeux de Yôhei. La mère de Yôhei saura, mais ne dira jamais rien, la famille de Misuzu ne saura rien de la responsabilité de Yôhei, qui avait involontairement laissé s'échapper le paon.
Yôhei va arpenter les alentours, ressentir la dévastation du paysage extérieur, ces bateaux, voitures amoncelés pêle-mêle dans les terres largement inondées, les infrastructures, ponts, pylônes électriques, routes, détruites, et les marais souillés, là où il allait jadis attraper des grenouilles pour nourrir le paon de Misuzu, et l'inciter à faire la roue…dévastation de son paysage intérieur aussi, quand cette déploration s'accompagne d'un terrible sentiment de perte, et de culpabilité individuelle, mais aussi collective. Il lui vient à l'esprit que cette image du paon, animal quasi-divin dans son imaginaire d'enfance, s'échappant de ses mains pour entraîner le drame de la mort de Misuzu, c'est aussi la divine énergie nucléaire, trop encensée comme miraculeuse, et que l'homme n'a pas su dompter, entraînant cette terrible issue.
Mais la vie, et l'espoir, vont pointer leur nez au milieu du désastre, lorsqu'il rencontre Reiko, membre d'une association qui nourrit les chats abandonnés. Ils vont se parler, se rapprocher, avec pudeur. Reiko divorcée et ayant elle-même perdu sa mère, prendra la main de la mère de Yôhei quelques jours avant qu'elle ne décède. Pleine de regrets de ne pas avoir honoré dignement le deuil de sa propre mère, elle aidera Yôhei aux opérations d'incinération de sa mère.
Ce livre paru en 2017 au Japon est un très beau livre, à l'esprit bien japonais : le coeur est pudique, solitaire, sobre, simple. L'émotion est là, mais pas trop, la mort est dans l'ordre des choses, elle est peut-être une libération. L'impermanence des choses est encore de mise, la roue, et pas celle du paon, tourne. Au malheur peut succéder un espoir de renaissance…à condition, sans doute, que l'homme soit plus modeste par rapport à la nature, et à l'étendue de ses pouvoirs. Les deux héros se frôlent à peine, les sentiments naissent mais sont tout en retenue, ces deux âmes solitaires semblent bien s'être trouvées, mais l'auteur n'en fait pas trop. C'est un livre avant tout sur la culpabilité, et la rédemption, qui passe aussi par le respect pour ses anciens, ses parents, le cérémonial autour de la mort et le salut des âmes, humaines, mais aussi animales, les animaux étant particulièrement à l'honneur dans cet ouvrage.

Cette lecture a été une heureuse surprise, comparé aux productions souvent de qualité médiocre à mon goût des derniers prix Akutagawa. J'ai trouvé une réelle épaisseur dans ce roman, alliant un ton juste, une poésie et un message intelligent. Peut-être tient-on là un grand écrivain japonais en devenir ?
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Un homme parcourt chaque jour les rues de sa ville abandonnée après la catastrophe de Fukushima.
Tous les habitants ont été évacués, lui, il est resté pour s'occuper de sa mère infirme. Ses déambulations nous entraînent à la fois dans les tours et détours de cette ville déserte, mais aussi dans ses souvenirs, ceux qui émergent à la vue d'une maison, d'une porte, d'une volière…
Ce très court roman est poétique et hypnotique, tout comme le personnage principal, nous marchons au hasard, nous profitons du calme, de ce moment silencieux comme d'un temps de recueillement, de deuil, mais c'est aussi une pause avant la suite, un avenir incertain mais pas forcément vain.
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C'était une petite ville paisible, baignée par l'océan pacifique, au nord du Japon, tout près de Fukushima. Yôhei l'avait quittée pour vivre et travailler à Tokyo mais depuis deux ans il était revenu sur ses terres natales pour prendre soin de sa mère malade. Il servait dans un bar avec le projet de se faire embaucher par la centrale nucléaire, une fois sa mère décédée.
Et puis...la terre a tremblé, le tsunami a déferlé, le réacteur numéro un de la centrale a explosé. Depuis Yôhei est seul dans sa ville. Il a bien essayé de fuir lui aussi, mais cela aurait condamné sa mère à mort. Alors il est resté. Seul avec les chats et les chiens errants abandonnés par leurs propriétaires, seul avec ses souvenirs. La visite d'une maison désertée par ses occupants réveille en lui un secret enfoui depuis trente ans. Dans le jardin, une volière, dans la volière, un chien affamé et Yôhei se revoit enfant devant la même volière et le magnifique paon qui y vivait, devant la même maison et la jolie fille qui y vivait...

Roman du drame, de la survie, de la solitude, de la nostalgie, Quand le ciel pleut d'indifférence est aussi, malgré les évènements, malgré la dévastation, le roman de l'espoir. Alors que tout est détruit alentour, que le paysage n'est plus le même, que s'accumule les vestiges d'un monde qui n'existe plus, les narcisses fleurissent de plus belle, les chevaux s'ébattent en liberté, les oiseaux pépient. Alors qu'il n'y a plus âme qui vive dans la ville, une femme arpente les rues à la recherche des chats abandonnés qu'elle s'est donné pour mission de sauver. Pour l'homme seul, c'est une rencontre, l'esquisse d'un rapprochement, la promesse d'un avenir.
Beaucoup de délicatesse, de sensibilité et d'émotions dans ce roman post-Fukushima qui évoque la catastrophe sans colère mais dénonce tout de même la présomption et l'inconscience des hommes qui ont cru pouvoir dompter la nature et maîtriser le nucléaire et n'ont récolté que la désolation et la destruction.
Un livre sur la vie, sur la mort, sur l'impermanence des choses.
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Un paysage de désolation, partout des maisons en ruine, des gravas à perte de vue et un silence oppressant. Les habitants apparemment ont tous déserté.
Nous sommes dans une "petite ville du nord du Japon, située au bord de l'océan Pacifique. Elle a été déclarée zone sinistrée devant être évacuée" car elle se trouve à l'intérieur d'un périmètre de vingt kilomètres autour de la centrale nucléaire de Fukushima, dont le réacteur numéro 1 a explosé. " le monde entier en a été bouleversé et douze ans plus tard en frémit encore.

Un homme pourtant, Yôhei Yoshida, la quarantaine, célibataire, a refusé de quitter sa ville natale pour veiller sur sa mère en fin de vie. Il erre en solitaire dans ce décor post-apocalyptique se remémorant ses souvenirs d'enfance et tentant de faire le point sur lui-même. Ses pas l'entrainent devant la villa de sa jeune amie Misuzu Yasaka. Dans l'ancienne volière abandonnée, il découvre, comme prisonnier, un chien maigre et affamé.
Mais en même temps, telle une vision fugitive, il lui revient l'image du paon majestueux de la famille Yasaka, cet "oiseau divin" qui le fascinait et qu'il nourrissait, à la demande de Misuzu, de grenouilles pêchées dans les marais voisins. Un souvenir désagréable ? Un épisode dramatique voire un secret de famille longtemps caché ?
Dans ces rues désertes, toutefois, Yohei croise une jeune femme, Reiko en mission pour l'association L'Arche de Noé des Chats. Elle aussi parcourt la ville, chargée de récupérer les félins en détresse, mais pas les chiens...
Ces deux êtres solitaires et meurtris vont lentement nouer le dialogue et s'entraider. Comment reprendre goût à l'existence alors que tout s'est écroulé et que le traumatisme ne s'effacera jamais.

Ce roman, que j'ai beaucoup aimé, est court mais poignant. Un décor de désolation, une atmosphère sombre et pesante et au milieu des survivants contraints de s'exiler, des individus qui laissent éclater leur désespoir ou leur colère. On sent que l'auteur, originaire lui-aussi de la région de Fukushima, a été bouleversé par la catastrophe et n'a pu contenir sa tristesse voire un certain ressentiment vis à vis du progrès technologique que les hommes ont parfois du mal à maitriser complètement. Beaucoup de sensibilité et de douceur malgré tout dans son récit, et peut-être même une lueur d'espoir. En tout cas un très beau roman dont je conseille la lecture.

#Challenge Riquiqui 2024
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Cet été-là, je l'avais passé à ruisseler de sueur sous un soleil de plomb, écartant les herbes et les feuilles dans les rigoles des rizières ou les ruisseaux, à la recherche de grenouilles. A bout de souffle, je m'arrêtais un moment pour regarder le ciel, le vent traversait les rizières, soufflant au-dessus de ma tête dressée au milieu de la mer des épis verdoyants. Le bruit des vagues résonnait lourdement dans ma tête vide de pensées.
Si un orage me surprenait, j'allais m'abriter sous un arbre et je regardais la rizière éclairée par la lumière verdâtre des éclairs. La forêt d'un vert dense où s'enchevêtraient les feuillages bruissait sous le vent mêlé de pluie, comme un être étrange tremblant de tous ses membres verts. J'étais trempé jusqu'aux os, les grenouilles s'agitaient dans leur boîte en plastique. Je savais bien que si le tonnerre grondais, je devais m'éloigner des arbres, mais je n'avais aucun autre endroit où me réfugier. La seule chose que je pouvais faire était d'essayer de me protéger.
Les souvenirs que j'avais oubliés se bousculaient dans ma mémoire. Cependant, ils ne se recoupaient pas avec le paysage qui s'offrait à mes yeux. Ils flottaient dans le cosmos, je ne savais plus moi-même où je me trouvais. En fait de nostalgie, mon coeur se serrait jusqu'à éclater. Les larmes m'ont assailli. Il n'y avait personne pour me voir mais je me suis accroupi pour cacher mon visage en larmes, j'ai mis la main sur mes yeux. Un long moment, je suis resté à sangloter sans bruit, à cause du paysage disparu à jamais.
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Welcome to the Hotel California.*
Ce n’est qu’au collège que j’ai compris le sens des paroles. Il s’agit du destin, le destin qu’on accepte. Il est toujours possible de quitter l’hôtel, mais il est impossible de partir.

*La fameuse chanson des Eagles
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Reiko a mis le chaton dans un panier qu'elle avait apporté et elle est sortie de la maison. Le soleil du crépuscule brillait sur la ville déserte avec un éclat blanc. Après avoir posé le panier sur le siège, comme elle allait s'installer au volant, je l'ai attirée contre moi sans un mot. Elle ne m'a pas repoussé.
"Je reviendrai bientôt." Le lobe de mon oreille a senti le souffle tiède de sa voix.
Quand j'ai levé les yeux tout en respirant l'odeur de ses cheveux, un paon à la cime d'un poteau électrique, enveloppé du rouge pâle des nuages, pointait un regard perçant vers le sol, puis il a gonflé ses ailes comme s'il allait fendre l'air du soir pour venir s'y poser.
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Le chien levait le museau, cherchant à identifier le visiteur. Il hésitait, ne sachant s'il devait aboyer devant l'intrus ou agiter la queue en face de son sauveur. De toute façon, je n'avais rien sur moi à lui donner à manger. Sans nourriture, il ne devait pas y avoir grande différence entre les bons et les mauvais. J'ai regardé l'animal, d'un air de lui dire de ne rien attendre de moi. Parce que tu sais, mon vieux, moi non plus, depuis le sinistre, je ne mène pas une vie digne d'un être humain.
A-t-il lu dans mes pensées, j'ai surpris dans ses yeux une lueur de renoncement. Avançant sa tête pitoyable, il s'est traîné vers l'étang, a posé ses pattes sur la bordure en pierre et s'est penché pour boire. Il était tellement décharné que la peau de ses joues ballotait. Une corde attachée à un perchoir était passée à son collier. S'il fallait que les gens abandonnent leur animal, au moins, qu'ils lui laissent sa liberté, bon sang ! Est-ce qu'ils aimaient mieux laisser crever leur chien plutôt que d'avoir des comptes à rendre s'il se mettait à errer partout ? L'eau a dessiné des cercles autour du museau noir et le ciel qui se reflétait dans l'étang s'est déchiqueté. Il ne faisait pas de doute que l'eau était une véritable soupe d'éléments radioactifs.
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Depuis la catastrophe, je n'avais jamais emmené ma mère dehors. A présent qu'elle était morte, il était peut-être un peu tard, mais je voulais lui montrer la rue au moins une fois avant qu'elle n'aille dans l'autre monde.
Le quartier avait les couleurs de l'aurore, comme habité par une présence divine. Au-delà de la gare, le soleil venait de se lever sur la mer et une brume dorée brûlait d'une chaude lumière. Les montagnes derrière moi étaient revêtues de couleurs vives, quelques nuages roses flottaient ça et là dans le ciel. Le visage inondé par la lumière du soleil levant, ma mère m'a semblé heureuse. La tête inclinée sur sa poitrine, les yeux fermés, elle avait un visage dépouillé de tout regret, lavé de toute souffrance.
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