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EAN : 9782070124961
128 pages
Gallimard (02/04/2009)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Pour bien définir l'Énergie,
il suffit que l'on multiplie
la masse par la célérité
de la lumière, mise au carré.

On voit que la célèbre formule d'Einstein est si
concise qu'elle flotte dans des vers de mirliton, pareils
à ceux qui nous permettaient de mémoriser les théorè-
mes de la géométrie. Pour traduire en langage courant
les aphorismes souvent terriblement condensés de la
physique, mieux va... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Chants des gravitons

Nous, modestes gravitons,
Sans répit nous gigotons
Pour que ta planète évite
D’oublier qu’elle gravite
Autour de l’astre Soleil
Et qu’il demeure en éveil,
Guide et pivot de la ronde
Qu’avec tout son petit monde
(Terre, Jupiter, Vénus,
Pluton, Neptune, Uranus,
Saturne, Mars et Mercure)
À travers la nue obscure
Il mène, ainsi balançant
L’effet de cinquante, cent,
Mille, dix mille, innombrables
Autres systèmes semblables.
Cependant nous orchestrons,
Mieux que dans les synchrotrons
Occupés du minuscule,
Ce bal géant qui circule
En valsant par l’infini
Dancing. Ni le proton ni
Le gluon qui nous copie
(Sinon, le quark en charpie
Tomberait) ni l’électron
Quelque jour n’égaleront
Notre tâche en importance.
On dit que notre existence
Resterait à démontrer.
Ce sont propos d’illettré.
Tel autre, plus équivoque
Ou perfide, nous provoque :
« Qui vous meut, ô gravitons ?
— Mais vous, et vos dubitons ? »
Que ce railleur se rencogne
Sans troubler notre besogne,
Nous qui sommes le ciment
Éthéré du firmament,
le fil vibrant de la toile
Qui réunit chaque étoile
Aux autres, et les amas
entre eux, navires sans mâts
Qui vers l’inconnu font voile.

p.51-52
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Le big bang

Ce gros boum qui nous sert à présent de balise
Pour que notre univers ait un commencement,
L'Espace ni le Temps — rien ne le localise
Puisqu'il les a créés par le même firman.

Mais où donc s'est-il fait ensuite la valise
Et comment se peut-il que cet événement
Sans espace ni temps les matérialise
S'il n'en contenait pas un minime ferment ?

Qu'est-ce que ce petit noyau d'énorme masse
Qui sur soi se concentre encore et se fracasse
Faute de supporter la charge de son poids,

Et, comme un fruit, éclate et répand la semence
Des éléments pressés de tenir leurs emplois,
Quand sa fin est le sens d'un drame qui commence ?

*

À ma façon un peu rustique,
Voici comment je me l'explique :
Les mondes vont d'explosion
En explosion — c'est cyclique—
Par phases d'une expansion
Qui se ralentit puis capote :
La matière tombe en compote,
Se réduit progressivement
En un seul grumeau. L'hypocondre
N'a plus alors de sentiment
Que pour elle-même et s'effondre
Sur soi comme fait le Trou Noir
Qui dévore par désespoir
Tout ce qui se passe à sa portée.
À force de se compresser
Ainsi, la matière entêtée
Atteint un seuil où, de nouveau,
Elle éclate comme un cerveau
Sous un subit coup de génie,
Pour une autre cosmogonie
Dans un secteur de l'univers
Vide encore. Des quatre fers
Ayant fracassé le silence,
Irrésistible elle s'élance
Comme un jeune mustang.
Et bing, et bang.

p.99-100
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Un salut rapide au tachyon

Que ne suis-je un tachyon –
Ces particules qui ont
Une allure coutumière
Plus vives que la lumière ?

Si je partais un matin
De Rome ou Romorantin
Pour Romorantin ou Rome,
Nul besoin d’aérodrome :

J’arriverais (garanti)
Bien avant d’être parti
À mon but : quelle avancée !
Quant au jeu de la pensée,

On aurait, à peine lu
Son énoncé, résolu
Le plus délicat problème.
Enfin l’existence même,

Ses tourments et ses appeaux,
Ses déboires, quel repos :
Sans que l’on nous évacue
On l’aurait déjà vécue.

Mais où donc réside-t-il
Le tachyon si subtil
Que le savant le plus sage
N’a pas su le mettre en cage ?

A-t-il l’électricité,
Lui qui dans l’obscurité
Sans répit se dévergonde,
Couvrant à chaque seconde

Beaucoup plus que le trajet
Entre Terre et Lune ? J’ai
Le fort soupçon qu’il détale
Mû par une loi fatale

L’obligeant à battre encor
Et de nouveau ce record
Qui jamais ne l’exténue.
Une lumière inconnue

Brille-t-elle tout au bout
De son galop ? – un tabou
(Le grand Albert dans sa tombe
En frémirait) alors tombe,

Tout s’en trouve culbuté
Dans la relativité;
Le tachyon va trop vite
Pour ce monde qui gravite.

Cependant nous ballottons
Parmi d’indolents photons
Et nos jours en caravane,
Au soleil qui se pavane,

Repartant chaque matin
Pour Rome ou Romorantin
À l’allure coutumière
Dont nous berce la lumière.

Ses sources peuvent tarir :
Toujours elle caracole
Mais découvre à notre école
Que rien ne sert de courir.

p.42-43-44
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L'ÉQUATION DU POÈTE

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Évoquant le « là-bas » rêvé de Baudelaire
Je rêve qu'ici même il a réalité
Et que peut-être au fond tout n'est que volupté
Indifférente à mes douleurs, à ma colère,

Depuis le grouillement du champ corpusculaire
Jusqu'à la valse lente où, par la gravité,
Tout danse, en un même temps attrait et rebuté,
Comme notre planète avec l'astre solaire.

Ce que je lâche tombe et jouit de chuter ;
L'expansif Univers, qui fuit de tout côté,
Ne s'y complaît que si toujours il accélère,

Comme s'il aspirait à la félicité
(ce que pas une loi physique ne tolère)
De battre sur le plan de la vélocité
La lumière.

p.53
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Les Neutrinos

Partout dans notre univers,
En long, en large, en travers,
Le Neutrino neige, neige.
Nulle part il ne s'agrège,
Toujours à déménager
Pour neiger, neiger, neiger,
Infiltrant par myriades
Andromène, les Hyades,
L'air, le feu, l'eau, le moellon.
Des kilomètres de plomb
Lui sont une promenade
Et sa paisible tornade
Tourbillonne jour et nuit.
Sans poids, sans souffle, sans bruit,
Sans fin il va, comme on flâne,
Dans mes veines, sous mon crâne.
Subreptice et volatil,
D'où vient-il et que fait-il ?
Il se borne à redescendre
Comme s'il était la cendre
Que le Bang inaugural
Laissa dans le vide astral.
Loin de cette incandescence
On le croit tout innocence.
Mais c'est une lourde erreur :
Il peut semer la terreur.
Car s'il avait une masse
(C'est un point qui nous tracasse)
Et qu'elle fût environ
Le dixième du millième
De celle de l'électron,
Le doux neutrinos bohême,
À force de saupoudrer
L'univers (et ce poème)
Le ferait s'effondrer.

p.105-106

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Videos de Jacques Réda (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Réda
Jacques Réda Quel avenir pour la cavalerie ?
Rencontre animée par Alexandre Prieux
La poésie serait-elle une guerre ? le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français, aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel. du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie ? constitue la « Lettre à un jeune poète » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.

À lire – Jacques Réda, Quel avenir pour la cavalerie ? – Une histoire naturelle du vers français, Buchet/Chastel, 2019.
Le jeudi 28 novembre 2019 à 19h
+ Lire la suite
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