Ouvrage a peu près inconnu, son auteur étant mort jeune pendant la première guerre mondiale, il a refait surface dans les années 1950, quand une proche de
Paul Drouot,
Paule Régnier, l'a remis à l'honneur. Ce livre, inachevé, a été totalement retravaillé dans sa structure par
Paule Régnier ; il se présente comme une suite de réflexions, qui sont presque des maximes, sur une séparation, qui semble se confirmer au fil des lignes. On y trouve des pensées d'une finesse extraordinaire sur l'amour et la souffrance. La séparation, la femme perdue, est un thème qui ne finira jamais d'épuiser sa richesse. La Grande Guerre nous aura privé de bien des grands... Pour vous donner une idée, ce livre m'a fait penser à deux de mes lectures :
le petit ouvrage inachevé, de
Léautaud, qui, s'il s'appuie sur des faits plus précis, est moins sérieux, s'articule autour d'une véritable réflexion sur l'amour et le désir, et L'Homme qui a découvert son 'Moi' de
Pierre Corrard, un autre poilu dont la Guerre nous aura privés, et qui est construit presque de la même manière qu'
Eurydice deux fois perdue, avec un peu moins de talent peut-être. Ce deuxième parallélisme est poussé assez loin, car l'essentiel de la réflexion de Corrard se concentre sur la souffrance, ce qui est également le cas de l'ouvrage de Drouot. Cette belle découverte m'a donné envie de me mettre à la lecture du Journal de
Paule Régnier.