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EAN : 9782070315031
160 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.75/5   110 notes
Résumé :
L'Ardenne, ses brumes, ses forêts, sa lenteur.
Les cités endormies dans les boucles de la Meuse s'enfoncent dans le temps, entre mystères et légendes. C'est dans une de ces villes, Feil, que le narrateur, fils de putain, grand amateur de Baudelaire et de Nerval, va tenter d'oublier Paule, qui vient de mourir dans la splendeur de ses trente ans.
En 1999, Philippe Claudel, avec ce premier roman, fait son entrée remarquée en littérature.
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un livre immense par le chagrin et la peine qu'il raconte.
C'est un homme, auquel la mort de l'être aimé a fait un grand trou.
L'autre est partie, n'est plus là, et l'homme s'en va lécher ses plaies dans une ville qu'il ne connaît pas et où l'on ne le connaît pas.
Malgré tout, il faut continuer de vivre, marcher sans Paule, oser vivre sans l'être avec lequel on était en fusion.
C'est tout l'art, déjà dans ce premier livre, de Philippe Claudel: faire partager et ressentir ce passage, cette transition, cette possible guérison d'un homme brisé par le deuil.
Parce que à Feil, sur la Meuse et dans ces Ardennes chantées par Dhôtel (André), on ne jugera pas l'étranger! L'étranger va doucement s'installer, le temps que l'oubli arrive. Pas tout-à-fait l'oubli, mais l'acceptation d'un deuil qui remplit et obsède. Les gens de Feil, avec leur vie, leurs cabossages et leurs peine vont aider l'étranger.
Meuse l'oubli ne surprend pas, mais raconte avec justesse et beauté, interroge le lecteur sur la perte, les rencontres, les choses qui aident à fermer un chapitre de vie.
C'est un beau livre.
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L'histoire triste et lancinante d'un deuil qui anéantit un homme.
Paule est morte et son amant ne s'en remet pas.
Il traîne son chagrin, voit Paule partout et décide de partir, quelque part où l'absence sera moins cruelle. Son errance le mène à Feil, sur les bords de Meuse où il tentera d'endiguer sa peine.
Un peu déroutée au début, je me suis vite laissée emporter dans ce bel amour, au côté de cet homme qui a encore mal à son enfance et est déchiré par la mort de son aimée.
C'est poétique et triste, c'est beau.
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A priori, ce livre n'était pas dans ma programmation vouée à la rentrée littéraire 2023.
J'ai lu les trois premières pages comme je le fais parfois d'un livre rentré d'une boîte à livres. J'ai su tout de suite que Philippe Claudel m'avait “chopé” et j'ai partagé l'incipit en citation.
Qu'est-ce qu'un écart de 158 pages de sa PAL ? quatre heures, non plus, car je me suis plu à relire quelques magnifiques passages.

Le narrateur a perdu son amoureuse.
Il quitte sa ville pour faire son deuil en s'isolant dans une commune : Fiel, qui ressemble à Fumay, pour ceux qui connaissent là où la Meuse s'enroule dans la roche des Ardennes. Voilà c'est tout pour le pitch !

Le deuil d'un amour pour sujet, rien d'original à priori, mais le traitement qu'en fait l'auteur est sublime par sa prose poétique et sa façon de lier son chagrin aux boucles de la Meuse car “on ne peut toujours vivre avec les morts”.
La délicatesse de l'écriture confine au lyrisme pour parler du retour à la vie dans une région profonde et grise.
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Quelle tristesse se dégage de ces pages.
Mais aussi, quelle poésie.
Que faire lors d'un deuil impossible à supporter ?
Le narrateur a choisi la fuite, passant de la Belgique, où sont tous ses souvenirs de Paule, aux Ardennes françaises, ce beau pays boisé. L'ambiance feutrée des sous-bois, la Meuse, si calme, les habitants, si accueillants et pas intrusifs, vont-ils l'aider dans son travail de deuil ?
Tout ceci nous est conté avec tout le talent que l'on connaît à l'auteur.
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(p.13)
N'en déplaise à Baudelaire, dont je garderais toutefois dans mes naufrages l'oeuvre impeccable - au moins, pour écrire vrai, quelques pièces -, la Belgique est le dernier songe d'une Europe affadie.

Le narrateur fuit les lieux où il fut heureux, et va s'installer pour quelque temps dans le village de Feil.

Feil, petit bourgade des Ardennes, dominant la Meuse,
- site panoramique de "La Roche aux Larmes"
(spécialité, le boudin à l'oignon).

Il va s'y arrêter, y séjourner,
" Je promène dans Feil l'ombre de Paule et mes regrets".

Philippe Claudel évoque avec pudeur la souffrance après la perte d'un être cher, le chemin vers l'acceptation.

Quelle belle écriture !

Les mots sont caresse et tissés de la beauté nostalgique des souvenirs, dans une atmosphère brumeuse, qui s'écoule doucement au fil de l'eau, de cette Meuse qu'il magnifie.

Ode à son amour perdu à jamais !

"Il reconnaît ces yeux que souffrir a fait mauves !"(Aragon)
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Enfant, je comptais les péniches, évaluais les tonnages, devinais l'état de la cargaison, sa nature, et dans mon alchimie de sept ans le charbon de Pologne fondait sous l'or du rêve. Parfois, les vents s'engouffraient en farce dans le linge qu'une femme en sarrau avait tendu entre deux gabrilles : les chemises vivaient d'un gros corps de baudruche, les pantalons se bourraient de cuisses transparentes. Claquements, bannières communes, étendards de coton... Je voyais des vies d'hommes et de femmes qui me paraissaient douces de tendresse, et des garçons de mon âge que l'on choyait comme des agneaux. Dans le mai des fleurs de pommier, une paire de bas miraculeux rejoignait quelques fils de la Vierge perdus dans ces campagnes. Je mâchais les tiges d'une herbe qui pour moi avait goût de cannelle. J'espérais des bonheurs. La beauté du paysage augmentait ma tristesse.
C'était au temps où Paule n'existait pas.
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Dans ses yeux qui ne m'avaient pas toujours vu, il y eut mon autre enfance. Elle m'apprit ce qu'une femme peut donner quand elle installe en l'homme le brillant de sa vie et la venue de sa joie. Tout se calmait sous ses mains. Lorsque j'étais en elle, dans sa tiédeur, il y avait comme autour de nous l'écroulement des mondes, et de grands incendies sous l'arche d'or, et des armadas en flamme qui sombraient vers l'épaule d'Orion en précipitant tous leurs navires de soie dans des combats de neige. Je ne peux dire autrement le plaisir.
Paule baisait avec la douceur des saintes, comme la Vierge Marie l'avait sans doute fait sur le foin blond des granges de Judée. Dans leurs yeux, il y avait la bonté et dans l'amour la même fièvre, les regards qui percent l'autre jusqu'au coeur de vérité, les lèvres tendues, fermes, légèrement tremblées, le souffle, le souffle si chaud, les cuisses qui serrent les flancs, la fine sueur sur le front mouillant le cheveu, et qui l'adoucit, le rose superbe aux pommettes...
"Petit poisson...petit poisson" murmurait Paule en parlant de mon sexe, encore en elle, mais aminci, comme fondu, réduit à un comique pouce d'enfant qui se serait égaré dans une rose des vents, une île au trésor inabordée.
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L'eau finit toujours par rendre ce qu'on lui donne, le lendemain, ou des années plus tard. Vous verrez, voilà le vrai problème. Tandis que la terre, c'est pas pareil, on peut avoir confiance, elle garde tout pour elle!
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Parfois, les vents s'engouffraient en farce dans le linge qu'une femme en sarrau avait tendu entre deux gabrilles : les chemises vivaient d'un gros corps de baudruche, les pantalons se bourraient de cuisses transparentes. Claquements, bannières communes, étendards de coton... Je voyais des vies d'hommes et de femmes qui me paraissaient douces de tendresse, et des garçons de mon âge que I'on choyait comme des ageaux. Dans le mai des fleurs de pommier, une paire de bas miraculeux rejoignait quelques fils de la Vierge perdus dans ces campagnes. Je mâchais les tiges d'une herbe qui pour moi avait goût de cannelle. J'espérais des bonheurs. La beauté du paysage augmentait ma tristesse.
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Voici les derniers jours de juin. Je hume de la fenêtre de ma chambre le parfum des fleurs de tilleul qu'une brève humidité venue de la Meuse avive au crépuscule, sous le vol elliptique des hannetons qui frôlent les lampadaires et festonnent la place comme une salle de mariage.
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