Allô

"Allô" est la première pièce écrite par Sylvain Renard.
Je poursuis ma découverte de ce jeune auteur, après "Haut Débit".
Je prends les choses à rebours, mais peu importe puisque je me suis aperçu que les deux pièces ont une structure identique. Si dans "Allô", comme son titre l'indique, l'élément central de la pièce est le téléphone portable, dans "Haut débit", il s'agissait de l'ordinateur. Ensuite, s'ajoute à cet objet totem une série de saynètes animées par des adolescents, autour de thèmes propres à cette tranche d'âge : les rapports amoureux, l'amitié, les conflits avec l'univers des adultes. Enfin, l'écriture, quelque peu décomposée, très proche de l'oralité, s'identifie à la parole adolescente et à la si spécifique communication téléphonique. Cette première pièce est une réussite, elle la doit à son originalité et à sa nouveauté, mais il ne faudrait pas que Sylvain Renard se contente de reproduire ces mêmes recettes, à la manière des célèbres scribouilleurs tant aimés du public, les Amélie Nothomb, Musso, Lévy, Weber et consorts. L'écriture doit rester une nécessité et non être une simple envie.

Six filles, six garçons et leurs portables. Une comédie d'une formidable vivacité, écrite comme se parlent les adolescents, comme ils se téléphonent. Amours et forfaits, copains de classe et fonctionnalités… Extraits: "Ce portable est trop cool / Bambi / Je peux faire un film avec // Une bombe / Tu la verrais // Il est mignon / Il déchire // Moi je trouve / Les garçons de ma classe / Tellement idiots // Les sentiments / Ce n'est pas que des pixels // Je t'aime" Derniers mots. L'exercice pourrait être facile, façon enfilage de propos branchés pour plaire à l'époque, mais non: par sa maîtrise remarquable de la forme théâtrale, Sylvain Renard ne tombe dans aucun des pièges que pouvait promettre pareil projet.