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3,6

sur 3317 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un très grand classique qui évoque le désamour, voire la haine, d'une mère pour son fils. Un sujet difficile, longtemps tabou puisqu'on fait l'éloge de l'amour maternel. Un livre bien écrit pour tout public, pas seulement les enfants auxquels cet ouvrage était plutôt destiné.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Une bibliothèque personnelle a une double vocation. Elle nous offre des moments de bien-être, de découvertes, de réflexion, de rêve et plus encore. Mais elle sert aussi d'appui à de nombreux échanges. C'est sympathique de faire circuler un ouvrage que l'on a aimé ou pas. C'est un lien. Prêter un livre c'est faire confiance. On en parle, on échange, on argumente et mine de rien on finit par se connaître………… mieux.

Ce livre c'est Minipatch qui me l'a prêté. Pour elle il s'agit d'une lecture conseillée par sa professeure de français ( 5ème). En d'autres termes c'est une obligation et non un choix.
Pour moi un formidable prétexte pour me replonger dans mes souvenirs d'enfance mais surtout, surtout l'occasion de vivre le temps de quelques pages au rythme de ses indignations, de ses questionnements, de ses sourires et tenter de comprendre pourquoi ces petites histoires l'ont hélas, parfois, profondément ennuyée.

On ne présente plus Poil de Carotte. Ce petit bonhomme à la chevelure rousse, coincé entre une mère tyrannique, sournoise et peu aimante, un père soumis et plutôt lâche, frère Félix qu'il juge admirable et Ernestine sa soeur hautaine et distante. Les quarante-six petites saynètes décrivent le quotidien de la famille Lepic.

Je comprends bien qu'une jeune fille d'aujourd'hui ait toutes les peines du monde à apprécier le caractère désuet de cette fin du XIXème siècle. Un temps révolu où un enfant n'avait généralement pas le droit à la parole, et encore moins à la contestation et ne remettait jamais en cause une décision parentale aussi injuste fût-elle.

Je le comprends d'autant plus que plus de cinquante ans me séparent de cette lecture que j'ai beaucoup aimée, de ces petites histoires parfois drôles, cocasses et qui souvent pourtant m'indignaient tant Poil de Carotte était brimé.
Aurais-je dû laisser ce souvenir en l'état ? Oui probablement. Aujourd'hui j'avoue. Ce n'est pas un parterre d'étoiles que j'attribue à Monsieur Jules Renard. J'ai beaucoup moins souri, je me suis beaucoup moins attendrie, moins insurgée. J'étais un peu distante. J'ai bien mieux compris ton manque d'enthousiasme Minipatch. Nous en reparlerons?
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Dérouté au premier abord par la construction de l'ouvrage qui ne semble qu'une succession de sévices, de maltraitances et d'humiliations, peu à peu se dessine une famille. Une famille comme un tout qui fonctionne parce que tous ces éléments s'imbriquent les uns dans les autres que chacun y trouve sa place. le père silencieux qui garde ses secrets (mais qui sait les divulguer de manière surprenante) , plus ou moins présent qui entend éduquer et prodiguer des conseils, la mère protectrice et envahissante et d'une rare violence psychologique qui sait tellement ce que ressentent ses enfants qu'elle choisit ce qu'ils aiment et ce qu'ils pensent, le grand frère qui partage toujours le meilleur avec lui-même et la soeur conseillère avenante et moqueuse qui prépare déjà sa vie de mère pour prendre la succession de la sienne. Et poil de Carotte le bouc émissaire, le moqué, le délaissé qui flâne sous la table au pied de sa famille, qui subit mais qui aime, qui mieux que d'accepter son sort défend sa famille en justifiant aux regards goguenards extérieurs ce qu'il doit subir pour sa peine. Tous ces éléments sont en équilibre et chacun tient sa place, personne ne veut laisser la sienne jusqu'à la révolte, un frissonnement qui pourrait annoncer le séisme, et il y a la parole du père, tout à la fin, comme une libération.

Au fils du livre, on se prend d'affection pour ce jeune garçon qui oscille entre résignation et besoin de montrer aux siens qui il est pour exister et gagner leur estime, c'est une énergie grandissante qui lui donne la force de poursuivre et de vouloir devenir.
Ce livre qui n'est pas dénué d'humour, un humour parfois gênant, qui crée une intimité dérangeante elle aussi avec le lecteur, qui s'introduit dans cette famille comme un observateur impuissant.

Un roman autobiographique qui présente un personnage résiliant qui sut traverser la haine et le mépris pour réussir à rebondir et à agripper à la vie par le besoin de la reconnaissance par les autres. de là à être heureux...
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« Poil de carotte », où Jules Renard a mis beaucoup de sa propre enfance difficile et mal aimée, est un roman a priori destiné aux enfants qui ressemble à certains égards à « Vipère au poing » d'Hervé Bazin – autre roman autobiographique de l'enfance maltraitée.

L'histoire en est bien connue : Mme Lepic, une femme méchante et sotte, torture à qui mieux mieux le dernier de ses trois enfants, petit rouquin mal aimé et souffre-douleur de la famille : François, dit « Poil de carotte ». Jules Renard construit une succession de saynètes où est mise en lumière toute la cruauté d'une mère qui se saisit de chaque micro-événement de la vie quotidienne pour assouvir sur son fils sa détestation gratuite et sa perversité.

Roman destiné aux enfants… mais pas seulement. Car si l'enfant lecteur peut rire sans trop d'arrière-pensées aux stratagèmes de défense ourdis par Poil de carotte, le lecteur adulte ne peut qu'être horrifié à la (re)lecture de cette histoire qui pose clairement la question des sévices ordinaires qui furent – et sont toujours – infligés à certains enfants dans le secret des familles, du harcèlement parental, de ses conséquences sur un esprit d'enfant qui devient peu à peu vicieux et sournois, maltraitant à son tour pour plus faible que lui… et de l'amour maternel qui, contrairement à ce que l'on a longtemps affirmé et cru, n'est pas toujours une donnée d'évidence ni une réalité.

Hélas, comme le déplore Poil de carotte, "Tout le monde ne peut pas être orphelin"...

Un livre dur que j'ai relu avec autant de plaisir que d'effroi, et un classique à découvrir – ou à redécouvrir.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge HOMMAGE A NOTRE-DAME DE PARIS]
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Poil-de-Carotte est le surnom de François Lepic, fils puîné d'une famille de petits bourgeois (ou de paysans enrichis) vivant à la campagne. Roux et couvert de tâches de son, Poil-de-Carotte est élevé "à la rude", comme on l'était au XIXème siècle dans nos campagnes. Comme un instinct de survie, il a développé le sens de la malice et la ruse que l'on prête habituellement au renard, cet autre rouquin.

Les parties de chasse et de pêche, les jeux (parfois stupides) avec son frère aîné et sa soeur, les cours en pension, les bêtises et les facéties constituent le quotidien de cet émule de Tom Sawyer. Souvent rudoyé par sa mère, protégé par son père, choyé par son parrain, Poil-de-Carotte va son bout de chemin, entre rires et larmes.

On a souvent tendance à rapprocher cette oeuvre majeure de Jules Renard du roman autobiographique d'Hervé Bazin, "Vipère au poing". Mais pour ma part, je ne leur trouve pas tant de ressemblances que cela et Mme Lepic n'incarne pas dans mon esprit une autre Folcoche, ni Poil-de-Carotte un autre Brasse-Brouillon. J'ai même trouvé pas mal de tendresse dans de nombreux chapitres (le récit se découpe en saynètes thématiques assez courtes) et si violence il y a, pour moi elle découle surtout d'un mode d'éducation complètement dépassé aujourd'hui ; et si maltraitance il y a, je la vois plutôt dirigée contre les bêtes par Poil-de-Carotte lui-même qui ne ménage ni les animaux domestiques ni les animaux sauvages. Certains passages pourront ainsi choquer les enfants d'aujourd'hui, c'est pourquoi il est vraiment important de resituer ce roman dans son contexte.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge XIXème siècle 2017
Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Poil de carotte, un surnom imagé qui pourrait prêter à sourire...Il se change en rictus lorsqu'on a lu ce livre.

Jules Renard nous présente son enfance dans une chronique amère et ironique, il se met comme Jules Vallès dans " L'enfant" à distance en utilisant la troisième personne mais je trouve que cela rend les souvenirs encore plus terribles. Par contre, cette désignation froide " Madame Lepic" ( un nom symbolique pour une femme qui ne fonctionne qu'à l'agressivité et la méchanceté !) représente bien la volonté de tenir au loin la mère, son désamour, sa cruauté.

Des scènes de la vie dans une ferme du Nivernais, au 19ème siècle, cadre de l'enfance de l'auteur, nous sont restituées très justement, dans leur rudesse et leur authenticité.Mais à chaque fois, la mère est là pour imposer sa loi injuste et ses coups à son plus jeune enfant, le souffre-douleur, alors que l'aîné, Félix, et Ernestine, la soeur, sont épargnés des corvées et des sorties dans le noir. Cette maltraitance nous prend au corps, nous indigne.Et ce qui est encore plus poignant, c'est cet amour inconditionnel, cet élan du coeur que l'enfant témoigne à un père absent, lointain, et qui ne répond pas à ses attentes affectives.

Quelle puissante résilience il aura fallu à l'auteur pour se sortir de cet enfer ! L'écriture de ce qui a été lui aura peut -être permis de se libérer en partie de ses souffrances.Mais je pense qu'on ne guérit jamais vraiment d'une enfance douloureuse. Les plaies restent ouvertes.
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Poil de carotte, enfant maltraité par sa mère, devient en apparence féroce et infernal, puisque c'est ainsi que sa mère le modèle.

Il n'est ni naïf ni gentil, car il a besoin d'armes pour sortir de ce désamour infernal, de cette humiliation quotidienne. Il se plie à toutes les injures, en pensant récolter des caresses. Mais il ne recevra que des gifles de cette femme sadique.

En pension, l'emprise de sa mère est moins forte. Cela lui donne le temps de réfléchir à leur relation et aussi de se rapprocher de son père. Souvent absent, ne venant jamais à son secours, il semble malgré tout comprendre cet enfant délaissé. Lui aussi est malheureux, mais il est lâche.

Des souvenirs d'enfance par bribes, des petites scènes de la vie quotidienne, souvent floues, autant que les souvenirs, tout cela écrit dans une écriture qui résonne de coups ou effleure avec pudeur ou ironie la douleur de cet enfant intelligent, que son enfance n'écrasera pas. Il va se révolter et ne plus avoir peur de cette femme, ne plus lui permettre de s'opposer à son bonheur.
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Poil de Carotte, le mal-aimé, jeune garçon aux cheveux roux et aux taches de son, François de son prénom de baptême, est le cadet des enfants Lepic. Est-ce son physique ingrat qui est à l'origine de sa maltraitance ? Allez savoir, ma bonne dame. Toujours est-il qu'il est le souffre-douleur attitré de sa mère, Madame Lepic au nom prédestiné, et qu'il subit les moqueries de ses frère et soeur. Quant à Monsieur Lepic, souvent absent, ce n'est pas qu'il soit indifférent au sort de son benjamin, mais il manque de courage face à sa femme. Poil de Carotte, qui a grandi sans l'amour maternel et la chaleur humaine auxquels on devrait tous avoir droit, en voit de toutes les couleurs ; quoi qu'il fasse, il sait qu'il sera puni. Face à ces brimades constantes, il se forge une carapace de résistance qui le rend peu attachant : menteur, manipulateur, provocateur même, cruel envers les animaux, mais qui ne détruit cependant pas sa sensibilité et son intelligence. Et de fait, même si l'histoire se limite à la jeunesse de Poil de Carotte, on a tout de même une vague idée de ce qu'il est devenu adulte, dans la mesure où le petit rouquin est en réalité l'alter ego de Jules Renard.
Loin de vouloir faire pleurer dans les chaumières, Jules Renard raconte ainsi son enfance, entre récit, scènes de théâtre et correspondance, sur un ton tragi-comique bourré d'ironie et d'humour cinglant. Sans développer d'analyse psychologique, il nous fait parfaitement ressentir les attitudes des uns et des autres.
Cette lecture, rapide, n'est pas des plus agréables en raison du malaise qu'on éprouve face au vécu de Poil de Carotte. Anti-conte de fées, ce classique de la littérature jeunesse peut être lu par des adultes et des « grands » enfants, mais les plus jeunes ne seraient sans doute pas à même d'en percevoir toute l'ironie et la subtilité.
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Publié en 1894, Poil de Carotte est un roman autobiographique de Jules Renard, écrit sous forme d'épisodes, de scénettes dialoguées au présent avec un narrateur extérieur (il a d'ailleurs fait l'objet d'une adaptation théâtrale de son auteur).

Je l'ai trouvé d'une violence inouïe. Violence domestique, intrafamiliale, verbale, psychologique et physique ; même le chien de la famille fera l'objet du défoulement collégial (sans parler du sort cruel réservé aux autres animaux).

Dans la famille Lepic, (qui n'a rien à voir avec les Lepic de « Fais pas ci, fais pas ça », pour ceux qui connaissent cette série télévisée) le cadet, Poil de Carotte, surnommé ainsi « en raison de ses cheveux jaunes » et de « son âme encore plus jaune » (dixit madame Lepic) est le souffre-douleur de ses deux aînés et, en tout premier lieu, de sa mère. Devenue l'archétype de la mère-marâtre, elle est cruelle, sadique, menteuse, manipulatrice, avare, mesquine et surtout malheureuse.
Si Poil de Carotte ne trouve guère de soutien auprès de son père, souvent absent pour son travail, indifférent et faible. Au fond, il est plus bête que méchant le père Lepic (sauf quand il s'en prend à son épouse et à leur domestique). Il est malheureux, lui aussi.
Donc, je disais : s'il ne trouve guère de soutien auprès de son père, il peut cependant compter sur l'affection de son parrain et c'est toujours ça de pris même si ça ne remplace pas l'amour d'une mère.

Malgré cette noirceur, j'ai progressivement apprécié cette lecture et ceci grâce au style de son auteur : oscillant en permanence entre le tragique et le comique, entre l'ironie et l'indignation, Jules Renard a su faire évoluer son personnage et nous le rendre attachant : à la fois rusé et menteur (comme sa mère, tiens, tiens), intelligent, bourré de bon sens et d'humour. Et je vous laisse vous délecter du retournement final…

En conclusion, Poil de Carotte, roman par excellence de l'enfance mal aimée, mal traitée, est digne de figurer en bonne place parmi les classiques de la littérature et je suis bien heureuse d'avoir comblé une de mes nombreuses lacunes (merci au challenge multi-défis).
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Quand j'étais petite, j'étais intriguée et dégoûtée par un extrait de livre que je voyais souvent dans les anthologies scolaires : « Les poules ». En effet, je me disais que ce gamin qu'on obligeait à aller fermer la porte du poulailler dans le noir complet devait être le plus malheureux de la Terre. Quels parents immondes !
A force de tomber toujours par hasard sur cet extrait, j'ai voulu en avoir le coeur net…et je me suis aperçue que ce livre au titre doux et fleurant l'amour, "Poil de Carotte", était dans ma bibliothèque.

Bref, j'ai lu avec application toutes ces saynètes où l'amour parental explose à chaque ligne. Et dire que Jules Renard s'est inspiré de son enfance ! Pauvre gosse !
Des mauvais traitements à la pelle, autant physiques que psychologiques : promettre un cadeau qui sera retiré à la dernière minute, faire boire le pipi quand l'enfant fait pipi au lit, fermer la porte de la chambre à clé et donc pas d'accès aux toilettes, exposer au vu de tous le long de la rue la cuvette remplie de poux venant de la chevelure de l'enfant…j'en passe, par pitié.

J'ai été mal à l'aise tout au long de ma lecture, et révoltée. Ce mode d'éducation était-il naturel en cette 2e moitié du 19e siècle ? J'en doute, sinon Jules Renard aurait omis de nous le faire savoir.
N'empêche, une infinité de romans de toutes les époques parlent de la maltraitance, parentale ou de la part d'éducateurs, instituteurs, professeurs… Cela pose question, et cela me tourmente.
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