Relire un livre qu'on a adoré à l'adolescence, c'est un peu comme regarder de vieilles photos de soi, rencontrer d'anciens camarades ou relire un ancien journal intime. C'est un peu risqué, on ne sait pas trop ce qu'on va y trouver, et pourtant il n'y a aucune raison que ça se passe mal.
Je me souviens parfaitement de ma rencontre avec Georgia Nicholson : c'était l'été, j'allais avoir 13 ans, quitter mon-collège-mes-copines-ma-région, et la semaine, pour patienter entre les cartons du weekend, je passais des journées entières à la bibliothèque municipale. C'est là que j'ai rencontré Georgie : elle avait un an de plus que moi, un caractère bien trempé, un sens de l'humour mortel et une vie désopilante. Elle m'a accompagnée dans mon nouveau collège et je l'ai suivie à travers plusieurs tomes. Presque tous ; la série s'étend sur dix tomes, j'imagine que le rythme de publication s'est laissé dépasser par ma croissance.
Quatorze ans plus tard j'espérais sourire à nouveau et retrouver quelques bouffées d'air frais fleurant bon le gloss à la cerise et le Cacharel. Mission accomplie. Une première tentative ratée (ça arrive, je n'étais pas dans les bonnes dispositions), puis une deuxième et la magie a opéré. J'ai souri, j'ai ri, j'ai retrouvé Georgia et on est clairement redevenues copines.
Le Journal de Georgia Nicholson c'est une rencontre comme je le disais - avec celui/celle qu'on était, ses parents d'autrefois, des profs ou des ami.e.s qu'on a pu avoir un jour - mais c'est aussi la rencontre du fugace (l'adolescence, les premières amours, les montagnes russes émotionnelles…) et de l'éternel. Pas étonnant d'ailleurs que ce tome 1 ressemble fortement à une réécriture moderne du très classique
Orgueil et préjugés. Quelle que soit l'époque, quel que soit l'âge, certaines choses ne changeront jamais. Au bal ou à un concert de rock, l'émoi pour Darcy ou Robbie est le même ; qu'ils nous empêchent de nous teindre en blonde ou qu'ils décident d'un bon mariage, les parents susciteront toujours autant d'amour que d'agacement. de même de la force de l'amitié, des pièges de l'ignorance ou de l'innocence, de l'importance redoutable d'un esprit éveillé et d'un humour à toute épreuve.
Rassurons néanmoins les plus sceptiques ou réticents. Réécriture de
Jane Austen oui, mais à la sauce
Helen Fielding ; c'est
Orgueil et Préjugés meets Bridget Jones. le ton est léger, le vocabulaire aussi délirant que peut l'être l'adolescence, les codes d'écriture propres au journal intime permettent une lecture fluide et dynamique et les péripéties s'enchaînent - au rythme auquel elles pouvaient s'enchaîner lors de notre propre adolescence, en fait…
Humour, tendresse et (beaucoup de) folie pour ce premier tome.
Je suis heureuse d'avoir retrouvé ma super copine (et de la trouver en aussi bonne forme !)