C'est le printemps des poètes, un bel événement auquel je n'avais pas porté attention les années précédentes. Et pourtant la beauté est si essentielle dans notre monde, la beauté se donne si librement à travers la poésie. Là où la danse demande des heures d'entrainement quotidien pour commencer à effleurer la grâce, là ou la littérature est l'oeuvre d'une vie, le poème est l'oeuvre d'un instant, un instant qui touche l'infini.
Alors j'aborde ce moment particulier avec un livre publié pour l'occasion qui donne la parole à 116 auteurs contemporains sur la question de la grâce, justement. J'y découvre des nouveaux noms, mais je n'oublie pas non plus
Julien Schricke qui aurait mérité sa place dans ce recueil.
On y trouve des noms très connus comme
Christian Bobin,
Cécile Coulon, ou
Charlélie Couture, mais la magie de cette anthologie, c'est qu'ils se glissent naturellement dans cette belle litanie (au sens noble du mot litanie, comme la "litanie des saints") sans éclipser
les autres textes. Bobin, pour moi un grand maître, inégalé, de l'instant présent, y cotoie de parfaits inconnus dans la plus grande simplicité. Il doit sourire dans son linceul en pensant que ses mots reposent humblement au milieu de centaines d'autres dans ce cénotaphe des mots si vite écrits, si vite oubliés.
J'arrête ici mon élégie,
Mes mots n'ont pas l'ampleur
De ceux d'un grand poète,
Car je leur prête trop d'importance,
Ils sont si vains à cet instant précis,
Ou je les écris,
Ou vous les lisez,
Qu'ils sont déjà oubliés!