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4,19

sur 1598 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On m'a souvent conseillé de lire Rilke
Très sensible aux enjeux et aux difficultés de la traduction, surtout dans le registre poétique, n'ayant aucune connaissance de la langue allemande, je me suis toujours abstenue…

Par contre, j'ai lu et relu Lettres à un jeune poète, un recueil de correspondances entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus, un jeune lieutenant autrichien, devenu à son tour poète, romancier, scénariste et journaliste. J'ai d'abord lu les réponses de Rilke, comme tout un chacun, et finalement découvert les missives de Kappus dans une édition plus récente qui contextualise les attentes de l'aspirant écrivain…
Je ne connais pas, cependant, les oeuvres de Kappus, qui, si je ne me trompe pas, n'ont pas été traduites en français…

Que dire qui n'ait pas déjà été dit ?
Je me bornerai à un ressenti très personnel. Voilà un recueil à mettre entre toutes les mains et, surtout, sous les yeux de toutes celles et ceux qui ont des velléités d'écriture !
Rilke n'est jamais pédant ni imbu de sa personne, même s'il n'apprécie pas particulièrement les poèmes de Kappuss qu'il évite de critiquer ou de commenter en détail… Ses conseils relèvent à la fois du bon sens et de l'honnêteté la plus sincère, et véhiculent une certaine forme d'humilité. Il ne faut jamais perdre de vue que les lettres ont été écrites entre 1902 et 1909, à un moment où Rilke ne jouissait pas encore d'une grande renommée… Ce n'est d'ailleurs pas lui, mais Kappus, qui est à l'origine de la publication des lettres.
La tonalité dominante est celle des rapports courtois et respectueux entre un maître et son disciple, un mélange de bienveillance supérieure et de profonde déférence, de confidences intimes et de conseils privés.
C'est abordable sans avoir fait des études de lettres… Chacun(e) est en mesure, à son niveau, de se reconnaître dans ces échanges et de se les approprier.

Leçons de vie, connaissance de soi, introspection…
On m'a souvent demandé, à la lecture de mes chroniques, pourquoi je ne me lançais pas, moi aussi, dans l'écriture… Si j'ai pu avoir des ambitions littéraires, je les qualifie aujourd'hui d'erreurs de jeunesse… Pourquoi ? Peut-être parce que, justement, j'ai un peu lu Rilke
À bon entendeur…

Pour celles et ceux qui voudraient se faire une idée de cette correspondance, je donne un lien vers l'adaptation de "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke sur France Culture :
https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/lettres-a-un-jeune-poete-de-rainer-maria-rilke?xtor=EPR-3

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Désir d'écriture poétique quand tu nous tiens…
Je remercie vivement Babelio ainsi que les éditions du seuil pour m'avoir permis de relire ce beau livre.
Merci également pour le petit mot sympathique des Éditions du Seuil.

Ce petit recueil constitue un échange épistolaire, qui s'étend de 1902 à 1908, entre le jeune poète aspirant Franz Xaver Kappus et l'écrivain Rainer Maria Rilke. Kappus rongé par le doute demande conseil à son aîné sur ce qu'il nomme ses « tentatives poétiques. »

C'est avec un bel enthousiasme et une grande générosité que Rilke lui répond, celui-ci, ne souhaite pas s'ériger en juge, il se méfie de la critique, qui pour lui vide les oeuvres d'arts et les écrits littéraires de leur sens.

Il va tenter de guider le jeune homme en partageant sa propre expérience d'écrivain ainsi que sa vision personnelle du monde, de l'art, de la littérature, de l'Amour.

Rilke lui suggère de descendre au plus profond de lui-même, de fouiller, observer si le désir d'écrire constitue réellement pour lui une nécessité vitale ; il lui enjoint de ne pas se laisser prendre au piège des formes communes de l'écriture déjà éprouvées et admises de tous, d'éviter les thématiques trop usitées comme celles de l'amour par exemple, mais plutôt de trouver un style personnel qui rendra son écriture poétique unique, vraie, essentielle, indispensable, nouvelle.

Pour Rilke, l'écriture exige de ne pas se tourner vers l'extérieur (le regard des autres, les oeuvres préexistantes) mais vers soi-même pour accéder à son propre élan vital et créatif, l'inspiration qui donnera forme à cette nouvelle écriture. Il lui propose également quelques lectures qui vont enthousiasmer le jeune poète, notamment celle des oeuvres de Jacobsen, écrivain et poète danois dont Rilke est un fervent admirateur : la découverte de ces oeuvres va porter le désir d'écrire de Kappus au plus haut point, ce dernier laisse alors de côté l'obscurantisme de Heine dont il fut un fervent admirateur dans sa jeunesse pour se tourner exclusivement vers le grand écrivain.

Les correspondances avec Rilke constituent un véritable parcours initiatique pour Franz Kappus, ce dernier voue une admiration inconditionnelle au poète et à travers lui aux écrivains cités par son mentor. Il apprend beaucoup au cours de ces longs échanges épistolaires et n'hésite pas à remettre en cause ses propres écrits, ses visions littéraires et artistiques encore teintées d'immaturité pour tenter d'approcher la véritable essence de l'écriture.

Ce recueil de lettres comporte des réflexions intéressantes et essentielles sur la poétique en tant que processus d'écriture, il s'inscrit ainsi dans la lignée des arts poétiques. Il met en scène les tourments et les doutes qui rongent le jeune poète se dévoilant à lui-même par le biais de l'écriture poétique, il révèle le travail d'abnégation de soi exigé par cet art difficile.

Le style du texte, bien que traduit, est très beau car la poésie, l'amour et la maitrise de l'écriture, de la littérature, l'admiration de leurs pairs par les deux protagonistes sont évidentes dans ces lettres qui se savourent à petites doses. Les métaphores filées de Rilke sur le processus de l'écriture artistique, les envolées lyriques et digressions sur la sensualité, l'amour et l'enfantement comparées à la création littéraire sont à la fois d'excellents conseils et un pur bonheur de lecture, les images évoquées appellent la méditation, le rêve, le voyage de l'imagination et de la pensée.

Mais la chronique n'est rien, l'original reste à lire ou à relire.
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Leçon de vie et de fraternité

Cette correspondance épistolaire entre Rainer Maria Rilke et Franz Xaver Kappus est émouvante en bien des points (je parle ici de la nouvelle édition intégrale, parue aux éditions du Seuil en octobre 2020). le jeune officier Kappus, en proie à des tourments intérieurs et aspirant à devenir poète, écrit à Rilke pour lui demander des conseils en la matière. Mais il n'existe pas de recette ni de manuel dans cette affaire. On ne devient pas poète, on naît avec cette faculté de voir au-delà du visible, d'entrouvrir quelquefois le voile des apparences pour regarder ce qui se trame derrière la nuit ; et cette capacité d'opérer des relations avec l'invisible n'est pas donnée à tout le monde, loin s'en faut. Pour un poète, la poésie doit circuler de manière aussi vitale que le sang dans les veines. C'est une façon d'être au monde, et qui ne s'explique pas. Bien entendu, il est possible de taquiner la muse en s'adonnant à divers exercices formels tels que l'écriture de sonnets, de ballades, de rondeaux, etc., mais si cela ne vient pas directement du coeur, c'est peine perdue.

Rilke va rapidement faire comprendre à Kappus qu'il ne peut lui être d'aucun secours sur ce point. Cependant, une relation presque fraternelle va se nouer entre les deux hommes ; Rilke jouant ici le rôle de grand frère attentionné. Kappus lui fera part de troubles intimes, ainsi que de la détresse qui semble accompagner chacun de ses pas tel un chien fidèle. L'intérêt de cette correspondance réside avant toute chose dans l'humanité profonde qui s'en dégage.

À défaut d'être poète, Kappus excelle dans l'art du récit : son article de journal intitulé "Nuit du nouvel an à la frontière", en date du 7 janvier 1909, et qui peut se lire à la fin de l'ouvrage, en est un exemple admirable. Les lettres de Kappus, publiées pour la première fois dans cette nouvelle édition intégrale, révèlent un besoin viscéral et désespéré pour le jeune homme d'établir un lien avec un être qu'il admire – car la déréliction est son pain quotidien. Rilke répondra à son appel et tentera, du mieux qu'il peut, de redonner de l'espoir et du courage à son interlocuteur. Cet échange sera aussi pour le poète un moyen de mieux définir son rapport au monde et de comprendre davantage la trajectoire scripturale qui est la sienne. Une fort belle leçon de vie et de fraternité.

© Thibault Marconnet
Le 26 novembre 2020
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Ces lettres sont, à mes yeux, ce que j'ai lu de plus censé et de plus profond à ce jour. Je dirais que tous mes questionnements, toutes les pensées qui me sont essentielles, sont présents dans ces écrits de Rilke. L'existence, le doute, la mélancolie, l'angoisse, et bien sûr l'amour sont les principaux thèmes abordés.

Quelle leçon de la part de Rilke, que je ne connaissais pas jusque-là ! Son style est d'une efficacité précieuse, et son argumentation est tout ce qu'il y a de plus percutant. On obtient au bout du compte un délice littéraire en même temps qu'un baume pour les âmes tristes et égarées.

Comment ne pas ressortir de cette lecture guéri ? « Guéri », un grand mot, peut-être, mais c'est un peu le sentiment que j'ai eu en lisant ces lettres.
Lien : https://sanscontrefaconjesui..
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Réflexions profondes, intériorité, recul « monstre », extrême conscience, humilité, art personnel de la vie, existentialisme, bribes ou pensées féministes concrètes entres autres. Un classique intemporel !
Lien : https://www.instagram.com/so..
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Bonsoir à toi qui passe par là. Aujourd'hui, j'ai lu " Lettres à un jeune poète " de Rainer Maria Rilke et c'est vraiment une pépite à mettre entre les mains de tous les artistes en devenir. Dans ces lettres, une correspondance s'établit entre le poète déjà reconnu et un jeune poète lui demandant son avis sur ses premiers jets. S'en suit une réflexion philosophique sur l'art comme besoin vital car oui, ce que Rilke nous demande de faire pour tout préalable, c'est de nous poser cette unique question : " Ecrire m'est-il essentiel, vital ? " Pour lui, il n'y a qu'à cette condition qu'on peut devenir écrivain. Cela peut aussi s'appliquer à toute autre forme d'art. Ensuite, l'auteur donne une série de conseils sur ce qu'il faut questionner en soi pour produire une oeuvre qui résonnera de façon universelle. Il nous parle du besoin de reconnaissance qui est un leurre et ne doit aucunement guider le poète. Il questionne aussi la nécessité de la solitude et du contact avec la nature pour trouver une assez grande vérité en soi et pouvoir écrire. Il y a aussi dans cet ouvrage une grande réflexion sur l'amour, celui de la jeunesse d'abord avec sa fragilité et ses erreurs et celui plus sage de ceux qui ont appris à trouver un équilibre sain entre leur relation à l'autre et le respect de leur solitude. C'est pour moi un ouvrage initiatique qui parlera à tous ceux qui ont des idéaux et qui se posent des questions sur leur démarche artistique ou encore sur le sens de la vie. @monprecieuxlivre
Lien : https://monprecieuxlivre.wix..
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Un livre juste parfait aussi bien pour s'imprégner de la vision du monde du poète que pour inspirer ses écrits. Cela reste pour moi un livre décrivant l'idéal du poète !
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Ma lecture du moment : les lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Une correspondance de 10 lettres qui s'étend de 1908 à 1913.

Avec la même philosophie que l'on voit transparaître dans sa poésie, Rilke adresse à un jeune homme de 20 ans, des conseils sur la poésie, l'amour et la vie. Il lui enseigne comment l'artiste doit expérimenter la vie, la comprendre et l'observer, pour le transformer en art vrai. Ignorer la critique, chercher en soi, trouver sa véritable voix.

Une inspiration pour tout artistes confondus ! « Laissez à vos jugements leurs développements propres, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du profond de votre être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu'au terme, puis enfanter: tout est là. » « Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude; rien n'est pire que la critique pour les aborder. Seul l'amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. »
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« de tous ceux-là, aucun n'a peut-être mené une existence plus silencieuse, plus mystérieuse et invisible que Rilke [...] Rilke était difficile à atteindre. Il n'avait pas de maison, pas d'adresse où on eût pu l'aller quérir, pas de foyer, pas de demeure permanente, pas d'emploi. Toujours il était en route à travers le monde, et personne, pas même lui, ne savait d'avance de quel côté il tournerait ses pas. Par son âme sensible et impressionnable à l'excès, toute décision arrêtée, tout projet et toute annonce était déjà une charge. »
— le Monde d'hier. Paris, la ville de l'éternelle jeunesse, Stefan Zweig
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Lettres à un jeune poète, ce sont dix lettres écrites par Rainer Maria Rilke entre février 1903 et décembre 1908, lettres adressées à un jeune homme qu'il ne connaît pas et qui a sollicité un conseil auprès de l'écrivain âgé de vingt-huit et déjà célèbre, un certain Franz Xaver Kappus, ce jeune homme souhaitant consacrer son existence à la poésie.
Ces lettres ont été publiées à titre posthume.
Elles sont d'une beauté lumineuse, éblouissante, généreuse. Il y a la manière et la matière, on y ressent l'élégance et l'empathie d'un auteur.
Non seulement il m'a semblé indispensable de lire ces Lettres à un jeune poète, mais il me semble également indispensable de les relire plusieurs fois au cours de son existence, sans doute pas trop tôt, attendre un peu que le moment de la vie s'y prête... Et alors, y aller... Tiens ! Je dirais même que ce serait une magnifique idée d'offrir ce livre à un être qui est vous est proche et cher. Pourquoi ?
Parce que derrière la beauté de ces lettres, il y a nos propres vies, ce que nous tentons d'y mettre, d'où nous venons, où nous allons, si jamais nous savons répondre à ces deux questions.
Ici il est question de solitude, la solitude de l'artiste, de distance, celle entre l'artiste et les autres, de création littéraire... Et brusquement, je me suis aperçu que cela touchait aussi autre chose, tout simplement la vie, nos vies, nos tâtonnements, nos errances, nos besoins de respiration... La manière de lire ces lettres en 1903 ou en 2019 n'est peut-être pas la même. La manière de refermer le livre et de reprendre pied dans sa vie, par contre, me semble d'une portée universelle.
Le ton est d'une très grande courtoisie, bienveillant, pour autant il n'est jamais chaleureux. Mais il n'y a jamais la condescendance qu'un artiste pourrait avoir à l'égard de quelqu'un qui l'admire. C'est presque une voix penchée sur l'épaule d'un jeune homme qui cherche à découvrir le chemin de sa vie, une voix posée à bonne distance.
Justement, cette invitation à une solitude infinie, à savoir prendre la bonne distance, prend tout son sens dans une société dissonante, bruyante, dérisoire à certains moments, où beaucoup d'entre nous sont en quête de sens. Lire et relire ces lettres est une manière, peut-être, de tenter de retrouver du sens à notre existence...
Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots : ah ! encore un livre sur le développement personnel ?! Oui, pourquoi pas si l'on considère que les philosophes grecs, déjà, nous ont transmis l'essentiel sur la manière de bien vivre et se poser les bonnes questions. D'autres comme Montaigne, Spinoza, Pascal, Nietzsche, ont emprunté leur pas. Tiens donc, Nietzsche... Un point commun avec Rilke, ils ont aimé la même femme : Lou Andreas-Salomé. Rilke n'était pas philosophe, il était un poète. Mais est-ce bien différent, s'agissant de la poésie de Rilke ?
Ces dix lettres sont belles, splendides, bouleversantes, facilement accessibles alors que la poésie de Rilke l'est sans doute moins. Rilke les a-t-il écrites pour Franz Kappus, pour lui-même, pour nous, pour la postérité ? Qu'importe au fond... Nous en tirons la joie et la grâce de les déplier à l'infini.
Les tentatives poétiques de ce jeune apprenti poète sont vaines aux yeux de Rilke. Il le dit franchement, mais il le dit en y mettant les formes. Il argumente, il développe, il fait un pas de côté pour le dire et c'est beau.
Ces lettres sont une merveilleuse éloge de la solitude et de l'errance. Une forme d'initiation, d'apprentissage à la vie. Chaque lettre est un chemin. C'est une joie de cheminer dans ces lettres. C'est une joie aussi de vous donner envie de visiter ces lettres.
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