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EAN : SIE154070_136
(30/11/-1)
3.58/5   12 notes
Résumé :
Ils sont trois. Tribulat Bonhomet, personnage grotesque et suffisant qui ne croit ni à Dieu ni à Diable ; le docteur Lenoir qui peut-être, lui, croit au Diable ; et Claire Lenoir qui peut-être, elle, croit en Dieu. Ils sont trois, mis en scène comme pour une banale histoire d'adultère... Puis alors vient l'inquiétude. Puis l'effroi. Puis la mort. Puis l'horreur la plus noire...
Sous les yeux de Dieu et du Diable.

Source : Marabout
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tribulat Bonhomet est tout sauf un héros. Je soupçonne Villiers d'avoir créé ce joyeux représentant du sens commun uniquement pour exercer son ironie. Il nous le présente rapidement dans quelques historiettes, en guise d'introduction, mais s'en détourne ensuite pour s'intéresser au couple des Lenoir, le véritable sujet de ce court roman.
Tribulat Bonhomet est donc une sorte de narrateur antiphrasique, il représente tout ce que déteste l'auteur, un homme au double-jeu, un scientifique de la pire espèce (positiviste), irréligieux, ennemi des arts ; et s'il semble lui donner du crédit en tant que narrateur ce n'est que pour le ridiculiser, en sautillant allègrement entre le premier et le second degré. Plus l'histoire avance plus Bonhomet, bien fier de lui, étale en toute naïveté son insensibilité, sa fatuité, sa misogynie et le fait qu'il ne comprend rien à ce qu'il se passe autour de lui. Il est par ailleurs un piètre médecin aux méthodes pour le moins surprenantes quand il s'agit de guérir l'addiction au tabac de son ami Césaire Lenoir, mais je n'en dis pas plus. le meilleur qualificatif à lui donner est celui d'imbécile heureux. Un personnage vide et impudent, au comique involontaire.
Un faire-valoir, en fait, au couple Lenoir qui représente deux intérêts antagonistes De Villiers et lui permet de développer une dialectique où s'affronte la foi et la raison. D'un côté Claire Lenoir, femme pieuse, guettée par la cécité, à la foi mystique, mais dont la conscience est rongée par un adultère commis avec un jeune officier. D'un autre côté Césaire Lenoir, homme de science, de savoir, passionné par la philosophie hégélienne, douteur même s'il admire la religion de sa femme tout en ne lui pardonnant pas son aventure extraconjugale.
Tout ceci se terminant sur une note fantastique, on peut dire que nous avons là un conte typique de Villiers-de-l'Isle-Adam, inhabituellement didactique toutefois.
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Il y a le Jean-Marie-Mathias-Philippe-Auguste de Villiers de l'isle Adam (j'espère que le fonctionnaire de l'Etat-civil a réclamé une prime!), très fier de son ascendance aristocratique, au symbolisme hautain, mais en lisant son Tribulat... , on peut découvrir un humoriste des plus plaisants (j'ose même dire "rigolos"):

« Les attaques d'affres étaient devenues chroniques. Si bien qu'ayant ému de ses doléances la Faculté de Paris, l'une de nos sommités, pour se défaire de ses instances, lui avait conseillé le « lait humain » comme palliatif, sinon même comme sédatif.
L'idée de cette médication, si anodine qu'il la préjugeât, avait singulièrement souri à Bonhomet. S'étant donc transporté au bureau des nourrices le plus en vogue, son choix, après mûr examen, se fixa sur une forte et luxuriante Cauchoise, à coiffe immense, à « suivez-moi, jeune homme ! » ponceaux et flottants jusqu'à terre : il l'avait emmenée sur-le-champ, dans son carrosse, au grand trot, chez lui.
Là, quand il l'eut guidé en silence, à travers le labyrinthe de vastes salons
interminables, déserts et crépusculaires, aux lustres éternellement enveloppés en des voiles de gaze, aux meubles toujours dissimulés sous des housses poudreuses, il arriva qu'au troisième salon, la nourrice prit peur et demanda d'une voix inquiète « où était l'enfant ? »
Taciturne, flûtant son organe, les yeux au plafond, et laissant tomber ses sourcils en triangle plaintif, le docteur avait gutturalement vagi ces deux mots inattendus :
–Mê...ê...c'est MÔA !...
Suffoquée par cette réponse, la nourrice était tombée à la renverse sur un grand sofa qui se trouvait à sa portée : et le docteur, profitant de cette circonstance, s'était rué sur elle et avait pris une dose copieuse de médicament.
De temps à autre, même, pour rassurer la nourrice et lui donner à entendre qu'il était un homme d'intérieur, un homme rangé, il grommelait, en roulant des yeux :
–Voilà – voilà ce qu'on ne trouve pas au restaurant"
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Me fiant à la couverture racoleuse de l'ancienne collection Marabout, j'ai cru qu'il s'agissait d'un roman fantastique. Longtemps après avoir suivi les cours du professeur Raymond Trousson, à l'U.L.B., je tiens à rappeler que le genre fantastique n'est pas mineur, et qu'il comporte des chefs-d'oeuvre.

En l'espèce, il y a malentendu parce que, si l'on considère qu'il s'agit d'une oeuvre relevant du domaine fantastique, force est de conclure qu'elle est plutôt ratée.

Mais c'est surtout de burlesque qu'il est question, et d'humour noir. Je m'en suis rendu compte au fil des pages. Malgré le style de l'auteur, qui est brillant, j'ai donc essuyé une déception, mais tout dépend du point de vue que l'on adopte.
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L'histoire du couple des Lenoir vue au travers du personnage de Tribulat Bonhomet, j'ai bien aimé cet ouvrage qui mêle spiritisme et fantastique, et que je rapproche, dans l'esprit, au Grand Dieu Pan d'Arthur Machen ou bien à toute l'oeuvre de H. P. Lovecraft. Peut-être une influence oubliée? En tout cas, la verve De Villiers reste inimitable et nous entraîne avec grâce dans ce récit pourtant horrifique.
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Recueil de courtes histoires permettant de se faire une idée du "bon" docteur.
Dans l'histoire principale (Claire Lenoir), le docteur défend la Science,
face à un couple étrange où le mari croit au spiritisme et à l'après-vie
et la femme croit en Dieu.
Assez amusant à lire, court surtout ; pour ma part je conseillerais plutôt de lire
"L'Êve future" du même auteur.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Mais nous serons toujours en dépendance, reprit-elle, par cela seul que nous sommes forcés de penser. Il faut croire à la Pensée : nier ceci n’étant qu’une pensée encore. Et c’est pourquoi nous n’avons pas une action, pas une idée, pas un raisonnement, qui n’ait son principe dans la Foi. Nous croyons en nos sens, en notre doute, en notre progrès, en notre néant, bien que cela soit douteux, rigoureusement parlant, puisque rien ne se prouve. Le scepticisme le plus profond débute par un acte de foi.
Or, puisqu’il faut que nous choisissions, choisissons le mieux possible ! Et puisque la Croyance est la seule base de toutes les réalités, préférons Dieu. La Science aura beau m’expliquer à sa façon les lois de tel phénomène, je veux continuer à ne voir, moi, dans ce phénomène que ce qui peut M’AUGMENTER l’âme et non ce qui peut l’amoindrir. Si les mystiques s’illusionnent, qu’est-ce qu’un Univers inférieur même à leur pensée ? Dans la Mort, est-ce la logique de deux abstractions qui me rendra mon propre Infini-divin perdu ?
Non ! Non. Je fermerai donc les yeux sur un monde où mon esprit a l’air d’un étranger. Peu m’importe si les lois du mécanisme des astres sont pénétrées, puisqu’elles ne m’apprennent qu’une destruction certaine ! Tentations, que ces étoiles qui s’éteindront ! Illusion, que le « scientifique » avenir ! L’Histoire des temps modernes, c’est l’histoire de l’Humanité qui entre en son hiver. Le cycle sera bientôt révolu. Comme les sages des vieux jours m’en ont donné l’exemple sacré, je ne saurais hésiter, moi chrétienne et pécheresse, entre votre « siècle de lumières », et la Lumière des siècles.
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Quand il fait le portrait physique et moral de son héros , Villiers, soudain, évoque ses propres angoisses. Son ton incantatoire rappelle celui de Lautréamont :
« Néanmoins, -je suis forcé de l'avouer,- je suis sujet à un mal héréditaire qui bafoue, depuis longtemps, les effets de ma raison et de ma volonté ! Il consiste en une Appréhension, une ANXIETE sans motif précis, une AFFRE, en un mot, qui me prend comme une crise, me fait savourer toute l'amertume d'une inquiétude brusque et infernale, - et cela, le plus souvent, à propos de futilités dérisoires !
N'est-ce pas de quoi grincer des dents que de se sentir l'âme empoisonnée aussi mortellement que voilà ? Cela me confond quand j'y songe.
Etant un esprit cultivé, je me rends facilement le compte le plus clair de toutes choses : mais,- c'est singulier!- j'ai beau m'expliquer, par exemple, en acoustique,- et même, en physique, à l'aide de deux extrêmes soudains du froid et du chaud,- le bruit du vent,- eh bien ! Quand j'entends le Vent, j'ai peur. Aux mille tressaillements du Silence, - produits par les causes les plus simples,- je deviens livide. Toutes et quantes fois que l'ombre d'un oiseau passe à mes pieds, je m'arrête, et posant par terre ma valise, je m'essuie le front, voyageur hagard ! Alors je reste oppressé sous le poids d'une inquiétude nerveuse, -pitoyable!- du ciel et de la terre , des vivants et des morts.
Et, malgré moi, je me surprends à vociférer :
- Oh ! oh ! Que peut signifier ce caravansérail d'apparitions, tenant leur sérieux pour disparaître incontinent ? - L'univers est-il oiseux ? … L'Univers dévorateur – chaîne indéfinie où les pieds de l'un craquent entre les mâchoires de l'autre – est-il destiné lui-même à la voracité de quelque Eon ? Quel sera son ver de terre ? Réponds-moi, bruit du vent, oiseau qui passes ! ...et toi qui le sais, ô Silence !
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- Quand je pense la Lumière, continua-t-elle, mon très humble esprit coïncide avec ce qui fait que toute lumière peut se produire. L’Esprit, en qui se résout toute notion comme toute essence, pénètre et se pénètre, irréductible, homogène, un. Et, quand je pense la notion de Dieu, quand mon esprit réfléchit cette notion, j’en pénètre réellement l’essence, selon ma pensée ; je participe, enfin, de la nature même de Dieu, selon le degré qu’il révèle de sa notion en moi, Dieu étant l’être même et l’idéal de toutes pensées. Et mon Esprit, selon l’abandon de ma pensée vers Dieu, est pénétré par Dieu – par l’augmentation proportionnelle de la notion-vive de Dieu. Les deux termes, au bon vouloir de ma liberté, se confondent en cette unité qui est moi-même ; et ils se confondent sans cesser d’être distincts. Or, la Révélation chrétienne étant la conséquence et l’application de cet absolu principe, je n’ai pas à la traiter de « chimère qui a fait son temps » puisqu’elle est de la nature de son principe, c’est-à-dire éternelle, inconditionnelle, immuable.
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Quant à l’ancien député, ses « vers », suivant son étonnante expression, m’avaient échauffé la bile. C’était (autant que je puis m’en souvenir)
une sorte de pot-pourri de légendes sans suite, et, comme on dit,
sans rime ni raison. Il était question, là-dedans, de Mahomet,
d’Adam et d’Ève, du Sultan, des régiments de la Suisse et
des chevaliers errants : c’était, enfin, le capharnaüm le plus chaotique
dont cerveau brûlé ait jamais conçu l’extravagance.
Quelques bons mots, ça et là, – quelques appréciations justes,
ne le rendaient, à mes yeux, que plus dangereux pour les esprits faibles.
Je ne conçois pas qu’on ait nommé député un pareil individu :
ce recueil m’avait donné là, vraiment, une piteuse idée
de notre belle langue française.
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Au chapitre VI, au cours d'une conversation avec les époux Lenoir (Claire et
Césaire), Tribulat se lance dans un véritable délire verbal d'où émane une étrange poésie, mêlant érudition réelle et érudition fantaisiste, à la manière d'un Borges qui aurait fumé deux ou trois joints :

Enfoui dans le canapé entre Césaire et sa femme, je racontai, rapidement et à grands traits, mes voyages dans les cinq parties du monde, mes explorations au sommet des montagnes et dans les entrailles de la terre, depuis le sommet de l'Illimani jusque dans les profondeurs des mines de Poullaouën ; je parlai des djeysers ou volcans de boue d'Islande, - du crâne pointu des Séminoles,- des rites de Jaggernaut, - des supplices chinois dont la simple nomenclature emplirait un dictionnaire de la capacité de nos Bottin, - des sectes de sorciers qui dansent en Afrique avec des bâtons de soufre enflammé sous les aisselles, - du passeport tatoué sur mon dos que m'avait donné, en signe d'affection, Zouézoué-Anandézoué-Rakartapakoué-Boué-Anazenopati-Abdoulrakam-Penanntogômo V, roi des îles Honolulu et Moo-Loo-Loo,- des arbres indiens sur chaque feuille desquels est inscrite quelque pensée de Bouddha, du culte du serpent chez les cannibales de la Terre de Feu, - (serpent qui se contente de mordre l'ombre humaine
sur le sable, au soleil, -pour faire mourir), des sucs de la ciguë crucifère du pôle austral, dont l'infusion donne toujours le même genre d'hallucinations et qui contient les reflets du monde antédiluvien ;- de la religion du Canada, qui consiste à croire que l'univers a été créé par un grand lièvre;- des niams-niams ou hommes qui portent une queue de chimpanzé et qui se classent avant le gorille et au-dessus du nègre Caffre, dans l'échelle des créatures (ainsi que je le constate dans mon traité intitulé : Du Têtard), -du grand lama thibétain dont le visage royal est toujours voilé depuis sa naissance jusqu'à sa mort inclusivement,- du chef de tribu zélandais KO-LI-KI (Roi des Rois), qui ne vit qu'en prélevant sur ses sujets (lorsqu'il passe à travers les huttes)
de grands morceaux de chair, enlevés d'un coup de mâchoire, aux endroits friands ; – je parlai des grands arbres, des flots, des rochers et des aventures lointaines...
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Videos de Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Auguste de  Villiers de l'Isle-Adam
Auguste VILLIERS DE L'ISLE ADAM – Relecture (France Culture, 1981) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 1er mai 1981 sur France Culture. Présences : Patrick Besnier, Pierre Citron et Jean Claude Renault. Lecture : Jean Topart, Manuel Denis, Catherine Sellers.
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