"Universitaire, marié à un médecin, une belle femme restée à un petit 38 après deux grossesses. Propriétaire dans un quartier convenable, pas trop ostentatoire ni trop métissé. Un monospace japonais pour les week-ends à Deauville et les vacances. Une citadine italienne rouge pour l'excitation d'une traversée du Champ de Mars sur les chapeaux de roue le dimanche matin. Deux enfants sans handicap ni tare apparente, dont un petit mâle blond aux yeux bleus. Qu'aurais-je pu rêver de plus ?"
Voici comment Paul décrit sa vie !
Et pourtant, il n'a rien compris... Une petite incartade sans importance avec une de ses étudiantes (tout à fait consentante) pour se prouver à lui-même qu'il plaît, sans doute... et voilà que tout s'effondre autour de lui !
Ce roman, plein d'humour, parfois un peu cynique, et de sensibilité m'a semblé correspondre tout à fait à ce qu'on définissait comme "Roman d'apprentissage" aux 18eme et 19eme siècles : un roman qui décrit la maturation du héros qui manque d'expérience au départ et traverse des obstacles ou des épreuves afin de mûrir et d'en tirer des leçons.
Paul n'est pas un tout jeune homme comme le sont souvent les héros des "romans d'apprentissage" (Frédéric Moreau dans "l'Éducation Sentimentale" de
Flaubert par exemple) mais au fil des pages, on sent qu'il découvre et comprend ce qu'il n'a pas su voir et apprécier durant les onze années passées auprès de sa femme.
De nombreux passages du roman sont empreints d'un humour parfois un peu sarcastique (en particulier, quand sa mère débarque chez lui "pour l'aider" parce-que tout de même "une mère n'abandonne jamais son fils" !).
Ses relations au quotidien avec ses enfants qui savent très bien profiter de la situation, avec ses collègues, son frère donnent lieu à des moments de lecture assez succulents !
Mais au bout du compte, Paul se rend compte que ce Bonheur, cet Équilibre qui lui semblaient acquis ont été remis en cause par sa faute, pour rien...
«J'ai pris deux siècles en une semaine[-] J'ai payé la leçon au prix fort, bien plus cher que ce j'aurais été prêt à donner de moi-même. Avec le maigre recul dont je dispose, je mesure maintenant ce que j'ai perdu : mes certitudes, pour l'essentiel, broyées par ces jours troublés" dit Paul...
J'ai beaucoup aimé ce roman qui n'est ni trop grave, ni trop sentimental, ni trop manichéen... un peu comme la "vraie" vie !