La première chose qu'il convient de dire de ce livre, c'est qu'il est superbement écrit, avec force et élégance, construit sur de constants allers et retours entre Nantes, la ville où vit l'auteur (sur la butte Sainte-Anne) et Lisbonne où elle part séjourner un mois, sur les traces du grand écrivain
António Lobo Antunes. À Lisbonne, qu'elle aborde et investit sans le moindre esprit touristique, la narratrice découvre, par exemple, que les vieux trams lisboètes proviendraient de Nantes et si elle ne rencontre pas Antunes, elle fait la connaissance d'un autre António…
«Je ne suis ni une voyageuse, ni une aventurière, tout juste une promeneuse»... dit
Danielle Robert-Guédon. La question de ses promenades étant : Où ne pas aller ?...
Au fil d'un récit bousculant heureusement toute chronologie, «suspendu entre passé et présent», de retours à une enfance nantaise jusqu'aux souvenirs de famille plus lointains, le lecteur va, dans ces entrelacs, passer par Paris, Brest, Rome, Rio, Prague et croiser les figures, anciennes ou contemporaines, d'Abélard et d'Héloïse, de Colette, de
Jean Genet, de
Léo Ferré, de
Bernard Lamarche-Vadel, d'autres êtres aimés. Souvenirs, joies, étonnements, chagrins, sourires et pleurs, tout s'intrique dans un grand bonheur d'écriture.
Danielle Robert-Guédon se raconte : «À dix ans je veux être écrivain», et évoque sa nouvelle installation à Nantes, son retour avec vue sur la Loire et la grue le Titan.
Subtil, lumineux, ce livre se lit comme on boit un vin, un vin exquis d'un grand millésime ce qui fut le cas de 2005. Un livre énergétique, vitaminé, goûteux, tannique, nourrissant.