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Charpentier (01/01/1891)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Le Règne du silence
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

"L'eau mélancolisante commande des oeuvres entières comme celles de Rodenbach, de Poe" Gaston Bachelard, "L'eau et les rêves".
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement


Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement
De doigts inoccupés tapotant sourdement
Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
- Ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -

Dimanche : l'air à soi-même dans la maison
D'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
Quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
Dimanche : impression d'être en exil ce jour,

Long jour que le chagrin des cloches influence,
Et sans cesse ce long dimanche est de retour !
Ah ! Le triste bouquet des heures du dimanche ;
C'est un triste bouquet de fleurs qui lentement

Meurt dans un verre d'eau sur une nappe blanche...
M'en sauver, le pourrai-je ? Et l'éviter, comment ?
Ce jour de demi-deuil aux couleurs trop calmées
Où mon coeur otieux s'en va dans les fumées.

J'en ai l'obsession, j'en ai peur, j'en ai froid
Du spleen hebdomadaire où ce jour me ramène :
Tandis que je me leurre au long de la semaine,
Flux et reflux de jours qui s'accroît et décroît,

Dont l'écume est un peu de vanité qui chante,
Voici que le repos dominical me hante
Et déjà m'apparaît comme un repos amer,

Repos nu d'une grève au départ de la mer,
Grève morte du long dimanche infinissable
Qui coagule au loin ses silences de sable...

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LE CŒUR DE L'EAU
V


Extrait 6
Dans le cadre précis du bassin d’eau dormante
Où gît l’eau nostalgique et qu’un regret tourmente,
Tout est gris-doux comme la fin d’un demi-deuil.
L’eau se dilate ; elle a des transparences d’œil,
Œil bénin, œil de femme où tout un ciel se rêve,
— Oh ! L’émoi de descendre en cet iris profond
Et dans cette prunelle où les nuages vont ! —
Mais l’ivresse de s’y rêver divin est brève
Car on se heurte vite aux si courtes parois,
Quand le cristal se brise en brusques désarrois
Et qu’un gouffre mortel, quoique exigu, succède
À tout cet infini qu’on supposait dans l’eau !

Mensonge équivalent d’un œil cher, d’un œil beau
Qu’on voudrait habiter comme une source tiède
Où l’azur sans limite irait à l’infini.
Mais le voyage aussi dans cet œil n’est qu’un leurre,
Car derrière l’iris au cristal aplani
L’amour naïf, qui plonge au fond, soudain s’épeure,
Se heurte et se fait mal à la froideur du cœur,
Dont le néant si proche est une vasque étroite.

Et dire qu’on rêvait tout un ciel en langueur
Et pour s’y dorloter des nuages de ouate.

p.50-51
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Si tristes les vieux quais bordés d’acacias!
Pourtant, toi qui passais, tu les apprécias
Ces vieux quais où tel beau cygne de l’eau changeante
Entre parfois dans une âme qui s’en argente.
Si tristes les vieux quais, les eaux pleines d’adieux,
Inertes comme les bandeaux silencieux
D’une morte! les eaux sur qui pleure une cloche,
Les immobiles eaux sur qui le carillon
Égoutte ses sons froids comme d’un goupillon.
Et plus tristes les quais lorsque l’hiver approche!
En mai, quand le ciel rit, on s’était essayé
À mettre de la joie aux vitres des demeures,
- Tendant de rideaux blancs le passage des heures -
Et des roses afin que l’air fût égayé,
Petit luxe, au-dehors, de l’aisance des chambres…

Mais quand l’hiver revient, quand cinglent les décembres,
Les acacias nus, filigranés en noir,
Portent le deuil de la saison; le vent disperse
Leurs feuilles comme des oiseaux parmi l’averse;
L’eau du canal se gerce et se gèle – miroir
Las de mirer toujours d’identiques façades!
Maintenant les vieux quais sont déserts et maussades;
Et, dans les logis clos, les rideaux s’échancrant
Laissent voir, en la chambre et derrière l’écran,
Quelques vieillards sans joie autour d’une lumière
Qui végète sur le réchaud de la théière…
Lumière survivante en ces hivers du nord;
Faible lueur, clarté triste qui les ressemble;
On dirait un chétif feu de cierge qui tremble,
Et qu’en chaque maison muette, on veille un mort!
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Songeur, dans de beaux rêves t’absorbant,
La pendule, à l’heure où seul tu médites,
T’afflige avec ses bruits froids, stalactites
Du temps qui s’égoutte et pleure en tombant.

C’est une eau qui filtre en petites chutes
Et soudain se glace aux parois du cœur;
Et cela produit toute une langueur
L’émiettement de l’heure en minutes.

Collier monotone et désenfilé
De qui chaque perle est pareille et noire,
Roulant parmi la chambre sans mémoire;
Piqûres du temps; tic-tac faufilé.

Ah ! Qu’elle s’arrête un peu, la pendule!
Toujours l’araignée invisible court
Dans le grand silence, avec un bruit sourd…
Et ce qu’elle mord, et nous inocule!

La peur que demain soit comme aujourd’hui,
Que l’heure jamais ne sonne autre chose;
Un destin réglé dans la chambre close;
Un peu plus de sable au désert d’ennui.
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Quand le soir est tombé dans la chambre quiète
Mélancoliquement, seul le lustre émiette
Son bruit d’incontenté dans le silence clos.
Lustre toujours vibrant comme un arbre d’échos,

Lustre aux calices fins en verre de Venise
Où la douleur de la poussière s’éternise,
Mais en gémissements qu’à peine on remarqua,
Grêles comme un chagrin lointain d’harmonica.

C’est une panoplie aux cliquetis de verre
Où l’on entend le bruit blessé qui persévère;
C’est un grand reliquaire à l’aspect végétal
Où d’invisibles pleurs, captifs dans le cristal,

Roulent en sons mouillés parmi les pendeloques.
Lustre, fontaine blanche aux givres équivoques;
Lustre, jet d’eau gelé, mais où l’eau souffre encor…

Ce lustre, c’est mon cœur visible en ce décor
Qui frissonne en sourdine et sans cesse s’afflige,
Jet d’eau fleurdelisé dont la plainte se fige!
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