AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781141016464
136 pages
Nabu Press (31/12/2009)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les Tristesses: PoésiesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous connaissons le merveilleux auteur de "Bruges-La- Morte"...et en ce premier week-end de "confinement"... je me suis attelée, après avoir pris des nouvelles de mes proches, à un exceptionnel rangement de printemps...

Triant des ouvrages moins accessibles dans mon espace, je suis tombée sur ce livre de la fin du 19e, acquis il y a des années, lorsque j'étais catalographe en livres anciens... et que je fouinais, en plus, très fréquemment chez des bouquinistes ou autres libraires d'antiquariat... Retrouvé ce recueil épuisé de cet important artiste belge, personnalité complexe, grand mélancolique !

Lisant plusieurs poèmes avec grande émotion.. j'ai souhaité laisser ce jour une trace de cette plume magnifique, et de ce recueil moins connu. Ce sont des vraies histoires, en vers, avec une intrigue, des personnages, un début, une fin, un décor...
Histoires pathétiques, bouleversantes qui justifient largement le titre choisi par l'écrivain-poète belge: "Les Tristesses"

Parmi ces différentes narrations en vers, une préférence pou un long poème adressé à un autre poète, un de ses grands amis, François Coppée, qui nous prend "aux tripes" , que l'on peut aussi trouver trop larmoyant... mais le choix, la musique des mots, la fluidité, le rythme , tout concourt
à nous entraîner sans qu'on y prenne garde !... Il n'y a pas que les drames , tragédies des humbles, la souffrance du poète [1er texte, " La naissance d'un poète" ], il y a aussi la poésie de la nature flamande, la poésie de l'amour des siens...

Et je rejoins cette appréciation du grand Victor, que je viens de dénicher, en faisant quelques recherches complémentaires sur ces "Tristesses"!

"[9 août 1879]
Je lis de temps en temps une page charmante. Il y a plus d'une joie pour nous dans vos -Tristesses-. Je suis heureux, Monsieur, de savoir où envoyer mes remerciements.
Victor Hugo "


" Infamie éternelle

A François Coppée
(...) I.

C'est un bien triste jour le jour où l'on se pare
Pour se quitter; le jour qui divise et sépare
Ceux qu'au même foyer la tendresse a groupés.
Car il est de ces noeuds du coeur ourdis dans l'ombre
Dont on ne sent la force impénétrable et sombre
Qu'à l'heure où le destin cruel les a coupés !...

On ne croyait pas tant s'aimer. Dans la demeure
Il semblerait que tout s'éteigne et que tout meure,
Car celui qui s'en va paraît le plus chéri.
Tous pleurent: les enfants plus jeunes, l'air farouche,
Regardent sans comprendre et le doigt dans la bouche
La grande soeur qui met son beau chapeau fleuri. (...)
(p. 57)

Quasiment, chaque longue poésie est dédiée à d'autres écrivains et amis,
comme Verhaeren, Louise Ackermann, Jules Bailly, Théodore de Banville, mais aussi aux êtres chers : sa mère, sa soeur...etc.

Après ce moment de lecture , poignant... je vais m'occuper délicatement les
mains, en tentant de réparer ce volume,très fragilisé,qui toutefois ne fait pas son âge [ 141 ans - Cent-quarante et un ans !! .. ]...[[ ****Paris, Alphonse Lemerre, 1879 // Seconde édition ]
Commenter  J’apprécie          400

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Nocturne.

On a des jours faits d’ombre et de mélancolie
Et d’inexprimable dégoût,
Où le cœur se repaît du passé qu’on oublie
Comme d’un fruit perdu dont on garde le goût.

Un sang vif et fiévreux vous bat contre les tempes :
Comme une mer sur des galets ;
On trouve dans son cœur à peine quelques lampes :
C’est la chambre funèbre où sont clos les volets ;

C’est la chambre où, dans l’ombre, en mystiques toilettes
Dorment tous nos espoirs brisés ;
Gardant sur le rigide aspect de leurs squelettes
La forme et le parfum de nos anciens baisers.

On a de ces jours noirs où l’on reprend la route
Qu’on avait suivie au printemps,
Quand les rameaux fleuris s’arrondissaient en voûte
Et que le vieux soleil riait à nos vingt ans !…

Les buissons sont moins verts, les brises sont plus fraîches
Les lointains moins ensoleillés ;
Et comme l’arbre voit danser ses feuilles sèches,
Le cœur voit tournoyer ses rêves effeuillés !

On doute ; on prend pitié des extases anciennes
Quand on priait à deux genoux,
Dans l’église où flottaient les voix musiciennes
Des enfants du lutrin aux profils blonds et doux.

On rêve des amours naïves de cousine,
Des mains chaudes qu’on se pressait,
Quand elle s’asseyait à la place voisine
Montrant deux seins de neige au fond de son corset.

On revit ces matins de jeunesse et de fièvres
Où, tenant une femme au bras,
On se sentait frémir des ailes sur les lèvres
Pour dire de doux mots qu’on ne comprenait pas !…

On songe au calme exquis du foyer, à sa mère
Blanche dans un grand fauteuil noir ;
Au temps où l’on n’avait pas vu fuir la chimère
Comme une lampe errante aux vitres d’un manoir,

Quand on venait le soir lire et causer près d’elle,
Et tendre son front à sa main
Pour qu’elle s’y posât avec un doux bruit d’aile,
Et vous fit retrouver l’espoir du lendemain !…

On reprend peu à peu les lointaines années
Dont on se souvient à moitié ;
Et l’on cherche un parfum à ces roses fanées
Qu’on aurait dû jeter loin de soi sans pitié !…

O les rêves d’amour ! ô les rêves de gloire !
Débris qu’apporte le reflux ;
Tu te tais à jamais, double clavier d’ivoire,
Quand la jeunesse aux doigts légers n’y touche plus !…

Puis on a tout à coup des soubresauts farouches,
Et l’on est pris d’un tel ennui
Qu’on voudrait que la Mort glaçât toutes les bouches
Et fermât tous les yeux dans une immense nuit.

Voyant les cœurs si faux et les âmes si viles,
On voudrait, – fuyant pour jamais,
Loin des clameurs, loin des trahisons, loin des villes, -
Vivre à voir les oiseaux passer, sur les sommets !…

On voudrait la siffler, la comédie humaine,
Et brusquement s’en retirer,
Voyant que chacun porte un masque, et se démène
Pour vivre, sans songer que vivre c’est pleurer !…

On voudrait se coucher, l’été, lorsque tout brille,
Dans un calme petit caveau,
Où les parents viendraient remplacer sur la grille
Les vieux bouquets par un bouquet nouveau !…

On voudrait soudain déployer sa tunique
Au vent, dans les lointains rougis ;
Et chevaucher avec le Géant satanique
Pour vivre – nouveau Faust – sa nuit de Walpurgis !…

Et se gorger de vins, et se gorger de viandes,
Sous la clarté des torses nus
Qui s’entremêleraient, ainsi que des guirlandes,
Pour vous faire mourir en spasmes inconnus.

Puis après ces accès de spleen et de colère
L’homme se résigne, et s’unit
A ce mystérieux calme crépusculaire
De l’oubli qui commence et du jour qui finit.

On dirait d’un condor, aux allures hautaines
Dans sa cage au treillis tordu,
Qui rêve par moments des montagnes lointaines,
Et voudrait s’envoler dans les vents, éperdu !…

Il ouvre alors ses deux ailes, se met en garde
Et se débat dans sa prison,
Mais, vaincu par la lutte, il se calme et regarde
Le grand soleil qui tombe au bout de l’horizon !…
Commenter  J’apprécie          30
La ville du passé

Quand on va s’accouder au balcon de la vie
Pour contempler la fin pensive du printemps,
On se sent envahir par l’impossible envie
D’étreindre dans ses bras les horizons flottants.

Là-bas comme une ville aux vitres allumées,
Tout le Passé s’étend sous le grand ciel blafard
Et la tristesse bleue et lente des fumées
Ressemble à des ruisseaux coulant dans le brouillard.

Soleil de la Jeunesse aux blessures saignantes,
Tu meurs ou tu t’endors aux bras noirs de la nuit !
Et dans le navrement de ces heures poignantes
Le vol effarouché des Rêves blancs s’enfuit.

La ville du Passé s’efface ainsi qu’un rêve
Sous la brume qui tremble en d’invisibles doigts,
Mais un faisceau confus de Souvenirs s’élève
Par delà le sommeil des pignons et des toits :

Campaniles ! clochers des choses de l’enfance,
Dômes de la jeunesse où l’idéal s’endort,
Beffrois, triomphateurs de la nuit qui s’avance
Avec les boucliers de leurs grands cadrans d’or,

Tourelles de granit dominant les rafales,
Toujours debout, chantant le Passé souverain
Et déléguant vers nous leurs cloches triomphales
Qui traversent le ciel dans leurs robes d’airain !
Commenter  J’apprécie          60
Mères, ne battez pas vos enfants ; laissez-les
Courir dans la demeure indulgente, et poursuivre
Cet idéal de bruit qui les grise, et qui livre
Aux caprices du vent leurs cheveux débouclés.
Aux portes de leurs cœurs ne brisez pas les clés !...
S’étourdir, trébucher, salir, pour eux c’est vivre ;


Aux mères qui battent leurs enfants
Commenter  J’apprécie          210
Petit-Pierre

A Jules Bailly

Lorsqu'ils avaient soupé dans la cuisine basse,
Petit-Pierre prenait un livre de la classe
Et, feuilletant la table afin de faire un choix,
Lisait une touchante histoire à haute voix.
Les parents rayonnaient !... Ils respiraient à peine
Et n'osaient pas bouger, craignant de faire peine
Au lecteur susceptible assis au milieu d'eux.
Quand l'enfant terminait, il disait à tous deux :
"Pourquoi ne pas venir, vous autres, à l'école ?...
Moi, je veux vous apprendre à lire !..." Une auréole,
Descendait de la lampe attachée au plafond
Sur l'enfant qui, naïf, venait d'être profond,
Et la mère riait : " Donne-moi de lunettes !...
"Car ces lettres vraiment sont pour moi trop peu nettes;
"Ils vieillissent, nos yeux!..."
Mais l'enfant s'obstinait.
"C'est bien simple, épelons d'abord..." Puis il prenait
La grosse main du père et le forçait à suivre
Pour redire après lui les syllabes du livre. (p. 97)
Commenter  J’apprécie          51
" Infamie éternelle

A François Coppée
(...) I.

C'est un bien triste jour le jour où l'on se pare
Pour se quitter; le jour qui divise et sépare
Ceux qu'au même foyer la tendresse a groupés.
Car il est de ces noeuds du coeur ourdis dans l'ombre
Dont on ne sent la force impénétrable et sombre
Qu'à l'heure où le destin cruel les a coupés !...

On ne croyait pas tant s'aimer. Dans la demeure
Il semblerait que tout s'éteigne et que tout meure,
Car celui qui s'en va paraît le plus chéri.
Tous pleurent: les enfants plus jeunes, l'air farouche,
Regardent sans comprendre et le doigt dans la bouche
La grande soeur qui met son beau chapeau fleuri. (...)
(p. 57)
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Georges Rodenbach (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Rodenbach
Georges Rodenbach - Le soir dans les vitres
autres livres classés : poésieVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}