Fenêtre, me dit-elle, distance,
puis elle détourne son visage
vers d'autres inconnus,
le printemps lui rend grâces,
un moment la possède,
je la retrouve au loin, azur,
azur, azur indifférent,
je me suis fourvoyé
en l'amour qu'elle me donne,
je suis dans sa maison,
l'autre saison repasse,
je suis ce qu'elle attend,
elle sans moi, cruelle.
Ai-je un visage devant elle,
devant l'œuvre du vide,
devant l'aube sur sa nuque ?
nos corps s'effritent,
substance des ténèbres,
illusion d'une haleine voleuse
dans le matin discret,
nos regards longent la courbure
d'une œuvre imprononçable,
nos doigts, sans issue,
sans réponse, caressent,
entre le jour et nous,
des songes, des ébauches
dont nous ne savons rien.
On se décide pour la nuit,
le concours des étoiles
a commencé, on vit,
les ombres sur les champs
n'attendent pas mes traces,
le monde se déploie
comme une femme immense
que rejette le temps,
le temps désordonné, le temps
raison fausse du temps,
le temps, femme lente,
femme livide, femme sortie de moi,
saisie d'étranges peurs.
TU ES UN ARBRE...
Tu es un arbre
sous ma peau, tu m'affames
entre évidences et lueurs à venir,
tu es le sillon, le sillage,
la vie s'enlise dans les mots,
plus de phrases souhaitées,
je sais mourir, mes levres
ont des feintes de filles,
étoiles sur l'abîme,
calme parfois, indifférence,
ai-je inventé l'art
des larmes naives
qui cherchent un passage furtif ?
Deux personnages, toi, moi,
l’un étant l’autre,
l’autre, l’un,
le dieu impatient, le terrible,
celui du feu dans la voix,
de l’espace toujours brisé,
le dieu de l’un,
celui de l’autre,
l’incertitude, la rupture,
la danse dans la fièvre,
le décor froid, le mur,
ceux qui avancent, mon vertige,
ceux qui tournent, ton visage,
deux personnages, ruée de ruines.
Lecure ac Richard Rognet. Episode3.