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EAN : 9782919296408
96 pages
Densité (01/09/2023)
3.5/5   3 notes
Résumé :
L’année où Nevermind de Nirvana s’impose, le label indépendant Touch and Go presse courageusement 4000 exemplaires du second album de Slint, un groupe de Louisville (Kentucky) qui a déjà splitté. Sans promotion, Spiderland va commencer à essaimer, objet d’un culte toujours souterrain, incarné par une pochette muette, en noir et blanc, quatre jeunes gens dans l’eau jusqu’au cou.
Nager ensemble, voilà une belle métaphore de ce qu’est un vrai groupe. Combinant d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comment renouer avec un album qu'on a pas écouté depuis trente ans ?
C'est ce que je vais faire avec ce livre de Sylvain Rollet, consacré à Spiderland, second et ultime album de Slint, groupe originaire de Louisville dans le Kentucky. Non seulement j'avais oublié le nom de l'album, mais le nom du groupe ne m'évoquait plus grand chose. Je me suis rappelé l'avoir possédé en cherchant la photo de pochette, immédiatement reconnaissable.
Dès la première écoute, remonte cette sensation d'inconfort, de menace larvée. le son est lourd et coupant, le rythme faussement bancal. La musique décharnée, complexe et souvent répétitive, semble en parfait décalage avec la pochette et ses quatre têtes souriantes dépassant tout juste de l'eau d'un lac.

Ce nouveau volume, le vingt-cinquième déjà, ne déroge pas au canon de la collection Discogonie : la pochette et les morceaux abordés un par un puis une présentation de ce court et dense album ; ici, le tout est précédé d'un avant-goût personnel dans lequel l'auteur rappelle sa découverte et ses premières écoutes de l'album.
Le propos est parfois assez technique, mais, pour une fois je ne suis pas (trop) perdu. D'une part, S. Rollet fait de réels efforts pédagogiques, d'autre part une lecture couplée à une écoute attentive permet de rendre le tout intelligible, et d'appréhender la musique dans ses nuances, d'en révéler ses rudes attraits. Dans une tentative d'approche visuelle des six morceaux de Spiderland, l'auteur a dessiné et légendé de petits diagrammes sur un feuillet tiré à part.
Pour contrebalancer, Sylvain Rollet adopte d'autres artifices avec l'utilisation d'images mythologiques, littéraires, zoologiques, etc. Bram Stoker cotoie une panthère, Tetris, Stravinsky, Keith Richards et quelques autres dans les pages consacrées à Nosferatu Man, deuxième titre de la face A. Ces références, inhabituelles, clarifient l'évolution des morceaux, effleurent l'intimité de chaque titre. Pour For Dinner, c'est à une écoute dans un jardin des Tuileries brumeux que nous sommes conviés.

La photo de pochette est aussi l'oeuvre d'un natif de Louisville, Will Oldham, pas encore Bonnie Prince Billy, ni même Palace. Sitôt l'enregistrement éprouvant de Spiderland terminé, Slint se sépare sans assurer aucune promotion ni concert, trois des quatre musiciens de la photo rejoindront le photographe occasionnel et enregistreront avec lui le premier album de Palace Brothers.

J'ignore quand je reviendrai vers Spiderland, toujours est-il que je ne regrette pas cette redécouverte grâce à la lecture-écoute commentée de Sylvain Rollet.
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En guise de critique, je pourrai me contenter de renvoyer à la critique de Nicolino de septembre 2023. Cela ne serait pas très respectueux ni pour Sylvain Rollet, l'auteur de Slint - Spiderland, ni pour Densité, l'éditeur qui m'a gentiment envoyé une exemplaire du livre dans le cadre d'une masse critique.

Une autre raison pour rédiger une critique est que j'ai un parcours quelque peu différent par rapport à l'album Spiderland de Slint de celui de Nicolino. « Comment renouer avec un album qu'on a pas écouté depuis trente ans ? » se demande Nicolino. Dans mon cas, j'ai passé trente ans à ne pas écouter cet album que je connaissais pourtant (notamment sa pochette) et que j'écoute plus régulièrement depuis une ou deux années.

Mon absence d'écoute s'explique en partie parce que comme l'indique mon pseudo, à l'époque, j'écoutais davantage de musique (notamment électronique) venant du plat pays. Alors que pour certains, « Fume, c'est du belge »; pour moi, pendant longtemps, a prévalu « Écoute, c'est du belge ».

Ayant subi les assauts de mon disquaire pendant des années pour jeter au moins une oreille à Slint de Spiderland, j'ai finalement cédé aux sirènes. Je connaissais en partie le groupe via David Pajo, le quatrième larron [1] oublié par Nicolino - « trois des quatre musiciens de la photo rejoindront le photographe occasionnel et enregistreront avec lui le premier album de Palace Brothers » - pour sa participation au deuxième et troisième albums du groupe Tortoise. Ma connaissance de Slint a également comme origine le rôle de « précurseur » accordé à Slint dans l'émergence du post-rock.

Ne dérogeant pas à la règle de la collection Discogonie, Sylvain Rollet consacre un chapitre à chacun des six morceaux de l'album, le tout encadré par une courte introduction expliquant sa découverte de Spiderland de Slint et un chapitre de conclusion sur l'album. Par rapport au The Smiths - The Queen is Dead lu dans cette collection, le volume de Sylvain Rollet est un peu plus technique mais cela reste très abordable. Et comme indiqué par Nicolino, l'auteur convoque de nombreuses références pour expliquer chaque morceau.

À lire tout en écoutant l'album de Slint - même si les deux peuvent s'apprécier l'un indépendamment de l'autre.

[1] Sauf erreur, c'est celui légèrement en retrait des trois autres sur la pochette de l'album.
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Je découvre Densité, une micro-structure éditoriale fondée en 2011 dans son approche artisanale de l'édition sur papier avec 22 titres à son catalogue, le dernier Slint Spiderland de Sylvain Rollet que je viens de recevoir par cette dernière masse critique Babelio. La collection discobole, Discogonie est formée par la contraction de discographie et de cosmogonie, en première de couverture le vinyle noir est cette star sublime ou le sillon creuse sa destinée musicale, chaque ouvrage présente un album, chaque chapitre un morceau, la musique rock à sa littérature, chacun trouvera le plaisir de découvrir sa musique sous un nouvel angle, pour un plaisir double, le format du livre est compact, agréable, le grain des pages doux se laisse écouter avec la mélodie des mots, vous trouverez Les Rita Mitsouko présentent The No Comprendo, Serge Gainsbourg Histoire de Melody Nelson, The Stranglers Black and White d'Anthony Boile, Radiohead OK Computer de Michel Delville et d'autres pour les puristes selon les gouts.

Je ne connais pas du tout ce groupe et encore moins l'album, ni sa pochette, qui pour beaucoup s'avère être mythique, j'essaie de me souvenir de mes 20 ans, de la musique, de cette vie de jeune adulte étudiant, bercé par Pink Floyd, La Mano Négra, Renaud, Bob Marley, Marillon et d'autres, une jeunesse assez pop rock, du reggae, de l'alternatif français et l'émotion du moment qui frisonne l'instant, comme Jamiroquai, Radiohead, Björk, Rage Against the Machine, Pixies et aussi David Bowie, Cérone, Police, Sade, une pluralité musicale me représentant, celle-ci se diversifie au fil de ma vie, même adulte, la musique m'accompagne, évitant la modernité inaudible, me voilà prisonnier du passé par ce livre, j'écoute Slint pour la première fois, Spiderland me crache à la figure comme une lame qui me coupe la peau, le sang coule au son amer de la guitare, l'écho de la voix acide et lointaine, ce rythme strident me perturbe, ce son dissonant enveloppe l'atmosphère de la pièce, le livre à la main, l'album continue, les morceaux s'enchainent, un mal-être musical empoisonne la douceur mélodique habituelle qu'affectionnent mes humeurs, je ne suis pas du tout conquis par cette musique abrupte, je me détache peu à peu de l'album, je laisse mes yeux suivre les notes noires du livre ou s'installe une mélodie littéraire plus ample et tout aussi complexe dans cette explication musicale en profondeur, tout est disséqué, déstructuré, expliqué, analysé, l'album est mis à nu, on le découvre de l'intérieur, la partition apparait, les notes, les mots, les références font place, la musique disparait, un concert littéraire surgit de nulle part, je suis dans l'obligation de réécouter cet album pour habituer mes oreilles à cette structure infectieuse. Puis miracle Washer, ce long morceau de plus de huit minutes s'harmonise à la métrique de mon corps, je suis en immersion totale, une vague m'emporte dans les profondeurs de la voix sous les gifles de la guitare, le roulis de la batterie, le silence, la guitare, temporalité enivrante, Sylvain livre son intimité au livre, le live à la cartonnerie de Reims, sa rencontre avec la cassette de l'album, l'explication musicale qu'il orchestre à la plume, noire et blanche d'une littérature visuelle à lecture mélodique qui s'échappe des pages, Slint marque de son empreinte l'auteur pour éclabousser les lecteurs de cette musique rock alternative indépendante de Louisville. Une apostrophe pour décrire la pochette de l'album, au centre du livre, une virgule obscure, comme la boite noire d'un avion, c'est celle de la pochette au livret, tous les détails sont minutieusement décrits et commentés, Sylvain n'oublie rien, l'album coule le sillon vers le saphir de la platine, pour écrire un livre compact et extrêmement détaillé sur chaque morceau de l'album, une immersion totale qu'il faut accompagner par l'écoute de Slint Spiderland, d'ailleurs le titre Good morning, captain accompagne une scène du film Kids de 1995, une nouvelle vie pour ce morceau !
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Offert par Babelio et Densité dans le cadre de la Masse critique de Février 2024. Ce Spiderland est le deuxième "livre sur un album" que je me procure chez ce petit éditeur qu'est Densité et qui a eu la très bonne idée de revenir, dans des ouvrages petits formats, sur la conception et la réception par un auteur/écrivain/journaliste d'un album de musique particulier. J'avais donc lu celui sur l'album Melody Nelson de Gainsbourg et Vannier qui m'avait laissé un bon souvenir même si, ayant lu de nombreux ouvrages sur le sujet, celui-ci m'avait peu surpris par son contenu.
Je fus tout de même très content de recevoir ce Spiderland puisque Slint a toujours été un groupe, et cet album en particulier, que j'ai suivi de loin, un monument du rock mais que je me contentais d'observer sans vraiment y aller. Oh, il y avait déjà eu des écoutes de l'album mais avec ce livre c'était l'occasion d'une véritable rencontre.
C'est ce qui est arrivé... même si je reste nuancé. Pas de soucis avec l'album qui est en effet une pièce majeure du rock de ces trois bonnes dernières décennies. C'est davantage sur le livre de Sylvain Rollet que je suis circonspect.
J'ai aimé tout ce qui pouvait être de l'ordre de l'analyse symbolique, de l'étude des textes et des quelques anecdotes disséminées par-ci par-là ; on sent un véritable amour de la part de l'auteur pour ce disque et il y a ce sentiment que l'on peut avoir lorsque l'on parle avec quelqu'un d'un sujet que soi-même on ne maîtrise pas mais que l'autre parvient, avec sa fougue et parfois un discours qui ne semble pas tout à fait construit, à titiller notre curiosité et transmettre une sincère appétence. Il y a une bonne idée peut-être au départ de la part de Sylvain Rollet de ne pas être dans une simple description des conditions d'enregistrement, de fournir une énième biographie de cette oeuvre.
Là où je ne m'y retrouve pas c'est sur l'aspect très "musical" du livre : comprendre par là que l'auteur, musicien lui-même, parlera la plupart du temps des compositions en elle-même avec le langage propre à la musique ; si comme moi vous appréciez écouter de la musique mais que vous ne parlez pas le langage des gammes, notes, accords et autres joyeusetés techniques vous serez parfois paumés et, comme moi, vous sauterez ces passages (qui constituent tout de même une bonne moitié des écrits de ce livre (au doigt mouillé)). Bien entendu ce n'est pas une faute de la part de l'auteur, il y aura au contraire quelque chose de très appétissant pour le lecteur musicien et lorsque l'on parle d'un art le recours uniquement aux ressentis peut-être questionné. Il s'agit bien ici d'allier le fond et la forme...
Pour autant il me semble important de mentionner cela dans cette critique : pour un petit ouvrage comme celui-ci vendu à un prix plutôt fort autant prévenir celui qui ne parle pas "musique" que ce livre pourrait le rebuter sur cet aspect.
Je termine tout de même par un point positif, le petit poster livré avec, immédiatement accroché et qui synthétise bien le bouquin de Sylvain Rollet : technique, symbolisme, adoration.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Brian Paulson évoque sa surprise au démarrage de l'enregistrement : le son et la structure des morceaux étaient déjà en place. On imagine à quel travail préparatoire le groupe s'est attelé ! À partir de bribes musicales — Britt indique en avoir apporté trois, Brian deux et Todd une — le groupe a passé un temps important à étoffer les morceaux en les répétant, pour faire groover des mesures impaires, rendre « naturelles » les différentes transitions et ruptures, intégrer au fur et à mesure les bottes secrètes de David, les numéros d'équilibriste de Britt, les quelques envolées de Todd.
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Une large palette d'influences n'est pas forcément un avantage quand il s'agit de concrétiser une œuvre. Un sac à dos trop rempli risque d'alourdir la randonnée, un plat dans lequel on mélange tout devient vite indigeste. Comment le groupe a-t-il réalisé l'exploit de livrer six morceaux convaincants dans un style musical unique et parfaitement identifiable ?
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