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EAN : 9782262074968
500 pages
Perrin (05/04/2018)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Jouant sur la plasticité du mot « figure » (de proue, de danse, de style, etc.), le présent ouvrage offre 17 chapitres qui sont autant de clés pour pénétrer dans le vaste domaine que le biographe de Simon de Montfort ou de saint Dominique explore depuis de nombreuses années. Du testament d'un hobereau « hérétique » aux pérégrinations de deux soeurs traquées par l'Inquisition, de l'attaque d'une abbaye pour libérer le parfait cathare qui y est détenu, aux raisons qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre épais, sobre et documenté sur la première moitié du XIII°s dans ce qui n'était pas encore "le Midi de la France", mais les comtés de Toulouse, Carcassonne et Foix. L'auteur résume et synthétise dans sa première partie ce que l'on sait du catharisme au plan théologique, et de façon plus originale, les réactions à la contestation cathare dans l'art chrétien et la littérature arthurienne du temps : il voit dans l'insistance sur l'humanité charnelle du Christ, chez les peintres et les écrivains, une réfutation en images des idées cathares héritées des hérésies antiques. C'est un tour de force de concentrer en peu de pages tant de problématiques complexes, et de le faire clairement.

Mais la plus grande partie du volume est consacrée à l'ancrage du catharisme dans la société occitane du XIII°, dans ses aspects humains, sociaux, juridiques et militaires. Roquebert dégage des archives de l'Inquisition une série de figures des deux sexes (l'église et la foi cathares reposant en grande partie sur les femmes) et venues de toutes les classes sociales, du paysan au chevalier. L'attention au détail, la recréation de destinées singulières, font revivre ce XIII°s et garantissent l'ouvrage de toutes les dérives délirantes que le sujet a provoquées.

La lecture n'est guère divertissante, car le style de l'auteur est assez lourdement universitaire et extrêmement factuel. L'extirpation par la violence d'une religion, étudiée dans les archives de l'Inquisition, les bûchers, les prisons perpétuelles, une police et un espionnage religieux de tous les instants, donnent une image sinistre du catholicisme romain médiéval. Les seigneurs du Nord et leurs suzerains, roi de France, duc de Bourgogne, font figure d'exécutants des ordres d'une papauté autoritaire qui ne vainc leur mauvaise grâce et leurs réticences qu'en leur promettant les biens matériels des hérétiques, décrétés de bonne prise quel que soit le degré d'engagement religieux des propriétaires : parfaits, simples croyants ou protecteurs et sympathisants. Cette opération de pieux pillage, qui fait penser aux trafics de biens protestants après 1685 et de ceux des émigrés pendant la Révolution, s'ajoute au meurtre légal sur le bûcher, le vol légal et les spoliations.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le "trésor" de Montségur.
Une fois n'est pas coutume : voilà un trésor qui n'est pas un mythe ! La réalité de celui de Montségur,en effet, est bel et bien attestée par plusieurs dépositions, devant l'inquisiteur Ferrer, en avril et mai 1244, de rescapés du siège. Ce trésor a donc existé, sinon comme "trésor des cathares", ainsi que veut le faire croire une abondante littérature, du moins comme trésor, il serait même plus exact de dire : comme trésorerie, de la communauté religieuse installée à Montségur à partir de 1232.
On s'étonne même, quand on connaît ces dépositions, que ce trésor ait pu nourrir tant d'extrapolations et conduire tant d'auteurs aux portes du délire. Sans doute était-il trop vulgaire de voir en lui la simple somme d'argent dont parlent les rescapés du siège ; il était autrement plus noble - mais surtout, assurément, plus commercial - d'en faire tour à tour, au gré de l'imagination de chacun, des textes cathares secrets, ou des inédits de Manès, voire de Platon, ou un livre perdu de Flavius Josèphe, ou des documents compromettants pour Blanche de Castille, sans parler, bien sûr, du Saint-Graal, que les cathares cachaient dans leur temple solaire de Montségur et que la croisade albigeoise eut évidemment pour objectif de leur enlever...

p. 463
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En résumé, entre 1200 et 1250, l'émergence historique du catharisme se traduit en Languedoc par la constitution d'une société qu'il faut bien appeler "cathare", parce que les modèles dominants, en matière de croyances et de comportements, au sein de cette société, sont les modèles définis par l'église dualiste. Vécu, à l'orée de cette période, comme tradition familiale au sein d'un certain nombre de lignages de la noblesse des "castra" (châteaux), le catharisme passa aisément de la famille au sens étroit à la "familia" (au sens large, incluant serviteurs, serfs et vassaux), ce qui lui donne cet aspect de religion à la fois nobiliaire et populaire (...)
De 1200 à 1250, cette société que l'on peut concevoir à l'origine comme assez morcelée, tend à la globalisation par la constitution de très vastes clans au sein desquels des liens très forts de solidarité vont permettre de faire face à la persécution, guerre ou Inquisition ; elle tend aussi à l'autarcie ... Le catharisme a puisé sa force d'expansion, puis sa capacité de résistance, dans la cohésion et dans la prégnance des groupes dans lesquels il s'est socialement incarné : le lignage, la "familia", le clan. A ces trois niveaux, il a été vécu comme idéologie et comportement de groupe, et même sous la persécution, tant qu'étaient réunies les conditions qui permettaient la maintenance de la tradition qui le véhiculait.

pp. 145-146
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Quand le 2 mars 1244, le chef de la garnison [de Montségur], Pierre-Roger de Mirepoix, négocia avec les assaillants la trêve qui lui permettrait de ne leur livrer que deux semaines plus tard le "castrum" assiégé depuis dix mois, nul ne pouvait ignorer le sort qui serait alors réservé aux quelque 200 parfaits et parfaites qui y avaient trouvé refuge. Et pourtant, le dimanche 13, se produisit un fait surprenant : ce jour-là, alors que rien ne les y obligeait, vingt simples croyants et croyantes demandèrent à l'évêque Bertrand Marty de leur conférer le "consolament" qui allait inéluctablement les conduire le mercredi sur le bûcher. Corba de Péreille et sa fille Esclarmonde furent du nombre. De fait, elles accompagnèrent au supplice,le 16 mars, l'aïeule de leur lignage, Marquésia.

p. 164
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