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EAN : 9782262033521
416 pages
Perrin (26/08/2010)
4.14/5   7 notes
Résumé :

Simon de Montfort est l'une des figures les plus controversées du Moyen Age. L'homme a laissé à l'histoire le souvenir cruel de l'Inquisition dirigée contre les « ennemis de l'intérieur », hérétiques cathares et albigeois dénoncés par le Saint Siège dans le comté de Toulouse et les principautés voisines. Montfort, qui a pris la croix en 1209, ne vit que les neuf premières anné... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Simon de Montfort (né avant ou après 1170 et mort en 1218) : ce simple nom, pour certains, évoque la cruauté et la rapacité des chevaliers venus de l'autre côté de la Loire - frontière entre France septentrionale et France méridionale - et envahisseurs des terres occitanes. En quelques phrases, le procès et le noir portrait de cet homme sont faits, comme s'il n'y avait pas à y revenir.

Michel Roquebert, qui est, sans conteste, l'un des plus grands spécialistes de l'Histoire des Cathares, nous peint le portrait en demi-teintes d'un homme bien de son temps, aussi brutal qu'efficace, et il réussit, ce faisant, à être assez impartial pour nous rendre moins manichéens dans notre jugement sur ce chef de guerre valeureux, très bon tacticien, et convaincu d'agir pour le bien de la Chrétienté en menant une guerre sans pitié contre les hérétiques cathares.

Baron d'Ile-de-France, seigneur de Montfort-l'Amaury, il pressentait qu'il aurait tout à gagner à participer à la Croisade décidée par la papauté, sous Innocent III, pour punir le meurtre du légat extraordinaire Pierre de Castelnau, religieux cistercien - un meurtre commis le 14 janvier 1208 alors que cet archidiacre de Maguelone revenait d'une rencontre où il avait cherché à convaincre Raymond VI, comte de Toulouse, de ne plus soutenir la cause des Albigeois, convaincus de catharisme, c'est-à-dire d'une hérésie que l'on disait manichéenne (mais Michel Roquebert a montré que ce courant spirituel ne plongeait pas ses racines, comme on le croyait, dans le zoroastrisme iranien, mais trouvait plutôt son origine dans un christianisme exigeant en matière de pauvreté et de lutte contre le matérialisme et contre le mal, sous toutes ses formes).

Simon de Montfort répondit donc favorablement à l'invitation de Guy, abbé des Vaux-de-Cernay de se joindre aux hommes de guerre chargés par la Papauté de ramener dans le droit chemin ces "déviants", par la force si la raison ne l'emportait pas. C'est que l'Église catholique ne supportait pas d'avoir des concurrents, même minoritaires, et que l'on habituait les Occidentaux à l'idée qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule foi, un seul baptême et une seule communauté.
Sentant la menace, Raymond VI de Toulouse vira sa cuti et se croisa lui aussi le 18 juin 1209, pour faire lever la sentence d'excommunication qui pesait sur lui. Il évita ainsi provisoirement de voir ses domaines envahis par les croisés, qui devaient se rabattre sur les terres de Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne.

De son côté, Simon de Montfort se montra à la hauteur de la tâche, se révélant
tout autant courageux que cruel. Tant et si bien qu'après la prise de Béziers et de Caracassonne, il fut désigné comme dirigeant militaire de l'expédition. Bon choix pour les Croisés, car, même si les troupes fondirent comme neige au soleil après le service de quarante jours dont les seigneurs étaient redevables dans les armées en guerre au XIIIe siècle, les résultats obtenus furent bons sinon spectaculaires : Fanjeaux, Mirepoix tombèrent, mais les châteaux de Lastours (Quertinheux, Fleur d'Espine, et Cabaret) résistèrent tout d'abord.
La mort de Trencavel en novembre 1209, dans des circonstances étranges,
embrasa toute la région. La guerre se généralisa : au coup par coup, Montfort s'empara de Minerve, de Termes, de Lastours et de Lavaur, mais son offensive, d'abord irrésistiblement victorieuse, qui produira une victoire inattendue à Muret, le 12 septembre 1213, sur les forces supérieures en nombre de Pierre II d'Aragon venu soutenir les Albigeois alors que ce roi était auréolé de son succès sur les Maures en Espagne à Las Navas de Tolosa en 1212, sera finalement brisée sous les murs de Toulouse, ville assiégée à partir d'octobre 1217, et très remontée contre Simon de Montfort, incapable de conciliation, et qui mourra le 25 juin 1218, d'un coup de pierre catapultée par un engin de guerre. Enterré d'abord à Carcassonne, dans la cathédrale Saint-Nazaire, au coeur de la cité, il fut finalement transporté au prieuré de Haute-Bruyère, non loin de Montfort-l'Amaury.
Brutal mais efficace, jusqu'à un certain point, il fut surnommé le " Machabée" de son temps. Même sa cruauté lui fut pardonnée par ceux qui étaient prêts à tout pour imposer la "vraie foi" aux hommes qui avaient osé défier l'Église catholique.
Dans le midi, il fut longtemps regardé comme un monstre, un homme barbare, uniquement préoccupé par la conquête de terres offertes à ceux qui, sous le couvert de défense du catholicisme, s'enrichirent et se constituèrent des fiefs dans la région.
Si sa dureté n'est pas niable, et si son instinct de prédateur dans la prise de possession de terres ne l'est pas non plus, on ne peut contester qu'il crut sincèrement faire le bien de l'Église en luttant contre les Albigeois, ce qui n'empêche pas de se demander si c'est un bien de ne pas hésiter à faire le mal pour arriver au résultat recherché. de plus, Simon de Montfort ne fut pas toujours, localement, un fidèle soutien de tous les représentants de l'Église et s'opposa ouvertement à l'archevêque de Narbonne, Arnaud Amaury, à qui il disputa la suzeraineté sur cette ville et son "duché".
Simon de Montfort est l'archétype du chevalier conquérant qui ne se pose pas la question des moyens employés dès lors que la cause est jugée sainte.
Si Michel Roquebert parvient à un certain équilibre dans sa démonstration et ses conclusions, il ne nous empêche pas d'éprouver un certain malaise face à la personnalité peu sympathique de Simon de Montfort dans la partie de sa vie qu'il employa à combattre les Albigeois. Il s'était montré plus attachant en refusant d'accepter que l'objectif de la IVe Croisade fût la conquête de Constantinople sur l'Empire byzantin en 1204.
Francois Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Simon de Montfort, comme le souligne Michel Roquebert, fut à la fois un martyr et un bourreau, un chevalier du Christ au service d'une idéologie, celle d'une guerre sainte lancée par le Saint-Siège, et dont il allait devenir le chef, afin d'éradiquer l'hérésie cathare qui s'était propagée dans le sud de la France et qui était perçue comme une menace pour l'unité de la paix et de la foi ; mais Simon de Montfort n'en fut pas moins un guerrier ambitieux et brutal, qui ravagea tout sur son passage, en s'emparant des terres confisquées aux hérétiques ou à ceux qui les protégeaient, devenant ainsi, après la chute de Trencavel, qu'il a peut-être assassiné, Vicomte de Carcassonne, Béziers, Albi et Razès, avant de s'attaquer à d'autres grands barons, les comtes de Foix, de Comminges, aussi bien que le puissant comte de Toulouse, Raymond VI, lequel était soutenu par Pierre II, le roi de Catalogne et d'Aragon. Cette guerre sainte s'était donc transformée en une guerre de conquête, aux inextricables imbroglios politiques, les manoeuvres militaires ne laissant de place qu'aux menées diplomatiques, et dans laquelle les actes de cruautés furent nombreux. Simon de Montfort finit lui-même par tomber, le crâne fracassé par une pierre, lors d'un dernier assaut sur la ville de Toulouse.
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Montfort comme on le pense souvent à tord mais une sortie d'Arnaud Amaury, légat du Pape pendant le sac de Béziers, par contre Simon faisait bien partie de l'armée des croisés à ce moment avant d'en prendre personnellement le commandement et de prendre aussi la responsabilité de la croisade contre les Albigeois.
Comment Simon petit noble du nord est parvenu à avoir un des plus grand domaine du sud de ce qui n'était pas encore la France ? Comment a-t-il fait pour mettre à genoux tant de valeureux guerriers et seigneurs, sûr de leurs puissances ? C'est ce que vous livrera cet ouvrage. Michel Roquebert spécialiste incontesté de l'espace cathare, après avoir écrit une monumentale histoire des cathares, se lance dans la biographie. Les sources ne sont pas nombreuses pourtant il va nous retracer le parcours de Simon, croisé deux fois, une fois pour allez délivrer les lieux saints, une autre fois pour chasser l'hérésie de la terre chrétienne.

Avec cette biographie d'un personnage assez controversé, l'auteur se lance dans un exercice périlleux. En effet il veut montrer Simon de Montfort tel qu'il était, dans le bon, comme dans le mauvais. Car en fonction du coté ou l'on se place le regard de l'époque sur ce homme est totalement différent. Il y a donc bien deux facettes pour un homme. de plus il est toujours dangereux de juger avec nos repères une situation historique totalement différente de la notre. La guerre, les massacres étaient bien sur horribles, personne ne dira le contraire, les raisons, juste un prétexte, tout le monde le sais. Les méfaits et exactions étaient valables pour les deux cotés. Les ruses et les faux prétextes pour occuper la terre des autres étaient un lieu commun. Michel Roquebert nous livre ici, un opus fort chargé en batailles, en siège et fait de guerre en tout genre afin de nous présenter Simon de Monfort autant comme un grand chef que comme un homme de massacres, sans oublier le politicien et l'homme de dieu.
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