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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782374913414
248 pages
Quidam (01/03/2024)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Affamée depuis l'enfance par des régimes inopérants, célibataire et prête à tout pour sortir des clous d'une vie solitaire, où son vrai plaisir est d'épier ses voisins, Úrsula Lopez accepte de s’allier avec Germán un détenu qui sort de prison avec une «commande», le braquage d'un transport de fonds blindé.
Prenant goût à la délinquance, Úrsula tisse sa toile et s'affirme : « Allons, Germán. Le monde n’est pas pour les lâches. Dieu vomit les tièdes. »
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Antinucchi, un avocat mafieux, catholique et mélomane (il affectionne particulièrement le Miserere de Vivaldi), organise le braquage d'un fourgon blindé dans un quartier de Montevideo. Pour mener à bien l'opération, il achète des armes de gros calibre et fait sortir de prison deux de ses clients : Ricardo et Germán. le premier, un homme aussi violent qu'impulsif, a été incarcéré à tort pour le meurtre d'une vieille femme ; grâce aux contacts d'Antinucchi avec la police, il s'enfuit du tribunal où il avait été conduit pour une audition. le second est relâché suite à la déclaration de Santiago Losada, l'homme d'affaires qu'il a kidnappé un mois plus tôt . Timide et dépressif, Germán n'a aucune envie de participer au braquage, mais les menaces de Ricardo ne lui laissent guère le choix. À sa sortie, il reprend contact avec Úrsula López, qu'il croit être la femme de Santiago Losada, mais qui est en réalité une homonyme. Il lui demande de l'épauler lors de l'attaque du fourgon blindé.
La commissaire Leonilda Lima enquête sur le meurtre d'un codétenu de Ricardo et Germán. Un dimanche, son chef l'appelle pour l'informer que la femme de l'homme d'affaires a été assassinée la veille en pleine rue. Elle était venue porter plainte peu avant ; deux personnes, agissant individuellement, ne cessaient de la surveiller. Il s'agissait de Ricardo qui souhaitait se venger de la fausse accusation de meurtre et d'Úrsula López qui voulait, elle, se venger pour n'avoir jamais reçu les millions promis de la rançon .
Grâce à un indic, la commissaire Lima est informée du braquage qui se prépare. le camion étant en avance, elle arrive sur les lieux trop tard. Antinucchi fait exploser le fourgon ; Germán et Ri-cardo transbordent les sacs d'argent dans leur camionnette. Sous l'effet de l'adrénaline et de la cocaïne, Ricardo veut éliminer Germán. Úrsula intervient in extremis et lui tire une balle dans le ventre. Germán et Úrsula prennent la fuite, avant de se faire intercepter par Antinucchi et ses gorilles. La commissaire Lima avait fait suivre l'avocat et se rend dans le garage où ils se trouvent. Úrsula réussit une nouvelle fois à s'enfuir et reçoit enfin l'appel de Germán qu'elle attendait anxieusement. Ayant fait mettre sur écoute la ligne d'Úrsula, Leonilda Lima entend la conversation. La fin reste ouverte.

La narration présente incontestablement une dimension cinématographique : dans la première partie, les chapitres fonctionnent comme des scènes, où l'on voit les personnages, d'abord isolés, puis ensemble ; dans la seconde, ils sont tous réunis au même endroit, chacun dans un véhicule, dans l'attente du camion blindé. de manière générale, le dispositif narratif est ingénieusement ficelé. Les dialogues sont parfois directement insérés dans la narration. On trouve quelques prouesses stylistiques, notamment dans les scènes de prison ou encore le dialogue de la commissaire avec son indic. de manière générale, le style est correct et fluide.

Ce qui frappe le plus à la lecture de Des larmes de crocodile est la complexité de la trame : c'est pourquoi résumer l'intrigue est difficile, tant de multiples histoires y sont imbriquées. Si le texte relève du roman noir, avec son lot de meurtres, de policiers, de suspense, il ne s'agit pas d'un polar stricto sensu. La tension monte en crescendo pour attendre son paroxysme dans la deuxième partie. Tout comme l'intrigue, révélée au compte-gouttes, la construction des personnages se fait par petits coups de pinceaux épars ; aussi l'ensemble est-il riche en rebondissements, happant le lecteur du début à la fin.
Úrsula, la protagoniste, est une véritable anti-héroïne. Voyeuriste compulsive, cette quarantenaire est obsédée par les odeurs et hantée par le souvenir d'un père autoritaire qui lui infligeait des punitions cruelles et humiliantes après ses crises de boulimie. Úrsula a toujours une relation complexe avec la nourriture. Elle vit seule dans l'appartement familial du centre-ville de Montevideo, un lieu chargé de souvenirs. Elle aimerait en partir, déménager dans un quartier riche, maigrir dans une clinique spécialisée… N'ayant pu toucher une partie de la rançon négociée avec l'autre Úrsula López, elle accepte de participer au braquage du fourgon blindé, ce qui mettra en outre un peu de piment dans son existence désoeuvrée . le personnage d'Úrsula est amoral, mais attachant. le lecteur comprend au fur et à mesure que c'est elle qui a assassiné son père, sa tante et l'autre Úrsula López.
La commissaire Leonilda Lima est l'autre personnage féminin important. Intelligente, perspicace, superstitieuse (elle tient à connaître son horoscope avant de partir travailler), elle a du mal à travailler dans une police totalement corrompue, d'où sa grande insatisfaction. Mentionnons les trois autres protagonistes : Antinucchi, une crapule qui se rend à confesse et surveille son vocabulaire, un personnage qui finit par être drôle, apportant une touche d'humour au texte ; Germán, une sorte de poète moderne, un homme très seul, timide, sujet à de graves crises de panique, et Ricardo, dit El Roto. Comme Úrsula, ils sont tous et chacun à leur manière névrosés.
L'action du roman se passe à Montevideo, en plus particulièrement, dans la Ciudad Vieja, le centre-ville. L'auteure est parvenue à évoquer les innombrables facettes de la capitale uruguayenne – ses rues, ses parcs, ses usines, son fleuve-mer, ses promeneurs de chiens, etc.
Parmi les thèmes évoqués, on trouve celui de la corruption de la police et de la complicité entre la délinquance et ceux qui sont chargés de la réprimer. À cet égard, dans ce roman, les frontières entre coupables et innocents, entre bons et méchants, sont constamment brouillées. Par ailleurs, la question des relations familiales complexes revêt une importance particulière.
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Un page turner exaltant !
Adrénaline fois mille !
« Des larmes de crocodile » est d'emblée un antidote face à la morosité. Une fois en main, impossible de le reposer. On veut savoir, coopérer, se prendre au jeu d'une trame trépidante et captivante.
C'est un film à ciel ouvert. Tout est en mouvement, suspens, et merveilleusement déplié. le magnétisme nous touche en plein coeur.
On aime les retrouvailles avec Úrsula López. L'héroïne de « L'Autre femme », qui vient de paraître en poche, toujours chez Quidam éditeur.
Rebelle, cachottière, elle n'aura de cesse de se venger d'une enfance frustrée et malheureuse. Son père était oppressant, quelque peu sadique avec sa fille boulimique.
« Elle lève à peine la tête à hauteur de sa poitrine, tremble, et fixe de nouveau le sol, les chaussures comme des miroirs sombres. La peur l'attaque, l'assaille. - Non, Papa. »
Il l'enfermait dans sa chambre jusqu'à plus d'heure. Tournait la clef et fermait les volets. Recluse, plus de nourriture et la peur au ventre.
Úrsula López est originale, succulente, imprévisible et rancunière. Elle habite à Montevideo, dans l'antre familial, seule. Son père est décédé. Mais les souvenirs sont prégnants et elle fait tout pour changer le décorum de sa vie, et comment !
L'Uruguay s'élève dans toute son idiosyncrasie. Les ruelles gorgées de soleil, entre splendeur et crépuscule. Nous sommes dans un roman noir, ne l'oublions pas.
Il y a les petites combines et les corruptions, les filatures et les manies. Ici, tout est en action, en ordre de bataille. le récit est à tiroirs. Un puzzle qui s'assemble immanquablement et les évènements enclenchent la vitesse supérieure.
Mais, il y a aussi l'autre versant. L'absolu d'une beauté d'écriture profonde et surdouée. Elle rehausse le sombre des lignes. La sensibilité de Mercedes Rosende qui arrime ses protagonistes avec un tremblant d'humanité. Suivre le fil des larmes de crocodile et comprendre qu'ici, il y a des hommes et des femmes dont les existences sont de pluie, de quête ou d'enfermement. C'est l'arbre que cache la forêt en quelque sorte.
« La nuit de la prison pénètre en toi et il n'y a pas de lumière du jour ni de bonnes nouvelles pour la chasser comme ça, aussi vite, comme on se débarrasse d'une poussière. »
« Le monde était si loin qu'à l'intérieur de la pièce on pouvait entendre jusqu'au craquement des meubles. »
Mercedes Rosende déplace les pions. Échec et mat.
« Il y a deux Úrsula López. La femme de Santiago et moi. - Qui êtes-vous alors ? - En fait, je m'appelle bien Úrsula López. Mais je suis une autre Úrsula López. Vous comprenez ? - Non. - Nous sommes des homonymes, nous portons le même nom. Quand vous avez appelé pour réclamer une rançon à Úrsula López, la femme de Santiago Losada, vous avez composé le mauvais numéro, le mien. Vous avez appelé la mauvaise femme. »
D'une haute intelligence, sociologique, parfois politique, ce trépidant roman dévoile les diktats d'un pays entre les poussières et les crimes, les fausses identités, et les enquêtes menées d'une main de fer et de sang.
C'est une histoire effrénée, fascinante, comme un tour de magie, du grand art. Un spectacle dont on ne lâche rien. Mercedes Rosende nous entraîne sur la piste. On garde, certes, parfois, les mâchoires serrées, mais qu'importe !
Réjouissant, subtil, sous ses faux airs de clown au nez rouge, se lovent les grandes importances et les blessures humaines.
Les vulnérabilités, les trahisons et reste l'adage de Prosper Mérimée : « Apprendre à toujours se méfier. »
Sous le masque, les tragédies enfantines qui persistent. La vengeance aux abois.
C'est un roman d'une extrême capacité intérieure. Une référence dans un genre, qui, par sa maîtrise et sa haute qualité est unique.
Le bouquet final d'un feu d'artifice qui brille de mille feux. L'apothéose et le crime parfait.
« Entre le marteau et l'enclume, toi, comme toujours. »
Serré comme un café fort, « Des larmes de crocodile » est un pur divertissement ! L'arc-en-ciel après les giboulées. Et que ça fait du bien !
Fais ce que tu dois, advienne que pourra !
Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Marianne Millon. Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.
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Très heureuse de retrouver Ursula Lopez, héroïne singulière et décapante découverte en 2022 avec L'autre femme. du noir bien serré et au féminin, qui m'avait plu par son ton impertinent et élégant, par son écriture fouillée qui fait la part belle à son personnage principal. Toujours sur un fil, Ursula. Lourd bagage familial, beaucoup de rancoeur enfermée et ressassée dans un corps toujours affamé qui nous vaut des séances d'orgies de nourriture assez spectaculaires. Une soif de revanche servie par une intelligence redoutable. Personnage truculent par ce qu'elle s'autorise, rare dans la façon dont est montrée sa féminité. Nous l'avions laissée dans un abîme de frustration, vaincue par un grain de sable imprévu dans la mécanique impitoyable déployée pour profiter de l'homonymie qui l'avait placée sur le chemin de la fortune (cf L'autre femme) nous la retrouvons bien décidée à se venger. Et pour l'avoir déjà vue à l'oeuvre, on sait de quoi elle est capable.

"Dans un monde ravagé par les guerres, les meurtres en série, les massacres, les tremblements de terre et les génocides, tuer un seul être humain a quelque chose d'artisanal, qui n'atténue pas le crime, non, mais lui ôte une part de son apparence sordide."

Dans ce deuxième volet, l'autrice orchestre un savoureux jeu de pistes et de dupes dans les rues de Montevideo, avec vrais gangsters et fausses victimes où de nouveaux enjeux viennent se greffer aux plus anciens. Il sera question d'un fourgon blindé, d'un sac à main rose, d'un avocat véreux et d'un apprenti truand trop peureux pour être tout à fait malhonnête. Ici, seules les femmes ont quelque chose entre les oreilles, et si Ursula s'autorise tout, la commissaire Leonilda Lima, méprisée par ses collègues et sa hiérarchie pourrait être la seule à toucher la vérité du doigt. Mais il semble qu'il faille attendre la suite pour assister à un éventuel face à face... de quoi saliver à l'avance de ce duel annoncé entre deux intelligences au féminin, alimentées par la nécessité de se libérer de tutelles masculines étouffantes.

Le traitement psychologique est toujours aussi fin, l'humour aussi mordant, un noir plaisir qui se savoure avec délectation.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Poursuite des aventures échevelées, vengeresses, d'Úrsua López qui, cette fois, s'embarque dans un braquage pour tromper son ennui et sa boulimie, pour penser se changer dans un miracle qui, bien sûr, tarde à venir et entraîne une série de comiques catastrophes. Au-delà de sa dingue drôlerie, du rythme de ce plan foireux et de ces prévisibles ratages, Des larmes de crocodiles brille par son inventivité narrative, ses discrets écarts et surtout l'ironique précision qu'ils permettent. Mercedes Rosende nous propose une belle plongée dans le Montevideo de la pègre, sa langue et ses avocats marron.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans un monde ravagé par les guerres, les meurtres en série, les massacres, les tremblements de terre et les génocides, tuer un seul être humain a quelque chose d'artisanal, qui n'atténue pas le crime, non, mais lui ôte une part de son apparence sordide.
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