Peut-être ce lieu qui nous semble parfois n’être que silence, nous apprendrait-il quelque chose de plus si nous le regardions d’un autre point de vue, à partir de ce qui l’informe avec des contours non pas plus rationnels mais plus familiers, plus connus ; aussi longtemps que nous continuons à discerner ces contours, qui rapidement s’effacent et disparaissent.
Ces contours sont ceux de l’individualité des monuments, de la ville, des constructions, et du concept d’individualité et de ses limites, où elle commence et où elle finit; ceux de la relation de l’architecture au local, le lieu de l’art.
Je pense souvent aux places représentées dans les tableaux de la Renaissance italienne, ou le lieu de l’architecture, la construction humaine, acquiert une valeur générale de lieu et de mémoire en étant fixé par le peintre dans une heure particulière ; mais cette heure, c’est aussi la première idée, la plus profonde, que nous ayons des places d’Italie, et elle se rattache donc à l’idée même que nous nous faisons de l’espace des villes italiennes.
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La pensée d’une même architecture se manifeste dans des lieux différents ; nous pouvons donc faire dériver nos villes d’un principe identique en appréhendant l’aspect concret de chaque expérience.
Je considère l’architecture dans une vision positive, comme une création inséparable de la vie des citoyens et de la société où elle se produit ; elle est, par sa nature, collective.
Et donc ce qui fait du locus même un fait singulier déterminé par l'espace et le temps, par sa dimension topographique et par sa forme, par le fait d'être le lieu d'une histoire ancienne et récente, par sa mémoire.