J'ai beaucoup aimé le contenu de ce roman, que ce soit l'intrigue centrée sur un camp de militaires iraniens pendant la guerre Iran-Irak, sur le monde kurde ou sur les légendes tirées de l'ancienne Perse. En effet les chapitres alternent entre des chapitres de l'intrigue et des contes. On découvre ainsi l'origine des échecs ou encore les personnages mythiques de Zal, Simorgh et Ardashir.
On ne voit par contre pas bien la résonance entre le récit et ses légendes :la légende de Zal et Ardashir dénonce clairement le fanatisme religieux comme mortifère mais on ne comprend pas bien la lutte fratricide ou en quoi Zal a été un héros « mythique, dont la vie, les idées et les exploits ont survécu aux millénaires ». de même, la préparation spirituelle de Zal par le Simorgh n'a pas de sens ou d'écho dans la suite. Cette légende m'a laissé un goût d'inachevé. Il manque sûrement quelques clés de lecture pour les lecteurs qui ne sont pas de culture perse.
J'ai aimé aussi que l'auteur nous plonge dans les croyances iraniennes héritées du zoroastrisme, la première religion monothéiste perse, que ce soit avec le combat traditionnel, les festivités de Nourouz… Elle nous fait découvrir aussi une partie de l'archéologie du pays avec les tombes aux fleurs de Shanidar. Et j'ai beaucoup aimé que certains héros soient kurdes, issus des tribus autour du mont Zagros qui ont aidé les Iraniens lors de la guerre et ont du coup été attaqués en représailles par
Saddam Hussein aux armes chimiques, quelques années avant le génocide des kurdes d'Irak.
Par contre, je me suis peu attachée aux personnages, sûrement à cause de l'alternance des chapitres récit / légende qui crée une distance. Par ailleurs, il y a beaucoup de personnages et certains sont introduits au moment où on aimerait savoir ce qu'il arrive aux autres.
En conclusion, une lecture très intéressante pour le contexte et une plongée dans l'histoire et l'âme perse mais un livre qui laisse un goût d'inachevé, de trop nombreux personnages et intrigues. Peut-être y a-t-il trop de thèmes abordés pour la longueur du récit et il aurait mérité d'être plus développé.