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EAN : 978B087QHPF8C
116 pages
Les Editions Chapitre.com (27/04/2020)
4.32/5   39 notes
Résumé :
A travers les souvenirs d’une jeune fille, se raconte une histoire de l’Iran, avant l’arrivée des mollahs et de leur révolution.

De la tante avide de liberté au cousin épris d’absolu, de la petite sœur éternellement innocente à la gouvernante borgne, tel un kaléidoscope réfléchissant à l’infini la lutte entre la permanence et le changement, les personnages de cette histoire familiale se cherchent, se perdent et parfois parviennent à trouver leur che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Une histoire de famille dans les années 60 dans L'Iran du Shah.
Un père commerçant non grata par la police politique du Shah, une mère effacée et quatre enfants dont une, miraculée. La narratrice est Azam la fille aînée.
Entre Vie politique et vie privée elle nous décrit les évènements surtout tragiques qui advinrent à sa famille élargie, dans ces années-là. Étrangement c'est sa grand mère, une femme dominante mais analphabète, celle-là même qui fit épouser sa fille cadette contre son gré, qui l'encouragera à faire des études universitaires, "tu seras ma première petite fille à entrer à l'université ". Cette femme qui sait ni lire ni écrire gère pourtant des affaires et tient les comptes de leur ménage et de leurs affaires,......une femme dont la mère lui a inculqué une vision tragique de la vie , ne pas penser plus loin que ton prochain pas, un pas, tomber, se relever, un pas, retomber, se relever.....
visiblement adoptée par la petite fille vu qu'elle termine son récit avec cette même vision.
Je pense que la particularité de ce livre vient surtout,
De certains portraits de personnages comme celui de cette grand-mère et celui du grand-père grossiste en or blanc ( le riz, aliment de base de la cuisine iranienne), dont le passage où ce dernier loue le riz, est assez émouvant,
Des descriptions des us et coutumes iraniennes notamment avec les marionnettes, et la fête du Nouvel An chiite, le Newrouz ,
Et d'autres petits détails touchants , comme ces gens qui se lèvent en pleine nuit et sortent en pyjama pour éteindre l'incendie du magasin d'un inconnu, sans poser de questions. C'était dans les années 60, aujourd'hui serait-il de même, aucune idée.....

C'est un livre riche et sincère que je recommande vivement, et un grand مرسی à Marale pour ce premier roman réussi !


"Entre la foi et l'incrédulité, un souffle,
-entre la certitude et le doute, un souffle.
-Sois joyeux dans ce souffle présent où tu vis, car la vie elle-même est dans le souffle qui passe. "
Omar Khayyam



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Chère Marale,
Vous m'avez invité à lire votre premier roman que vous avez auto-publié tout récemment aux Éditions Chapitre et je vous remercie de cette confiance.
Le gourmet,- ou peut-être le gourmand que je suis -, a été sensible aux premières pages de ce récit qui évoque la pâtisserie traditionnelle persane, une manière de faire connaissance avec le pays de votre famille, l'Iran. J'ai aimé cette manière d'entrer dans l'histoire des personnages.
On ne rappellera jamais assez la puissance culturelle de la cuisine. Elle dit beaucoup de choses d'un pays, d'un peuple, de son histoire. Elle est l'héritage vivant de gestes anciens. Si les papilles gustatives furent les premières à être titillées par votre récit, plus tard ce fut le coeur à son tour d'être touché...
Au travers des souvenirs d'une petite fille, Azam, que l'on voit grandir dans l'Iran des années soixante et qui ressemble sans doute trait pour trait à votre maman, vous avez fait don de vos mots à votre famille.
J'ai aimé ces anecdotes qui perlent comme les images sépia d'un album de photos : un théâtre de marionnettes, le magasin pour dames que tient le père d'Azam, la petite soeur rescapée d'une noyade dans un bassin mais qui en restera handicapée, les jeux d'enfants dans la rue, l'oeil borgne de la gouvernante qui intrigue Azam et ses frères au point de se demander si elle ne fut pas pirate dans une autre vie, les odeurs sensuelles qui émanent de la cuisine de la grand-mère, celle-là qui fut promise et offerte à son futur époux alors qu'elle jouait encore à la poupée...
C'est comme un chant de saveurs et de lumières qui traverse l'histoire d'une famille, les années d'enfance d'une petite fille qui grandit, avec les joies et les peines. Une famille aisée certes... le bonheur et l'insouciance étaient sans doute plus facile à vivre sous le régime du Shah d'Iran lorsqu'on était issu d'un milieu favorisé... Il n'empêche que la famille d'Azam était toujours attentive à ceux qui étaient dans le besoin, recueillant ainsi cette pauvre femme Naneh, fuyant sa vie, et qui deviendra gouvernante de la famille durant plusieurs années...
Et puis il y a cette jeune tante, Khaleh Suri, amoureuse de la vie, qui se confie souvent à Azam, qui n'accepte pas le sort réservé aux femmes de son pays et pourtant, on est encore loin des années de plomb... Il est vrai que les mariages arrangés finissaient souvent en violence conjugale... J'ai adoré ce personnage totalement épris de liberté...
Chère Marale, j'ai aimé côtoyer dans vos mots la solidarité des femmes, entre résilience et fatalité, pour aider l'autre à tenir dans un monde fait par les hommes et pour les hommes... Un pas l'un après l'autre comme lorsqu'on apprend à marcher...
Avec pudeur et poésie, ces mots disent l'enfance désinvolte et insouciante qui ne voit pas le monde d'après venir...
D'où vient cette indicible et lancinante douleur de la nostalgie, celle de l'enfance perdue, celle d'un temps où les femmes et les hommes étaient relativement libres ? du moins ils pouvaient s'habiller à l'occidental s'ils le voulaient, penser différemment au sein d'une même famille ou parmi les gens de la rue, ne pas forcément pratiquer la religion avec toujours cette même foi intense, ne pas pratiquer la religion si on ne le voulait pas... La tradition et la modernité se rencontraient sans heurts...
Ces mots disent une période où il faisait bon vivre, sans pour autant absoudre la dureté du régime du Shah d'Iran qui ne laissait guère d'espérance aux couches sociales les plus démunies, où les geôles étaient remplies d'opposants au régime, parfois torturés, parfois exécutés sans procès par la police d'État, la terrible Savak...
Chère Marale, ces mots parlent d'un bonheur qui fut, et pourtant tout est déjà là dans ce récit, tout est là qui se prépare comme une ombre, les années passent et l'Iran inexorablement se prépare à renverser le régime du Shah.
Vos mots effleurent cela, ce temps qui va venir...
Comme il est triste et incompréhensible lorsqu'un enfant de la famille devient moudjahidine, lorsque des jeunes basculent brusquement dans l'absolu, préparant déjà la relève d'un autre monde, le régime des mollahs... Pourquoi ? Comment ne pas l'avoir vu venir ?
Toutes les dictatures se nourrissent d'un terreau fertile...
Vos mots effleurent cela, ce temps qui viendra plus tard, de ces femmes emmurées derrière leur prison de tissus et de fanatisme, où le corps intime devient un exil, une île perdue comme l'enfance à jamais...
Chère Marale, que sont ces vies devenues ? le père, la mère d'Azam, ses frères, sa petite soeur Afsaneh à la perpétuelle innocence... J'imagine que le magasin pour dames n'entrait pas vraiment dans les codes de la féminité tels que les pensaient les mollahs. Connaîtrons-nous un jour la suite de leur histoire sous votre plume, ou vaut-il mieux refermer dès à présent l'album de souvenirs sur les années les plus belles ? Fermer les yeux, imaginer...
Le récit de votre famille s'arrête aux portes d'un autre monde, celui d'après, l'effroi, la barbarie. Plus tard on saura... Je me souviens, je devais avoir dix-sept ans, peut-être l'âge auquel vous avez écrit ce récit... Je voyais à la télévision ces scènes de liesse collective, cette marée humaine qui accueillait à l'aéroport de Téhéran l'Ayatollah Khomeini revenant d'exil de France, comme le sauveur... La suite, on la connaît...
Je pense aux enfants qui sont nés et ont grandi là-bas après ces événements, ne connaissant de l'Iran que le visage d'une dictature religieuse.
Plus tard, il faudrait bien se relever... Un pas l'un après l'autre comme lorsqu'on apprend à marcher...
Chère Marale, il me tarde déjà de lire ce qu'il advint, si toutefois poser de tels mots n'est pas trop douloureux... En attendant, que ce premier roman puisse connaître le succès mérité !

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Ce dont les montagnes se souviennent est un récit à la première personne, d'une femme qui se rappelle son enfance à Téhéran dans les années soixante. Ca ne peut pas être elle qui écrit, puisque l'auteure appartient manifestement à la génération suivante : elle a donc transcrit les souvenirs d'une autre, de la génération de sa mère. Pourtant, le récit est au plus près de sensations et d'émotions qu'on dirait réellement vécus par la narratrice : tous les sens sont éveillés, et on partage aussi bien l'odeur et le goût de la cuisine, que les chants, la sensualité de la main qui caresse une poignée de riz, et tout le paysage d'un Téhéran mythique. Il y a tant d'émotion qui affleure à chaque paragraphe qu'il s'agit forcément d'un récit familial, maintes et maintes fois raconté et ressuscité, qui a marqué l'auteure au point qu'elle a su le transmettre comme s'il était sien.⠀⠀
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Comme tout récit familial, il est ponctué de drames marquants : l'extraordinaire mais tragique histoire de la petite soeur, le destin complexe de la tante... et aussi, des transgressions enfantines qui pourraient être celles de n'importe quelle génération (j'ai bien ri à la lecture du stratagème pour aller voir des films d'horreur). Mais la narratrice nous donne aussi accès aux secrets familiaux, aux murmures des femmes aux oreilles des plus jeunes, à l'ombre derrière la lumière des dîners familiaux. Marale Rostaing a une très belle plume, au très fort pouvoir d'évocation parce qu'elle creuse derrière la surface, même de souvenirs qui ne sont (je pense) pas les siens.⠀⠀
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Si ces souvenirs ont pu être transmis avec une telle force, c'est aussi qu'il s'agit d'un âge d'or amèrement regretté... la politique est omniprésente en arrière-plan du roman : le destin d'un cousin, les incendies prévisibles de la boutique du père, vécus comme une fatalité, rappellent de manière insistante et inquiétante la manière dont ont basculé les années qui ont suivi celles qui sont racontées.⠀⠀
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Un très court mais très beau livre, vraiment. Un voyage dans le temps et dans l'espace que je vous recommande vraiment d'entreprendre !
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C'est à partir des souvenirs de jeunesse de sa mère Azam que Marale a construit son roman. Des souvenirs de l'Iran des années 60, un Iran que l'on nommerait encore volontiers Perse, tant les souvenirs qui s'y rattachent son empreints de nostalgie, de douceur, de poésie et parfois aussi de douleur.

La première surprise pour moi fut la découverte du zoroastrisme (religion monothéiste) avec ses rituels et fêtes, dont les célèbres fêtes de Nowrouz inscrites au patrimoine immatériel de l'humanité.
« D'après le calendrier persan, la nouvelle année débute à l'équinoxe du printemps, à ce moment particulier où le jour dure autant que la nuit.
Nowrouz, le premier jour de la nouvelle année est fêté depuis très longtemps dans cette partie du monde, du temps où les peuples vénéraient les quatre éléments fondamentaux, que sont l'eau, la terre, le feu et l'air. »

Ma deuxième découverte fut celle de l'importance de la famille et les occasions multiples de se regrouper avec les grands-parents, les oncles et tantes ainsi que les cousins cousines. Des partages autour de délicieux mets qui donnent immanquablement l'eau à la bouche à la gourmande que je suis.

Ensuite, je vous laisse découvrir la place de l'enseignement pour les garçons et les filles, les rituels autour des mariages et des deuils. Mais aussi le poids de la police du Shah et plus tard celle des mollahs...

Un bien joli roman qui vous titille les sens : odorat, vue, ouïe, toucher sont bien souvent sollicités. L'écriture douce et soignée joue aussi avec vos émotions. Une belle découverte d'un pays aux traditions riches et multiples où l'on perçoit l'importance de la culture, et en particulier celle de la poésie.
Un voyage sur un tapis volant...
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Ce dont les montagnes se souviennent est un récit autobiographique sur une jeunesse en Iran. C'est, en apparence, une enfance heureuse que vit Azam auprès de ses frères, soeur, tantes et grands-parents. Mais certains évènements dramatiques vont piqueter le tapis de l'insouciante jeunesse d'épines acérées et cruelles: l'accident de sa petite soeur, miraculée mais handicapée pour toujours, la mort, en prison, de son très jeune cousin insurgé face à la politique du shah.
J'ai aimé le découpage en chapitres courts, faisant de chacun d'entre eux une petite histoire à part. L'amour familial et amical, la compassion animent l'entourage d'Azam. Sans se focaliser sur la liberté entravée des iraniens et la surveillance continuelle de la famille par les milices du Shah, l'auteure nous dresse le tableau d'un pays cultivé, aux traditions ancrées, vives et chatoyantes mais où la place de la femme reste subalterne, cantonnée dans son rôle de mère ou de future mère. La narratrice dépeint des personnages honnêtes et altruistes que l'on admire et auxquels on s'attache. Celui de la grand-mère est d'une force incroyable. Elle est analphabète mais réussit à donner le change et à se faire respecter même dans le monde des affaires.
Je remercie l'auteure Marale Rostaing qui a pensé que son récit, son histoire familiale pourrait me plaire. Je pense, Marale, que les montagnes qui dominent Téhéran ont encore beaucoup à raconter et j'espère que vous serez là pour les entendre et retranscrire leurs histoires.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Grâce à la situation florissante de notre père, nous fûmes une des premières familles du quartier à avoir la télévision.
Lorsqu’elle venait chez nous, ma grand-mère maternelle Aziz Khanoum remettait son voile à chaque fois que nous l’allumions.
-Si je les vois, ils me voient aussi, nous affirmait-elle, d’un air soupçonneux.
Ma grand-mère était quelqu’un de très religieux, elle remettait son voile également lorsqu’elle allait parler à quelqu’un au téléphone.
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Quand je revis Suri, alors qu’elle faisait son entrée dans la grande salle de réception, elle était blanche comme un linceul. On ne distinguait pas où commençait sa robe et où finissait son corps, perdu dans un monticule de voiles vaporeux ivoires. Son corps de femme, lieu et objet de tous les fantasmes et interdits, du mythique Jardin d’Eden à cette somptueuse salle de mariage, son corps de femme qui ne lui aurait jamais appartenu, et qui ce soir, passerait de la main de ses parents à celle de son mari, sans qu’elle n’ait pu en aucune façon et à aucun moment, en disposer par elle-même, son corps de femme qui devrait sourire, danser et remercier tout un chacun, en ce soir où elle enterrait sa liberté sous les rires et applaudissements de la foule assemblée en son honneur. Son corps de femme avait été intégralement englouti par un monstre vorace de soie et de dentelle.
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C'est la singularité même du passé qui résonne quand vient en bouche un morceau de halva ou de baklava.
Mais les cookies américains me semblaient alors irrésistiblement attirants de modernité, comme tout ce qui venait des Etats-Unis et d'Europe, dans cette façon de cuisiner et de vivre, de tout mesurer et calibrer au gramme près, en suivant une recette écrite point après point, par un inconnu dans un livre et non pas d'observer ma mère, ma grand-mère ou Naneh et d'apprendre de leurs gestes, héritage immémorial.
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Le riz peut être meilleur certaines années, lorsque l’équilibre entre l’eau, la terre, le vent, le soleil et les mains des femmes tend vers la perfection. Que pourrait-il advenir si cet équilibre basculait ? Si l’eau submergeait les flancs des montagnes, si la terre devenait sèche et stérile, si le vent emportait ce qui peine à pousser, si le soleil brûlait la vie, si toutes les mains, remplacées par des machines, oubliaient leur savoir ?
Alors Shah ou misérable, puissant ou mendiant, nous mourrions tous de faim sur des montagnes d’or noir, de métal doré et de billets de papier…
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Nous n'allâmes plus au cinéma ensemble et même le goût du chai, quand j'allais chez elle, était devenu amer à ma bouche. Peut-être pleurait-elle quand elle le préparait, et que le sel de ses larmes se mêlait au chai noir pour lui donner ce goût acre. Ou peut-être était-ce moi qui pleurais intérieurement, du fin fond de mon palais, sur ma tante perdue.
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Video de Marale Rostaing (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marale Rostaing
Présentation Aux portes du Paradis à la librairie Le Tiers Mythe
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