Scène d'exposition : la foule se presse à l'hôtel de Bourgogne, attend impatiemment sa venue. Les yeux le cherchent dans la salle, les bouches soufflent son nom. Il est dit qu'il viendra, pour sûr, corriger Montfleury, ce misérable gredin qui a osé lui désobéir.
Ça parle de tous les côtés : les uns assurent son arrivée, les autres disent le contraire. Les minutes s'écoulent ; la représentation va bientôt commencer. Que fait-il ? s'inquiète ses fidèles partisans. Les plus médisants, quant à eux, se réjouissent d'avance de son absence, Des paroles en l'air, voilà ce que c'était ! s'exclame-t-ils à la vue des mines déconfites des plus confiants, Enfin, c'était avant d'entendre sa voix percer le brouhaha de la salle.
Il est là ! Il est là ! Tous se retournent, ne le quittent pas des yeux, ébahis de le voir une fois plus répondre à l'appel.
Sa droiture et son goût pour la justice ne cessent de surprendre ce beau monde, qui n'en perd pas une miette. Les scandales, il n'y a que ça pour les contenter. Or,
Cyrano de Bergerac n'a cure de ces gens-là. Son principal désir est de donner une bonne leçon à ceux qui se croient au-dessus des lois, quitte à s'attirer des ennuis et l'antipathie des puissants.
Il n'a peur de rien : il serait prêt à affronter une garnison d'hommes, si cela signifiait faire triompher la loi.
Seule Roxane peut lui faire déposer les armes. Cette femme plein de grâce et de caractère ne se doute pas de la passion qui galvanise son cousin.
Comment peut-on ne pas aimer ce personnage, qui défend les plus faibles et qui corrige les malhonnêtes sans rien demander en retour ? Comment ne pas être attendrie par sa vulnérabilité, lorsqu'il converse avec Roxane, dont il pense qu'elle ne sera rien de plus qu'une amie ?
Je me doutais que
Cyrano de Bergerac serait une excellente lecture, pour sa renommée qui n'est plus à faire, mais également pour le valeureux personnage qui s'exprime ; mais une partie du plaisir que j'ai ressentie en lisant la pièce provient surtout de mon ami, Jonathan, qui me tanne depuis des mois pour que je lise sa pièce fétiche, si bien que pendant que Cyrano dissertait, blâmait avec courage les malfaiteurs, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer mon ami à la place, qui a coeur de défendre les plus faibles et les minorités. À chacune des scènes, j'ai souri en pensant à lui, à sa droiture et à son courage qui sont tout bonnement semblables à ceux de Cyrano.
En clair, mon plaisir n'aurait sans doute pas été aussi grand si je n'avais pas partagé cette lecture avec mon ami. Il m'a semblé le connaître davantage, reconnaître certains de ses traits de caractère, sa générosité, sa dévotion pour l'ordre et la paix, ce qui n'a pas de prix.
En bref, je me suis régalée à lire cette pièce, qui mérite d'être lue à tous les âges.
Je ne peux que vous la conseiller !