C'est au travers de deux de ses représentations les plus marquantes que "La Petite Illustration", par la voix de Robert de Beauplan, a choisi de parler de "Cyrano de Bergerac".
Le texte intégral de la pièce d'Edmond Rostand est retranscrit dans le 454ème numéro de la célèbre revue théâtrale.
Il est suivi de deux commentaires. L'un fut écrit en 1897, l'autre en 1938.
Les critiques de l'époque y sont reproduites.
"Cyrano de Bergerac" a été représenté, pour la première fois, à Paris, le 28 décembre 1897, au théâtre de la Porte Saint-Martin.
C'est une comédie héroïque, en vers, en cinq actes.
Elle est dédié par son auteur à l'acteur Coquelin en ces termes :
"C'est à l'âme de Cyrano que je voulais dédier ce poème. Mais puisqu'elle a passé en vous, Coquelin, c'est à vous que je le dédie".
La répétition générale de la pièce fut un triomphe que la critique a pu comparer à la première du Cid, d'Hernani ou de Ruy Blas.
Edmond Rostand a 29 ans.
Il est désormais un grand poète qui a pris place dans la littérature dramatique.
La critique fut unanime à louer la pièce, ne se trompant qu'en croyant qu'elle inaugurait une ère nouvelle et qu'elle était signe de la renaissance du "Romantisme".
Alors qu'elle n'était que le sursaut d'un genre qui n'a pas survécu au XIXème siècle.
Pierre Brisson, dans le Figaro, écrivait alors :
"Rostand dans Cyrano a donné sa mesure, rien que sa mesure et toute sa mesure".
C'est l'entrée, en 1938, de la pièce à la Comédie-Française qui indique avec certitude qu'elle a victorieusement passé l'épreuve du temps.
Désormais "Cyrano" peut se tenir aux côtés des autres héros classiques !
Le "Théâtre-Français", fidèle à sa mission, inscrit à son répertoire le chef d'oeuvre d'Edmond Rostand ...
La salle de l'hôtel de Bourgogne, en 1640, est une sorte de hangar de jeu de paume aménagé et embelli pour des représentations de théâtre.
La salle est dans une demi-obscurité.
Le public entre peu à peu. Que va-t-on jouer ? "Clorise" de Balthazar Baro ...
Paru en janvier 1939, ce numéro exceptionnel de "La Petite Illustration" est à lire, à relire et à conserver comme un véritable trésor ...
Commenter  J’apprécie         420
Ah, Cyrano...
Un monument de la littérature française !
Un drame romantique en alexandrins représenté pour la première fois le 28 décembre 1871, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris.
Un drame romantique, à l'époque ou le théâtre parisien "migre" doucement vers le vaudeville.
Un drame romantique, mais surtout un monument qui m'a longtemps fait hésiter à publier mon modeste billet, quand tant d'autres babéliotes l'ont fait (et si bien fait) avant moi.
Cyrano : un nez, d'abord. Et quel nez ! il eut été moins long que la face du monde... Hum, je m'égare...
Cyrano, c'est l'outrance ; à l'extérieur quand il dénonce les travers de son époque.
Cyrano, c'est la douceur ; au fond de lui quand Roxane prend le contrôle de ses sentiments. Roxane ! You don't have to put on the red light... Hum, je m'égare à nouveau...
Il reste de cette lecture une grande émotion : celle qui vous vient, quand, d'entrée vous savez que vous êtes en présence d'un grand texte.
J'ai parlé plus haut de modeste billet. Un billet qui n'apportera sans doute rien de bien neuf dans la critique de l'oeuvre.
Qu'importe ! "C'est bien plus beau lorsque c'est inutile"
Commenter  J’apprécie         412
Depuis que j'ai quitté les vastes prairies fleuries du Bazadais pour rencontrer ma douce et tendre épouse sur les berges de l'Isle je me demande ce qu'attendent les charcutiers du Périgord (avant l'instauration de la charia) pour enfin s'associer avec les éleveurs de cochons ibériques, afin de créer, ensemble, fraternellement, un jambon qui soit digne de nos deux grands pays à la gloire millénaire et méritée :
Le Serrano de Bergerac.
Commenter  J’apprécie         390
Chère Roxane,
Je chérissais l'espoir un jour de vous parler,
Roxane, votre voix chargée de tant d'émoi, tremble
Dans mon cœur, la mort de votre chevalier semble
Trop cruelle, tant Christian cultivait le soin de vous aimer.
J'avais huit ans quand, à l'aurore de mon enfance
J'écoutais Cyrano, les vers d'Edmond Rostand.
Il devint mon héros, indestructible, étincelant
Intarissable conteur, rumeurs et médisances.
Adressait-il à moi ces mots pleins d'arrogances ?
Petit j'étais un ange, mes yeux au ciel bleuissaient
Nul doute, j'aurai la beauté de Christian, je bégayais
Encore, m'enlaidir ou composer, saisir ma chance.
Faut-il être beau à pleurer pour piquer vos ardeurs ?
Et pour charmer votre âme, se vêtir non de charme
Mais d'éloquence, faire gémir vos yeux de larmes,
Et les mots langoureux toucheraient donc le cœur.
Intelligente, intuitive, exquise candeur,
Toutes vos qualités ruissellent de tendresse
Vers ce bretteur, dont le panache en liesse
livre des vers désopilants à ses conspirateurs.
Pour être à vos côté en mimant l' indicible,
Il donnera à son rival Christian, sa tendresse.
Mais à vous seule Roxane où Cyrano se blesse
Son amour insensé le plus inaccessible.
Peut-on fanfaronner ? Plastronner, risquer sa vie,
Pour une quelconque greluche à peine entraperçue,
L'éloquence vint à Cyrano, cette insigne vertu
Elle émerge d'un cœur pur, pas toujours de l'esprit
Quel déluge de touches, vibre à la pointe de ses mots,
La main danse, glisse sur la prose, comme une vague ruse
Avec le nageur imprudent, elle le porte puis s'amuse
A le narguer devant ses pairs, impuissant mais bien sot.
La salle porte en triomphe Edmond Rostand.
Ce silence éternel, ce moment de pure grâce,
L'irremplaçable ami, si haut à mes yeux, ces fugaces
Moments, plaideront à jamais sa verve et son talent.
Est-ce vers sa protubérance que je lorgnais ?
Ou cherchant un tuteur en lui léchant l'écorce ?
Calculer avoir peur non merci, mais par force
S'élever seul, sera la vie que je suivrai.
Commenter  J’apprécie         394
Jamais pièce ne m'a tant exultée
Que ces vers tant et si bien menés.
Cyrano loin d'être suranné
De son nez si grand, laid,
Mais d'une verve sans pareille
De ses éloquentes merveilles
a ravi mon âme,
Fleur bleue, sise dans ce drame.
Un classique, à votre souffle, couper
Des paroles à boire, à déguster
Savourer sans détours, les sentiers,
D'un des plus bel amour, jamais conté.
Commenter  J’apprécie         389