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sur 6883 notes
Bon, encore une fois, Nastasia-B a tout dit, et je me sens comme Christian, benêt, honteux, sans gouaille, muet comme un certain valet de héros, tous les dimanches soirs sur France 3, avant le stoïque Murdoch...

Je reviens d'entre les morts après une période diminuée en lectures, une overdose de polars et de méditations littéraires sous le soleil fulgurant de l'été 2015. Il me fallait un retour aux classiques, à l'ultime littérature, sortir de la noirceur brute, revenir à l'émotion, à l'humour, aux belles lettres... Que n'ai-je bien choisi cette Oeuvre, incarnation même du Verbe et de ses harmonies, raison même de mon amour infini pour la littérature, quelles que soient les périodes où il peut être mis à mal par les désillusions et tourments qui minent notre époque grise, matérielle, et terriblement superficielle.

Cyrano, c'est Victor Hugo, c'est Jack Skellington, c'est le romantisme mais au XVIIème, c'est Shakespeare et Cervantès, comme dit Nastasia, et Rostand renvoie Molière, Corneille et Racine à la niche, tels de vulgaires dociles des Fables du grand La Fontaine. C'est aussi Rabelais, dans cette folie néologique, dans cette profusion gastronomique grâce au personnage de Ragueneau, et dans ce goût de vivre, ces plaisirs auxquels goûtent les Gascons jusqu'au trépas!! Riant à gorge déployée autant que sur du Nasier, du Wilde ou du Cohen, pleurant à chaque évocation enflammée de Cyrano pour Roxane, j'étais loin de m'attendre à la rupture de ton qui se fait progressivement à l'acte IV, jusqu'à cet automne terminal, où Cyrano nous quitte et nous arrache le coeur. Les larmes menacent encore de tomber, là, sur le clavier, avatar maudit d'un siècle de guerre, sans panache aucun, dans la fourberie et le mépris.

Le personnage incarne un idéal de grandeur, d'héroïsme, de galanterie aujourd'hui moqué par les féministes misandres que je hais, et qui s'est tristement envolé de la surface de notre planète, au profit d'une asexualité et d'une banalisation des rapports, d'une obsession de l'apparence, d'une greffe de la technologie, à la place de l'épée, sur nos mains, tout droit sortie d'un livre de science-fiction, mais usée avec une telle lâcheté qu'elle effraierait même ce cher Bardamu. Cyrano va de Ronsard à James Ellroy, il commet tous les sacrifices pour une femme, il est l'artiste ultime, celui de l'ombre, celui qui ne tire nul laurier, contente amis et esthètes, se fait un tas d'ennemis, et qui ne sera reconnu que post-mortem. On aurait voulu que la pièce restât une comédie dans son entier, que tout se finisse bien dans le meilleur des mondes, sur un soleil levant plutôt qu'un soleil couchant où notre coeur s'éteint avec elle. Mais notre émoi est tel que ce regret ne dure pas. On pourra s'irriter de son absence totale et radicale de compromis qui entraîne sa fin, demeurer frustré qu'il n'écoute pas Le Bret, voix de la raison, mais sa chute, et le protagoniste lui-même, n'en sont que plus grandioses.

Chaque acte offre des moments de bravoure, de fougue, de folie, de tendresse, de passion, les plus exquis les uns que les autres. On ne saurait choisir quel moment on préfère : le début déjanté au théâtre (qui désarçonne, tant il y a de personnages, de didascalies très précises et nombreuses, une profusion qui ferait rougir Hugo), puis chez Ragueneau, LA scène du balcon, le champ de bataille ou le couvent... Les répliques cultes fusent et abondent comme dans du Shakespeare, tout particulièrement de la part de ce cher Cyrano, et on se dit que le Shakespeare français était là, caché : Edmond Rostand, mesdames et messieurs!! Auteur parfois un peu oublié, qui a eu un seul succès majeur, éclatant, triomphant, qu'il n'a apparemment pas récupéré ensuite. Même le grand Victor est vaincu. Je m'incline devant, je dis bien, la meilleure pièce française qu'il m'ait été donné de lire.

Élevé à haute dose de Disney, amoureux des arts, leur rendant hommage et les défendant sans cesse au nez (il fallait en parler) des grotesques ministères qui les piétinent, je demeure seul et perdu dans une époque dure, insensible, ramassé uniquement par la littérature, en particulier lorsqu'elle est portée par une telle plume. Né 200 ans trop tard, sans doute. J'aurais voulu côtoyer Victor Hugo, que l'on idolâtre les grands poètes plutôt que Nabilla, et que la courtoisie, la chevalerie envers les femmes ne soit pas perçue à l'envers, comme un geste misogyne, comme si Orwell était passé par là et avait passé les cerveaux au lave-linge et à l'essoreuse. Cyrano, Dieu des poètes dans cette pièce, ne souhaiterait sans doute pas cet apitoiement éternel et insupportable, il m'encouragerait à mourir pour l'art, pour la séduction d'êtres déïfiés, pour les universités, pour les librairies, contre les brailleurs de l'illétrisme, contre les liseuses, la grisaille et la crise. En attendant, telle Roxane au couvent, je m'enferme au milieu des livres, seul refuge, seul réfugié, contre la médiocrité d'un dehors beckettien. Nul panache à en tirer, comme Cyrano, à part peut-être celui d'écrits universitaires et virtuels au moyen d'une technologie que pourtant je fustige. Bah! Il faut bien que je possède mes propres contradictions...

Je me retourne vers la Lune et demande à Cyrano ce qu'il penserait de cette époque vaste, futile, clinquante et sans vie. La réponse est évidente. J'encourage tout le monde à lire cette pièce géniale et bouleversante, pour cette histoire d'amour impossible, et surtout pour l'écriture, pour son héros, qui représente tout ce que nous aimons, nous, lecteurs. Et continuons à lire, lire, lire, lire. Et écrire. Peindre. Et jouer de la musique. Pendant que le monde croule lamentablement sous la fatuité, les guerres et les prédicateurs, dans un absurde pire que celui d'Orwell, Kafka et Beckett réunis, qui fait passer les pires polars pour des farces burlesques. En espérant ne pas trop avoir refilé mon blues post-romantique aux lecteurs...
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Un des plus beaux textes dramatiques qui existent! Rien de plus émouvant que la dernière scène entre Cyrano et Roxanne (la lettre), rien de plus amusant que la scène du "nez"... Une pièce où la beauté de la langue utilisée rivalise avec l'intelligence de l'histoire et l'intérêt de l'intrigue.
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Jubilatoire ! La beauté des mots portée à son paroxysme, je n'aurais jamais cru prendre autant de plaisir à relire ce classique en alexandrins étudié au collège !

La magie de Rostand est formidablement puissante, chaque citation relue sur Babelio me donne la chair de poule et m'emporte très loin vers les sommets qu'atteint l'éloquence de Cyrano. La réplique finale est belle à en mourir, et je décide désormais que moi aussi, ma vie sera pleine de panache ! Mode d'emploi ? Voici la description qu'en donne Edmond Rostand :

« le panache, n'est pas la grandeur mais quelque chose qui s'ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d'elle. C'est quelque chose de voltigeant, d'excessif - et d'un peu frisé [...], le panache c'est l'esprit de bravoure. [...] Plaisanter en face du danger c'est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l'héroïsme, comme un sourire par lequel on s'excuse d'être sublime [...] »51

N'est-ce pas beau à lui en faire des bisous sur le museau ?
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Cher Cyrano que dire ? Tu m'as fait rire et fait pleurer. Tu es un poète et un jongleur de la langue française. Il m'a fallu du temps pour que je veuille daigner te lire et j'ai ce désagréable sentiment de ne pas t'avoir connu plus tôt.

Que dire de Cyrano de Bergerac, une des plus célèbres pièces de la littérature française. C'est époustouflant, il n'y pas d'autres termes.

Cyrano a une particularité, son nez. « C'est un roc ! … c'est un pic ! … c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? … C'est une péninsule ! ». Mais c'est pas tout. Il est amoureux de sa cousine Roxane. Je n'en dirai pas plus, je vous laisse découvrir.

Bref, j'ai adoré cette pièce. le style de Rostand est magnifique ! Il a une verve éblouissante. J'ai hâte de voir l'adaptation avec Gérard Depardieu, que l'on m'a dit excellente. En conclusion, si cette pièce vous tombe dans la main, LISEZ-LA !
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Je connaissais les grandes lignes de Cyrano mais pas la fin que j'ai découvert avec émotion. Cette pièce est un classique du théâtre, que je souhaitais lire depuis longtemps déjà. C'est chose faite et je ne suis pas déçue. On s'attache aux personnages, à ce trio amoureux composé de Cyrano, qui manie les mots aussi bien que son épée, de Christian, beau mais peu éloquent et de Roxane, pour qui amour rime avec beauté et esprit. J'ai apprécié également les personnages secondaires que j'ai trouvé sympathique : Le Bret, Ragueneau,... Cette pièce tragi-comique, qui aborde avec beaucoup de poésie la construction d'un amour tragique basé sur les apparences et les mensonges, m'a séduite et captivée.
En outre, j'ai beaucoup apprécié le texte écrit en vers qui donne un rythme particulier à la pièce.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Si je ne peux dire qu'un mot, ce serait juste SPLENDIDE ! Qu'est-ce que cette pièce de théâtre est comique !
J'étais pliée de rire à chaque phrase, à chaque rime et à chaque réplique de ce cher Cyrano.
Il y a longtemps que je ne me suis pas autant amusé dans une lecture.
Le personnage de Cyrano est unique : généreux, drôle, chevaleresque, maniant la langue française à merveille, il enchante le lecteur avec ses phrases pleine d'ironie, d'humour et de panache. J'ai adoré toutes ces tirades.
Cette pièce de théâtre est aussi exceptionnelle car elle arrive à mélanger avec brio la comédie et la tragédie. La fin est sublime, à couper le souffle.
En tout cas, si vous avez peur de la littérature classique, ce livre est fait pour vous. Il a tout pour séduire un lecteur : un style d'écriture riche et raffinée, un bon rythme, de l'humour à foison.
Pour ma part, il ne me reste plus qu'à voir l'adaptation théâtrale de ce chef-d'oeuvre ainsi que le film de Depardieu qui paraît-il est bien exécuté.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Oeuvre aussi émouvante que rythmée. Un régal. Les phrases sont savoureuses et les répliques toujours bien placées, au bon moment, bien formulées. L'intrigue va à l'essentiel. La pièce donne envie de découvrir qui était le vrai Cyrano de Bergerac, ses actions, sa vie. La qualité de la mise en scène, surtout des dialogues, nous fait aimer le théâtre... si seulement toutes les pièces pouvaient être aussi agréables et fluides à lire. La qualité de l'écriture est à elle seule un argument imparable pour vous amener à lire du Rostand.
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Quel plaisir de lire cette pièce, c'est croustillant, succulent, les jeux de mots, de scènes etc… un panache réel, tout autant voire plus que sur la vraie scène ou cinéma. Quel talent ce Cyrano ! Quel poète !
J'avais dû lire, il y a fort longtemps, mais je n'avais pas forcément gardé un souvenir mémorable, et je redécouvre le plaisir de cette langue d'une autre époque, et cette si belle histoire d'amour.
Inutile de raconter l'histoire si connue, mais si vous n'avez jamais lu la pièce, vous feriez bien de vous s'y plonger, c'est un vrai régal.

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Il est toujours difficile, je trouve, de lire une pièce de théâtre, et bien plus agréable de la voir jouée. Cyrano de Bergerac est un texte assez difficile et l'entrée dans la pièce n'est pas des plus évidentes tant les personnages y sont nombreux et les actions diverses. Mais la suite est un véritable plaisir. Inutile de vous résumer la pièce, j'imagine que tout le monde a déjà entendu parler du célèbre trio amoureux. Si vous n'êtes pas complètement hermétiques au théâtre, alors lisez cette pièce. J'y ai lu pour ma part quelques pages que je pourrais lire et relire encore et encore, tant elles sont belles…

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Pièce admirable que j'ai lue pour la première fois en classe de seconde au lycée et que je relis à intervalle régulier depuis toujours avec le même plaisir.
Cyrano pourrait être un personnage comique, voire pathétique ; mais il fait preuve d'un héroïsme grandiose même si l'on peut lui reprocher de ne pas avoir su faire en amour ce qu'il a su si bien faire à la guerre ou à la castagne, c'est-à-dire faire preuve de courage et de panache. Cyrano renvoie le lecteur au double que chacun a en lui : l'homme que l'on est effectivement et l'homme que l'on rêverait être.
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