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EAN : 9782200263416
192 pages
Armand Colin (12/08/2002)
2.5/5   1 notes
Résumé :
En 1815, l'Allemagne libérée de la domination napoléonienne devient une confédération d'États, la Confédération germanique, placée sous l'autorité de l'empire d'Autriche.En moins de deux générations, une double mutation transforme les structures politiques et les activités humaines :- une mutation politique qui se traduit par l'exclusion de l'Autriche de l'espace germanique et la formation de l'Empire allemand.- une mutation économique au cours de laquelle on passe ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai lu ce livre de François Roth il y a quelques années afin de me renseigner rapidement et efficacement sur le contexte historique et social du lieu et de la période où se passe une fiction au long souffle que j'écris. À première vue, tout est parfait : les exposés sont clairs, les enchaînements logiques, il y a un bon équilibre entre concision et détails. Sauf que très vite, quelque chose m'a manqué. Et j'ai espéré jusqu'à la fin de cette lecture que ce vide soit à un moment ou à un autre partiellement comblé ; en vain.

Ce « vide », ce « manque », c'est tout simplement l'histoire des Allemandes et des femmes résidant en Allemagne de 1815 à 1918. Ce livre d'histoire a un titre trompeur, car très lacunaire : il s'agit seulement de "L'Allemagne DES HOMMES de 1815 à 1918". le lieu et la période sont effectivement respectées, et j'ai pu avoir de multiples confirmations, et corrections, sur ce que mon imaginaire avait déjà commencé à créer en ce qui concernait mes personnages masculins : les événements historiques impliquant des figures politiques et intellectuelles masculines allemandes, les régimes politiques patriarcaux qui se succèdent, les idéologies dominantes à l'époque inventées et menées par des hommes, les lois promulguées par des hommes et leur impact sur l'évolution de l'économie contrôlée par des hommes, les différentes classes sociales auxquels appartenaient les différents métiers exercés par les hommes, l'influence des diverses confessions religieuses sur les hommes et leurs conflits, etc. Je me souviens d'un passage intéressant, et fort nécessaire, centré sur (les hommes de) la minorité juive, chiffrée à environ 5% de la population totale allemande de l'époque... Mais quid des 50% de la population féminine ?

Rien n'y est dit au sujet de la vie des femmes. Sous quelles lois spécifiques vivaient-elles ? Quelles étaient les modalités du mariage et ont-elles changé, et pourquoi, et comment, et par qui ? Mourraient-elles plus, ou moins, ou autant en couches que les femmes des autres pays d'Europe ? Avaient-elles le droit de travailler sans l'accord de leur père ou de leur mari ? Quelles professions exerçaient-elles ? Quelle part de l'économie généraient-elles ? Avaient-elle accès à l'école primaire, secondaire, à l'université, aux conservatoires ? L'éducation était-elle mixte ou ségréguée ? Quels livres lisaient-elles ? Écrivaient-elles, ou était-ce aussi mal vu pour les femmes d'écrire en Allemagne qu'en France et en Angleterre ? Y a-t-il des écrivaines ou des intellectuelles ou des musiciennes qui ont connu un franc succès pendant cette période ? Quelles différences y avait-il entre les vies familiale et professionnelle d'une protestante, d'une catholique ou d'une juive ? le militantisme au féminin, ça donnait quoi ? Rosa Luxembourg, on en parle, ou parce qu'elle n'est assassinée qu'en 1919 on fait semblant qu'elle n'a pas existé entre 1815 et 1918 ?...

Comment construire, en l'occurrence, un imaginaire où vivent des personnages féminins dans un cadre réaliste, quand les livres d'histoire effacent la moitié de la vérité historique qui les concerne ? On est alors réduite à des conjectures, à l'erreur, et à ne rien se mettre sous la dent pour stimuler l'imagination. La seule et unique mention de l'histoire des femmes que j'ai pu trouver dans ce livre – Alléluia ! j'ai récité un Ave Maria – est l'obtention du droit de vote par celles-ci à la chute de l'Empire allemand et à l'instauration de la République de Weimar au sortir de la défaite de la Première Guerre mondiale. Enfin ! Mais enfin, c'est maigre, c'est squelettique, c'est trois fois rien, et Google me l'aurait tout autant dit. Et ce n'est pas le droit de vote qui creuse à lui seul une psychologie ni qui met du beurre dans les épinards.

Pour conclure. Qu'un livre d'histoire rédigé au XIXème siècle ne fasse pas mention de l'histoire des femmes, c'est scandaleux de phallocratie mais c'est attendu. Par contre, naïve que je suis, je croyais pouvoir estimer qu'à l'aube du XXIème siècle, un livre d'histoire digne de ce nom produit en France, quel que soit le sexe de l'historien·ne, se devait de considérer les femmes comme les sujets et les actrices de l'Histoire au même titre que les hommes. Ou du moins, puisque je sais très bien qu'on ne pas non plus trop en demander aux universitaires masculins que j'ai pu fréquenter tant dans la vie que dans les livres, qu'il y aurait au moins une partie spécifique dédiée à elles pour fournir un minimum syndical d'informations à celles et ceux qui s'intéressent à la période. Que nenni ! L'historien François Roth, aussi consciencieux soit-il pour tout ce qui concerne les différentes catégories d'hommes, est resté bien bloqué dans la mentalité borgne des siècles passés dès qu'il s'agit de l'autre sexe.

Vous comprenez peut-être, maintenant, pourquoi j'accorde deux étoiles et demi à cette lecture. Puisque ce qui est fait est parfaitement fait, mais qu'il n'y a que la moitié du travail qui a été accompli, il ne reçoit que la moitié de la note. Quand on ne fait que la moitié d'un devoir, même si c'est un sans faute, on n'a que 10/20.

Si des historiens flânent par hasard ici et lisent jusqu'à son terme cette chronique, réfléchissez donc à votre travail. Rappelez-vous ça et tenez-vous le pour dit : les femmes existent, et reconnaître leur existence n'est pas de l'ordre de l'optionnel.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L'individualisme de Goethe, son scepticisme aimable à l'égard des croyances religieuses et des valeurs de la foi, son respect des pouvoirs établis s'accordent avec un humanisme bourgeois laïcisé. La bourgeoisie protestante a été plus réceptive à son message que les catholiques, toujours défiants à l'égard des aspirations panthéistes et de l'égoïsme individualiste du sage de Weimar.
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Le 10 juin 1815, la Confédération germanique (Der deutsche Bund) est fondée au Congrès de Vienne. Cette opération est la pièce maîtresse de la nouvelle carte de l'Europe reconstruite par la coalition des puissances victorieuses de Napoléon. Cette organisation dure un demi-siècle jusqu'en 1866, date à laquelle l'empire d'Autriche perd le contrôle de l'espace allemand.
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L'Allemagne a un passé dont la plupart des Allemands ne sont pas toujours conscients mais que les élites transmettent et réinterprètent. Ce passé, et en premier lieu le passé religieux, pèse sur les comportements et imprègne les mentalités.
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L'Empire allemand forgé par Bismarck est une monarchie autoritaire et militaire installée au cœur du continent européen. L'empereur Guillaume II veut lui faire jouer un rôle mondial. Cette ambition se heurte à des oppositions. Pour dénouer les contradictions dans lesquelles ils se sont enfoncés, les dirigeants allemands caressent l'idée d'une guerre préventive.
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En 1914, l'Empire allemand est un État national de plus de 66 millions d'habitants ; il est la seconde puissance industrielle du monde et a acquis un rayonnement intellectuel, culturel et scientifique de premier plan. Son armée de terre est l'une des mieux formées et des mieux équipées du continent européen.
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