Plus survolé que lu, j'ai voulu m'essayer à la lecture de poème... J'aime la littérature, l'écriture, les citations... Et suite à un atelier d'écriture où ce recueil fut souvent cité et dont les extraits ont été appreciés, j'ai tenté l'expérience... Malheureusement, j'ai beau trouvé ce recueil riche et beau, et malgré tout agréable a la lecture, je n'ai pu que le survoler. La poésie ne rentre pas dans mes lectures préférées... Mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce que j'ai lu et de vous le conseiller malgré tout ;)
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une poésie pleine de nostalgie et de dérision
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LE TEMPS
À On Kawara
C’était le temps, c’était le temps, c’était le temps,
c'était le temps, était le temps, le temps,
et c’était le temps, et c’était le temps, et c’était le
temps,
et c’était le temps, était le temps, le
temps,
car ce fut le temps, ce fut le temps, ce fut le
temps,
ce fut le temps, fut le temps, le temps
qui fut le temps, qui fut le temps, qui fut le
temps,
qui fut le temps, fut le temps, le temps,
qui aura été le temps, qui aura été le temps, qui
aura été le temps,
qui aura été le temps, été le temps, le
temps,
et cessé d’être le temps, et cessé d’être le temps,
et cessé d’être le temps,
et cessé d’être le temps, d’être le temps,
le temps
de sa vie,
sa vie,
vie.
Parmi beaucoup de poèmes
Il y en avait un
Dont je ne parvenais pas à me souvenir
Sinon que je l'avais composé
Autrefois
En descendant cette rue
Du côté des numéros pairs de cette rue
Baignée d'une matinée limpide
Une rue de petites boutiques persistantes
Entre la Seine sinistrée et l'hôpital
Un poème écrit avec mes pieds
Comme je compose toujours les poèmes
En silence et dans ma tête et en marchant
Mais je me souviens de rien
Que de la rue de la lumière et du hasard
Qui avait fait entrer dans ce poème
Le mot "respect"
Que je n'ai pas l'habitude de faire vibrer
Dans les pages mentales de la poésie
Au-delà de lui il n'y a rien
Et ce mot ce mot qui ne bouge pas
Atteste la cessation de la rue
Comme un arbre oublié de l'espace
"Parmi beaucoup de poèmes", extrait de "Nuit sans date, rue Saint-Jacques". p. 255
PLEUT !
Pleut !
Pleut !
rue des Jeûneurs
rue d'Uzès
rue Méhul
Pleut !
rue des Vertus
rue Eugène-Spuller
Pleut !
rue Budé
rue de Turene
rue de Lutèce
Pleut !
Pleut !
rue de Chevreuse
rue de Fleurus
rue de Furstemberg
rue Suger
Pleut !
Pleut !
rue Euler
rue Greffulhe
rue de Surène
Pleut !
rue Bleue
rue de Bruxelles
rue de Chevrus
rue Duperré
rue Jules-Lefebvre
Pleut !
rue de Belzunce
rue de Dunkerque
Pleut !
rue des Bluets
rue Bréguet
rue Chevreul
rue Jules-Verne
Pleut !
rue Ernest-Lefébure
rue Lepeu
Pleut !
Pleut !
rue Keufer
rue Lebrun
rue Rubens
Pleut !
rue de l'Eure
rue Ferrus
Pleut !
rue des Entrepreneurs
rue Gutenberg
rue Juge
rue Jules-dupré
rue Plumet
rue Schutzenberger
Pleut !
rue Duret
rue Greuze
rue de Lübeck
Pleut !
rue Brunel
Pleut !
rue Duhersme
rue Eugène-Sue
rue Puget
rue de Suez
Pleut !
rue de Bellevue
rue Delesseux
rue des Dunes
rue de l'Équerre
rue du Tunnel
Pleut !
rue Jules-Cheret
rue Schubert
rue de Terre-Neuve
Pleut ?
Pleut !
Métro
[...] En ces temps-là
On vous poinçonnait le ticket et pas qu'aux Lilas
Il y avait les voitures de première classe
Qui sentaient la première classe
Comme Mireille Balin dans Pépé le Moko
Avant d'entrer dans les stations on lisait
Sur le mur du tunnel
«Du Bo du Bon Dubonnet»
Et ça rappelait l'avant-guerre
À ceux qui ne l'avaient pas vécue
(Aux autres aussi d'ailleurs)
Pierre Dac
Vendait des enclumes «à la sauvette»
Dans les couloirs de la station Campo-Formio
Ah jeunesse !
Ah jeunesse !
Ah !
Mais en ces temps-là
N'est-ce pas
Il n'y avait pas de station dont le nom de baptême fut
BOBIGNY-PANTIN-RAYMOND QUENEAU
Ceci
Compense
Cela
Tu ne peux pas
tu ne peux pas penser
que ce que tu penses là
si c'est cela que tu penses
est vrai
la vérité de ce que tu penses
suppose que ce que tu penses vrai
est vrai
mais puisque tu ne penses qu'une seule chose
qui est que tu penses quelque chose
de vrai
la vérité de ce que tu penses
dépend de la vérité
de ce que tu penses
et tu ne pourras jamais
en décider.
Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu'un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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