Rouge Brésil

Cette épopée de 600 pages nous raconte un épisode peu connu , la tentative de colonisation du Brésil par le chevalier de Villegagnon en 1555.




En quelques pages, à la fin du roman, l'auteur nous résume ce que l'on sait de cet épisode peu glorieux, il explique aussi, que les deux personnages les plus romanesques Colombe et Just de Clamorgan sont sortis de son imagination, l'écrivain a donc pu , à sa guise, leur donner une personnalité plus complexe que les personnages pour lesquels les sources historiques mettent quelques limites à la création littéraire .

Le style de Ruffin est un délice de simplicité et de clarté,puisque nous sommes en 1555, il maille son texte de mots anciens qu'on a plaisir à rechercher.
Savez-vous ce que sont des «poils amatoires»? j'ai souri quand j'ai compris( le texte est suffisamment explicite !).

Ruffin entraîne son lecteur dans un Brésil à la nature aussi luxuriante qu'inquiétante peuplée d'Indiens au moeurs qui choquent les Européens. D'abord, ils se promènent nus et ne semblent pas avoir envie de domestiquer la nature. Et comble de l'horreur, ils sont anthropophages .

Le choc des deux civilisations ne permet pas qu'une compréhension mutuelle puisse s'installer , sauf pour Colombe mais c'est le privilège du romancier de rêver que deux civilisations aussi opposées puissent se comprendre.

Les colons sont peu nombreux et mènent une vie terriblement dure, la construction d'un fort est une entreprise complètement surhumaine mais à ces rudes conditions d'installation se rajoutent les disputes religieuses qui décimeront, bien plus sûrement que tout autre danger, la malheureuse petite troupe aux ordres d'un capitaine fantasque qui va perdre peu peu toutes ses illusions.
Malheureusement, il perdra la seule qui le rendait un peu sympathique , la croyance en l'homme et deviendra un enragé de la foi et donc tuera,tortura avec toute la bonne conscience que donne l'assurance d'avoir Dieu pour soi .

Au delà de la découverte du Brésil ce roman est une bonne façon de faire revivre la Renaissance avec ce curieux paradoxe que cette période a apporté l'humanisme mais, hélas, l'intolérance religieuse et annonce les guerres de religion.
C'est terrible de se souvenir que les anciens persécutés, calvinistes ,luthériens deviendront à leur tour des combattants au nom de la «vraie» foi sans aucune pitié pour ceux qui ne partagent pas leurs croyances.
Le débat autour de la présence du corps du Christ dans l'hostie en est un parfait exemple.

Je comprends que beaucoup de lecteurs aient aimé ce roman et dans notre monde où l'on voit des musulmans s'entre déchirer au nom de la pureté de leur foi ce livre a sa place dans notre réflexion.
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Bon livre. Les conquérants des terres lointaines n'étaient malheureusement pas des explorateurs curieux, désireux de rencontrer d'autres hommes et de comprendre les liens qu'ils entretiennent avec la nature, mais de beaux salopards prêts à tout pour s'enrichir, et renflouer les finances des rois et des évêques d'Europe. Les européens, arrogants et méprisants, transportent avec eux leurs névroses, leur intolérance religieuse, et leur violence d'État. Les indiens ne sont pas tous des anges non plus, mais, au moins, leur humanité s'accorde encore avec une certaine liberté.
L'attitude de la jeune héroïne, qui décide d'aller vivre nu parmi les indiens, était sans doute la seule chose intelligente à faire. A la fin du livre, je me suis pris à espérer qu'aujourd'hui encore, vivent dans les forêts du Brésil des sangs-mêlés, descendants de ces quelques européens ayant choisi de faire l'amour avec le peuple indien, plutôt que de leur nuire.

Reçu dans ma Kube Rouge Brésil a rempli ses promesses d'aventures et de nouveau monde.
Nous suivons Just et Colombe deux enfants embarqués malgré eux pour le Brésil comme truchement pour le compte de Villegagnon qui compte établir la France Antarctique au Brésil.
Ce roman a tout de l'épopée du voyage en mer, à l'installation sur l'île, aux mutineries, à la découverte de la jungle et des indiens... à la fois c'est extrêmement documenté (on sent le travail de recherche de l'auteur) et malgré tout on est emporté avec nos héros.
Cette fresque est portée par des personnages éclatants notamment Colombe obligée de se travestir qui est étonnante de droiture et de fidélité à elle même et ses valeurs.
Une excellente lecture qui nous fait voyager et découvrir le nouveau Monde.

Au milieu du XVIème siècle; une colonie de français, partant du Havre, s'installe sur une île de la baie de Rio où vivent une population indienne.
L'armateur Villegagnon dirige cette colonie qui se transforme très vite en territoire d'affrontements entre catholiques et protestants; prélude aux guerres de religions.
Just et Colombe, deux jeunes de bonne éducation, doivent composer dans ce monde de violence.
Ils choisiront des chemins bien différents.
Le récit durant la traversée est plutôt exaltant; puis lorsque les protagonistes arrivent sur l'île, le récit devient plutôt bien monotone.
J'avoue avoir quelques difficultés avec les romans de Jean Christophe Rufin.
Il doit manquer quelque chose; peut-être un soupçon de légèreté et de poésie ...

Rouge Brésil est un roman historique que j'ai beaucoup apprécié. le récit mêle action, aventure, amour, le lecteur est loin de s'ennuyer. Dépaysement garanti dans cette Amérique Latine du XVIème siècle, celle des découvertes et des conquêtes.
La plume est très agréable et c'est un plaisir.

Que penser du 1er roman primé par l'Académie Goncourt au XXIème siècle ? Pour les amateurs de roman d'aventures, prétexte à la redécouverte de pages méconnues de l'histoire française, en l'occurrence le projet d'installation d'une colonie française au Brésil avant la domination portugaise, la France Antarctique, l'ouvrage du médico-diplomate Jean-Christophe Rufin ne pourra qu'apporter son lot de plaisir et de surprises, avec une plume précise et riche. Certes assez didactique, le roman dresse un miroir catholique à la version protestante du récit de voyage (et non oeuvre de fiction) de Jean de Léry, L'Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, contemporain des faits narrés. Se joue alors sur l'autre rive de l'Atlantique, sur une île exiguë parfait théâtre de reproduction des préoccupations européennes, le combat des religions du sinistre XVIème siècle avant promulgation de l'Edit de Nantes, mais également les prémices de l'affrontement science/religion, avec la recherche du sauvage à évangéliser à tout prix, mêlant l'effroi, la fascination et la cruauté de cet Ancien Monde pour ce nouvel Eldorado, dont on a souvent retenu que les horreurs infligées par les colons hispanophones et lusophones. L'auteur s'évertue à restituer les visions idéologiques de l'époque, lâchant ici et là des réflexions qui ne dépareraient pas dans les Cannibales ou autres Coches "Montaignisants". Si la complicité amoureuse de Just et Colombe peut apparaitre comme un archétype éculé du procédé narratif pour insuffler de l'émotion dans un récit qui ne serait qu'une pâle transposition des connaissances historiques de cette période, le lecteur peut suivre avec bonheur cette quête de l'identité de soi et de connaissance de l'autre et demeurer intrigué par cette figure étrange du chef guerrier Villegagnon qui bascule de la tolérance au fanatisme, personnage réel oublié de nos livres d'histoire, dont l'évolution du caractère épouse bien cette période particulière de l'histoire moderne. Goncourt mérité avec une palette de couleurs luxuriante et bigarrée où le vert, le bleu et le rouge s'affrontent et se mêlent avec un bonheur communicatif.

Rouge Brésil est un de ces romans qui savent à la fois nous divertir, nous cultiver et nous faire réfléchir. Henri II Roi de France entend bousculer la domination Portugaise en Amérique du Sud, il fait envoyer une expédition pour y conquérir de nouveaux territoires. Expédition menée par le très charismatique Amiral Villegagnon, personnage haut en couleur.

Pour nous raconter cette histoire, Jean-Christophe Ruffin s'est basé sur le récit de cette expédition par Jean de Léry. Les personnages principaux eux sont parfaitement fictifs (Just et Colombe), j'avoue que leur histoire personnelle ne m'a pas vraiment passionnée néanmoins ils étaient de bon prétextes pour nous offrir quelques brèves de l'Histoire des campagne menées par la France en Italie mais surtout à travers Colombe nous approcher aux plus près des ceux que les colons appelaient « hommes sauvages ».

J'ai été passionnée par la traversée en mer et ses détails sur les conditions de vie lors de ces longues expéditions. Subjuguée par le récit de la vie de ces tribus dans la forêt, leur quotidien, leurs croyances. Et très agacée par le comportement des colons.

Ce récit nous laisse beaucoup à penser, c'est la confrontation philosophique entre l'homme occidental qui emporte partout où il va ses conflits religieux, sa violence et son égoïsme contre les hommes "sauvages" incompris qui n'ont rien demandé. Cela peut paraitre manichéiste mais l'Histoire nous l'a déjà très largement démontré. Cela a résonné de manière très forte en moi et m'a donné envie d'en savoir plus sur ces peuples.

Je précise tout de même que c'est un roman historique plus qu'un roman d'aventure. Ne vous attendez pas à un suspense haletant, ce n'est pas le récit et les personnages que l'on a hâte de retrouver mais le décors historique très bien documenté qui nous est offert.
Ce roman est une grande réussite et j'ai été ravie de retrouver la plume de Ruffin.
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Un roman historique qui raconte la tentative de colonisation du Brésil par la France, au XVIe siècle. Deux adolescents, Just et Colombe, sont embarqués comme interprètes sur le bateau dirigé par le capitaine Villegagnon. Ce dernier est un personnage historique.
Une des sources principales du roman correspond aux mémoires rédigées par un membre de l'expédition, Jean de Léry. Au sein de l'expédition se confrontent les protestants et les catholiques dans une véritable guerre de religion.
Si le caractère historique du roman est remarquable, c'est surtout la psychologie des personnages, les sentiments non-dits dont ils ont plus ou moins conscience qui m'a intéressée. Encore une fois, Jean Christophe Rufin a un style limpide et précis. Il est agréable à lire et clair sans être facile d'accès. Les réflexions historiques ou philosophiques ne sont pas fastidieuses grâce aux aventures des personnages qui restent toujours plus importantes que le « décor ».
Rouge Brésil a fait l'objet d'un téléfilm de S. Archambaud sur France 2 qu'on peut voir en streaming sur Youtube.
Autre intérêt du livre : le « post-scriptum » très intéressant de jean Christophe Rufin dans lequel il explique comment il a écrit le roman ainsi que ses motivations.

​Mon "troisième" Rufin, et j'y ai pris le même plaisir de lecture.
C'est bien écrit, bien sûr, savoureux et se dévore facilement (sans jeux de mots).
Les détails historiques sont très intéressants et en les leçons genevoises sont délicieuses.​ J'ai bien ri en cherchant "amatoire" dans le dictionnaire-internet et en tombant directement sur la citation du livre (p. 238). Un détail piquant pour montrer que le choix des mots est riche et coloré.
La relation frère-soeur est une façon de présenter les 2 visions de notre monde, en le transposant dans une époque où les conséquences de la découverte du "Nouveau Monde" n'étaient vraiment pas envisagées.
Merci Mr. Rufin, je reviendrai.​

Depuis ma lecture de "Katiba" du même auteur, j'avais noté ce titre Prix Goncourt, excusé du peu.

Il s'agira en fait pour moi d'une relecture.

De ce roman, lu il y a quelques années, je ne me rappelai que la bataille finale et la dernière scène sur la plage. J'avais complètement oublié les personnages - historiques ou non - et leurs motivations.

Je crois que je les oublierai encore, car ce qui compte, c'est la volonté de l'auteur de nous faire découvrir "la première rencontre entre des civilisations différentes, l'instant de la découverte qui contient en germe toutes les passions et tous les malentendus à naître."

Et puis les personnages historiques eux-mêmes ont été oubliés par la Grande Histoire, alors vous imaginez....

Ce qui a toutefois gené ma relecture, c'est le vocabulaire qu'emploie l'auteur, bien désuet.

L'image que je retiendrai :

Celle des deux amants devant l'explosion finale qui réduit à néant le peu de civilisation européenne importé en ces contrées.
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