Eye track

Un roman extrêmement dense (heureusement qu'il est court !), bourré de références mythologiques et de questions de société.
La première partie m'a un peu donné le tournis en montrant la variété des questions de société relatives au regard : le regard subi par Margaux par des hommes, l'image comme preuve, le corps exhibé pour protéger paradoxalement son intimité, la chasse à l'erreur, à la faute et bien d'autres questions. Cela va vite, c'est juste esquissé et finalement tous les points de vue sont respectables ou presque (l'auteur ne tente pas de justifier le "eye râpé", heureusement).
La deuxième partie est aussi expéditive mais l'auteur a pris parti et montre les limites d'une société où le regard est censuré pour le bien commun et la protection de la police.
Cela va vite, la police est toute puissante, l'histoire est réécrite à la Orwell pour la sauvegarde de la société, l'art n'est plus qu'un prétexte, la réalité est plus virtuelle que la réalité virtuelle des jeux, les professeurs qui expliquent que plutôt que censurer, il faudrait éduquer et faire réfléchir sont en danger...
Splendide point de départ pour des réflexions et des débats. Et pourtant je reste sur ma faim, souhaitant moins de passivité, plus de résistances, plus d'alternatives.

Eye track est une dystopie qui fonctionne bien. Son auteur, Sébastien Rutés y pose un future imaginé dans lequel la "protection" du droit à l'image des citoyens est poussé à son maximum. Chaque personne se doit d'être munie d'un "eye track", sorte de lunettes ultra moderne, interactive, chargée de protéger la population de personnes, choses, images, qu'ils ne devraient pas voir.

Mais qui en sont les modérateurs ? Comment considérer sa vie de manière réelle quand tout ce que l'on voit est modifié, contrôlé et parfois même manipulé.

Thèmes et Hermés, nos deux jeunes héros, héritiers d'un monde dans lequel on pouvait encore se battre pour ses droits, se retrouvent un beau jour dans une situation qui les fait réaliser la stupidité du monde qui les entoure.
Un propos intéressant et bien déroulé. Cependant, ce texte qui se veut percutant reste trop court pour rentrer dans les détails. Et puis, ce n'est plus très original..