AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782729116583
313 pages
Editions de La Différence (18/01/2007)
3.78/5   9 notes
Résumé :
« Selon la formule de Fernando Pessoa : “Mário de Sá-Carneiro n’a pas eu de biographie, il n’eut que du génie.”
Tenté par les aventures langagières de l’époque – surtout le futurisme – il sait que sa vérité est plus proche de Rimbaud et de Laforgue. Plus tard il se tournera vers Rilke, dont il aura quelques-uns des accents les plus graves et les plus nobles. [...] Renonçant à se connaître, inquiet de son identité, le poète épouse en apparence son mystère. Il ... >Voir plus
Que lire après Poésies complètesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Né en 1890, poète et romancier, grande figure du courant moderniste portugais, ami proche de Fernando Pessoa avec qui il entretint jusque dans ses derniers jours une riche correspondance, jeune dandy épris d'idéal et d'absolu, Mário de Sá-Carneiro est un auteur assez peu connu en France.

Dans ce très beau recueil en version bilingue qui regroupe l'ensemble de ses poèmes écrits entre 1913 et 1916 s'impose une obsession, celle du double, celle de l'autre, tout à la fois menaçant et désirable, dans laquelle se propage une vision mystique du corps, celui de la femme sublimée pour mieux être refusé ou celui de l'homme, secrètement désiré.

Dans une sorte d'errance, de désespoir que porte en lui l'être trop chargé de son moi mais aussi d'un vide existentiel, l'écriture de Mário de Sá Carneiro suscite le trouble, parfois le malaise. L'autoportrait qu'il fait de lui n'est pas sans renvoyer à l'homme d'aujourd'hui, englué dans une virtualité de sa conscience toujours plus envahissante, qui le confronte toujours plus à lui-même.

« Je me suis perdu en moi
Parce que j'étais labyrinthe,
Et aujourd'hui, de moi,
Je ne sens plus que les nostalgies.
J'ai traversé ma vie,
Astre fou qui rêvait.
Dans la fièvre du dépassement,
Je n'ai pris garde à ma vie...
C'est toujours hier pour moi,
Je suis sans aujourd'hui ni lendemain :
Le temps qui déserte les autres,
Devenant hier, s'abat sur moi » *

Dans les dernières années de sa vie, de Lisbonne à Barcelone, Mario de Sá-Carneiro voyage beaucoup, mais c'est à Paris qu'il aime se retrouver. Il s'installe dans une chambre d'hôtel située Rue Victor Massé dans le 9ème arrondissement. Durant cette période, il écrira ce qui dans son oeuvre paraît le plus personnel et le plus profond. Sá-Carneiro va seul dans les rues, sur les bords de Seine, dans des cafés,... Il s'imprègne d'instants glanés qui, s'ils inspirent toute son écriture, ne cessent pourtant de le renvoyer à sa solitude, à cet incontournable malaise existentiel qui est le sien.

« Je ne suis ni moi ni l'autre
Je suis quelque chose d'intermédiaire :
Pilier du pont d'ennui
Qui va de moi à l'Autre. » **

Sincère et belle, ultime, au fil des pages l'écriture de Sá-Carneiro et tout entière nimbée du sentiment d'inadéquation à la vie, d'incomplétude permanente et, surtout, de conscience douloureuse de l'irrémédiable clivage de soi. Une tension dramatique entre un soi, vil et prosaïque, et un autre, son double idéal.
Un jour d'avril 1916, dans sa chambre d'hôtel de la rue Victor Massé, le jeune écrivain portugais décida de se donner la mort. Il avait 26 ans.


(*) extrait de "Dispersion" (Paris, mai 2013) - p.49
(**) "7" (Lisbonne, février 1914) - p. 97
Commenter  J’apprécie          250

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un sombre poignard avait laissé la marque
D'un trait lourd.
Toi, la rêveuse repentie
De tant de maléfices abolis -
La menteuse, en mille
Sortilèges abîmée...

Sombrio punhal deixara rastro
Num traço grosso.
A sonhadora arrependida
De que passados maleficios -
A mentirosa, a embebida
En mil feitiços...
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : littérature portugaiseVoir plus
Les plus populaires : Jeunesse Voir plus


Lecteurs (27) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}