Relecture, réception productive, adaptation, nouvelles formes de mises en scène des classiques au théâtre sont des formes d’appréhension et d’usage de la tradition livresque qui se retrouvent dans toutes les périodes – et non seulement celles de rupture culturelle et politique – et constituent ainsi des phénomènes de l’histoire interprétative d’un texte. Des périodes de bouleversements politiques et culturels, telles la Révolution française, la Révolution russe, la Révolution culturelle chinoise, et l’époque de la décolonisation en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes, et, enfin, dans une certaine mesure également la Révolution tranquille québécoise dans les années 1960 semblent se caractériser par le fait qu’elles rompent – ou tentent de rompre – avec des traditions d’interprétation héritées du passé et les canons culturels et littéraires qu’elles véhiculent.
« Un grand homme est une propriété nationale » (Grégoire,1843 : 412) : cette conception fondamentale amena Grégoire et d’autres hommes politiques et écrivains de la Révolution à imaginer de nouvelles formes de réappropriation des textes littéraires du passé que l’on pourrait décrire comme « hérétiques ». La production littéraire et le discours critique de l’époque fournissent de multiples exemples illustrant cette pratique.