Étrange roman que ce
Sade à Acapulco, qui imagine la vie du marquis honni après Charenton.
Sade aurait embarqué pour l'Amérique et se serait installé à Acapulco, où il serait devenu propriétaire d'une librairie, joliment nommée Les Marquises. L'homme de tous les excès semble assagi. Vidé, plutôt, du feu des passions, usé par trop de folie et de rage, désormais résigné à une sorte de vie tranquille. Un philosophe en son jardin... Mais c'est sans compter sur une Européenne à l'esprit indéniablement sadien qui, avec entêtement, rappelle au vieil homme son existence passée. La ressuscite.
L'auteur peint un monde puissamment terrien, où la nature et les êtres sont entêtants, chargés de sève, de vie, de désir. La destruction n'est jamais loin, la mort non plus. Dans un style ciselé,
Olivier Saison crée un univers à la fois foncièrement matériel et bizarrement onirique, où le lecteur est happé, à l'image des personnages. La fureur et le bouillonnement de la nature, aussi séduisante qu'impitoyable, semblent refléter, magnifier ceux qui agitent les âmes et les corps, à la manière romantique.
Manifestement fin connaisseur du Marquis, dont il renouvelle brillamment la légende, l'auteur signe une oeuvre remarquable qui cependant, j'en suis certaine, suscitera des réactions contrastées, pour ne pas dire violentes. Et c'est tant mieux,
Sade ne saurait se contenter de tiédeur !